Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1861 15 juin 1861
Description : 1861/06/15 (A6,N120). 1861/06/15 (A6,N120).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032736
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 207
canal, une autre communication s'effectue, qui mettra
la Méditerranée en rapport avec le seuil d'El-Guisr.
» On compte que cette première communication sera
complétée dans le courant de juin, et que dans peu de
mois le canal d'eau douce fonctionnera entre Zagazig et
Timsah.
» D'après ces renseignements, on voit que le creu-
sement de la tranchée ayant pour objet de réunir les
deux mers, ne peut présenter aucune difficulté sérieuse.
Là-dessus les adversaires du canal, après des dénéga-
tions multipliées, semblent passer aujourd'hui condam-
nation ; mais, d'après le plan de la Compagnie, deux
entrées, composées d'une double jetée, doivent être pra-
tiquées aux deux extrémités du canal, à Suez et à Port-
Saïd. Sur la praticabilité des travaux à faire à Suez, on
n'élève point de controverse; on s'est retranché derrière
les prétendus dangers que présentaient, pour la libre
pratique de l'entrée par la Méditerranée, les invasions
prétendues soit des limons du Nil, soit des sables de la
mer dans la baie de Peluse. Les expériences les plus
décisives ont été faites à cet égard : pendant les deux
hivers, une frégate égyptienne, sur laquelle avait été
placé un ingénieur compétent, un autre navire com-
mandé par un des plus habiles capitaines du port de
Marseille, M. Philigret, ont constaté et la bonne tenue
et l'immuabilité de la côte de la baie. De nouvelles
observations sont venues encore confirmer les faits vé-
rifiés, et voici en quels termes le rapport s'exprime sur
cette question, la seule sur laquelle les adversaires du
canal persistent encore à élever un doute :
« Nous sommes en mesure de prouver et nous affir-
« mons, d'après le témoignage des ingénieurs les plus
» compétents, et particulièrement de MM. de Negrelli,
» Paleocapa, Conrad, Mougel, Renaud, Pascal, Lieussou
» et Larousse, que la rade de Port-Saïd est parfaite-
» ment solide; qu'à 8 mètres de profondeur elle est
» affranchie de toute perturbation, de tout affouille-
» ment, de tout ensablement; que l'établissement de
>• jetées dans ces conditions est un problème de cons-
» truction hydraulique parfaitement simple, n'ayant
» d'autres difficultés que celles qui se rencontrent dans
» tous les travaux à la mer. Nous n'avons donc sur
» cette question, pas plus que sur toutes celles qui ont
» trait au creusement du canal lui-même, aucun doute,
» aucune inquiétude à concevoir. Nous vous en don-
» nons l'assurance la plus ferme et la plus convaincue. »
» En ce moment les efforts de la Compagnie sont
concentrés vers le double but de faire communiquer
d'un côté la Méditerranée avec le lac Timsah, à travers
le seuil d'El-Guisr, et de l'autre côté le lac Timsah avec
l'intérieur de l'Égypte, par le canal d'eau douce. Huit
mille ouvriers, munis de tous les instruments, de tous
les appareils mécaniques, sont répartis, à l'heure où
nous écrivons, sur cette double ligne et procèdent
énergiquement au travail.
» La communication de la Méditerranée avec le lac
de Timsah est une œuvre d'une haute importance. En
effet, elle réalise la partie du canal que les anciens
n'avaient jamais effectuée. Le canal de Necos, Trajan et
d'Amrou, unissant les deux mers, passait du Nil vers
Timsah par une tranchée intérieure, et se dirigeait en-
suite de Timsah directement sur la mer Rouge. La navi-
gabilité de cette partie de l'isthme, par uncanal maritime,
a donc été, dansles temps anciens, trois fois expérimentée
et démontrée. Le jour donc où la Méditerranée viendra
se mêler aux eaux du lac Timsah, le problème sera sou-
verainement résolu, la preuve matérielle sera faite que
l'isthme est navigable dans toute son étendue.
