Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1861 15 avril 1861
Description : 1861/04/15 (A6,N116). 1861/04/15 (A6,N116).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032699
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
126 L'ISTHME DE SUEZ,
trente-cinq à trente-huit ans, très intelligent, fort capa-
ble, d'un esprit élevé, qui a puisé des idées de progrès
et de civilisation pendant son long séjour à Constan-
tinople, et qui est généralement aimé des populations.
Je vous en parlerai encore dans une autre lettre que
je me propose de vous écrire, et qui sera particulière
au gouvernement des grands chérifs et à leur succession
au pouvoir.
Aly-Pacha, Kutahiali, est notre gouverneur général.
Il a également été nommé en 1858 et a remplacé Namik-
Pacha sous l'administration duquel eut lieu le massa -
cre de Djeddah. Aly-Pacha, qui est âgé de soixante ans
environ, a été gouverneur général de Damas. Il a eu
huit prédécesseurs au pachalik du Hedjaz, depuis que le
gouvernement égyptien a cessé d'administrer le pays ;
ce sont: Osman-Pacha, Cherif-Pacha, Hassib-Pacha,
Adjah-Pacha, Ezzet-Pacha, Kiamil-Pacha, Mahmoud-
Pacha et Namik-Pacha.
La province du Yemen est administrée par un nommé
Ahmed-Pacha; le gouvernement de Médine est confié à
Khalid-Pacha, et les villes de Djeddab, de Souakin et
de Massouah ont pour première autorité des kaïmakams,
tous relevant de la direction supérieure du gouver-
neur général, mais nommés directement par la Sublime
Porte.
En énumérant les recettes générales, j'ai cité tout à
l'heure les douanes des pos essions turques dans la
mer Rouge et le montant annuel de leurs revenus.
J'entrerai ici dans quelques courts détails sur ce sujet,
et c'est aussi, ce me semble, le lieu de vous parler du
mouvement commercial du port de Djeddah, ainsi que
de celui de sa navigation.
La législature douanière est ici la même que celle du
reste de l'empire; c'est dire aussi qu'il existe les mêmes
abus en ce qui concerne la perception des droits de
douanes intérieures et ceux qu'on pourrait assimiler à
nos droits d'octroi. Dans les ports, les droits à l'impor-
tation et à l'exportation sont les mêmes que ceux qui
résultent du traité de commerce de 1838, c'est-à-dire
5 0/0 ad valorem pour toutes les marchandises importées
de l'étranger, et 12 0/0 ad valorem également pour toutes
celles exportées, provenant du sol et de l'industrie de
la Turquie, droits qui se trouvent réduits, le premier de
20 0/0 et le second de 16 0/0, aux termes d'une conven-
tion arrêtée le 5 décembre 1850, à Constantinople, entre
les commissaires de la Sublime Porte et les ambassades.
Deux irrégularités très-préjudiciables aux intérêts
commerciaux en général, ou plutôt deux abus très-
graves se sont introduits dans l'administration doua-
nière des ports turcs de la mer Rouge ; je veux parler
des droits d'exportation ou de sortie qui sont prélevés à
Souakin sur les produits du Soudan égyptien, et à Mas-
souah sur ceux de l'Abyssinie.
Voici ce qui se passe quant à Souakin : les produits
du sol nubien, du Soudan, de la haute vallée du Nil,
sont souvent dirigés par Kkarloum ou Berber sur Soua-
kin, pour être expédiés de H soit directement à Suez,
soit à Djeddah. L'administration égyptienne perçoit sur
eux, dans les deux premières villes situées sur les bords
du Nil, un droit de 12 0/0 qu'acquitte une seconde fois
la même marchandise entre les mains du douanier
turc, au moment où elle est embarquée à Souakin. Cette
double perception élève donc arbitrairement et abusi-
vement le droit dont le produit soudanien est frappé
au chiffre énorme de 24 0/0. Il y a là, on le voit, un
abus criant, car la haute comme la basse Égypte faisant
partie intégrante de l'empire ottoman, elles devraient
être rationnellement soumises- à un principe uni-
forme de douane, et par suite leurs produits ne de-
vraient acquitter aucun droit dans tout le parcours de
l'intérieur du pays. Si, au contraire, ces produits sont
exportés à l'étranger, quels que soient d'ailleurs les
moyens de transports employés à cet effet, un seul et
unique droit de 12 0/0 moins la réduction déjà indi-
quée, bien entendu) doit être acquitté, comme cela a
lieu dans le reste de l'empire. — L'abus est d'autant
plus grand, dans le cas que je viens de signaler, que si
cette même marchandise du Soudan égyptien est trans-
portée par la voie du Nil, de Khartoum au Caire, au
lieu d'y être dirigée par Souakin et Suez, elle ne paie
aucun droit. — On comprendra aisément tout ce qu'un
pareil système fiscal présente d'entraves pour le déve-
