Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mai 1861 15 mai 1861
Description : 1861/05/15 (A6,N118)-1861/05/18. 1861/05/15 (A6,N118)-1861/05/18.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203271c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
IE8 L'ISTHME DE SUEZ,
» pour effectuer leur passage. La Compagnie a con-
» tracté une dette envers le monde et envers l'An-
». gleterre ; nous réclamons l'accomplissement de ces
» magnifiques promesses. » (Très-bien "et rires.)
Messieurs, nous reconnaissons cette dette, et nous
sommes résolus à l'acquitter ; mais en acceptant et en
invoquant notre engagement, notre créancier sait
très-bien qu'il s'oblige aussi, dans la sphère de son
influence, à ne point laisser troubler le libre exercice
des opérations qui nous 'permettront de payer notre
dette.
La lettre vizirielle obtenue par l'ambassadeur an-
glais fut envoyée à Alexandrie au commencement
de janvier. Le vice-roi y répondit en se bornant à
relater tous les antécédents de l'affaire : c'était rappe-
ler à chacun ses engagements.
Mais la situation avait ses délicatesses ; après l'avoir
mûrement examinée et pesée, désireux d'épargner au
gouvernement égyptien de misérables tracasseries, et
reconnaissant qu'il n'en résulterait aucun dommage
pour les droits et les intérêts de la Compagnie, nous
résolûmes, d'accord avec le directeur général et
l'entrepreneur général des travaux, d'appliquer sur
une grande échelle un système dont nous avions à
l'avance posé les jalons.
Jusqu'alors le recrutement libre nous avait fourni
des ouvriers indigènes en quantité suffisante pour
nos premiers besoins ; nous espérions que les popula-
tions de Syrie et d'Egypte se rendraient avec em-
pressement sur nos chantiers, à notre appel. Cette
combinaison avait un seul inconvénient, celui d'ajour-
ner de quelques semaines la mise en train du travail
général. Mais nous pouvions employer très-utilement
cet intervalle à développer et à perfectionner encore
les installations préparatoires sur la ligne du canal
maritime et du canal navigable d'eau douce. D'ail-
leurs, nous étions à la veille du Ramadan, période
inévitable de chômage pour le travailleur musulman.
En outre, le recrutement libre devait constater la
force intrinsèque de l'entreprise et donner la mesure
de la popularité dont elle jouissait parmi les indi-
gènes ; enfin il écartait toute complication politique.
L'enrôlement volontaire fut donc orgarisé sur une
grande échelle. Un plein succès a couronné nos pré-
visions. (Vifs mouvements de satisfaction.) En ce mo-
ment huit mille travailleurs sont répartis sur la li..
gne de nos chantiers, depuis Port-Saïd jusqu'à Tim-
sah et suffiront à l'exécution de tous les travaux
nécessaires à la première jonction des deux mers.
(Applaudissements prolongés.)
Les choses étaient en l'état que nous venons d'ex-
poser lorsqu'est intervenu à Londres, la semaine
dernière, un nouvel et très notable incident. Vous
devinez, Messieurs, que nous voulons parler de la dis-
cussion qui s'est engagée, le 6 de ce mois, à la
Chambre des lords au sujet du canal de Suez. (Mou-
vement.)
Cet incident nous offre encore une fois l'occasion
de constater les sympathies de l'opinion publique et
la sollicitude vigilante de la presse, dès qu'on touche,
dans un certain esprit, à ce grave sujet. Ces pré-
cieux témoignages parlent plus haut que le déni-
grement systématique, et, tout en nous honorant, ils
prouvent que l'appui de l'éloquence, de la justice et
du patriotisme ne manque pas plus que les encou-
ragements de la politique aux causes justes et gran-
des comme la nôtre. (Acclamation.)
Nous sommes contraints d'avouer que la lecture
de la discussion de la Chambre des lords est de na-
ture à compromettre l'autorité de l'illustre assemblée.
