Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1861 01 juin 1861
Description : 1861/06/01 (A6,N119). 1861/06/01 (A6,N119).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203272s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. -.. 183
proposait de suivre. Il lui annonçait que la Compa-
gnie « allait s'occuper de la première phase du pro-
» -gramme fixé par le Conseil supérieur des travaux,
» consistant en une rigole de service qui serait en
» même temps un essai destiné à préparer l'ouver-
» ture de l'isthme à la grande navigation. »
C'est ce travail qui s'exécute en ce moment.
Le 25 avril suivant, le président de la Compagnie,
à la tête de la Co-nmission déléguée du Conseil
d'administration, prenait possession des terrains de
l'isthme et frappait sur la ligne du canal ce premier
coup de pioche qui a tant retenti en Europe.
En présence de toutes ces circonstances dont il lui
était donné avis officiel, la Porte conservait son atti-
tude d'assentiment.
Un autre grand-visir, Mehemet Kuprisli-Pacha,
ayant remplacé Aali-Pacha, et des négociations ayant
été engagées par l'ambassadeur de France relativement
au canal de Suez, M. Ferd. de Lesseps reçut à Cons-
tantinople du ministre ottoman.la déclaration « que
» le Conseil avait mûrement examiné la question
» du canal de SUPZ au point de vue des intérêts de
» la Turquie, et qu'il avait été heureux de recon-
» naître que cette entreprise serait profitable à l'em-
» pire ; que par conséquent le principe de l'approba-
tion de la Porte au point de vue de ses intérêts était
» admis. »
Ainsi les trois grands-visirs qui se succédaient de
1854 à 1860 étaient unanimes à protester de la
bonne volonté de la Porte et de l'assentiment qu'elle
accordait au projet de percer l'isthme.
Cependant la pression de la diplomatie anglaise se
faisait ardemment sentir parmi les embarras de la
Turquie ; elle en profitait pour lui arracher des dé-
marches qui lui répugnaient. Elle parvint, l'année
dernière, à lui imposer la fameuse mission de Mouk-
tar-Bey, chargé d'aller faire des représentations au
vice-roi sur la poursuite des travaux. Après divers
incidents cette tentative échoua grâce à la fermeté
du gouvernement français. Les opérations de la Com-
pagnie ne furent point interrompues. L'ambassadeur
de l'Empereur à Constantinople, aujourd'hui ministre
des affaires étrangères, M. Thouvenel, reçut l'ordre
de renouveler des négociations sur cette affaire avec
le Divan; ces négociations aboutirent aux résultats
désirés. Après seize séances consécutives le Conseil
ottoman assemblé délibéra et déclara quant à ce qui
concernait les intérêts de la Turquie, « qu'il n'avait
» aucune objection à opposer au percement de
» l'isthme, et quant aux questions internationales
» qui pouvaient surgir de l'achèvement de ce grand
» ouvrage, il s'en rapportait aux négociations que
» les cours de France et d'Angleterre étaient invitées
» par lui d'engager sur ce point. »
Dès lors les difficulléi concernant les opérations
déjà autorisées de la Compagnie étaient incontesta-
tablement vidées ; non-seulement la Porte se décla-
rait désintéressée dans la question, mais encore elle
proclamait que. le percement de l'isthme était favo-
rable aux intérêts de ses peuples. N'était-ce point là
la déclaration officielle de non-opposition; n'était-ce
point là l'autorisation à laquelle était soumise l'exé-
cution des travaux déifnitifs ?
Il n'est donc pas vrai, comme, on l'a dit à la
Chambre des lords, que la Porte ait refusé son
assentiment, il est encore moins vrai qu'elle l'ait
refusé en se motivant sur les préjudices que le canal
pouvait porter à son empire.
Il n'est pas vrai, comme on essaye de le persuader
au peuple anglais, que la Porte se soit associée à
l'opposition de lord Palmerston : c'est ce ministre
seul qui, par son intimidation et sa pression, n'a
cessé de chercher à contenir ou contrarier la volonté
manifestée de la Turquie, comme le constatent d'ail-
leurs ces protestations souvent réitérées à Constan-
tinople.
