Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mai 1861 01 mai 1861
Description : 1861/05/01 (A6,N117). 1861/05/01 (A6,N117).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203270z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 141
lance, et d'autres fusillés à l'instigation des planteurs.
» Le témoignage de l'honorable M. A. Eden est en-
core plus important. Ce gentleman déclara qu'il ne
croyait pas que les actes de -violence de la part de ceux
qu'on lui avaient signalés fussent fréquenta, mais
qu'ils étaient dé nature à maintenir et perpétuer un
sentiment de terrorisme, hors duquel la culture de l'in-
digo ne durerait pas un jour de plus. Chaque acte de
grande violence commis dans un district tel par exem-
ple que certaine attaque où trois villages avaient été pil-
lés, trois cultivateurs tués et six blessés, suffisait pour
frapper de terreur le cœur des Ryots dans toute cette
partie du pays.
» Le témoin veut bien croire que beaucoup de plan-
teurs font ce qu'ils peuvent pour éviter d'avoir recours
à de semblables expédients ; mais il n'est pas un pays
ni une plantation où on ne trouvât qu'un ou deux at-
ats de l'espèce la plus sérieuse ont été exécutés
au souvenir des habitants. M. Eden ajouta que les pour-
suites étaient même à peine tentées, en partie parce
que les magistrats siégeant à Mossufil savaient combien
il était difficile d'obtenir une condamnation devant la
cour suprême, en partie parce que les plaignants et les
témoins avaient une grande répugnance à se soumettre
à l'obligation de se rendre à Calcutta pour se présenter
devant la cour, et aussi par suite de la partialité en fa-
veur des planteurs, trop fréquemment manifestée par des
personnes dans toutes les positions. Le témoin présenta
une liste de quarante-neuf cas de crimes, quelques-
uns de la nature la plus horrible, comprenant non-seu-
lement la destruction de villages entiers, mais aussi le
massacre des villageois, et tous attestés comme datant
de ces dernières années.
» De semblables témoignages ont été fournis par des
ecclésiastiques et d'autres personnes.
D Un grand nombre de Ryots furent aussi interrogés
par la commission. Mais comme leurs dépositions pour-
raient paraître suspectes, je n'en parlerai pas. Voici
seulement ce qui résulte de cette partie de l'enquête :
c'est que rien au monde ne déterminera désormais
le Ryot à cultiver l'indigo, quelque condition qu'on lui
offre.
D La commission a rédigé un rapport très-modéré et
très-impartial, dans lequel elle dit que les relations en-
tre les planteurs et les zemindars (grands propriétaires
indigènes), dont les premiers se plaignaient, sont au to-
tal satisfaisantes, mais que celles entre les Ryots et
les planteurs ne l'étaient pas du tout et appelaient des
changements considérables. Ce document porte qu'en
corps ces planteurs étaient acquittés des crimes accom-
plis dans ces dernières années sous les formes les plus
grossières et les plus violentes, mais qu'ils restaient
convaincus d'enlèvement et de séquestrations violentes
envers les individus. Le rapport condamne la nomina-
tion de magistrats honoraires, parmi lesquels figuraient
plusieurs planteurs d'indigo, constitués de cette façon
juges dans leur propre cause.
» Le rapport de la commission, accompagné des dé-
positions qu'elle avait recueillies, fut déposé au conseil
de Calcutta, et M. Grant, lieutenant - gouverneur du
Bengale, en prit une copie. Ce fonctionnaire public
mérite les plus grands éloges pour le courage moral
qu'il a déployé dans cette affaire; et qu'il ne lui fallut
pas une mince dose de courage moral, c'est ce qui res"
sort de ce fait, qu'à peine ce document était-il publié,
que toutes les coupes de la presse indienne épuisaient
leur fange sur la tête de M. Grant et des témoins
qui avaient été entendus dans l'enquête. Les plan-
teurs d'indigo affectèrent une grande indignation. Ils
nièrent la vérité des déclarations faites -contre eux; mais
ils n'appuyèrent leur démenti d'aucune preuve. Aucune
dépense ne fut épargnée pour intimider lord Canning,
M. Grant et les autres autorités.de l'Inde; on n'épargna
rien jiour égarer l'opinion publique en Angleterre. Un
pamphlet a été répandu à grands frais parmi les mem-
bres de la Chambre ; je n'en veux dire que ce seul mot:
jamais, dans le cours de ma vie, je n'ai lu un écrit em-
preint de plus d'audace et de plus de mensonges.
