Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1861 15 juin 1861
Description : 1861/06/15 (A6,N120). 1861/06/15 (A6,N120).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032736
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
198 L'ISTHME DE SUEZ,
On lit dans le Times du 6 mai.
Le JCaoal à travers l'Égyple.
(Correspondance du TIMES).
« Alexandrie, 25 mai.
» La prochaine malle nous apportera sans doute les
amples détails de la déclaration que devait faire M. de
Lesseps aux actionnaires du canal de Suez, à l'occasion
de l'assemblée générale du 15 de ce mois. Comme vous
le savez par les informations que j'ai eu diverses fois
à vous transmettre, il n'était pas au pouvoir de M. de
Lesseps d'annoncer de grands progrès effectifs ; mais il
a pu affirmer avec une entière vérité, quelque surprise
qu'ait pu causer la nouvelle, qu'il avait enfin réussi à
obtenir un grand nombre de travailleurs. L'explication
de ce succès soudain, après un échec si prolongé, est
simplement que le gouvernement égyptien a fini par
se laisser influencer jusqu'à donner son assistance
toute-puissante dans la question, et que M. de Lesseps
de son côté, a consenti à 'violer sa parole que jamais,
dans aucune circonstance, il n'aurait recours au travail
forcé.
» Le nombre des ouvriers fournis à la Compagnie est,
dit on, de mille hommes, chiffre que je crois peu ou
point exagéré. Une portion des premiers arrivants, il
est vrai, ont été renvoyés de l'isthme, comme im-
propres au travail exigé, mais d'autres ont déjà été
demandés et obtenus à leur place. Ce contre-temps ne
se piésentera plus : des agents de la Compagnie sta-
tionnent maintenant dans les divers districts ; ils ins-
pectent rigoureusement chaque groupe de fellahs avant
de les recevoir des mains des employés du gouver-
nement et ils n'acceptent que des hommes de choix.
» Jusqu'ici j'ai simplement rapporté les faits, mais
je dois ajouter que ces hommes sont réputés par le
gouvernement et par la Compagnie n'être que des
engagés volontaires. Le gouvernement pousse même la
sollicitude jusqu'à n'émettre aucun ordre écrit sur ce
sujet aux gouverneurs des différentes provinces, et, de
la même façon, ces gouverneurs se bornent à des
communications verbales avec les chefs des districts
sous leurs ordres. En même temps, le gouvernement
fait profession ouverte d'avoir simplement donné à
M. de Lesseps la permission de recruter des ouvriers
Il est difficile de penser qu'on ait pu espérer de mysti-
fier le public par ces m'esures, quelque usage qu'on en
puisse faire dans le cas où le gouvernement turc ou
tout autre gouvernement étranger montrerait quelque
"disposition à intervenir. Il est très-inutile d'indiquer
que, dans une pareille affaire, il ne peut pas exister
de déception reelle. mais encore je puis déclarer
avoir reçu des renseignements de témoins oculaires
qui ont vu les hommes amenés en troupes de leurs
villages, et livrés aux agents de la Compagnie, lesquels,
dans les premiers moments de la réquisition, étaient
anxieusement questionnés par les cheicks, pour savoir
dans quel objet ces hommes étaient requis par le gou-
vernement, et ces témoins connaissent personnellement
un exemple d'un nombre d'hommes qui, ayant essayé
de s'échapper du convoi, furent repris peu de jours
après. et renvoyés à leur tâche.
» Nous sommes , par conséquent, parfaitement
préparés à recevoir de Paris de merveilleux récits sur
l'empressement avec lequel les fellahs abandonnent leurs
villages et leurs moissons pour travailler au grand
œuvre de creuser des fossés et de remuer les ,sables de
l'isthme de Suez, et ces pauvres gens eux-mêmes n'ont
pas d'autre consolation à chercher que de s'efforcer
de découvrir quelle vertu peut se trouver dans un
nom.
