Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1861 01 mai 1861
Description : 1861/05/01 (A6,N117). 1861/05/01 (A6,N117).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203270z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
142 L'ISTHME DE SUEZ,
bourser l'avance qui lui avait été faite de toute autre
façon qu'en continuant à cultiver l'indigo. Ce contrat
est du 29 novembre 1859. C'était un faux contrat. Le
pauvre Ryot fut jeté en prison parce qu'un faux contrat
le condamnait, lui et ses héritiers, à être pour jamais
esclaves sur le sol possédé par un planteur. Ereoutre, les
livres du planteur, où figuraient ces contrats faux et les
avances faites, étaient reçus comme preuves contre les
Ryots, sans autre instruction. Les indigènes de Calcutta,
voyant ces injustices horribles, envoyèrent un juriscon-
sulte pour défendre les paysans. Un magistrat, s'ar-
mant d'une des clauses de la loi, condamna ce juris-
consulte à la prison et à l'amende. Cet état de choses
est effroyable : un talookdar fut condamné par M. Bett,
pour un fait qui n'était pas un délit, à six mois de pri-
son et à 200 roupies d'amende. Naturellement, après ces
exemples, les infortunés Ryots ne trouvèrent plus de
défenseurs, et les planteurs furent les maîtres absolus
de la situation.
» Il n'est pas étonnant qu'un sentiment général de
mécontentement règne dans tous les districts. En toute
autre contrée du mon je, un tel système aurait provo-
qué une révolte. L'état des choses au Bengale est des
plus alarmants, et nous pouvons, par chaque malle,
apprendre la nouvelle d'une insurrection dans le Ben-
gale méridional, qui attirerait sur ce pays les plus
terribles calamités. Je vous citerai le récit suivant,
extrait du travail de M. Grant, sous la date du 11 sep-
tembre 1860 :
« A mon retour, peu de jours après, le long' des mêmes
» rivières (la Koomar et la Kelliqunga), cinglant du
» matin au soir entre leurs rives sur une étendue de
1) 60 à 70 milles, je voyais les deux bords littéralement
» couverts de foules de villageois demandant justice
» contre la culture de l'indigo. Les femmes mêmes des
» villages s'étaient spontanément réunies en groupes ;
» les hommes, formés en différents rassemblements en-
» tre les villages et la rivière, devaient composer la
» population de tous les villages environnants. Je ne
» sache point qu'il fût jusqu'ici échu en partage à un
» seul administrateur indien de naviguer pendant qua-
» torze heures à travers une double rue continue de
» suppliants réclamant justice. Tous étaient respectueux
» et tranquilles, mais tous étaient dans un grand état
» d'affliction. Il serait insensé de supposer qu'une telle
» manifestation, se comptant par dix mille individus,
D hommes, femmes et enfants, n'ait pas une significa-
» tion profonde. L'organisation et la capacité d'action
» combinée et simultanée qu'atteste cette remarquable
» démonstration sur une si large étendue du pays,
» sont des sujets dignes de la plus grande considéra-
» tion. »
On pourra juger du point où le péril était monté par
les aveux du ministre des Indes dans ce même débat :
« On n'a jamais vu, dit sir Charles Wood, une scène
aussi saisissante que la scène décrite par M. Grant dans
la traversée de ces districts. Toute la population se leva
demandant secours sans la plus légère apparence de
violence. Le fait est que nous avons échappé à une
grande calamité. Lord Canning (gouverneur général de
l'Inde) m'a certifié que depuis le siège de Dheli, il n'avait
jamais ressenti d'aussi vives alarmes. Par une prudente
conduite de la part des autorités, à commencer par le
lieutenant-gouverneur, une insurrection générale a été
évitée, mais nous avons couru les chances d'une crise
très-sérieuse. »
(t- Un dernier trait à ce tableau. Malgré l'enquête et
ses conclusions, le conseil législatif du Bengale se dis-
posait à voter la continuation de la loi cruelle et anti-
humaine de 1860, et il a fallu que le gouvernement de
la métropole exprimât son désir d'en finir avec une lé-
gislation qui menaçait encore une fois de mettre l'Inde
à feu et à sang.
» On attend la décision du Conseil législatif de Cal-
cutta.
» P.-B.-S. DARNIS. »
ABYSSINIE.
Un événement douloureux est arrivé en Abyssinié.
