Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1861 15 juin 1861
Description : 1861/06/15 (A6,N120). 1861/06/15 (A6,N120).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032736
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
200 L'ISTHME DE SUEZ,
dans un intérêt britannique, était alors pour lui une
chose sacrée.
Il nous sera permis de lui adresser ici une ques-
tion : l'hiver dernier, une tempête terrible, des pluies
torrentielles ont dévasté le chemin de fer de Suez ;
le service des transports anglais a été un instant in-
terrompu, et malgré l'étendue du désastre, une de
ses lettres nous a appris que, par le zèle du gouver-
nement égyptien, le mal avait été réparé en peu de
jours. Comment, cependant, ces réparations ont-elles
été effectuées ? Nous demandons au correspondant si
ce n'est point par le travail forcé, et nous le défions
de répondre négativement. Pourtant il n'a trouvé que
des compliments à adresser au gouvernement égyp-
tien pour la rapidité et l'efficacité de son interven-
tion, et sa reconnaissance était si vive qu'il avait
oublié que ce prompt rétablissement des commu-
nications anglaises entre la Méditerranée et la mer
Rouge était dû au travail forcé.
Voilà ce qu'a fait l'Angleterre depuis 1850, voilà ce
qu'elle faisait encore hier, voilà la pression qu'elle
exerçait sur le gouvernement d'Egypte. Voyons
maintenant ce qu'a fait et ce que fait la Compagnie
universelle de concert avec Mohammed-Saïd.
On sait que ce prince a, depuis son avènement,
introduit dans son pays de belles et généreuses ré-
formes. Au premier rang de ces sages mesures,
nous n'hésitons pas à mettre la liberté de déplace-
ment , la liberté de culture, la liberté de la vente
de leurs produits, c'est-à-dire la pleine liberté du
commerce qu'il a donnée aux fellahs. Il y ajouta
bientôt un autre acte non moins intelligent et non
moins libéral : nous voulons parler du contrat qu'il
conclut à Alexandrie, le 20 juillet 1856, avecM. Fer-
dinand de Lesseps, relativement aux ouvriers indigè-
nes qui devaient être employés aux travaux du canal.
Traçons-en rapidement l'historique essentiel à
notre discussion.
Le premier acte de concession du vice-roi, en date
du 19 mai 1855, ne contenait que des dispositions
générales déterminant les limites et les conditions de
la concession elle-même, et gardant le silence sur
ses moyens d'exécution. Soudain l'opposition anglaise,
qui naissait à peine, poussa les hauts cris ; elle pré-
tendit que la Compagnie dont la formation était
autorisée allait envahir l'isthme avec une armée de
travailleurs européens destinés souterrainement à se
transformer en soldats et à conquérir l'Egypte, dès
ctures le permettraient. Pour détruire
o s affectées ou réelles, et donner un
ur bonne foi et de leur déférence à
e ibilités, le vice-roi et M. de Lesseps
ni.ïoctùisilïë t n commun accord, le 5 janvier 1856,
d~~raûto~M la concession définitive, art. 2, une
clause stipulant que « dans tous les cas, les quatre
» cinquièmes au moins des ouvriers employés aux
» travaux seraient Egyptiens. »
En même temps, les deux parties contractantes
comprirent facilement que cette clause en exigeait
une autre, sans laquelle la concession pouvait de-
venir une lettre morte. Du moment qu'il s'était engagé
à n'appeler qu'un nombre très-restreint d'ouvriers
européens, M de Lesseps devait s'assurer le con-
cours des ouvriers indigènes, et, selon les mœurs
égyptiennes, il ne pouvait s'assurer ce concours que
par celui du gouvernement. Le vice-roi, de son côté,
était trop juste et trop loyal pour contester cette
conséquence de la position établie ; c'est pourquoi,
par le contrat du 20 juillet suivant, il s'obligea à
fournir à la Compagnie les ouvriers indigènes dont
elle aurait besoin pour ses opérations.