» Pour obtenir ce résultat, la position d'El-Guisr, par
sa situation naturelle, par son aridité, par son isole-
ment des voies usuelles de communication, était le
principal obstacle à vaincre, non par les difficultés phy-
siques de son excavation, mais par les circonstances
inhérentes à la difficulté d'y transporter et d'y assurer
les nombreux objets indispensables au travail. Mainte-
nant, une conduite d'une longueur de 27 kilomètres,
prise au lac Maxamah, dans la vallée de Gessen, ré-
partit l'eau du Nil sur toute la ligne du seuil et suffit
abondamment à tous les besoins des travailleurs. Plu-
sieurs puits réparés ou nouvellement creusés, ajoutent
encore à ces ressources ; des villages ont été construits
sur la ligne, des chantiers pouvant donner asile à
10,000 familles, tous les instruments et appareils pro -
près à l'exécution, ont été transportés sur les lieux à
travers le désert. La ligne du seuil a été divisée en six
chantiers, où les fellahs travaillent volontairement à la
tâche ; et, d'après le rapport, tout fait espérer que le
canal de petit cabotage, d'une profondeur de 2m,50, sur
une largeur de 24 mètres, sera achevé dans le cou-
rant de l'année prochaine, et pourra, dès lors, donner
passage au charbon nécessaire à la navigation à vapeur
de la mer Rouge et aux petits caboteurs de la Méditer-
ranée.
» Le rapport, naturellement, ne pouvait point passer
sous silence l'opposition que, depuis six ans, le gou-
vernement anglais n'a pas cessé de faire à ce projet,
accueilli par l'approbation de l'Europe entière.
D On sait que cette opposition n'est pas un de nos
moindres arguments contre le prétendu libéralisme
économique de nos voisins; car, nous ne nous y trom-
pons point et personne ne s'y trompe, la crédulité qu'on
affecte sur l'impossibilité du projet n'est qu'un miséra-
ble prétexte. La vérité est que le gouvernement anglais
répugne à laisser ouvrir pour toutes les marines euro-
péennes, sans distinction ni exception, un accès facile
vers la mer des Indes. A ce point de vue, le rapport nous
trace un tableau véritablement attristant des intrigues
britanniques. Lord Palmerston n'a reculé devant aucune
extrémité, pas même devant celle de se permettre à la
face de l'Europe, contre les hommes les plus honorables,
les imputations les plus offensantes. Au reste, ces hom-
mes ont exercé envers ce ministre des représailles qui
dans leur noblesse ne manquaient pas de cruauté : ils
ont soumis tout simplement à l'assemblée générale les
termes dont lord Palmerston s'était servi en parlant de
leur entreprise; après les lui avoir fait entendre, ils
lui ont demandé de les juger; et si le jugement est ar-
rivé jusqu'à lord Palmerston, il n'a pas dû flatter ses
oreilles.
» Le rapport expose, au surplus, la situation respec-
tive de la Turquie et de la Compagnie. La Turquie a
officiellement déclaré qu'elle ne voyait pour sa part
canal, une autre communication s'effectue, qui mettra
la Méditerranée en rapport avec le seuil d'El-Guisr.
» On compte que cette première communication sera
complétée dans le courant de juin, et que dans peu de
mois le canal d'eau douce fonctionnera entre Zagazig et
Timsah.
» D'après ces renseignements, on voit que le creu-
sement de la tranchée ayant pour objet de réunir les
deux mers, ne peut présenter aucune difficulté sérieuse.
Là-dessus les adversaires du canal, après des dénéga-
tions multipliées, semblent passer aujourd'hui condam-
nation ; mais, d'après le plan de la Compagnie, deux
entrées, composées d'une double jetée, doivent être pra-
tiquées aux deux extrémités du canal, à Suez et à Port-
Saïd. Sur la praticabilité des travaux à faire à Suez, on
n'élève point de controverse; on s'est retranché derrière
les prétendus dangers que présentaient, pour la libre
pratique de l'entrée par la Méditerranée, les invasions
prétendues soit des limons du Nil, soit des sables de la
mer dans la baie de Peluse. Les expériences les plus
décisives ont été faites à cet égard : pendant les deux
hivers, une frégate égyptienne, sur laquelle avait été
placé un ingénieur compétent, un autre navire com-
mandé par un des plus habiles capitaines du port de
Marseille, M. Philigret, ont constaté et la bonne tenue
et l'immuabilité de la côte de la baie. De nouvelles
observations sont venues encore confirmer les faits vé-
rifiés, et voici en quels termes le rapport s'exprime sur
cette question, la seule sur laquelle les adversaires du
canal persistent encore à élever un doute :
« Nous sommes en mesure de prouver et nous affir-
« mons, d'après le témoignage des ingénieurs les plus
» compétents, et particulièrement de MM. de Negrelli,
» Paleocapa, Conrad, Mougel, Renaud, Pascal, Lieussou
» et Larousse, que la rade de Port-Saïd est parfaite-
» ment solide; qu'à 8 mètres de profondeur elle est
» affranchie de toute perturbation, de tout affouille-
» ment, de tout ensablement; que l'établissement de
>• jetées dans ces conditions est un problème de cons-
» truction hydraulique parfaitement simple, n'ayant
» d'autres difficultés que celles qui se rencontrent dans
» tous les travaux à la mer. Nous n'avons donc sur
» cette question, pas plus que sur toutes celles qui ont
» trait au creusement du canal lui-même, aucun doute,
» aucune inquiétude à concevoir. Nous vous en don-
» nons l'assurance la plus ferme et la plus convaincue. »
» En ce moment les efforts de la Compagnie sont
concentrés vers le double but de faire communiquer
d'un côté la Méditerranée avec le lac Timsah, à travers
le seuil d'El-Guisr, et de l'autre côté le lac Timsah avec
l'intérieur de l'Égypte, par le canal d'eau douce. Huit
mille ouvriers, munis de tous les instruments, de tous
les appareils mécaniques, sont répartis, à l'heure où
nous écrivons, sur cette double ligne et procèdent
énergiquement au travail.