Le roi Nég-oussié, attiré dans une embuscade par
Théodoros, son ennemi et son rival, a été horrible-
ment mis à mort après être tombé blessé sur le
champ de bataille. Nous n'avons pas besoin d'expri-
mer nos regrets sur la perte de ce chef, dont les sen-
timents éclairés avaient compris l'ascendant et les
bienfaits de notre civilisationet voulaient y faire
participer ses peuples.
Le Journal des Débats a publié sur la situation de
ces contrées infortunées un très-remarqùable article
dû à un écrivain déjà familier à nos lecteurs par
plus d'un emprunt dont notre feuille lui est rede-
vable. Nous reproduisons cet article plein d'intérêt
et de justesse.
« Diverses correspondances françaises et étrangères
ont rapporté depuis quelques jours des détails plus ou
moins exacts sur les événements accomplis en Ethiopie
dans ces derniers temps. Nos propres correspondances
de Massouah, d'Aden et de Suez nous mettent en me-
sure de les rectifier au moins en partie. Les intérêts
français, plus importants qu'on ne paraît le croire dans
ces parages si peu connus de la mer Rouge, nous en
font un devoir. Tout ce qui se passe sur le continent
africain où nous possédons l'Algérie et le Sénégal, sans
parler de nos droits éventuels sur Madagascar, nous
commande l'attention la plus vigilante.
» Un aperçu sommaire de la situation politique d'un 1
beau, et malheureux pays, où la guerre civile semble
vouloir se perpétuer, nous paraît nécessaire pour faire
comprendre à nos lecteurs ce qui s'y produit aujourd'hui.
L'Abyssinie proprement dite peut être partagée en trois
grandes divisions: le Choa, l'Amhara et le Tigré. Le
Choa, le plus au sud des trois royaumes, a pour limites
le Nil bleu et FAwaehe, ce fleuve étrange, navigable
au cœur de l'Afrique, qui se perd dans les sables pres-
que au moment d'arriver à la mer. L'Amhara se trouve
au centre, ayant pour limite principale du côté du
Tigré un grand cours d'eau non navigable, le Taccasé.
C'est le Tigré surtout qui nous intéresse en ce moment.
Cette dernière province confine à la mer et a pour
unique débouché jusqu'à présent connu et fréquenté
dans la mer Rouge le petit port de Massouah. Sur l'ilo-
du même nom flotte un pavillon turc, à titre de suzet
bourser l'avance qui lui avait été faite de toute autre
façon qu'en continuant à cultiver l'indigo. Ce contrat
est du 29 novembre 1859. C'était un faux contrat. Le
pauvre Ryot fut jeté en prison parce qu'un faux contrat
le condamnait, lui et ses héritiers, à être pour jamais
esclaves sur le sol possédé par un planteur. Ereoutre, les
livres du planteur, où figuraient ces contrats faux et les
avances faites, étaient reçus comme preuves contre les
Ryots, sans autre instruction. Les indigènes de Calcutta,
voyant ces injustices horribles, envoyèrent un juriscon-
sulte pour défendre les paysans. Un magistrat, s'ar-
mant d'une des clauses de la loi, condamna ce juris-
consulte à la prison et à l'amende. Cet état de choses
est effroyable : un talookdar fut condamné par M. Bett,
pour un fait qui n'était pas un délit, à six mois de pri-
son et à 200 roupies d'amende. Naturellement, après ces
exemples, les infortunés Ryots ne trouvèrent plus de
défenseurs, et les planteurs furent les maîtres absolus
de la situation.