Il n'est pas, en quelque sorte, dans ce débat, une
seule assertion sur les faits à laquelle on ne doive
attacher une rectification ou une dénégation. Nous
en pourrions multiplier les exemples, nous nous
bornerons à un seul. L'auteur de l'interpellation dé-
signe la Compagnie universelle comme une Compa-
gnie en banqueroute (a bankrupt cornpony). (Marques
de surprise et d'indignation,) Voilà de quelles infor-
mations les personnages les plus haut placés se
nourrissent en Angleterre et nourrissent l'opinion
de leur pays dès qu'il s'agit du canal de Suez. Il
semble qu'en face du monstre on perde non pas seu-
lement la puissance de juger, mais jusqu'à la faculté
d'examiner. (Rires d'adhésion.)
Sans consentir à nous immiscer dans la politique
intérieure de nos voisins, nous devons vous faire ob-
server aussi que, dans notre sentiment, la question
soulevée par un membre de l'opposition torie semble
avoir été combinée moins contre le percement de
l'isthme que comme moyen d'embarrasser le cabinet
anglais dans ses relations avec la France, et de jeter
au milieu de ce cabinet une pomme de discorde. En
effet, l'orateur de la motion a eu grand soin de rap-
peler que les ministres diffèrent complétement d'opi-
nion sur cette affaire ; que le canal de Suez a été
énergiquement défendu contre lord Palmerston dans
la Chambre des communes par trois de ses collègues
actuels, très-influents : par lord John Russell, mi-
nistre des affaires étrangères; M. Gladstone, chan-
celier de l'Echiquier, et M. Milner Gibson, ministre
du commerce, auxquels il aurait pu ajouter un qua-
trième membre du cabinet, M. Sydney-Herbert,
ministre de la guerre.
Quant aux résultats de ces explications, notre
opinion est que la question n'avait pas encore fait un
pas aussi considérable en Angleterre.
« Pendant des siècles, a dit l'orateur qui a provo-
» qué le débat, l'exécution du canal de Suez a été
» l'objet de l'ambition de plusieurs grands princes et
» souverains, et jamais peut-être projet ne fut plus
» propre à réunir les sympathies, à exciter l'imagi-
» pour effectuer leur passage. La Compagnie a con-
» tracté une dette envers le monde et envers l'An-
». gleterre ; nous réclamons l'accomplissement de ces
» magnifiques promesses. » (Très-bien "et rires.)
Messieurs, nous reconnaissons cette dette, et nous
sommes résolus à l'acquitter ; mais en acceptant et en
invoquant notre engagement, notre créancier sait
très-bien qu'il s'oblige aussi, dans la sphère de son
influence, à ne point laisser troubler le libre exercice
des opérations qui nous 'permettront de payer notre
dette.
La lettre vizirielle obtenue par l'ambassadeur an-
glais fut envoyée à Alexandrie au commencement
de janvier. Le vice-roi y répondit en se bornant à
relater tous les antécédents de l'affaire : c'était rappe-
ler à chacun ses engagements.
Mais la situation avait ses délicatesses ; après l'avoir
mûrement examinée et pesée, désireux d'épargner au
gouvernement égyptien de misérables tracasseries, et
reconnaissant qu'il n'en résulterait aucun dommage
pour les droits et les intérêts de la Compagnie, nous
résolûmes, d'accord avec le directeur général et
l'entrepreneur général des travaux, d'appliquer sur
une grande échelle un système dont nous avions à
l'avance posé les jalons.
Jusqu'alors le recrutement libre nous avait fourni
des ouvriers indigènes en quantité suffisante pour
nos premiers besoins ; nous espérions que les popula-
tions de Syrie et d'Egypte se rendraient avec em-
pressement sur nos chantiers, à notre appel. Cette
combinaison avait un seul inconvénient, celui d'ajour-
ner de quelques semaines la mise en train du travail
général. Mais nous pouvions employer très-utilement
cet intervalle à développer et à perfectionner encore
les installations préparatoires sur la ligne du canal
maritime et du canal navigable d'eau douce. D'ail-
leurs, nous étions à la veille du Ramadan, période
inévitable de chômage pour le travailleur musulman.
