Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1861 01 juin 1861
Description : 1861/06/01 (A6,N119). 1861/06/01 (A6,N119).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203272s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 191
des talus. Or c'est précisément ce qui existe à ce seuil du
Sérapéum, comme au seuil d'El-Guisr, comme partout.
Les sondages rapprochés les uns des autres constatent
partout la présence des argiles, des glaises, des cal-
caires, que sais-je moi? Et vous pouvez vous convain-
cre, en vous promenant la canne à la main sur toute
cette ligne, que le fameux sable du désert n'y existe
qu'à la surface comme il existerait dans toute la plaine
du Caire, dans toute l'Egypte peut-être, si on cessait
de la cultiver.
Maintenant, entre ce seuil au plateau du Sérapéum
et la mer Rouge, qu'y a-t-il encore? Rien que la plaine
basse, plus basse que le niveau de la mer, et qui serait
un autre lac Menzaleh, si les trop-pleins du Nil pou-
vaient y pénétrer. On l'appelle les lacs Amers.
Une fois le pays ainsi étudié à vol d'oiseau, pour
visiter facilement les travaux du canal, faisons ce qu'a
fait la Compagnie ; parcourons les points principaux que
je viens de nommer, sans nous inquiéter des espaces à
droite et à gauche. Ceux-là aussi seront plus tard co-
lonisés, cultivés, habités, comme ils l'ont été autrefois,
ainsi que l'attestent ces monticules de ruines répandus
partout. Pour le moment nous n'avons pas à nous en
occuper.
Or, qu'a fait la Compagnie?
Son canal devait déboucher dans la Méditerranée
près de l'ancienne Péluse ; à ce point de débouché elle
a fondé son premier établissement, appelé Port-Saïd.
Nous y sommes.
Là elle reçoit par mer ses approvisionnements, ses
engins de travail ; là elle se prépare à creuser la la-
gune et plus tard à fonder les digues qui formeront
l'avant-port. Colonie naissante, Port-Saïd compte déjà
plus de quinze cents habitants dont près de huit cents
Arabes avec femmes et enfants, et iman et mosquée.
Bien fournie de légumes et de provisions fraîches par
le lac qui la met en communication avec Damiette, où
sont entassés des approvisionnements à nourrir une
armée, la petite colonie offre un tableau pittoresque et
animé.
Les scieries mécaniques, les moulins à vapeur, les
machines à distiller l'eau, les ateliers de construction,
de montage et de réparation de machines, les maga-
sins, l'hôpital, le phare, rien n'y manque. On y vit, on
s'y agite, on y loge, on y travaille comme en Europe.
Port-Saïd, je vous assure, est déjà habitable pour d'au-
tres que pour les employés. J'y ai trouvé cordiale et
confortable hospitalité.
Que les travaux avancent vers le sud, que la rigole
à travers le lac, déjà ébauchée sur une partie du par-
cours, soit complétée, et elle le sera bientôt, de Port-
Saïd à Kantara il n'y aura qu'une courte étape. Car si
on travaille de Port-Saïd vers Kantara , on travaille
aussi de Kantara vers Port-Saïd.
A Kantara, placé sur ce qu'on appelle la route d'E-
gypte en Syrie, la Compagnie a fait aussi un établis-
sement assez important.
Là, l'eau douce est apportée par des chameaux qui
n'ont que peu de distance à parcourir, ou bien on la
puise dans une vaste citerne dont Méhémet-Ali avait
fait le réservoir destiné au grand poste militaire qu'il
y entretenait.
C'est à Kantara surtout qu'aboadent les ouvriers ara-
bes venant de Syrie, heureux d'y trouver une bonne
et paternelle administration, les payant bien, les nour-
rissant bien et les soignant bien quand ils sont mala-
des. A propos de malades, notez, une fois pour toutes,
que je n'ai trouvé aucun malade dans aucun des hôpi-
taux que j'ai tous successivement visités et dans tous
les campements. Aussi n'ai-je pu que m'étonner de la
bonne tenue de ces établissements, du zèle des méde-
cins attachés à chacun d'eux, de la complète fourniture
des pharmacies ; mais je n'ai vraiment eu que cela à
voir. De malades. point! Le climat de l'isthme est, à
ce qu'il paraît, très-favorable à la santé, et je m'en suis
aperçu à la vivacité de mon appétit en arrivant à Kan-
tara.
