Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1861 01 mai 1861
Description : 1861/05/01 (A6,N117). 1861/05/01 (A6,N117).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203270z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
138 L'ISTHME DE SUEZ,
LA PRESSE ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous croyons devoir emprunter à la presse fran-
çaise diverses correspondances qui confirment l'état
satisfaisant dans lequel se trouve l'entreprise du ca-
nal des deux mers. C'est pour notre chronique une
sorte d'appendice, prouvant l'heureuse sensation pro-
duite dans tous les esprits en Egypte comme en
France par le succès du recrutement libre et ses
conséquences pour l'avenir de l'exécution.
ERNEST DESPLACES.
Egypte.
(Correspondance particulière du SIÈCLE.)
a Alexandrie, 5 avril 1861.
» Le mois de Ramadan tire à sa fin et pas un seul
acte de fanatisme ne s'est produit. Les musulmans
semblent être pénétrés de cette pensée que les chré-
tiens sont des hommes comme eux et que de plus ils
possèdent l'intelligence qui résulte de l'éducation et
d'une civilisation plus avancée. En Egypte, lorsque
nous passons dans les rues des quartiers habités par
les indigènes, nous n'entendons plus ces blasphèmes
qu'autrefois on était obligé de subir à chaque pas; ce
changement ne s'est pas seulement opéré dans les vil-
les, mais aussi dans toute l'étendue de l'Egypte, et
principalement dans le voisinage des travaux du canal
de Suez. Ce résultat est dû aux bons traitements que les
Arabes trouvent de la part des administrateurs des tra-
vaux. Aussi tous les indigènes s'empressent-ils de leur
offrir leurs services, persuadés qu'ils sont de gagner
de bonnes journées.
» Il s'est produit un fait qui paraissait d'abord regret-
table et qui cependant est devenu une bonne chose :
au commencement du mois de Ramadan, sur trois
mille ouvriers indigènes, la majeure partie avait quitté
les travaux, qu'ils trouvaient trop pénibles en temps de
jeûne. Cet incident avait d'abord ému l'entrepreneur;
mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il apprit que
ces deux mille travailleurs, rentrés dans leurs villages
avec leurs économies, avaient fait une propagande telle
que six mille ouvriers lui sont assurés aujourd'hui.
» On m'écrit d'El-Arish, frontière de Syrie, que
M. de Lesseps, qui s'est rendu en Palestine pour recru-
ter des ouvriers, a été parfaitement reçu.
» Partout on lui a fait de véritables ovations; tous
les chefs se disputaient l'honneur de le recevoir.
Une masse considérable d'ouvriers lui est assurée de ce
côté.
» Une nouvelle et très-importante découverte vient
d'être faite dans les ruines de Memphis par M. Mariette,
le savant archéologue: c'est celle d'une liste de soixante-
trois rois égyptiens gravée sur une table de calcaire.
La bibliothèque de Paris et le musée britannique à
Londres possèdent des tables semblables, mais elles sont
loin d'être aussi complètes que celle dont doit être en-
richie la belle collection du musée tout entier créé par
M. Mariette. La table de Memphis est le monument le
plus curieux que nous possédions encore pour la re-
construction des monarchies égyptiennes antérieures à
l'âge des pyramides. Au reste, les nombreux voyageurs
qui arrivent de la haute Egypte parlent avec beaucoup
d'éloges des beaux travaux de recherches et de dé-
blaiements qui s'opèrent par ordre de S. A. ]e vice-roi
et sous la direction de M. Mariette. Le temple d'Edfon
frappe surtout d'admiration tous ceux qui le visitent.
» Il y a deux ans, ce temple était enseveli sous un
village moderne, et l'on n'en voyait que le grand som-
met; l'on en distinguait à peine la place. Aujourd'hui
ce magnifique édifice est rendu tout entier à l'étude des
architectes et des archéologues. Edfon est sans contre-
dit maintenant le monument antique le plus complet
et le mieux conservé qu'il y ait au monde.
» A Abidos et à Thèbes s'exécutent des travaux sem-
blables, qui prouvent que l'importante mission confiée
par S. A. le vice-roi à M. Mariette porte ses fruits.
U Pour extrait : A. HussoN. »
(Correspondance particulière du CONSTITUTIONNEL.)
« Alexandrie, le 10 avril.
