Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1861 15 avril 1861
Description : 1861/04/15 (A6,N116). 1861/04/15 (A6,N116).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032699
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 125
monts que j'ai puisés à plusieurs sources, je ne crois
pas, cependant, m'écarter beaucoup de la vérité.
Le service de la justice proprement dite, la justice
religieuse ou charâ, est confié à un mollah ou grand
juge placé à la tête d'une sorte de cour d'appel, et ayant
dans ses attributions, sous sa direction et dépendance,
des simples tribunaux ordinaires, présidés chacun par
un cadi nommé par lui. D'après l'ordre hiérarchique, le
mollah, ou grand juge de la Mecque, est le second de
l'empire et vient immédiatement après celui de Cons-
tantinople. Il n'exerce ses fonctions que pendant une
seule année, et les cesse aussitôt que son successeur,
envoyé par la Sublime Porte, arrive à l'époque du pèle-
rinage.
Le service de la justice militaire est confié à des con-
seils de guerre; celui de la justice civile, commerciale,
criminelle ou administrative, est fait directement par
le pacha ou par ses kaïmakams , auprès desquels se
réunissent, à cet effet, des medjeless ou assemblées d'as-
sesseurs. La peine de mort peut être prononcée, mais
l'exécution de la sentence est toujours différée jusqu'à
ce que le jugement ait été sanctionné à Constantinople.
Toutefois le grand chérif, en campagne surtout, use de
pouvoirs judiciaires assez étendus pour condamner les
Arabes à mort et faire exécuter lui-même les sentences
qu'il rend; il concourt avec le pacha à rendre la justice
à la Mecque. On peut même dire que, dans cette ville,
le service judiciaire est partagé en deux divisions bien
distinctes : tous les amis, parents ou partisans de l'ex-
grand chérif Abd-el-Monthaleb vont se faire juger par
le pacha ; le reste des habitants et la partie flottante de
la population ne recourent qu'à la seule justice du grand
chérif.
L'armée et tous les services militaires sont placés
dans les attributions directes du pacha, qui se trouve
être ainsi et tout à la fois gouverneur général civil et
militaire.
Voici, approximativement, le dénombrement de toutes
les forces dont dispose l'autorité supérieure dans la
seule province du Hedjaz :
Infanterie régulière.
Un régiment formé de recrues faites dans le Soudan
à la solde du gouvernement ottoman 1,400
Un régiment d'infanterie turque. l,6u0
Troupes égyptiennes mises par le vice-roi au
service du gouvernement impérial. 400
Infanterie irrégulière.
Six corps d'avenié-garabas, sortes de bachi-
bozouks à pied, répartis dans différentes villes
du Hedjaz. 1,250
Deux corps de zabtiés, agents de police ou
gendarmes (1) ■ 300
Artillerie.
Troupes régulières turques. 400
(1) Les aveniés et les zabtiés ne sont ni armés ni habillés par
l'Etat. Ils ne reçoivent que la solde et les prestations en nature.
Cavalerie.
Sept corps de bachi-bozouks répartis sur di-
vers points(l). 2,800
Un corps placé sous les ordres directs du grand
chérif, troupes arabes de la tribu de Bicha, qui,
en marche et en expédition, montent deux à
deux sur un dromadaire (2). 1,000
Total. 9,150
A ajouter :
Divers détachements de cavas pour le service
de la police et autres. 850
Total général des troupes cantonnées dans le
Hedjaz. 10.000
Le corps d'occupation du Yemen, infanterie, artillerie,
bachi-bozouks, cavas, tout compris, peut s'élever à
5,000 hommes, et les garnisons de troupes irrégulières
de Souakin et de Massouah à 250 hommes environ pour
chacune de ces deux places, soit un total de 5,500 hom-
mes environ.
Récapitulation :
Armée du Hedjaz (corps divers). 10,000
Armée du Yemen, — 5,000
Garnisons de Souakin et Massouah. 500
Total général de la force armée et des trou-
pes entretenues dans toutes les possessions
ottomanes de la mer Rouge. 15,500
Je crois avoir passé en revue, sinon tous les.services
publics de la province,- du moins les principaux d'entre
eux. Nécessairement, et eu égard au cadre rétréci de
mon travail, j'ai dû être dans ce rapide aperçu som-
maire et concis. Quant à la régularité dans la marche
de ces services, particulièrement en ce qui concerne la
comptabilité ; quant à la moralité et à la probité des
fonctionnaires grands et petits; quant à la tenue des
troupes, à la discipline et à la valeur militaire du sol-
dat, par discrétion comme par un sentiment de conve-
nance que vous apprécierez, je n'en parlerai pas. Vous
savez aussi bien que moi quels sont les rouages de
l'administration civile et militaire de la Turquie, et
comment ils fonctionnent ; vous pourrez donc suppléer
ici au silence que je crois devoir observer à cet égard.
Seulement, pour vous représenter une idée à peu près
exacte de cet état des choses ici, il est important que
vous teniez compte d'une circonstance exceptionnelle à
ces provinces ottomanes, c'est-à-dire de leur extrême
éloignement du centre (Lu gouvernement, et, par suite,
de l'absence complète d'un contrôle sérieux et rigou-
reux.
Le grand chérif actuel se nomme chérif Abdallah-
Pacha; il a succédé, en 1858, à son père, le chérif
Mohamed-Ibn-Oune. C'est un homme jeune encore, de
(1) Même observation. De plus, chaque bachi-bozouk doit four-
nir son cheval et le harnachement.
