Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1861 01 avril 1861
Description : 1861/04/01 (A6,N115). 1861/04/01 (A6,N115).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203268w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
102 L'ISTHME DE SUEZ,
Après ce récit il n'est pas possible de nier que les
employés de la Compagnie et de l'entreprise n'aient
déployé dans toutes ces circonstances autant d'émula-
tion que d'activité. Les travaux du plan général s'at-
taquent sur tous les points excepté du côté de Suez;
leur avancement rapide ne dépend plus désormais que
du nombre des travailleurs qui y seront assemblés.
Nous avons déjà fait connaître qu'il fallait s'attendre
à un certain ralentissement dans les opérations, par
suite du ramadan, qui est déjà plus des deux tiers
écoulé et finira le 10 du mois d'avril.
Cependant les chantiers sont loin d'être abandon-
nés. A Port-Saïd, la ville compte un millier de tra-
vailleurs, et le village arabe s'élève de 600 à 800 feux
dont les habitants paraissent s'être établis sur les
lieux sans esprit de retour.
A Kantara un village de 200 habitations est peuplé
dans les mêmes conditions par des familles des tribus
syriennes ; 600 travailleurs y sont installés avec leurs
femmes et leurs enfants. L'atelier est en plein exer-
cice; la concorde la plus parfaite, nous écrit-on,
existe entre les noirs, les jaunes et les blancs; il y a
même un atelier de 200 enfants, et au moyen de la
couffe ils gagnent 2 piastres à 2 piastres 1/2 par
jour , c'est-à-dire 50 à 62 centimes.
Il résulte de notre exposé précédent que plusieurs
ateliers de 2 et 300 hommes sont également éche-
lonnés sur la ligne du port Said à Timsah. Nous
croyons pouvoir avec assurance porter le nombre des
ouvriers présents à la date des dernières nouvelles
entre deux et trois mille.
Cependant les agents de la Compagnie poursuivent
avec vigueur le recrutement libre, qui, d'après nos
nouvelles, ne peut manquer de fournir tous les
travailleurs nécessaires, et dans ses conditions ce
système est sans contredit préférable à tout autre.
L'honorable président de la Compagnie a fait im-
primer en langue arabe 3,000 exemplaires d'un avis
appelant sur les travaux les ouvriers indigènes ; cet
avis a été affiché par ses soins à la porte de toutes
les mosquées, dans les gares de chemin de fer, à l'en-
trée des ponts, dans les bazars, dans les rues les
plus fréquentées, et distribué dans les principaux
villages de l'Égypte. Peu de jours après, des propo-
sitions étaient faites de toutes parts par des personnes
s'engageant à amener successivement plusieurs mil-
liers d'hommes. Le 11 mars, c'est-à-dire en plein
ramadan, un convoi de cent travailleurs partait du
Caire pour l'isthme, ayant à sa tête un iman de la
mosquée El-Azar investi des fonctions de cadi ou juge
des chantiers de Timsah, d'El-Guisr, de Ferdane et
de Kantara, et le 15 du même mois, il était arrivé
à sa destination.
Nous n'hésitons pas à le répéter, nous avons la
ferme conviction qu'aussitôt après le ramadan un
corps d'au moins 6 à 7,000 travailleurs sera réparti
sur toute la ligne des chantiers, et que dès ce mo-
ment le travail combiné des bras, des dragues et des
autres appareils donnera des résultats matériels dont
nous n'aurons qu'à constater les chiffres.
Au surplus, la population arabe ne cesse de mon-
trer les meilleures dispositions; dans tous les campe -
ments, les fellahs ont avec eux leur musique de tam-
bourins et de flûtes; quelques almées même sont venu
visiter les ateliers du seuil.
De Damiette les femmes apportent au marché de
Port-Saïd des légumes, des fruits, de la volaille et
des provisions diverses.
Ce mouvement se développera' et s'étendra sur
toute la ligne du canal à mesure que les chantiers
se rempliront. Nous en avons déjà signalé quelques
symptômes.
M. Ferdinand de Lesseps se multiplie par son acti-
vité véritablement prodigieuse; presque toujours en
route, se portant successivement partout où sa pré-
sence peut être utile, au Caire, à Alexandrie, dans
l'Ouadée, au seuil d'El-Guisr, à Port-Saïd. D'après
les dernières nouvelles il était au seuil d'El-Guisr,
où son ascendant personnel attire et retient les indi-
gènes.
Au reste, plusieurs des ouvriers qui étaient partis
pour se rendre auprès de leurs familles après la paie
du mois de février, sont rentrés dans leurs chantiers,
quoiqu'on ne les attendit qu'à l'expiration du rama-
dan ; on ne doute pas qu'à cette époque leurs cama-
rades ne suivent leur exemple, et l'on compte même
que le récit des bons traitements qu'ils ont reçus et
des salaires qu'ils ont gagnés, aura son efficacité pour
la propagande du recrutement libre.
Nous croyons pouvoir affirmer que M. de Lesseps
partira pour la France vers le 18 avril courant, afin
de se présenter à l'assemblée générale, et de lui rendre
compte et de ses actes et de l'état de l'entreprise qu'il
poursuit avec un dévouement si énergique.
Nous ne saurions donc trop inviter tous les mem-
bres de la Compagnie ayant droit de présence à cette
assemblée, à venir entendre ces communications im-
portantes et participer aux délibérations qui en se-
ront la suite.
