Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1861 15 avril 1861
Description : 1861/04/15 (A6,N116). 1861/04/15 (A6,N116).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032699
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
116 L'ISTHME DE SUEZ,
A Jérusalem, il a assisté avec un grand nombre
d'officiers français aux cérémonies de la semaine
sainte ; il a visité les plus célèbres stations des lieux
saints et, le 30, il devait se rendre à Bethléem dont
les habitants, ayant connu son projet, lui envoyèrent
une députation pour lui dire qu'ils viendraient au-
devant de lui, afin de le remercier des services qu'il
avait rendus, il y a vingt-six ans, lorsqu'il gérait en
Egypte le consulat général de France, à quelques-
uns de leurs compatriotes qu'il avait rendus à leurs
familles par son intercession auprès de Mehemet-Ali,
après qu'ils eussent été amenés prisonniers à Alexan-
drie.
Ici s'arrête la relation de notre correspondant dont
la lettre est datée de Jérusalem, le 29 mars, et nous
espérons pouvoir donner l'historique du retour s'il
contient quelque épisode digne de l'intérêt du lecteur.
On peut juger, par ces renseignements, des dispo-
sitions des tribus syriennes à l'égard des travaux du
canal, et des facilités que trouvera parmi elles le re-
crutement libre. La pleine réussite du recrutement
libre en Égypte était à e!le seule une garantie suffi-
sante pour les besoins de l'opération ; mais le con-
cours que sont prêtes à lui apporter les populations
de Syrie, ne peut qu'ajouter encore à la sécurité de
l'avenir.
Comme nous l'avons dit, M. de Lesseps a dû être le
5 avril à. Kantara, d'où il partira pour Alexandrie,
afin de s'embarquer le 18 pour Trieste, d'où il aurait
l'intention de se rendre à Paris par Venise et Turin.
Nous pouvons donc être assuré qu'il présidera en
personne l'assemblée générale du 15 mai. Après un
séjour de six mois en Egypte, M. de Lesseps va
se retrouver en présence des actionnaires de la Com-
pagnie universelle; nous croyons ne rendre que le
plus juste hommage à la vérité en disant que dans
ces dernières circonstances, plus encore peut-être
que dans toutes les autres, il a déployé toute l'éner-
gie de son infatigable activité : on l'a vu sans cesse
se multiplier, courir sans relâche et sans repos,
sur tous les points où sa présence était utile, allant
d'Alexandrie au Caire, du Caire à Timsah, à Port-
Saïd, à Kantara, à Zangazig, selon qu'il fallait dé-
jouer les intrigues, stimuler le travail, présider aux
délibérations, organiser ou lutter, et couronnant tout
ce labeur par une traversée du désert syrien et une
excursion utile jusqu'à Jérusalem. Son dévouement
n'a connu ni la lassitude morale ni la fatigue physi-
que < il a tout quitté, tout oublié pour consacrer
exclusivement, sans réserve, à 800 lieues de sa famille,
toute sa puissance d'action aux grands intérêts qui
lui sont confiés. Il nous dira lui-même les espérances
qu'il a conçues, les résultats du présent, les perspec-
tives de l'avenir, et nous sommes convaincu que cet
hommage que nous consignons ici comme l'expression
d'un sentiment personnel, mais selon nous de la plus
stricte justice, lui sera rendu avec plus d'éclat et
d'autorité le 15 mai prochain, par ceux qui l'ont si
bien compris et qu'il a si bien servi.
ERNEST DESPLACES.
LE COTON AUX INDES.
L'Angleterre et son gouvernement continuent à se
préoccuper sans relâche des dangers, qui du côté de
l'Amérique, peuvent menacer pour leurs approvision-
nements de coton les manufactures britanniques.