» Vos lecteurs ont eu déjà quelque occasion d'étudier ce
problème. Ils savent qu'on achète parfois des-nègres sur
la côte d'Afrique, que ces negres sont appelés esclaves
par les gens francs, que la supérieure délicatesse d'ex-
pression de nos amis d'Amérique les appelle « des per-
« sonnes attachées à une servitude involontaire; » que
c'est là un procédé de nature à être dans l'occasion pra-
tiqué avec un grand succès, et qu'il consiste à mettre
la main sur la poignée de son épée et à défier le monde
de donner à ces nègres un autre nom que celui de
« travailleurs libres » ; je ne puis m'avancer jusqu'à dire
que le gouvernement égyptien se prépare à suivre dans
sa plénitude la méthode ci-dessus indiquée, et dans la
vérité il y a des personnes dont l'opinion est que ces
hommes ne sont fournis que pour remplir un but tem-
poraire, se rattachant à la réunion, vers cette époque,
des actionnaires de la Compagnie. Mais il est plus vrai-
semblable qu'ils sont fournis comme à-compte sur le
paiement des actions prises par le vice-roi. Quoi qu'il
eu soit, la chose forme un mauvais précédent et, je le
crains, il n'est que trop certain qu'après avoir heureu-
sement atteint son premier grand pas, celui d'avoir pla-
cé le gouvernement sous des obligations financières
égales à près d'une année de ses revenus, la Compagnie
a réussi dans la tentative préparée de longue-main, de
tirer du pays un tribut permanent de travail forcé et de
lui infliger ainsi une perte dont on ne saurait exagérer
l'étendue. Que ni le gouvernement, ni les agents de la
Compagnie ne soient disposés à se laisser arrêter par
aucun scrupule, c'est prouvé par le fait que, dès le début,
les hommes sont enlevés précisément dans la saison où
les moissons mûrissent et où le préjudice qui leur est
infligé doit leur sembler doublement pénible.
»Cela pourtant n'est pas tout, il faut le craindre.Comme
j'ai eu plus d'une fois l'occasion de le remarquer, il est
très-vraisemblable que lorsque tout aura avorté on
trouvera des prétextes pour réclamer des indemnités au
trésor public. Vous savez que cette pratique a été réduite
en système régulier, et qu'elle a été pendant longtemps
poursuivie dans des proportions et à un degré de. succès
réellement merveilleux. Tout ce qu'il faut dans cette
nouvelle espèce de trafic, c'est d'abord d'exiger une
somme suffisamment ronde et ensuite d'obtenir l'appui
d'un consul européen. Le gouvernement, quelle que soit
la futilité de la réclamation en général, finit par céder
et l'argent est gagné.
» Pour les progrès du télégraphe de Malte, vous possé-
dez des nouvelles plus fraîches que celles que je peux
vous expédier d'ici. L'érection du bureau télégraphique
va être immédiatement commencée sur un terrain
vague près de la mer, concédé dans ce but par le vice-
roi. »
On lit dans le Times du 6 mai.
Le JCaoal à travers l'Égyple.
(Correspondance du TIMES).
« Alexandrie, 25 mai.
» La prochaine malle nous apportera sans doute les
amples détails de la déclaration que devait faire M. de
Lesseps aux actionnaires du canal de Suez, à l'occasion
de l'assemblée générale du 15 de ce mois. Comme vous
le savez par les informations que j'ai eu diverses fois
à vous transmettre, il n'était pas au pouvoir de M. de
Lesseps d'annoncer de grands progrès effectifs ; mais il
a pu affirmer avec une entière vérité, quelque surprise
qu'ait pu causer la nouvelle, qu'il avait enfin réussi à
obtenir un grand nombre de travailleurs. L'explication
de ce succès soudain, après un échec si prolongé, est
simplement que le gouvernement égyptien a fini par
se laisser influencer jusqu'à donner son assistance
toute-puissante dans la question, et que M. de Lesseps
de son côté, a consenti à 'violer sa parole que jamais,
dans aucune circonstance, il n'aurait recours au travail
forcé.
» Le nombre des ouvriers fournis à la Compagnie est,
dit on, de mille hommes, chiffre que je crois peu ou
point exagéré. Une portion des premiers arrivants, il
est vrai, ont été renvoyés de l'isthme, comme im-
propres au travail exigé, mais d'autres ont déjà été
demandés et obtenus à leur place. Ce contre-temps ne
se piésentera plus : des agents de la Compagnie sta-
tionnent maintenant dans les divers districts ; ils ins-
pectent rigoureusement chaque groupe de fellahs avant
de les recevoir des mains des employés du gouver-
nement et ils n'acceptent que des hommes de choix.
