Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1861 15 juin 1861
Description : 1861/06/15 (A6,N120). 1861/06/15 (A6,N120).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032736
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 199
» 27 mai.
» Après ma lette écrite, j'ai reçu un exemplaire im-
primé du rapport de M. de Lesseps, à l'assemblée géné-
rale tenue à Paris le 15 mai. Je ne me trompais pas
dans mes prévisions, que cette assemblée recevrait de
magnifiques assurances, que les travailleurs libres ac-
courent de toutes les parties de l'Egypte pour s'enrôler
au service de la Compagnie. Le lecteur le moins at-
tentif du rapport pourra toutefois remarquer l'amertume
avec laquelle il est parlé de l'Angleterre empêchant le
vice-roi de fournir des travailleurs, « ainsi qu'il y était
obligé en vertu de son contrat. » Or, on peut certaine-
ment demander pourquoi, si M. de Lesseps obtient le
travail libre en si écrasante quantité, il peut raisonna-
blement requérir du vice-roi le travail par contrainte.
Levait, et lord Wodehoùse, l'a exactement constaté, est
que le vice-roi n'a aucun pouvoir légal ni aucun droit
à obliger ses sujets dans le but indiqué, et qu'il ne peut
le faire que par un acte d'oppression aussi arbitraire et
aussi illégal que s'il était accompli par le gouvernement
impérial de France sur la personne de ses sujets.
LE TRAVAIL FORCÉ ET LE CORRESPONDANT DU TIMES.
La correspondance qu'on vient de lire est le meil-
leur certificat de la vérité des faits annoncés par
M. Ferdinand de Lesseps à l'assemblée générale du
15 mai. Le recrutement des ouvriers égyptiens a
parfaitement réussi : sous ce rapport le correspondant
du Timez est fort bien renseigné ; il l'est ou il veut
l'être beaucoup plus mal quand il prétend que l'éva-
luation des enrôlements portée à mille hommes « est
peu ou point exagérée.» Il n'y a pas mille. ouvriers,
il y en a huit mille sur la ligne du canal.
Mais le correspondant n'entend point se prêter à
une mystification : l'enrôlement n'est pas libre, il est
contraint, car le gouvernement égyptien y donne
les mains, et en même temps M. de Lesseps manque
à la parole par laquelle il s'est engagé à ne point
recourir au travail forcé. Vidons dès lors, avant tout,
cette question du travail forcé.
De temps immémorial tous les grands travaux
d'utilité publique projetés en Egypte ont été exécu-
tés au moyen de corps d'ouvriers rassemblés par le
gouvernement. Depuis les Pharaons jusqu'à nos jours,
c'est la tradition, l'histoire et en quelque sorte la
constitution sociale de l'Egypte. Nous allons plus loin
et nous affirmons que c'est la constitution de l'Orient.
On a prétendu à la Chambre des lords, et le corres-
pondant répète que ce mode d'action est contraire à
l'une des lois suzeraines de la Turquie ; cette loi
nous ne la connaissons point et nous prions nos con-
tradicteurs de nous en indiquer le texte. Nous di-
sons, au contraire, que c'est par ce système que le
gouvernement turc réunit les travailleurs qui lui sont
nécessaires dans ses grands.besoins ; nous disons que
c'est par ce système que les Compagnies anglaises
qui ont entrepris le chemin de fer de Smyrne à
Aïdin, le.canal deKustendjé et autres œuvres de la
même nature, obtiennent et gardent leurs travail-
leurs; nous disons que ce système, appliqué sous Mé-
hemet-Ali à toutes les grandes améliorations dont il
a doté l'Égypte, et entre autre au barrage du Nil et à
la construction du Mahmoudié; appliqué par son suc-
cesseur Abbas-Pacha à la construction du chemin de
fer d'Alexandrie au Caire ; appliqué par le vice-roi
actuel au curage du Mahmoudié, à l'établissement
du chemin de fer entre le Caire et Suez, n'a Jamais
été l'objet d'une observation de la part de la Turquie,
ni même de l'Angleterre.