» La Chambre sera peut-être bien aise de connaître
comment opère actuellement la loi de 1860. Les déposi-
tions publiées sont décisives sur ce point. M. Long,
ecclésiastique, a déclaré que les clauses qu'on y avait
ajoutées sur l'inspiration de M. Wilson avaient, dans
son essence, fait de cette loi une loi d'esclavage, et
une tentative virtuelle de semer l'indigo à la pointe
des baïonnettes. L'administration de la loi fut confiée
à des hommes jeunes, inexpérimentés, expédiés dans les
districts d'indigo, et, en fait, ce furent les alarmes
causées par leurs procédés qui nécessitèrent l'enquête.
» Elle prouva que des centaines de contrats entre les
planteurs et les paysans avaient été fabriqués, qu'un
grand nombre de paysans étaient en prison, et qu'en un
mot, les districts à indigo présentaient une horrible
scène d'injustice et d'oppression sans mesure. La com-
mission a trouvé dans une prison deux Ryots aveuglés
et qui, par conséquent, n'avaient pu s'engager à cul-
tiver de l'indigo. Dans une de ces prisons, il n'y avait
pas moins de cinq cent quatre-vingt-huit paysans cri-
minellement condamnés en vertu de la loi de 1860; l'un
d'entre eux avait à payer une somme de 211 roupies
en remboursement d'une avance de 6 roupies, et un
autre 161 pour une avance de 2 roupies.
» Une quantité des contrats qu'on leur avait opposés
étaient des contrats forgés. « Par un examen de diffé-
» rents cas, dit M. Bell, je suis arrivé à cette impres-
» sion que, pour parer aux exigences des temps et con-
» traindre les Ryots, un très-grand nombre d'engage-
D ments avaient été créés, que ces derniers n'avaient
» jamais consentis. » Dans certains cas, les Ryots étaient
morts avant la date des engagements qu'on leur attri-
buait. Comme autorité, je puis citer encore une lettre
de M. Lushington, datée de janvier dernier, et d'après
laquelle, sur six cent neuf contrats produits devant
la Cour, quarante-deux, étaient écrits sur un pa-
pier timbré portant de faux endossements. Un ma-
gistrat, nommé Herschell, déclare qu'environ deux
cents ou trois cents de ces contrats étaient écrits
des mêmes mains, sept ou huit faussaires ayant été
employés à ce travail. Qu'étaient cependant ces con-
trats? J'ai ce matin reçu un renseignement de l'Inde
mentionnant un cas dans lequel un malheureux
Ryot s'obligeait, lui et ses héritiers, à ne jamais rem-
lance, et d'autres fusillés à l'instigation des planteurs.
» Le témoignage de l'honorable M. A. Eden est en-
core plus important. Ce gentleman déclara qu'il ne
croyait pas que les actes de -violence de la part de ceux
qu'on lui avaient signalés fussent fréquenta, mais
qu'ils étaient dé nature à maintenir et perpétuer un
sentiment de terrorisme, hors duquel la culture de l'in-
digo ne durerait pas un jour de plus. Chaque acte de
grande violence commis dans un district tel par exem-
ple que certaine attaque où trois villages avaient été pil-
lés, trois cultivateurs tués et six blessés, suffisait pour
frapper de terreur le cœur des Ryots dans toute cette
partie du pays.
» Le témoin veut bien croire que beaucoup de plan-
teurs font ce qu'ils peuvent pour éviter d'avoir recours
à de semblables expédients ; mais il n'est pas un pays
ni une plantation où on ne trouvât qu'un ou deux at-
ats de l'espèce la plus sérieuse ont été exécutés
au souvenir des habitants. M. Eden ajouta que les pour-
suites étaient même à peine tentées, en partie parce
que les magistrats siégeant à Mossufil savaient combien
il était difficile d'obtenir une condamnation devant la
cour suprême, en partie parce que les plaignants et les
témoins avaient une grande répugnance à se soumettre
à l'obligation de se rendre à Calcutta pour se présenter
devant la cour, et aussi par suite de la partialité en fa-
veur des planteurs, trop fréquemment manifestée par des
personnes dans toutes les positions. Le témoin présenta
une liste de quarante-neuf cas de crimes, quelques-
uns de la nature la plus horrible, comprenant non-seu-
lement la destruction de villages entiers, mais aussi le
massacre des villageois, et tous attestés comme datant
de ces dernières années.
» De semblables témoignages ont été fournis par des
ecclésiastiques et d'autres personnes.
D Un grand nombre de Ryots furent aussi interrogés
par la commission. Mais comme leurs dépositions pour-
raient paraître suspectes, je n'en parlerai pas. Voici
seulement ce qui résulte de cette partie de l'enquête :
c'est que rien au monde ne déterminera désormais
le Ryot à cultiver l'indigo, quelque condition qu'on lui
offre.