» Jusqu'ici j'ai simplement rapporté les faits, mais
je dois ajouter que ces hommes sont réputés par le
gouvernement et par la Compagnie n'être que des
engagés volontaires. Le gouvernement pousse même la
sollicitude jusqu'à n'émettre aucun ordre écrit sur ce
sujet aux gouverneurs des différentes provinces, et, de
la même façon, ces gouverneurs se bornent à des
communications verbales avec les chefs des districts
sous leurs ordres. En même temps, le gouvernement
fait profession ouverte d'avoir simplement donné à
M. de Lesseps la permission de recruter des ouvriers
Il est difficile de penser qu'on ait pu espérer de mysti-
fier le public par ces m'esures, quelque usage qu'on en
puisse faire dans le cas où le gouvernement turc ou
tout autre gouvernement étranger montrerait quelque
"disposition à intervenir. Il est très-inutile d'indiquer
que, dans une pareille affaire, il ne peut pas exister
de déception reelle. mais encore je puis déclarer
avoir reçu des renseignements de témoins oculaires
qui ont vu les hommes amenés en troupes de leurs
villages, et livrés aux agents de la Compagnie, lesquels,
dans les premiers moments de la réquisition, étaient
anxieusement questionnés par les cheicks, pour savoir
dans quel objet ces hommes étaient requis par le gou-
vernement, et ces témoins connaissent personnellement
un exemple d'un nombre d'hommes qui, ayant essayé
de s'échapper du convoi, furent repris peu de jours
après. et renvoyés à leur tâche.
» Nous sommes , par conséquent, parfaitement
préparés à recevoir de Paris de merveilleux récits sur
l'empressement avec lequel les fellahs abandonnent leurs
villages et leurs moissons pour travailler au grand
œuvre de creuser des fossés et de remuer les ,sables de
l'isthme de Suez, et ces pauvres gens eux-mêmes n'ont
pas d'autre consolation à chercher que de s'efforcer
de découvrir quelle vertu peut se trouver dans un
nom.
» Vos lecteurs ont eu déjà quelque occasion d'étudier ce
problème. Ils savent qu'on achète parfois des-nègres sur
la côte d'Afrique, que ces negres sont appelés esclaves
par les gens francs, que la supérieure délicatesse d'ex-
pression de nos amis d'Amérique les appelle « des per-
« sonnes attachées à une servitude involontaire; » que
c'est là un procédé de nature à être dans l'occasion pra-
tiqué avec un grand succès, et qu'il consiste à mettre
la main sur la poignée de son épée et à défier le monde
de donner à ces nègres un autre nom que celui de
« travailleurs libres » ; je ne puis m'avancer jusqu'à dire
que le gouvernement égyptien se prépare à suivre dans
sa plénitude la méthode ci-dessus indiquée, et dans la
vérité il y a des personnes dont l'opinion est que ces
hommes ne sont fournis que pour remplir un but tem-
poraire, se rattachant à la réunion, vers cette époque,
des actionnaires de la Compagnie. Mais il est plus vrai-
semblable qu'ils sont fournis comme à-compte sur le
paiement des actions prises par le vice-roi. Quoi qu'il
eu soit, la chose forme un mauvais précédent et, je le
crains, il n'est que trop certain qu'après avoir heureu-
sement atteint son premier grand pas, celui d'avoir pla-
cé le gouvernement sous des obligations financières
égales à près d'une année de ses revenus, la Compagnie
a réussi dans la tentative préparée de longue-main, de
tirer du pays un tribut permanent de travail forcé et de
lui infliger ainsi une perte dont on ne saurait exagérer
l'étendue. Que ni le gouvernement, ni les agents de la
Compagnie ne soient disposés à se laisser arrêter par
aucun scrupule, c'est prouvé par le fait que, dès le début,
les hommes sont enlevés précisément dans la saison où
les moissons mûrissent et où le préjudice qui leur est
infligé doit leur sembler doublement pénible.
»Cela pourtant n'est pas tout, il faut le craindre.Comme
j'ai eu plus d'une fois l'occasion de le remarquer, il est
très-vraisemblable que lorsque tout aura avorté on
trouvera des prétextes pour réclamer des indemnités au
trésor public. Vous savez que cette pratique a été réduite
en système régulier, et qu'elle a été pendant longtemps
poursuivie dans des proportions et à un degré de. succès
réellement merveilleux. Tout ce qu'il faut dans cette
nouvelle espèce de trafic, c'est d'abord d'exiger une
somme suffisamment ronde et ensuite d'obtenir l'appui
d'un consul européen. Le gouvernement, quelle que soit
la futilité de la réclamation en général, finit par céder
et l'argent est gagné.
» Pour les progrès du télégraphe de Malte, vous possé-
dez des nouvelles plus fraîches que celles que je peux
vous expédier d'ici. L'érection du bureau télégraphique
va être immédiatement commencée sur un terrain
vague près de la mer, concédé dans ce but par le vice-
roi. »
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