C'est là pour nos voisins une des plus graves ques-
tions du jour, et elle est fort compliquée, car la paix
ou la guerre civile aux Étas-Unis peuvent lui donner
une solution également inquiétante. En effet, si la
séparation entre les États du Nord et ceux du Sud
s'opère de bon accord, les lois qui défendent de favo-
riser l'évasion des esclaves, de leur donner asile et
de les soustraire aux recherches seront à coup sûr
abolies dans les États du Nord, et il est à croire que
les nègres ayant à leur portée une retraite assurée
ne manqueront pas toutes les occasions de déserter
leurs ateliers et d'échapper à leur servitude.
des adversaires de
D'un autre côté la propagande des adversaires de
l'esclavage dans le Nord, n'étant plus gênée par la
législation, sera beaucoup plus active; or le coton pro-
venant exclusivement du travail des noirs, l'émigra-
tion incessante des travailleurs amènera une réduc-
tion proportionnelle dans les produits ; premier péril
pour l'Angleterre.
Toutefois il n'est point le plus grand. Si la guerre
civile éclatait aux Etats-Unis une insurrection servile
en serait dans le Sud une conséquence presque iné-
vitable, et dans cette première hypothèse il faudrait
prévoir une interruption quasi-complète pour les ré-
coltes de coton. Mais, en écartant même cette appré-
hension, la situation n'en serait point meilleure; en
effet, le Nord ne manquerait point de bloquer les ports
commerciaux de ses adversaires; sa marine inter-
cepterait leurs envois, et l'Angleterre aurait encore à
subir la crise qu'elle redoute et qui réduirait à la
plus extrême détresse plusieurs millions de ses ou-
vriers.
11 n'est donc pas étonnant qu'elle veuille se gar-
der contre ces éventualités désastreuses.
Nous avons déjà raconté les efforts que des asso-
ciations particulières faisaient dans le but d'encoura-
ger la culture du coton dans les diverses parties du
monde où cette plante est susceptible de prospérer.
Nous avons produit les documents desquels il résul-
terait que l'Inde serait le pays qui pourrait le plus
abondamment et le plus sûrement pourvoir aux be-
soins de l'industrie britannique. Mais jusqu'ici le gou-
vernement lui-même n'avait rien fait pour seconder
ces tentatives de l'initiative privée. Il a senti la né-
cessité d'agir, et en conséquence les journaux de Bom-
A Jérusalem, il a assisté avec un grand nombre
d'officiers français aux cérémonies de la semaine
sainte ; il a visité les plus célèbres stations des lieux
saints et, le 30, il devait se rendre à Bethléem dont
les habitants, ayant connu son projet, lui envoyèrent
une députation pour lui dire qu'ils viendraient au-
devant de lui, afin de le remercier des services qu'il
avait rendus, il y a vingt-six ans, lorsqu'il gérait en
Egypte le consulat général de France, à quelques-
uns de leurs compatriotes qu'il avait rendus à leurs
familles par son intercession auprès de Mehemet-Ali,
après qu'ils eussent été amenés prisonniers à Alexan-
drie.
Ici s'arrête la relation de notre correspondant dont
la lettre est datée de Jérusalem, le 29 mars, et nous
espérons pouvoir donner l'historique du retour s'il
contient quelque épisode digne de l'intérêt du lecteur.
On peut juger, par ces renseignements, des dispo-
sitions des tribus syriennes à l'égard des travaux du
canal, et des facilités que trouvera parmi elles le re-
crutement libre. La pleine réussite du recrutement
libre en Égypte était à e!le seule une garantie suffi-
sante pour les besoins de l'opération ; mais le con-
cours que sont prêtes à lui apporter les populations
de Syrie, ne peut qu'ajouter encore à la sécurité de
l'avenir.
Comme nous l'avons dit, M. de Lesseps a dû être le
5 avril à. Kantara, d'où il partira pour Alexandrie,
afin de s'embarquer le 18 pour Trieste, d'où il aurait
l'intention de se rendre à Paris par Venise et Turin.