Mais aujourd'hui quelle est la situation ? L'assen-
timent du sultan, en ce qui regarde la Turquie et
l'Egypte, s'est formellement prononcé. L'Angleterre
est invitée à ouvrir, sur des questions purement poli-
tique, des négociations avec la France ; si elle s'y
refuse, c'est sur elle seule que doivent peser la res-
ponsabilité et les conséquences de son abstention, et à
l'égard de la Compagnie cette abstention, à coup sûr,
ne peut pas avoir des effets équivalents au veto de la
Turquie et de l'Egypte, et c'est ce qui arriverait s'il
fallait suspendre les travaux jusqu'au jour où l'An-
gleterre voudrait bien accepter et conclure les négo"
ciations proposées,
Un autre argument fort en vogue en Angleterre
contre le canal de Suez et fort employé dans la
séance du 6 mai, c'est celui du travail forcé. Si
la sensibilité du parlement britannique est tellement
chatouilleuse à cet endroit, nous pourrions lui re-
commander d'abord de jeter ses regards sur ce qui
se passe dans les Indes pour la culture de l'indigo, et
elle trouvera là, dans le sein de son propre empire,
ample matière à s'exercer. Ensuite il nous sera permis
de faire observer à nos voisins que cette sensibilité
est un peu tardive; ils ne l'ont point manifestée
lorsque, par ce mode de travail ordinaire en Egypte,
on a construit leurs deux chemins de fer favoris
d'Alexandrie au Caire et du Caire à Suez. Il est mal-
heureux pour eux qu'ils ne se soient aperçu des
vices du travail forcé en Égypte que lorsqu'ils ont
cru qu'il devenait indispensable à l'exécution du
canal. On prétend toutefois, que ce système est con-
traire à une loi de la Turquie : nous l'ignorons; nous
savons seulement que jamais la Porte n'a jusqu'ici
élevé sur ce sujet la plus légère plainte en Egypte.
Que serait cependant ce travail forcé, tel qu'il- est
organisé aux termes du contrat entre le vie et
proposait de suivre. Il lui annonçait que la Compa-
gnie « allait s'occuper de la première phase du pro-
» -gramme fixé par le Conseil supérieur des travaux,
» consistant en une rigole de service qui serait en
» même temps un essai destiné à préparer l'ouver-
» ture de l'isthme à la grande navigation. »
C'est ce travail qui s'exécute en ce moment.
Le 25 avril suivant, le président de la Compagnie,
à la tête de la Co-nmission déléguée du Conseil
d'administration, prenait possession des terrains de
l'isthme et frappait sur la ligne du canal ce premier
coup de pioche qui a tant retenti en Europe.
En présence de toutes ces circonstances dont il lui
était donné avis officiel, la Porte conservait son atti-
tude d'assentiment.
Un autre grand-visir, Mehemet Kuprisli-Pacha,
ayant remplacé Aali-Pacha, et des négociations ayant
été engagées par l'ambassadeur de France relativement
au canal de Suez, M. Ferd. de Lesseps reçut à Cons-
tantinople du ministre ottoman.la déclaration « que
» le Conseil avait mûrement examiné la question
» du canal de SUPZ au point de vue des intérêts de
» la Turquie, et qu'il avait été heureux de recon-
» naître que cette entreprise serait profitable à l'em-
» pire ; que par conséquent le principe de l'approba-
tion de la Porte au point de vue de ses intérêts était
» admis. »
Ainsi les trois grands-visirs qui se succédaient de
1854 à 1860 étaient unanimes à protester de la
bonne volonté de la Porte et de l'assentiment qu'elle
accordait au projet de percer l'isthme.