Bien plus, l'Angleterre s'en est abondamment ser-
vie, en a sollicité, provoqué la pratique sur la plus
grande échelle, toutes les fois qu'elle l'a trouvé utile
à ses convenances, car la diplomatie anglaise a deux
poids et deux mesures. Ainsi elle poussait Abbas-
Pacha et obtenait de lui qu'il entreprît le chemin de
fer d'Alexandrie au Caire sans l'autorisation de la
Turquie, en soutenant que cette initiative était dans
les attributions du gouvernement de l'Egypte, tandis
qu'elle soutient le contraire à propos du canal de
Suez. Ainsi encore, MohammedSaïd a exécutéproprio
motu le chemin de fer du Caire à Suez, et l'Angleterre
n'a pas pensé à sauvegarder les droits de suzeraineté
de la Porte. Ainsi pour le chemin de fer d'Alexan-
drie, l'Angleterre a trouvé excellent qu'Abbas-Pacha
épuisât toutes les ressources et toutes les rigueurs de
ce qu'elle appelle le travail forcé. Ainsi nous affir-
mons que, pour le chemin de fer de Suez, l'Angleterre
a pesé sur le vice-roi de toute sou influence afin de
pousser activement les travaux par le régime du
travail forcé. Nous attestons que cette pression était
incessante et presque implacable. Lorsque deux mille
ouvriers étaient répartis sur la ligne des opérations,
k consul britannique intervenait et en réclamait cinq
mille; quand il en avait obtenu cinq mille, il inter-
venait encore et en réclamait dix mille. Il était pressé,
il fallait que les malles de l'Inde pussent rapidement
arriver de Suez à Alexandrie, et pour ce but tout
semblait légitime. Il n'écoutait aucune objection; on
avait beau lui représenter qu'il fallait un certain
temps pour réunir dans le désert les approvisionne-
ments d'eau et de vivres nécessaires à cette multi-
tude, il exigeait l'envoi immédiat des ouvriers, les
approvisionnements viendraient ensuite ; le gouver-
nement égyptien cédait encore. De cette précipita-
tion naissaient de grandes souffrances pour les tra-
vailleurs ; leur excès alla même jusqu'à amener des
désertions presque générales. Ces faits étaient publics
eu Egypte, le correspondant du Times les connaissait
fort bien, mais il n'en soufflait mot ; ce travail forcé
qui lui inspire aujourd'hui tant d'horreur, employé
» 27 mai.
» Après ma lette écrite, j'ai reçu un exemplaire im-
primé du rapport de M. de Lesseps, à l'assemblée géné-
rale tenue à Paris le 15 mai. Je ne me trompais pas
dans mes prévisions, que cette assemblée recevrait de
magnifiques assurances, que les travailleurs libres ac-
courent de toutes les parties de l'Egypte pour s'enrôler
au service de la Compagnie. Le lecteur le moins at-
tentif du rapport pourra toutefois remarquer l'amertume
avec laquelle il est parlé de l'Angleterre empêchant le
vice-roi de fournir des travailleurs, « ainsi qu'il y était
obligé en vertu de son contrat. » Or, on peut certaine-
ment demander pourquoi, si M. de Lesseps obtient le
travail libre en si écrasante quantité, il peut raisonna-
blement requérir du vice-roi le travail par contrainte.
Levait, et lord Wodehoùse, l'a exactement constaté, est
que le vice-roi n'a aucun pouvoir légal ni aucun droit
à obliger ses sujets dans le but indiqué, et qu'il ne peut
le faire que par un acte d'oppression aussi arbitraire et
aussi illégal que s'il était accompli par le gouvernement
impérial de France sur la personne de ses sujets.
LE TRAVAIL FORCÉ ET LE CORRESPONDANT DU TIMES.
La correspondance qu'on vient de lire est le meil-
leur certificat de la vérité des faits annoncés par
M. Ferdinand de Lesseps à l'assemblée générale du
15 mai. Le recrutement des ouvriers égyptiens a
parfaitement réussi : sous ce rapport le correspondant
du Timez est fort bien renseigné ; il l'est ou il veut
l'être beaucoup plus mal quand il prétend que l'éva-
luation des enrôlements portée à mille hommes « est
peu ou point exagérée.» Il n'y a pas mille. ouvriers,
il y en a huit mille sur la ligne du canal.