» La communication de la Méditerranée avec le lac
de Timsah est une œuvre d'une haute importance. En
effet, elle réalise la partie du canal que les anciens
n'avaient jamais effectuée. Le canal de Necos, Trajan et
d'Amrou, unissant les deux mers, passait du Nil vers
Timsah par une tranchée intérieure, et se dirigeait en-
suite de Timsah directement sur la mer Rouge. La navi-
gabilité de cette partie de l'isthme, par uncanal maritime,
a donc été, dansles temps anciens, trois fois expérimentée
et démontrée. Le jour donc où la Méditerranée viendra
se mêler aux eaux du lac Timsah, le problème sera sou-
verainement résolu, la preuve matérielle sera faite que
l'isthme est navigable dans toute son étendue.
» Pour obtenir ce résultat, la position d'El-Guisr, par
sa situation naturelle, par son aridité, par son isole-
ment des voies usuelles de communication, était le
principal obstacle à vaincre, non par les difficultés phy-
siques de son excavation, mais par les circonstances
inhérentes à la difficulté d'y transporter et d'y assurer
les nombreux objets indispensables au travail. Mainte-
nant, une conduite d'une longueur de 27 kilomètres,
prise au lac Maxamah, dans la vallée de Gessen, ré-
partit l'eau du Nil sur toute la ligne du seuil et suffit
abondamment à tous les besoins des travailleurs. Plu-
sieurs puits réparés ou nouvellement creusés, ajoutent
encore à ces ressources ; des villages ont été construits
sur la ligne, des chantiers pouvant donner asile à
10,000 familles, tous les instruments et appareils pro -
près à l'exécution, ont été transportés sur les lieux à
travers le désert. La ligne du seuil a été divisée en six
chantiers, où les fellahs travaillent volontairement à la
tâche ; et, d'après le rapport, tout fait espérer que le
canal de petit cabotage, d'une profondeur de 2m,50, sur
une largeur de 24 mètres, sera achevé dans le cou-
rant de l'année prochaine, et pourra, dès lors, donner
passage au charbon nécessaire à la navigation à vapeur
de la mer Rouge et aux petits caboteurs de la Méditer-
ranée.
» Le rapport, naturellement, ne pouvait point passer
sous silence l'opposition que, depuis six ans, le gou-
vernement anglais n'a pas cessé de faire à ce projet,
accueilli par l'approbation de l'Europe entière.
D On sait que cette opposition n'est pas un de nos
moindres arguments contre le prétendu libéralisme
économique de nos voisins; car, nous ne nous y trom-
pons point et personne ne s'y trompe, la crédulité qu'on
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ble prétexte. La vérité est que le gouvernement anglais
répugne à laisser ouvrir pour toutes les marines euro-
péennes, sans distinction ni exception, un accès facile
vers la mer des Indes. A ce point de vue, le rapport nous
trace un tableau véritablement attristant des intrigues
britanniques. Lord Palmerston n'a reculé devant aucune
extrémité, pas même devant celle de se permettre à la
face de l'Europe, contre les hommes les plus honorables,
les imputations les plus offensantes. Au reste, ces hom-
mes ont exercé envers ce ministre des représailles qui
dans leur noblesse ne manquaient pas de cruauté : ils
ont soumis tout simplement à l'assemblée générale les
termes dont lord Palmerston s'était servi en parlant de
leur entreprise; après les lui avoir fait entendre, ils
lui ont demandé de les juger; et si le jugement est ar-
rivé jusqu'à lord Palmerston, il n'a pas dû flatter ses
oreilles.
» Le rapport expose, au surplus, la situation respec-
tive de la Turquie et de la Compagnie. La Turquie a
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