(2) Même observation. L'achat du dromadaire et le harnachement
ne sont point à la charge de ces hommes, mais fournis par l'Etat.
monts que j'ai puisés à plusieurs sources, je ne crois
pas, cependant, m'écarter beaucoup de la vérité.
Le service de la justice proprement dite, la justice
religieuse ou charâ, est confié à un mollah ou grand
juge placé à la tête d'une sorte de cour d'appel, et ayant
dans ses attributions, sous sa direction et dépendance,
des simples tribunaux ordinaires, présidés chacun par
un cadi nommé par lui. D'après l'ordre hiérarchique, le
mollah, ou grand juge de la Mecque, est le second de
l'empire et vient immédiatement après celui de Cons-
tantinople. Il n'exerce ses fonctions que pendant une
seule année, et les cesse aussitôt que son successeur,
envoyé par la Sublime Porte, arrive à l'époque du pèle-
rinage.
Le service de la justice militaire est confié à des con-
seils de guerre; celui de la justice civile, commerciale,
criminelle ou administrative, est fait directement par
le pacha ou par ses kaïmakams , auprès desquels se
réunissent, à cet effet, des medjeless ou assemblées d'as-
sesseurs. La peine de mort peut être prononcée, mais
l'exécution de la sentence est toujours différée jusqu'à
ce que le jugement ait été sanctionné à Constantinople.
Toutefois le grand chérif, en campagne surtout, use de
pouvoirs judiciaires assez étendus pour condamner les
Arabes à mort et faire exécuter lui-même les sentences
qu'il rend; il concourt avec le pacha à rendre la justice
à la Mecque. On peut même dire que, dans cette ville,
le service judiciaire est partagé en deux divisions bien
distinctes : tous les amis, parents ou partisans de l'ex-
grand chérif Abd-el-Monthaleb vont se faire juger par
le pacha ; le reste des habitants et la partie flottante de
la population ne recourent qu'à la seule justice du grand
chérif.
L'armée et tous les services militaires sont placés
dans les attributions directes du pacha, qui se trouve
être ainsi et tout à la fois gouverneur général civil et
militaire.
Voici, approximativement, le dénombrement de toutes
les forces dont dispose l'autorité supérieure dans la
seule province du Hedjaz :
Infanterie régulière.
Un régiment formé de recrues faites dans le Soudan
à la solde du gouvernement ottoman 1,400
Un régiment d'infanterie turque. l,6u0
Troupes égyptiennes mises par le vice-roi au
service du gouvernement impérial. 400
Infanterie irrégulière.
Six corps d'avenié-garabas, sortes de bachi-
bozouks à pied, répartis dans différentes villes
du Hedjaz. 1,250
Deux corps de zabtiés, agents de police ou
gendarmes (1) ■ 300
Artillerie.
Troupes régulières turques. 400
(1) Les aveniés et les zabtiés ne sont ni armés ni habillés par
l'Etat. Ils ne reçoivent que la solde et les prestations en nature.
Cavalerie.
Sept corps de bachi-bozouks répartis sur di-
vers points(l). 2,800
Un corps placé sous les ordres directs du grand
chérif, troupes arabes de la tribu de Bicha, qui,
en marche et en expédition, montent deux à
deux sur un dromadaire (2). 1,000
Total. 9,150
A ajouter :
Divers détachements de cavas pour le service
de la police et autres. 850
Total général des troupes cantonnées dans le
Hedjaz. 10.000
Le corps d'occupation du Yemen, infanterie, artillerie,
bachi-bozouks, cavas, tout compris, peut s'élever à
5,000 hommes, et les garnisons de troupes irrégulières
de Souakin et de Massouah à 250 hommes environ pour
chacune de ces deux places, soit un total de 5,500 hom-
mes environ.
Récapitulation :
Armée du Hedjaz (corps divers). 10,000
Armée du Yemen, — 5,000
Garnisons de Souakin et Massouah. 500
Total général de la force armée et des trou-
pes entretenues dans toutes les possessions
ottomanes de la mer Rouge. 15,500
Je crois avoir passé en revue, sinon tous les.services
publics de la province,- du moins les principaux d'entre
eux. Nécessairement, et eu égard au cadre rétréci de
mon travail, j'ai dû être dans ce rapide aperçu som-
maire et concis. Quant à la régularité dans la marche
de ces services, particulièrement en ce qui concerne la
comptabilité ; quant à la moralité et à la probité des
fonctionnaires grands et petits; quant à la tenue des
troupes, à la discipline et à la valeur militaire du sol-
dat, par discrétion comme par un sentiment de conve-
nance que vous apprécierez, je n'en parlerai pas. Vous
savez aussi bien que moi quels sont les rouages de
l'administration civile et militaire de la Turquie, et
comment ils fonctionnent ; vous pourrez donc suppléer
ici au silence que je crois devoir observer à cet égard.
Seulement, pour vous représenter une idée à peu près
exacte de cet état des choses ici, il est important que
vous teniez compte d'une circonstance exceptionnelle à
ces provinces ottomanes, c'est-à-dire de leur extrême
éloignement du centre (Lu gouvernement, et, par suite,
de l'absence complète d'un contrôle sérieux et rigou-
reux.
Le grand chérif actuel se nomme chérif Abdallah-
Pacha; il a succédé, en 1858, à son père, le chérif
Mohamed-Ibn-Oune. C'est un homme jeune encore, de
(1) Même observation. De plus, chaque bachi-bozouk doit four-
nir son cheval et le harnachement.
(2) Même observation. L'achat du dromadaire et le harnachement
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