On voit dès à présent que ce contrat prend son
origine dans un dédr de complaire à l'opposition
anglaise , de dissiper son inquiétude, et on peut
dire avec vérité qu'elle t n est le principal auteur.
L'engagement de M. de Lesseps était la sauvegarde
du vice-roi contre des accusations plus ou moins
sincères s'élevant pour lui reprocher de s'exposer à
livrer l'Égypte et le territoire ottoman à des éven-
tualités dangereuses. L'engagement du vice-roi était
pour M. de Lesseps la garantie fournie aux futurs
souscripteurs de sa Compagnie que l'exécution des
travaux était certaine, qu'elle ne serait point en-
travée par le manque de bras, et que le gouver-
nement égyptien, en lui interdisant l'emploi des
travailleurs étrangers, lui assurait l'assistance des
travailleurs indigènes.
Ce contrat fait partie des conditions auxquelles la
souscription a été ouverte, la Compagnie formée et
ses capitaux engagés dans l'entreprise, avec l'assen-
timent et l'autorisation formels du gouvernement
égyptien ; il est la propriété de la Compagnie; il est
son gage d'exécution, et sans son consentement
constaté, il n'est permis ni à M. de Lesseps, ni à
personne de l'invalider.
Bien plus, un traité a été passé à la pleine connais-
sance et de l'aveu du vice-roi, avec un entrepreneur
général pour l'exécution des travaux. Naturellement
avant de souscrire à ce traité, cet entrepreneur a
dû et voulu connaître les moyens d'exécution qui
lui étaient acquis. Le contrat du 20 juillet entrait
forcément comme partie principale dans ses pré-
visions et ses calculs, et c'est donc à la fois envers
la Compagnie et envers l'entrepreneur général que
le gouvernement égyptien est engagé aujourd'hui.
On comprend dès lors que M. de Lesseps n'ait
jamais dû ni pu rien faire de nature à compromettre le
contrat synallagmatique du 20 juillet 1856, et nous
opposons le démenti le plus net aux assertions du
correspondant du Times, en tant qu'elles peuvent
prétendre que M. de Lesseps ait jamais, directement
dans un intérêt britannique, était alors pour lui une
chose sacrée.
Il nous sera permis de lui adresser ici une ques-
tion : l'hiver dernier, une tempête terrible, des pluies
torrentielles ont dévasté le chemin de fer de Suez ;
le service des transports anglais a été un instant in-
terrompu, et malgré l'étendue du désastre, une de
ses lettres nous a appris que, par le zèle du gouver-
nement égyptien, le mal avait été réparé en peu de
jours. Comment, cependant, ces réparations ont-elles
été effectuées ? Nous demandons au correspondant si
ce n'est point par le travail forcé, et nous le défions
de répondre négativement. Pourtant il n'a trouvé que
des compliments à adresser au gouvernement égyp-
tien pour la rapidité et l'efficacité de son interven-
tion, et sa reconnaissance était si vive qu'il avait
oublié que ce prompt rétablissement des commu-
nications anglaises entre la Méditerranée et la mer
Rouge était dû au travail forcé.
Voilà ce qu'a fait l'Angleterre depuis 1850, voilà ce
qu'elle faisait encore hier, voilà la pression qu'elle
exerçait sur le gouvernement d'Egypte. Voyons
maintenant ce qu'a fait et ce que fait la Compagnie
universelle de concert avec Mohammed-Saïd.
On sait que ce prince a, depuis son avènement,
introduit dans son pays de belles et généreuses ré-
formes. Au premier rang de ces sages mesures,
nous n'hésitons pas à mettre la liberté de déplace-
ment , la liberté de culture, la liberté de la vente
de leurs produits, c'est-à-dire la pleine liberté du
commerce qu'il a donnée aux fellahs. Il y ajouta
bientôt un autre acte non moins intelligent et non
moins libéral : nous voulons parler du contrat qu'il
conclut à Alexandrie, le 20 juillet 1856, avecM. Fer-
dinand de Lesseps, relativement aux ouvriers indigè-
nes qui devaient être employés aux travaux du canal.