D La commission a rédigé un rapport très-modéré et
très-impartial, dans lequel elle dit que les relations en-
tre les planteurs et les zemindars (grands propriétaires
indigènes), dont les premiers se plaignaient, sont au to-
tal satisfaisantes, mais que celles entre les Ryots et
les planteurs ne l'étaient pas du tout et appelaient des
changements considérables. Ce document porte qu'en
corps ces planteurs étaient acquittés des crimes accom-
plis dans ces dernières années sous les formes les plus
grossières et les plus violentes, mais qu'ils restaient
convaincus d'enlèvement et de séquestrations violentes
envers les individus. Le rapport condamne la nomina-
tion de magistrats honoraires, parmi lesquels figuraient
plusieurs planteurs d'indigo, constitués de cette façon
juges dans leur propre cause.
» Le rapport de la commission, accompagné des dé-
positions qu'elle avait recueillies, fut déposé au conseil
de Calcutta, et M. Grant, lieutenant - gouverneur du
Bengale, en prit une copie. Ce fonctionnaire public
mérite les plus grands éloges pour le courage moral
qu'il a déployé dans cette affaire; et qu'il ne lui fallut
pas une mince dose de courage moral, c'est ce qui res"
sort de ce fait, qu'à peine ce document était-il publié,
que toutes les coupes de la presse indienne épuisaient
leur fange sur la tête de M. Grant et des témoins
qui avaient été entendus dans l'enquête. Les plan-
teurs d'indigo affectèrent une grande indignation. Ils
nièrent la vérité des déclarations faites -contre eux; mais
ils n'appuyèrent leur démenti d'aucune preuve. Aucune
dépense ne fut épargnée pour intimider lord Canning,
M. Grant et les autres autorités.de l'Inde; on n'épargna
rien jiour égarer l'opinion publique en Angleterre. Un
pamphlet a été répandu à grands frais parmi les mem-
bres de la Chambre ; je n'en veux dire que ce seul mot:
jamais, dans le cours de ma vie, je n'ai lu un écrit em-
preint de plus d'audace et de plus de mensonges.
» La Chambre sera peut-être bien aise de connaître
comment opère actuellement la loi de 1860. Les déposi-
tions publiées sont décisives sur ce point. M. Long,
ecclésiastique, a déclaré que les clauses qu'on y avait
ajoutées sur l'inspiration de M. Wilson avaient, dans
son essence, fait de cette loi une loi d'esclavage, et
une tentative virtuelle de semer l'indigo à la pointe
des baïonnettes. L'administration de la loi fut confiée
à des hommes jeunes, inexpérimentés, expédiés dans les
districts d'indigo, et, en fait, ce furent les alarmes
causées par leurs procédés qui nécessitèrent l'enquête.
» Elle prouva que des centaines de contrats entre les
planteurs et les paysans avaient été fabriqués, qu'un
grand nombre de paysans étaient en prison, et qu'en un
mot, les districts à indigo présentaient une horrible
scène d'injustice et d'oppression sans mesure. La com-
mission a trouvé dans une prison deux Ryots aveuglés
et qui, par conséquent, n'avaient pu s'engager à cul-
tiver de l'indigo. Dans une de ces prisons, il n'y avait
pas moins de cinq cent quatre-vingt-huit paysans cri-
minellement condamnés en vertu de la loi de 1860; l'un
d'entre eux avait à payer une somme de 211 roupies
en remboursement d'une avance de 6 roupies, et un
autre 161 pour une avance de 2 roupies.
» Une quantité des contrats qu'on leur avait opposés
étaient des contrats forgés. « Par un examen de diffé-
» rents cas, dit M. Bell, je suis arrivé à cette impres-
» sion que, pour parer aux exigences des temps et con-
» traindre les Ryots, un très-grand nombre d'engage-
D ments avaient été créés, que ces derniers n'avaient
» jamais consentis. » Dans certains cas, les Ryots étaient
morts avant la date des engagements qu'on leur attri-
buait. Comme autorité, je puis citer encore une lettre
de M. Lushington, datée de janvier dernier, et d'après
laquelle, sur six cent neuf contrats produits devant
la Cour, quarante-deux, étaient écrits sur un pa-
pier timbré portant de faux endossements. Un ma-
gistrat, nommé Herschell, déclare qu'environ deux
cents ou trois cents de ces contrats étaient écrits
des mêmes mains, sept ou huit faussaires ayant été
employés à ce travail. Qu'étaient cependant ces con-
trats? J'ai ce matin reçu un renseignement de l'Inde
mentionnant un cas dans lequel un malheureux
Ryot s'obligeait, lui et ses héritiers, à ne jamais rem-
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