Cependant la pression de la diplomatie anglaise se
faisait ardemment sentir parmi les embarras de la
Turquie ; elle en profitait pour lui arracher des dé-
marches qui lui répugnaient. Elle parvint, l'année
dernière, à lui imposer la fameuse mission de Mouk-
tar-Bey, chargé d'aller faire des représentations au
vice-roi sur la poursuite des travaux. Après divers
incidents cette tentative échoua grâce à la fermeté
du gouvernement français. Les opérations de la Com-
pagnie ne furent point interrompues. L'ambassadeur
de l'Empereur à Constantinople, aujourd'hui ministre
des affaires étrangères, M. Thouvenel, reçut l'ordre
de renouveler des négociations sur cette affaire avec
le Divan; ces négociations aboutirent aux résultats
désirés. Après seize séances consécutives le Conseil
ottoman assemblé délibéra et déclara quant à ce qui
concernait les intérêts de la Turquie, « qu'il n'avait
» aucune objection à opposer au percement de
» l'isthme, et quant aux questions internationales
» qui pouvaient surgir de l'achèvement de ce grand
» ouvrage, il s'en rapportait aux négociations que
» les cours de France et d'Angleterre étaient invitées
» par lui d'engager sur ce point. »
Dès lors les difficulléi concernant les opérations
déjà autorisées de la Compagnie étaient incontesta-
tablement vidées ; non-seulement la Porte se décla-
rait désintéressée dans la question, mais encore elle
proclamait que. le percement de l'isthme était favo-
rable aux intérêts de ses peuples. N'était-ce point là
la déclaration officielle de non-opposition; n'était-ce
point là l'autorisation à laquelle était soumise l'exé-
cution des travaux déifnitifs ?
Il n'est donc pas vrai, comme, on l'a dit à la
Chambre des lords, que la Porte ait refusé son
assentiment, il est encore moins vrai qu'elle l'ait
refusé en se motivant sur les préjudices que le canal
pouvait porter à son empire.
Il n'est pas vrai, comme on essaye de le persuader
au peuple anglais, que la Porte se soit associée à
l'opposition de lord Palmerston : c'est ce ministre
seul qui, par son intimidation et sa pression, n'a
cessé de chercher à contenir ou contrarier la volonté
manifestée de la Turquie, comme le constatent d'ail-
leurs ces protestations souvent réitérées à Constan-
tinople.
Mais aujourd'hui quelle est la situation ? L'assen-
timent du sultan, en ce qui regarde la Turquie et
l'Egypte, s'est formellement prononcé. L'Angleterre
est invitée à ouvrir, sur des questions purement poli-
tique, des négociations avec la France ; si elle s'y
refuse, c'est sur elle seule que doivent peser la res-
ponsabilité et les conséquences de son abstention, et à
l'égard de la Compagnie cette abstention, à coup sûr,
ne peut pas avoir des effets équivalents au veto de la
Turquie et de l'Egypte, et c'est ce qui arriverait s'il
fallait suspendre les travaux jusqu'au jour où l'An-
gleterre voudrait bien accepter et conclure les négo"
ciations proposées,
Un autre argument fort en vogue en Angleterre
contre le canal de Suez et fort employé dans la
séance du 6 mai, c'est celui du travail forcé. Si
la sensibilité du parlement britannique est tellement
chatouilleuse à cet endroit, nous pourrions lui re-
commander d'abord de jeter ses regards sur ce qui
se passe dans les Indes pour la culture de l'indigo, et
elle trouvera là, dans le sein de son propre empire,
ample matière à s'exercer. Ensuite il nous sera permis
de faire observer à nos voisins que cette sensibilité
est un peu tardive; ils ne l'ont point manifestée
lorsque, par ce mode de travail ordinaire en Egypte,
on a construit leurs deux chemins de fer favoris
d'Alexandrie au Caire et du Caire à Suez. Il est mal-
heureux pour eux qu'ils ne se soient aperçu des
vices du travail forcé en Égypte que lorsqu'ils ont
cru qu'il devenait indispensable à l'exécution du
canal. On prétend toutefois, que ce système est con-
traire à une loi de la Turquie : nous l'ignorons; nous
savons seulement que jamais la Porte n'a jusqu'ici
élevé sur ce sujet la plus légère plainte en Egypte.
Que serait cependant ce travail forcé, tel qu'il- est
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