Traçons-en rapidement l'historique essentiel à
notre discussion.
Le premier acte de concession du vice-roi, en date
du 19 mai 1855, ne contenait que des dispositions
générales déterminant les limites et les conditions de
la concession elle-même, et gardant le silence sur
ses moyens d'exécution. Soudain l'opposition anglaise,
qui naissait à peine, poussa les hauts cris ; elle pré-
tendit que la Compagnie dont la formation était
autorisée allait envahir l'isthme avec une armée de
travailleurs européens destinés souterrainement à se
transformer en soldats et à conquérir l'Egypte, dès
ctures le permettraient. Pour détruire
o s affectées ou réelles, et donner un
ur bonne foi et de leur déférence à
e ibilités, le vice-roi et M. de Lesseps
ni.ïoctùisilïë t n commun accord, le 5 janvier 1856,
d~~raûto~M la concession définitive, art. 2, une
clause stipulant que « dans tous les cas, les quatre
» cinquièmes au moins des ouvriers employés aux
» travaux seraient Egyptiens. »
En même temps, les deux parties contractantes
comprirent facilement que cette clause en exigeait
une autre, sans laquelle la concession pouvait de-
venir une lettre morte. Du moment qu'il s'était engagé
à n'appeler qu'un nombre très-restreint d'ouvriers
européens, M de Lesseps devait s'assurer le con-
cours des ouvriers indigènes, et, selon les mœurs
égyptiennes, il ne pouvait s'assurer ce concours que
par celui du gouvernement. Le vice-roi, de son côté,
était trop juste et trop loyal pour contester cette
conséquence de la position établie ; c'est pourquoi,
par le contrat du 20 juillet suivant, il s'obligea à
fournir à la Compagnie les ouvriers indigènes dont
elle aurait besoin pour ses opérations.
On voit dès à présent que ce contrat prend son
origine dans un dédr de complaire à l'opposition
anglaise , de dissiper son inquiétude, et on peut
dire avec vérité qu'elle t n est le principal auteur.
L'engagement de M. de Lesseps était la sauvegarde
du vice-roi contre des accusations plus ou moins
sincères s'élevant pour lui reprocher de s'exposer à
livrer l'Égypte et le territoire ottoman à des éven-
tualités dangereuses. L'engagement du vice-roi était
pour M. de Lesseps la garantie fournie aux futurs
souscripteurs de sa Compagnie que l'exécution des
travaux était certaine, qu'elle ne serait point en-
travée par le manque de bras, et que le gouver-
nement égyptien, en lui interdisant l'emploi des
travailleurs étrangers, lui assurait l'assistance des
travailleurs indigènes.
Ce contrat fait partie des conditions auxquelles la
souscription a été ouverte, la Compagnie formée et
ses capitaux engagés dans l'entreprise, avec l'assen-
timent et l'autorisation formels du gouvernement
égyptien ; il est la propriété de la Compagnie; il est
son gage d'exécution, et sans son consentement
constaté, il n'est permis ni à M. de Lesseps, ni à
personne de l'invalider.
Bien plus, un traité a été passé à la pleine connais-
sance et de l'aveu du vice-roi, avec un entrepreneur
général pour l'exécution des travaux. Naturellement
avant de souscrire à ce traité, cet entrepreneur a
dû et voulu connaître les moyens d'exécution qui
lui étaient acquis. Le contrat du 20 juillet entrait
forcément comme partie principale dans ses pré-
visions et ses calculs, et c'est donc à la fois envers
la Compagnie et envers l'entrepreneur général que
le gouvernement égyptien est engagé aujourd'hui.
On comprend dès lors que M. de Lesseps n'ait
jamais dû ni pu rien faire de nature à compromettre le
contrat synallagmatique du 20 juillet 1856, et nous
opposons le démenti le plus net aux assertions du
correspondant du Times, en tant qu'elles peuvent
prétendre que M. de Lesseps ait jamais, directement
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 8/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62032736/f8.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62032736/f8.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62032736/f8.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62032736
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62032736
Facebook
Twitter