Nous pouvons donc être assuré qu'il présidera en
personne l'assemblée générale du 15 mai. Après un
séjour de six mois en Egypte, M. de Lesseps va
se retrouver en présence des actionnaires de la Com-
pagnie universelle; nous croyons ne rendre que le
plus juste hommage à la vérité en disant que dans
ces dernières circonstances, plus encore peut-être
que dans toutes les autres, il a déployé toute l'éner-
gie de son infatigable activité : on l'a vu sans cesse
se multiplier, courir sans relâche et sans repos,
sur tous les points où sa présence était utile, allant
d'Alexandrie au Caire, du Caire à Timsah, à Port-
Saïd, à Kantara, à Zangazig, selon qu'il fallait dé-
jouer les intrigues, stimuler le travail, présider aux
délibérations, organiser ou lutter, et couronnant tout
ce labeur par une traversée du désert syrien et une
excursion utile jusqu'à Jérusalem. Son dévouement
n'a connu ni la lassitude morale ni la fatigue physi-
que < il a tout quitté, tout oublié pour consacrer
exclusivement, sans réserve, à 800 lieues de sa famille,
toute sa puissance d'action aux grands intérêts qui
lui sont confiés. Il nous dira lui-même les espérances
qu'il a conçues, les résultats du présent, les perspec-
tives de l'avenir, et nous sommes convaincu que cet
hommage que nous consignons ici comme l'expression
d'un sentiment personnel, mais selon nous de la plus
stricte justice, lui sera rendu avec plus d'éclat et
d'autorité le 15 mai prochain, par ceux qui l'ont si
bien compris et qu'il a si bien servi.
ERNEST DESPLACES.
LE COTON AUX INDES.
L'Angleterre et son gouvernement continuent à se
préoccuper sans relâche des dangers, qui du côté de
l'Amérique, peuvent menacer pour leurs approvision-
nements de coton les manufactures britanniques.
C'est là pour nos voisins une des plus graves ques-
tions du jour, et elle est fort compliquée, car la paix
ou la guerre civile aux Étas-Unis peuvent lui donner
une solution également inquiétante. En effet, si la
séparation entre les États du Nord et ceux du Sud
s'opère de bon accord, les lois qui défendent de favo-
riser l'évasion des esclaves, de leur donner asile et
de les soustraire aux recherches seront à coup sûr
abolies dans les États du Nord, et il est à croire que
les nègres ayant à leur portée une retraite assurée
ne manqueront pas toutes les occasions de déserter
leurs ateliers et d'échapper à leur servitude.
des adversaires de
D'un autre côté la propagande des adversaires de
l'esclavage dans le Nord, n'étant plus gênée par la
législation, sera beaucoup plus active; or le coton pro-
venant exclusivement du travail des noirs, l'émigra-
tion incessante des travailleurs amènera une réduc-
tion proportionnelle dans les produits ; premier péril
pour l'Angleterre.
Toutefois il n'est point le plus grand. Si la guerre
civile éclatait aux Etats-Unis une insurrection servile
en serait dans le Sud une conséquence presque iné-
vitable, et dans cette première hypothèse il faudrait
prévoir une interruption quasi-complète pour les ré-
coltes de coton. Mais, en écartant même cette appré-
hension, la situation n'en serait point meilleure; en
effet, le Nord ne manquerait point de bloquer les ports
commerciaux de ses adversaires; sa marine inter-
cepterait leurs envois, et l'Angleterre aurait encore à
subir la crise qu'elle redoute et qui réduirait à la
plus extrême détresse plusieurs millions de ses ou-
vriers.
11 n'est donc pas étonnant qu'elle veuille se gar-
der contre ces éventualités désastreuses.
Nous avons déjà raconté les efforts que des asso-
ciations particulières faisaient dans le but d'encoura-
ger la culture du coton dans les diverses parties du
monde où cette plante est susceptible de prospérer.
Nous avons produit les documents desquels il résul-
terait que l'Inde serait le pays qui pourrait le plus
abondamment et le plus sûrement pourvoir aux be-
soins de l'industrie britannique. Mais jusqu'ici le gou-
vernement lui-même n'avait rien fait pour seconder
ces tentatives de l'initiative privée. Il a senti la né-
cessité d'agir, et en conséquence les journaux de Bom-
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