Nous avons visité les chantiers de Kantara, ils ten-
dent la main à ceux de Ferdane placés, comme je vous
le disais, au delà du lac Ballah. Et ceux-là aussi sont
bien préparés et bien approvisionnés. Les Européens y
ont aussi des habitations convenables, les ouvriers ara-
bes y ont leurs gourbis ou leurs maisons de terre,
construites comme dans le reste de l'Egypte.
A partir de Ferdane vers le seuil d'El-Guisr, sur tout
le parcours, les tâches sont préparées pour les groupes
de travailleurs : de distance en distance les appareils
Balan, ces bennes volantes (portant la terre à plus de
100 mètres du point de chargement) que vous connais-
sez ; les brouettes à poulies, ces appareils que vous avez
vus fonctionner dans les travaux de Paris; les machines
élévatoires avec toiles sans fin, mues par des manéges
à chameaux ou peut-être par de simples locomobiles,
se disposent chaque jour en plus grand nombre. Là est
la seule difficulté de l'œuvre (une véritable masse de
terre à traverser), là les moyens d'attaque sont les plus
nombreux et les plus puissants. Allons au Guisr.
Voyez ces maisons alignées, ce sont les logements des
Européens; ce bâtiment isolé au centre, c'est la direc-
tion. Les ingénieurs, l'entrepreneur général et ses dif-
férents chefs de service y demeurent. Il y a les dessi-
nateurs, les écrivains, les comptables, les cantines, etc.,
même les cafés et les danseuses dans le quartier arabe.
Tout le monde travaille et se nourrit facilement, et on
y est en plein désert !!! -
L'eau y abonde, notez-le-bien, l'eau douce qu'un
petit canal, creusé par la Compagnie, est allé chercher
à plus de 30 kilomètres vers l'intérieur, à l'ouest, en se
reliant avec les canaux dérivés du Nil. Soyez donc sans
inquiétude sur ces milliers de bras occupés en cet en-
droit. Le sort des ouvriers de Nécos ne les atteindra
pas. Ils ne mourront ni de soif ni de faim.
Je vous parle d'un canal d'eau douce alimentant les
travailleurs du centre de l'isthme; ce canal sera bien-
tôt l'une des voies les plus précieuses de communica-
tion de l'entreprise, même pendant la durée des tra-
vaux, comme plus tard, agrandi, il sera une des ri-
chesses de la Compagnie ; car, en s'élevant perpendicu-
lairement à la ligne du canal vers l'ouest, on n'a pas
des talus. Or c'est précisément ce qui existe à ce seuil du
Sérapéum, comme au seuil d'El-Guisr, comme partout.
Les sondages rapprochés les uns des autres constatent
partout la présence des argiles, des glaises, des cal-
caires, que sais-je moi? Et vous pouvez vous convain-
cre, en vous promenant la canne à la main sur toute
cette ligne, que le fameux sable du désert n'y existe
qu'à la surface comme il existerait dans toute la plaine
du Caire, dans toute l'Egypte peut-être, si on cessait
de la cultiver.
Maintenant, entre ce seuil au plateau du Sérapéum
et la mer Rouge, qu'y a-t-il encore? Rien que la plaine
basse, plus basse que le niveau de la mer, et qui serait
un autre lac Menzaleh, si les trop-pleins du Nil pou-
vaient y pénétrer. On l'appelle les lacs Amers.
Une fois le pays ainsi étudié à vol d'oiseau, pour
visiter facilement les travaux du canal, faisons ce qu'a
fait la Compagnie ; parcourons les points principaux que
je viens de nommer, sans nous inquiéter des espaces à
droite et à gauche. Ceux-là aussi seront plus tard co-
lonisés, cultivés, habités, comme ils l'ont été autrefois,
ainsi que l'attestent ces monticules de ruines répandus
partout. Pour le moment nous n'avons pas à nous en
occuper.
Or, qu'a fait la Compagnie?
Son canal devait déboucher dans la Méditerranée
près de l'ancienne Péluse ; à ce point de débouché elle
a fondé son premier établissement, appelé Port-Saïd.
Nous y sommes.
Là elle reçoit par mer ses approvisionnements, ses
engins de travail ; là elle se prépare à creuser la la-
gune et plus tard à fonder les digues qui formeront
l'avant-port. Colonie naissante, Port-Saïd compte déjà
plus de quinze cents habitants dont près de huit cents
Arabes avec femmes et enfants, et iman et mosquée.
Bien fournie de légumes et de provisions fraîches par
le lac qui la met en communication avec Damiette, où
sont entassés des approvisionnements à nourrir une
armée, la petite colonie offre un tableau pittoresque et
animé.