» Il n'est pas étonnant qu'un sentiment général de
mécontentement règne dans tous les districts. En toute
autre contrée du mon je, un tel système aurait provo-
qué une révolte. L'état des choses au Bengale est des
plus alarmants, et nous pouvons, par chaque malle,
apprendre la nouvelle d'une insurrection dans le Ben-
gale méridional, qui attirerait sur ce pays les plus
terribles calamités. Je vous citerai le récit suivant,
extrait du travail de M. Grant, sous la date du 11 sep-
tembre 1860 :
« A mon retour, peu de jours après, le long' des mêmes
» rivières (la Koomar et la Kelliqunga), cinglant du
» matin au soir entre leurs rives sur une étendue de
1) 60 à 70 milles, je voyais les deux bords littéralement
» couverts de foules de villageois demandant justice
» contre la culture de l'indigo. Les femmes mêmes des
» villages s'étaient spontanément réunies en groupes ;
» les hommes, formés en différents rassemblements en-
» tre les villages et la rivière, devaient composer la
» population de tous les villages environnants. Je ne
» sache point qu'il fût jusqu'ici échu en partage à un
» seul administrateur indien de naviguer pendant qua-
» torze heures à travers une double rue continue de
» suppliants réclamant justice. Tous étaient respectueux
» et tranquilles, mais tous étaient dans un grand état
» d'affliction. Il serait insensé de supposer qu'une telle
» manifestation, se comptant par dix mille individus,
D hommes, femmes et enfants, n'ait pas une significa-
» tion profonde. L'organisation et la capacité d'action
» combinée et simultanée qu'atteste cette remarquable
» démonstration sur une si large étendue du pays,
» sont des sujets dignes de la plus grande considéra-
» tion. »
On pourra juger du point où le péril était monté par
les aveux du ministre des Indes dans ce même débat :
« On n'a jamais vu, dit sir Charles Wood, une scène
aussi saisissante que la scène décrite par M. Grant dans
la traversée de ces districts. Toute la population se leva
demandant secours sans la plus légère apparence de
violence. Le fait est que nous avons échappé à une
grande calamité. Lord Canning (gouverneur général de
l'Inde) m'a certifié que depuis le siège de Dheli, il n'avait
jamais ressenti d'aussi vives alarmes. Par une prudente
conduite de la part des autorités, à commencer par le
lieutenant-gouverneur, une insurrection générale a été
évitée, mais nous avons couru les chances d'une crise
très-sérieuse. »
(t- Un dernier trait à ce tableau. Malgré l'enquête et
ses conclusions, le conseil législatif du Bengale se dis-
posait à voter la continuation de la loi cruelle et anti-
humaine de 1860, et il a fallu que le gouvernement de
la métropole exprimât son désir d'en finir avec une lé-
gislation qui menaçait encore une fois de mettre l'Inde
à feu et à sang.
» On attend la décision du Conseil législatif de Cal-
cutta.
» P.-B.-S. DARNIS. »
ABYSSINIE.
Un événement douloureux est arrivé en Abyssinié.
Le roi Nég-oussié, attiré dans une embuscade par
Théodoros, son ennemi et son rival, a été horrible-
ment mis à mort après être tombé blessé sur le
champ de bataille. Nous n'avons pas besoin d'expri-
mer nos regrets sur la perte de ce chef, dont les sen-
timents éclairés avaient compris l'ascendant et les
bienfaits de notre civilisationet voulaient y faire
participer ses peuples.
Le Journal des Débats a publié sur la situation de
ces contrées infortunées un très-remarqùable article
dû à un écrivain déjà familier à nos lecteurs par
plus d'un emprunt dont notre feuille lui est rede-
vable. Nous reproduisons cet article plein d'intérêt
et de justesse.
« Diverses correspondances françaises et étrangères
ont rapporté depuis quelques jours des détails plus ou
moins exacts sur les événements accomplis en Ethiopie
dans ces derniers temps. Nos propres correspondances
de Massouah, d'Aden et de Suez nous mettent en me-
sure de les rectifier au moins en partie. Les intérêts
français, plus importants qu'on ne paraît le croire dans
ces parages si peu connus de la mer Rouge, nous en
font un devoir. Tout ce qui se passe sur le continent
africain où nous possédons l'Algérie et le Sénégal, sans
parler de nos droits éventuels sur Madagascar, nous
commande l'attention la plus vigilante.
» Un aperçu sommaire de la situation politique d'un 1
beau, et malheureux pays, où la guerre civile semble
vouloir se perpétuer, nous paraît nécessaire pour faire
comprendre à nos lecteurs ce qui s'y produit aujourd'hui.
L'Abyssinie proprement dite peut être partagée en trois
grandes divisions: le Choa, l'Amhara et le Tigré. Le
Choa, le plus au sud des trois royaumes, a pour limites
le Nil bleu et FAwaehe, ce fleuve étrange, navigable
au cœur de l'Afrique, qui se perd dans les sables pres-
que au moment d'arriver à la mer. L'Amhara se trouve
au centre, ayant pour limite principale du côté du
Tigré un grand cours d'eau non navigable, le Taccasé.
C'est le Tigré surtout qui nous intéresse en ce moment.
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unique débouché jusqu'à présent connu et fréquenté
dans la mer Rouge le petit port de Massouah. Sur l'ilo-
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