loppement commercial de la haute Égypte, tout ce qu'il
a de préjudiciable pour le commerce en général. — Ceci
est d'autant plus regrettable, qu'il est incontestable
que l'écoulement des produits soudaniens par la voie de
Souakin est bien plus rapide, plus facile et, par suite,
moins coûteux que par la voie du Nil. — En effet, de
Khartoum, par exemple, à Souakin, par Taka et le pays
de Kassala, on ne compte que dix-huit jours de cara-
vane ; de Souakin à Djeddah, par barque, deux jours, et
de Djeddah au Caire, par bateau à vapeur et chemin
de fer, cinq jours ; soit, en totalité, vingt-cinq jours en-
viron; par la voie du Nil, au contraire, on compte en-
viron trente-neuf jours, dont huit de Khartoum à Ber-
ber, par eau; sept de Berber à Ibn-Ahmed, égale-
ment par barque ; sept d'Ibn-Ahmed à Korosko, en ca-
ravane, par le désert de Nubie orientale et en passant
par Murad el Mediné; six de Korosko à Assouan, en re-
descendant le Nil, et onze enfin, d'Assouan au Caire. Il y
a donc, comparativement au transport par la voie du
Nil, une différence de quatorze jours à l'avantage de la
route par Souakin et la mer Rouge. Quant aux frais de
transport, ils s'mt également en faveur de cette der-
nière voie de communication.
Si je me suis appesanti sur ce point, c'est que dans
ma pensée, le port de Souakin est appelé à acquérir,
dans un avenir que je crois prochain, une import&nce
commerciale très-réelle. C'est, selon moi, le débouché
naturel dans le golfe Arabique des produits de la Nu-
bie, des provinces du Sennaar, du Darfour, du Cordofan,
de tout le Soudan égyptien en un mot, et certainement
ce riche pays est celui qui, pour des causes diverses, pro-
fitera le plus du percement de l'isthme de Suez. Je n'en
veux pour preuve que deux faits évidents : 1° Depuis une
dizaine d'années, par suite des désordres et de l'anar-
chie qui règnent dans la contrée, une grande partie du
commerce d'exportation de l'Abyssinie septentrionale
emploie déjà la voie de Souakin, par les grands centres
intérieurs de Guellabat et de GueJaref; or, ce mouvement
commti M ne peut que s'accroître de jour en jour.
2° Les deux mrrs étant réunies, la route la plus sûre, la
trente-cinq à trente-huit ans, très intelligent, fort capa-
ble, d'un esprit élevé, qui a puisé des idées de progrès
et de civilisation pendant son long séjour à Constan-
tinople, et qui est généralement aimé des populations.
Je vous en parlerai encore dans une autre lettre que
je me propose de vous écrire, et qui sera particulière
au gouvernement des grands chérifs et à leur succession
au pouvoir.
Aly-Pacha, Kutahiali, est notre gouverneur général.
Il a également été nommé en 1858 et a remplacé Namik-
Pacha sous l'administration duquel eut lieu le massa -
cre de Djeddah. Aly-Pacha, qui est âgé de soixante ans
environ, a été gouverneur général de Damas. Il a eu
huit prédécesseurs au pachalik du Hedjaz, depuis que le
gouvernement égyptien a cessé d'administrer le pays ;
ce sont: Osman-Pacha, Cherif-Pacha, Hassib-Pacha,
Adjah-Pacha, Ezzet-Pacha, Kiamil-Pacha, Mahmoud-
Pacha et Namik-Pacha.
La province du Yemen est administrée par un nommé
Ahmed-Pacha; le gouvernement de Médine est confié à
Khalid-Pacha, et les villes de Djeddab, de Souakin et
de Massouah ont pour première autorité des kaïmakams,
tous relevant de la direction supérieure du gouver-
neur général, mais nommés directement par la Sublime
Porte.
En énumérant les recettes générales, j'ai cité tout à
l'heure les douanes des pos essions turques dans la
mer Rouge et le montant annuel de leurs revenus.
J'entrerai ici dans quelques courts détails sur ce sujet,
et c'est aussi, ce me semble, le lieu de vous parler du
mouvement commercial du port de Djeddah, ainsi que
de celui de sa navigation.
La législature douanière est ici la même que celle du
reste de l'empire; c'est dire aussi qu'il existe les mêmes
abus en ce qui concerne la perception des droits de
douanes intérieures et ceux qu'on pourrait assimiler à
nos droits d'octroi. Dans les ports, les droits à l'impor-
tation et à l'exportation sont les mêmes que ceux qui
résultent du traité de commerce de 1838, c'est-à-dire
5 0/0 ad valorem pour toutes les marchandises importées
de l'étranger, et 12 0/0 ad valorem également pour toutes
celles exportées, provenant du sol et de l'industrie de
la Turquie, droits qui se trouvent réduits, le premier de
20 0/0 et le second de 16 0/0, aux termes d'une conven-
tion arrêtée le 5 décembre 1850, à Constantinople, entre
les commissaires de la Sublime Porte et les ambassades.