» Depuis quelque temps, de nombreux visiteurs par-
courent l'isthme de Suez, avides de voir par eux-mêmes
et de juger, par l'aspect, le degré d'avancement où se
trouvent aujourd'hui les travaux du canal. C'est ainsi
que des touristes, des hommes de science et même des
actionnaires de la Compagnie rentrent tous les jours à
Alexandrie et racontent, à leur point de vue individuel,
les impressions de leur voyage à travers ce désert qui,
certes, ne mérite plus ce nom. Il est assurément digne
de remarque que tous sont d'accord pour proclamer
bien haut le mérite des efforts qui ont été faits pour
triompher des obstacles de toute nature, matériels et
politiques, qui n'ont cessé de surgir depuis le premier
et mémorable coup de pioche qui a inauguré les tra-
vaux de la grande œuvre de M. de Lesseps. Ce triom-
phe est aujourd'hui assuré ; voilà quelle est la convic-
tion de tous les voyageurs dont je vous parle, et leur
langage, leur air convaincu, indiquent singulièrement
la confiance qu'ils ont dans le succès.
« Les préparatifs immenses ainsi que le matériel qui
couvrent l'isthme en ce moment sont d'ailleurs des ar-
guments puissants à l'appui de ces assertions.
» Si depuis le commencement de l'année des ouvriers
arabes avaient pu être fournis par le vice-roi d'Egypte,
comme il y était d'ailleurs tenu par les termes mêmes
de l'acte de concession, il est hors de doute qu'aujour-
d'hui le lac Timsah, situé au milieu de l'isthme, serait
visité par les eaux de la Méditerranée. Mais M. de
Lesseps, dont le principe bien arrêté est de continuer
sur une plus grande échelle les installations prépara-
toires de toute nature, et de compléter, au préalable, et
méthodiquement, l'organisation des travaux, est mû
aussi par le sincère désir d'éviter des complications po-
litiques. De ces considérations est née la théorie du
recrutement libre des travailleurs.
» Cette théorie est aujourd'hui un fait accompli, car,
tandis que les aménagements et les préparatifs avaient
lieu sur tous les points, des agents intelligents parcou-
raient l'Égypte pour obtenir des travailleurs. Cette
LA PRESSE ET LE CANAL DE SUEZ.
Nous croyons devoir emprunter à la presse fran-
çaise diverses correspondances qui confirment l'état
satisfaisant dans lequel se trouve l'entreprise du ca-
nal des deux mers. C'est pour notre chronique une
sorte d'appendice, prouvant l'heureuse sensation pro-
duite dans tous les esprits en Egypte comme en
France par le succès du recrutement libre et ses
conséquences pour l'avenir de l'exécution.
ERNEST DESPLACES.
Egypte.
(Correspondance particulière du SIÈCLE.)
a Alexandrie, 5 avril 1861.
» Le mois de Ramadan tire à sa fin et pas un seul
acte de fanatisme ne s'est produit. Les musulmans
semblent être pénétrés de cette pensée que les chré-
tiens sont des hommes comme eux et que de plus ils
possèdent l'intelligence qui résulte de l'éducation et
d'une civilisation plus avancée. En Egypte, lorsque
nous passons dans les rues des quartiers habités par
les indigènes, nous n'entendons plus ces blasphèmes
qu'autrefois on était obligé de subir à chaque pas; ce
changement ne s'est pas seulement opéré dans les vil-
les, mais aussi dans toute l'étendue de l'Egypte, et
principalement dans le voisinage des travaux du canal
de Suez. Ce résultat est dû aux bons traitements que les
Arabes trouvent de la part des administrateurs des tra-
vaux. Aussi tous les indigènes s'empressent-ils de leur
offrir leurs services, persuadés qu'ils sont de gagner
de bonnes journées.
» Il s'est produit un fait qui paraissait d'abord regret-
table et qui cependant est devenu une bonne chose :
au commencement du mois de Ramadan, sur trois
mille ouvriers indigènes, la majeure partie avait quitté
les travaux, qu'ils trouvaient trop pénibles en temps de
jeûne. Cet incident avait d'abord ému l'entrepreneur;
mais quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il apprit que
ces deux mille travailleurs, rentrés dans leurs villages
avec leurs économies, avaient fait une propagande telle
que six mille ouvriers lui sont assurés aujourd'hui.