Mais le correspondant n'entend point se prêter à
une mystification : l'enrôlement n'est pas libre, il est
contraint, car le gouvernement égyptien y donne
les mains, et en même temps M. de Lesseps manque
à la parole par laquelle il s'est engagé à ne point
recourir au travail forcé. Vidons dès lors, avant tout,
cette question du travail forcé.
De temps immémorial tous les grands travaux
d'utilité publique projetés en Egypte ont été exécu-
tés au moyen de corps d'ouvriers rassemblés par le
gouvernement. Depuis les Pharaons jusqu'à nos jours,
c'est la tradition, l'histoire et en quelque sorte la
constitution sociale de l'Egypte. Nous allons plus loin
et nous affirmons que c'est la constitution de l'Orient.
On a prétendu à la Chambre des lords, et le corres-
pondant répète que ce mode d'action est contraire à
l'une des lois suzeraines de la Turquie ; cette loi
nous ne la connaissons point et nous prions nos con-
tradicteurs de nous en indiquer le texte. Nous di-
sons, au contraire, que c'est par ce système que le
gouvernement turc réunit les travailleurs qui lui sont
nécessaires dans ses grands.besoins ; nous disons que
c'est par ce système que les Compagnies anglaises
qui ont entrepris le chemin de fer de Smyrne à
Aïdin, le.canal deKustendjé et autres œuvres de la
même nature, obtiennent et gardent leurs travail-
leurs; nous disons que ce système, appliqué sous Mé-
hemet-Ali à toutes les grandes améliorations dont il
a doté l'Égypte, et entre autre au barrage du Nil et à
la construction du Mahmoudié; appliqué par son suc-
cesseur Abbas-Pacha à la construction du chemin de
fer d'Alexandrie au Caire ; appliqué par le vice-roi
actuel au curage du Mahmoudié, à l'établissement
du chemin de fer entre le Caire et Suez, n'a Jamais
été l'objet d'une observation de la part de la Turquie,
ni même de l'Angleterre.
Bien plus, l'Angleterre s'en est abondamment ser-
vie, en a sollicité, provoqué la pratique sur la plus
grande échelle, toutes les fois qu'elle l'a trouvé utile
à ses convenances, car la diplomatie anglaise a deux
poids et deux mesures. Ainsi elle poussait Abbas-
Pacha et obtenait de lui qu'il entreprît le chemin de
fer d'Alexandrie au Caire sans l'autorisation de la
Turquie, en soutenant que cette initiative était dans
les attributions du gouvernement de l'Egypte, tandis
qu'elle soutient le contraire à propos du canal de
Suez. Ainsi encore, MohammedSaïd a exécutéproprio
motu le chemin de fer du Caire à Suez, et l'Angleterre
n'a pas pensé à sauvegarder les droits de suzeraineté
de la Porte. Ainsi pour le chemin de fer d'Alexan-
drie, l'Angleterre a trouvé excellent qu'Abbas-Pacha
épuisât toutes les ressources et toutes les rigueurs de
ce qu'elle appelle le travail forcé. Ainsi nous affir-
mons que, pour le chemin de fer de Suez, l'Angleterre
a pesé sur le vice-roi de toute sou influence afin de
pousser activement les travaux par le régime du
travail forcé. Nous attestons que cette pression était
incessante et presque implacable. Lorsque deux mille
ouvriers étaient répartis sur la ligne des opérations,
k consul britannique intervenait et en réclamait cinq
mille; quand il en avait obtenu cinq mille, il inter-
venait encore et en réclamait dix mille. Il était pressé,
il fallait que les malles de l'Inde pussent rapidement
arriver de Suez à Alexandrie, et pour ce but tout
semblait légitime. Il n'écoutait aucune objection; on
avait beau lui représenter qu'il fallait un certain
temps pour réunir dans le désert les approvisionne-
ments d'eau et de vivres nécessaires à cette multi-
tude, il exigeait l'envoi immédiat des ouvriers, les
approvisionnements viendraient ensuite ; le gouver-
nement égyptien cédait encore. De cette précipita-
tion naissaient de grandes souffrances pour les tra-
vailleurs ; leur excès alla même jusqu'à amener des
désertions presque générales. Ces faits étaient publics
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