Deux irrégularités très-préjudiciables aux intérêts
commerciaux en général, ou plutôt deux abus très-
graves se sont introduits dans l'administration doua-
nière des ports turcs de la mer Rouge ; je veux parler
des droits d'exportation ou de sortie qui sont prélevés à
Souakin sur les produits du Soudan égyptien, et à Mas-
souah sur ceux de l'Abyssinie.
Voici ce qui se passe quant à Souakin : les produits
du sol nubien, du Soudan, de la haute vallée du Nil,
sont souvent dirigés par Kkarloum ou Berber sur Soua-
kin, pour être expédiés de H soit directement à Suez,
soit à Djeddah. L'administration égyptienne perçoit sur
eux, dans les deux premières villes situées sur les bords
du Nil, un droit de 12 0/0 qu'acquitte une seconde fois
la même marchandise entre les mains du douanier
turc, au moment où elle est embarquée à Souakin. Cette
double perception élève donc arbitrairement et abusi-
vement le droit dont le produit soudanien est frappé
au chiffre énorme de 24 0/0. Il y a là, on le voit, un
abus criant, car la haute comme la basse Égypte faisant
partie intégrante de l'empire ottoman, elles devraient
être rationnellement soumises- à un principe uni-
forme de douane, et par suite leurs produits ne de-
vraient acquitter aucun droit dans tout le parcours de
l'intérieur du pays. Si, au contraire, ces produits sont
exportés à l'étranger, quels que soient d'ailleurs les
moyens de transports employés à cet effet, un seul et
unique droit de 12 0/0 moins la réduction déjà indi-
quée, bien entendu) doit être acquitté, comme cela a
lieu dans le reste de l'empire. — L'abus est d'autant
plus grand, dans le cas que je viens de signaler, que si
cette même marchandise du Soudan égyptien est trans-
portée par la voie du Nil, de Khartoum au Caire, au
lieu d'y être dirigée par Souakin et Suez, elle ne paie
aucun droit. — On comprendra aisément tout ce qu'un
pareil système fiscal présente d'entraves pour le déve-
loppement commercial de la haute Égypte, tout ce qu'il
a de préjudiciable pour le commerce en général. — Ceci
est d'autant plus regrettable, qu'il est incontestable
que l'écoulement des produits soudaniens par la voie de
Souakin est bien plus rapide, plus facile et, par suite,
moins coûteux que par la voie du Nil. — En effet, de
Khartoum, par exemple, à Souakin, par Taka et le pays
de Kassala, on ne compte que dix-huit jours de cara-
vane ; de Souakin à Djeddah, par barque, deux jours, et
de Djeddah au Caire, par bateau à vapeur et chemin
de fer, cinq jours ; soit, en totalité, vingt-cinq jours en-
viron; par la voie du Nil, au contraire, on compte en-
viron trente-neuf jours, dont huit de Khartoum à Ber-
ber, par eau; sept de Berber à Ibn-Ahmed, égale-
ment par barque ; sept d'Ibn-Ahmed à Korosko, en ca-
ravane, par le désert de Nubie orientale et en passant
par Murad el Mediné; six de Korosko à Assouan, en re-
descendant le Nil, et onze enfin, d'Assouan au Caire. Il y
a donc, comparativement au transport par la voie du
Nil, une différence de quatorze jours à l'avantage de la
route par Souakin et la mer Rouge. Quant aux frais de
transport, ils s'mt également en faveur de cette der-
nière voie de communication.
Si je me suis appesanti sur ce point, c'est que dans
ma pensée, le port de Souakin est appelé à acquérir,
dans un avenir que je crois prochain, une import&nce
commerciale très-réelle. C'est, selon moi, le débouché
naturel dans le golfe Arabique des produits de la Nu-
bie, des provinces du Sennaar, du Darfour, du Cordofan,
de tout le Soudan égyptien en un mot, et certainement
ce riche pays est celui qui, pour des causes diverses, pro-
fitera le plus du percement de l'isthme de Suez. Je n'en
veux pour preuve que deux faits évidents : 1° Depuis une
dizaine d'années, par suite des désordres et de l'anar-
chie qui règnent dans la contrée, une grande partie du
commerce d'exportation de l'Abyssinie septentrionale
emploie déjà la voie de Souakin, par les grands centres
intérieurs de Guellabat et de GueJaref; or, ce mouvement
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2° Les deux mrrs étant réunies, la route la plus sûre, la
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