» On m'écrit d'El-Arish, frontière de Syrie, que
M. de Lesseps, qui s'est rendu en Palestine pour recru-
ter des ouvriers, a été parfaitement reçu.
» Partout on lui a fait de véritables ovations; tous
les chefs se disputaient l'honneur de le recevoir.
Une masse considérable d'ouvriers lui est assurée de ce
côté.
» Une nouvelle et très-importante découverte vient
d'être faite dans les ruines de Memphis par M. Mariette,
le savant archéologue: c'est celle d'une liste de soixante-
trois rois égyptiens gravée sur une table de calcaire.
La bibliothèque de Paris et le musée britannique à
Londres possèdent des tables semblables, mais elles sont
loin d'être aussi complètes que celle dont doit être en-
richie la belle collection du musée tout entier créé par
M. Mariette. La table de Memphis est le monument le
plus curieux que nous possédions encore pour la re-
construction des monarchies égyptiennes antérieures à
l'âge des pyramides. Au reste, les nombreux voyageurs
qui arrivent de la haute Egypte parlent avec beaucoup
d'éloges des beaux travaux de recherches et de dé-
blaiements qui s'opèrent par ordre de S. A. ]e vice-roi
et sous la direction de M. Mariette. Le temple d'Edfon
frappe surtout d'admiration tous ceux qui le visitent.
» Il y a deux ans, ce temple était enseveli sous un
village moderne, et l'on n'en voyait que le grand som-
met; l'on en distinguait à peine la place. Aujourd'hui
ce magnifique édifice est rendu tout entier à l'étude des
architectes et des archéologues. Edfon est sans contre-
dit maintenant le monument antique le plus complet
et le mieux conservé qu'il y ait au monde.
» A Abidos et à Thèbes s'exécutent des travaux sem-
blables, qui prouvent que l'importante mission confiée
par S. A. le vice-roi à M. Mariette porte ses fruits.
U Pour extrait : A. HussoN. »
(Correspondance particulière du CONSTITUTIONNEL.)
« Alexandrie, le 10 avril.
» Depuis quelque temps, de nombreux visiteurs par-
courent l'isthme de Suez, avides de voir par eux-mêmes
et de juger, par l'aspect, le degré d'avancement où se
trouvent aujourd'hui les travaux du canal. C'est ainsi
que des touristes, des hommes de science et même des
actionnaires de la Compagnie rentrent tous les jours à
Alexandrie et racontent, à leur point de vue individuel,
les impressions de leur voyage à travers ce désert qui,
certes, ne mérite plus ce nom. Il est assurément digne
de remarque que tous sont d'accord pour proclamer
bien haut le mérite des efforts qui ont été faits pour
triompher des obstacles de toute nature, matériels et
politiques, qui n'ont cessé de surgir depuis le premier
et mémorable coup de pioche qui a inauguré les tra-
vaux de la grande œuvre de M. de Lesseps. Ce triom-
phe est aujourd'hui assuré ; voilà quelle est la convic-
tion de tous les voyageurs dont je vous parle, et leur
langage, leur air convaincu, indiquent singulièrement
la confiance qu'ils ont dans le succès.
« Les préparatifs immenses ainsi que le matériel qui
couvrent l'isthme en ce moment sont d'ailleurs des ar-
guments puissants à l'appui de ces assertions.
» Si depuis le commencement de l'année des ouvriers
arabes avaient pu être fournis par le vice-roi d'Egypte,
comme il y était d'ailleurs tenu par les termes mêmes
de l'acte de concession, il est hors de doute qu'aujour-
d'hui le lac Timsah, situé au milieu de l'isthme, serait
visité par les eaux de la Méditerranée. Mais M. de
Lesseps, dont le principe bien arrêté est de continuer
sur une plus grande échelle les installations prépara-
toires de toute nature, et de compléter, au préalable, et
méthodiquement, l'organisation des travaux, est mû
aussi par le sincère désir d'éviter des complications po-
litiques. De ces considérations est née la théorie du
recrutement libre des travailleurs.
» Cette théorie est aujourd'hui un fait accompli, car,
tandis que les aménagements et les préparatifs avaient
lieu sur tous les points, des agents intelligents parcou-
raient l'Égypte pour obtenir des travailleurs. Cette
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