En outre, le recrutement libre devait constater la
force intrinsèque de l'entreprise et donner la mesure
de la popularité dont elle jouissait parmi les indi-
gènes ; enfin il écartait toute complication politique.
L'enrôlement volontaire fut donc orgarisé sur une
grande échelle. Un plein succès a couronné nos pré-
visions. (Vifs mouvements de satisfaction.) En ce mo-
ment huit mille travailleurs sont répartis sur la li..
gne de nos chantiers, depuis Port-Saïd jusqu'à Tim-
sah et suffiront à l'exécution de tous les travaux
nécessaires à la première jonction des deux mers.
(Applaudissements prolongés.)
Les choses étaient en l'état que nous venons d'ex-
poser lorsqu'est intervenu à Londres, la semaine
dernière, un nouvel et très notable incident. Vous
devinez, Messieurs, que nous voulons parler de la dis-
cussion qui s'est engagée, le 6 de ce mois, à la
Chambre des lords au sujet du canal de Suez. (Mou-
vement.)
Cet incident nous offre encore une fois l'occasion
de constater les sympathies de l'opinion publique et
la sollicitude vigilante de la presse, dès qu'on touche,
dans un certain esprit, à ce grave sujet. Ces pré-
cieux témoignages parlent plus haut que le déni-
grement systématique, et, tout en nous honorant, ils
prouvent que l'appui de l'éloquence, de la justice et
du patriotisme ne manque pas plus que les encou-
ragements de la politique aux causes justes et gran-
des comme la nôtre. (Acclamation.)
Nous sommes contraints d'avouer que la lecture
de la discussion de la Chambre des lords est de na-
ture à compromettre l'autorité de l'illustre assemblée.
Il n'est pas, en quelque sorte, dans ce débat, une
seule assertion sur les faits à laquelle on ne doive
attacher une rectification ou une dénégation. Nous
en pourrions multiplier les exemples, nous nous
bornerons à un seul. L'auteur de l'interpellation dé-
signe la Compagnie universelle comme une Compa-
gnie en banqueroute (a bankrupt cornpony). (Marques
de surprise et d'indignation,) Voilà de quelles infor-
mations les personnages les plus haut placés se
nourrissent en Angleterre et nourrissent l'opinion
de leur pays dès qu'il s'agit du canal de Suez. Il
semble qu'en face du monstre on perde non pas seu-
lement la puissance de juger, mais jusqu'à la faculté
d'examiner. (Rires d'adhésion.)
Sans consentir à nous immiscer dans la politique
intérieure de nos voisins, nous devons vous faire ob-
server aussi que, dans notre sentiment, la question
soulevée par un membre de l'opposition torie semble
avoir été combinée moins contre le percement de
l'isthme que comme moyen d'embarrasser le cabinet
anglais dans ses relations avec la France, et de jeter
au milieu de ce cabinet une pomme de discorde. En
effet, l'orateur de la motion a eu grand soin de rap-
peler que les ministres diffèrent complétement d'opi-
nion sur cette affaire ; que le canal de Suez a été
énergiquement défendu contre lord Palmerston dans
la Chambre des communes par trois de ses collègues
actuels, très-influents : par lord John Russell, mi-
nistre des affaires étrangères; M. Gladstone, chan-
celier de l'Echiquier, et M. Milner Gibson, ministre
du commerce, auxquels il aurait pu ajouter un qua-
trième membre du cabinet, M. Sydney-Herbert,
ministre de la guerre.
Quant aux résultats de ces explications, notre
opinion est que la question n'avait pas encore fait un
pas aussi considérable en Angleterre.
« Pendant des siècles, a dit l'orateur qui a provo-
» qué le débat, l'exécution du canal de Suez a été
» l'objet de l'ambition de plusieurs grands princes et
» souverains, et jamais peut-être projet ne fut plus
» propre à réunir les sympathies, à exciter l'imagi-
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