Les scieries mécaniques, les moulins à vapeur, les
machines à distiller l'eau, les ateliers de construction,
de montage et de réparation de machines, les maga-
sins, l'hôpital, le phare, rien n'y manque. On y vit, on
s'y agite, on y loge, on y travaille comme en Europe.
Port-Saïd, je vous assure, est déjà habitable pour d'au-
tres que pour les employés. J'y ai trouvé cordiale et
confortable hospitalité.
Que les travaux avancent vers le sud, que la rigole
à travers le lac, déjà ébauchée sur une partie du par-
cours, soit complétée, et elle le sera bientôt, de Port-
Saïd à Kantara il n'y aura qu'une courte étape. Car si
on travaille de Port-Saïd vers Kantara , on travaille
aussi de Kantara vers Port-Saïd.
A Kantara, placé sur ce qu'on appelle la route d'E-
gypte en Syrie, la Compagnie a fait aussi un établis-
sement assez important.
Là, l'eau douce est apportée par des chameaux qui
n'ont que peu de distance à parcourir, ou bien on la
puise dans une vaste citerne dont Méhémet-Ali avait
fait le réservoir destiné au grand poste militaire qu'il
y entretenait.
C'est à Kantara surtout qu'aboadent les ouvriers ara-
bes venant de Syrie, heureux d'y trouver une bonne
et paternelle administration, les payant bien, les nour-
rissant bien et les soignant bien quand ils sont mala-
des. A propos de malades, notez, une fois pour toutes,
que je n'ai trouvé aucun malade dans aucun des hôpi-
taux que j'ai tous successivement visités et dans tous
les campements. Aussi n'ai-je pu que m'étonner de la
bonne tenue de ces établissements, du zèle des méde-
cins attachés à chacun d'eux, de la complète fourniture
des pharmacies ; mais je n'ai vraiment eu que cela à
voir. De malades. point! Le climat de l'isthme est, à
ce qu'il paraît, très-favorable à la santé, et je m'en suis
aperçu à la vivacité de mon appétit en arrivant à Kan-
tara.
Nous avons visité les chantiers de Kantara, ils ten-
dent la main à ceux de Ferdane placés, comme je vous
le disais, au delà du lac Ballah. Et ceux-là aussi sont
bien préparés et bien approvisionnés. Les Européens y
ont aussi des habitations convenables, les ouvriers ara-
bes y ont leurs gourbis ou leurs maisons de terre,
construites comme dans le reste de l'Egypte.
A partir de Ferdane vers le seuil d'El-Guisr, sur tout
le parcours, les tâches sont préparées pour les groupes
de travailleurs : de distance en distance les appareils
Balan, ces bennes volantes (portant la terre à plus de
100 mètres du point de chargement) que vous connais-
sez ; les brouettes à poulies, ces appareils que vous avez
vus fonctionner dans les travaux de Paris; les machines
élévatoires avec toiles sans fin, mues par des manéges
à chameaux ou peut-être par de simples locomobiles,
se disposent chaque jour en plus grand nombre. Là est
la seule difficulté de l'œuvre (une véritable masse de
terre à traverser), là les moyens d'attaque sont les plus
nombreux et les plus puissants. Allons au Guisr.
Voyez ces maisons alignées, ce sont les logements des
Européens; ce bâtiment isolé au centre, c'est la direc-
tion. Les ingénieurs, l'entrepreneur général et ses dif-
férents chefs de service y demeurent. Il y a les dessi-
nateurs, les écrivains, les comptables, les cantines, etc.,
même les cafés et les danseuses dans le quartier arabe.
Tout le monde travaille et se nourrit facilement, et on
y est en plein désert !!! -
L'eau y abonde, notez-le-bien, l'eau douce qu'un
petit canal, creusé par la Compagnie, est allé chercher
à plus de 30 kilomètres vers l'intérieur, à l'ouest, en se
reliant avec les canaux dérivés du Nil. Soyez donc sans
inquiétude sur ces milliers de bras occupés en cet en-
droit. Le sort des ouvriers de Nécos ne les atteindra
pas. Ils ne mourront ni de soif ni de faim.
Je vous parle d'un canal d'eau douce alimentant les
travailleurs du centre de l'isthme; ce canal sera bien-
tôt l'une des voies les plus précieuses de communica-
tion de l'entreprise, même pendant la durée des tra-
vaux, comme plus tard, agrandi, il sera une des ri-
chesses de la Compagnie ; car, en s'élevant perpendicu-
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