ERNEST DESPLACES.
LE PERCEMENT DE L'ISTHME ET L'ANGLETERRE.
Nous avons souvent exprimé notre surprise sur
l'obstination aveugle avec laquelle quelques esprits
en Angleterre combattaient l'exécution du percement
de l'isthme de Suez. Nous n'avons cessé de répéter
que l'Angleterre en devait recueillir les principaux
bénéfices, et qu'en réalité c'était surtout contre elle-
même qu'elle luttait. Nous avons à cet égard cité plus
d'une fois l'opinion de ses hommes les plus compé-
tents et les plus capables de bien juger sur cettq ma-
Après ce récit il n'est pas possible de nier que les
employés de la Compagnie et de l'entreprise n'aient
déployé dans toutes ces circonstances autant d'émula-
tion que d'activité. Les travaux du plan général s'at-
taquent sur tous les points excepté du côté de Suez;
leur avancement rapide ne dépend plus désormais que
du nombre des travailleurs qui y seront assemblés.
Nous avons déjà fait connaître qu'il fallait s'attendre
à un certain ralentissement dans les opérations, par
suite du ramadan, qui est déjà plus des deux tiers
écoulé et finira le 10 du mois d'avril.
Cependant les chantiers sont loin d'être abandon-
nés. A Port-Saïd, la ville compte un millier de tra-
vailleurs, et le village arabe s'élève de 600 à 800 feux
dont les habitants paraissent s'être établis sur les
lieux sans esprit de retour.
A Kantara un village de 200 habitations est peuplé
dans les mêmes conditions par des familles des tribus
syriennes ; 600 travailleurs y sont installés avec leurs
femmes et leurs enfants. L'atelier est en plein exer-
cice; la concorde la plus parfaite, nous écrit-on,
existe entre les noirs, les jaunes et les blancs; il y a
même un atelier de 200 enfants, et au moyen de la
couffe ils gagnent 2 piastres à 2 piastres 1/2 par
jour , c'est-à-dire 50 à 62 centimes.
Il résulte de notre exposé précédent que plusieurs
ateliers de 2 et 300 hommes sont également éche-
lonnés sur la ligne du port Said à Timsah. Nous
croyons pouvoir avec assurance porter le nombre des
ouvriers présents à la date des dernières nouvelles
entre deux et trois mille.
Cependant les agents de la Compagnie poursuivent
avec vigueur le recrutement libre, qui, d'après nos
nouvelles, ne peut manquer de fournir tous les
travailleurs nécessaires, et dans ses conditions ce
système est sans contredit préférable à tout autre.
L'honorable président de la Compagnie a fait im-
primer en langue arabe 3,000 exemplaires d'un avis
appelant sur les travaux les ouvriers indigènes ; cet
avis a été affiché par ses soins à la porte de toutes
les mosquées, dans les gares de chemin de fer, à l'en-
trée des ponts, dans les bazars, dans les rues les
plus fréquentées, et distribué dans les principaux
villages de l'Égypte. Peu de jours après, des propo-
sitions étaient faites de toutes parts par des personnes
s'engageant à amener successivement plusieurs mil-
liers d'hommes. Le 11 mars, c'est-à-dire en plein
ramadan, un convoi de cent travailleurs partait du
Caire pour l'isthme, ayant à sa tête un iman de la
mosquée El-Azar investi des fonctions de cadi ou juge
des chantiers de Timsah, d'El-Guisr, de Ferdane et
de Kantara, et le 15 du même mois, il était arrivé
à sa destination.
Nous n'hésitons pas à le répéter, nous avons la
ferme conviction qu'aussitôt après le ramadan un
corps d'au moins 6 à 7,000 travailleurs sera réparti
sur toute la ligne des chantiers, et que dès ce mo-
ment le travail combiné des bras, des dragues et des
autres appareils donnera des résultats matériels dont
nous n'aurons qu'à constater les chiffres.
Au surplus, la population arabe ne cesse de mon-
trer les meilleures dispositions; dans tous les campe -
ments, les fellahs ont avec eux leur musique de tam-
bourins et de flûtes; quelques almées même sont venu
visiter les ateliers du seuil.
De Damiette les femmes apportent au marché de
Port-Saïd des légumes, des fruits, de la volaille et
des provisions diverses.
Ce mouvement se développera' et s'étendra sur
toute la ligne du canal à mesure que les chantiers
se rempliront. Nous en avons déjà signalé quelques
symptômes.
M. Ferdinand de Lesseps se multiplie par son acti-
vité véritablement prodigieuse; presque toujours en
route, se portant successivement partout où sa pré-
sence peut être utile, au Caire, à Alexandrie, dans
l'Ouadée, au seuil d'El-Guisr, à Port-Saïd. D'après
les dernières nouvelles il était au seuil d'El-Guisr,
où son ascendant personnel attire et retient les indi-
gènes.
Au reste, plusieurs des ouvriers qui étaient partis
pour se rendre auprès de leurs familles après la paie
du mois de février, sont rentrés dans leurs chantiers,
quoiqu'on ne les attendit qu'à l'expiration du rama-
dan ; on ne doute pas qu'à cette époque leurs cama-
rades ne suivent leur exemple, et l'on compte même
que le récit des bons traitements qu'ils ont reçus et
des salaires qu'ils ont gagnés, aura son efficacité pour
la propagande du recrutement libre.
Nous croyons pouvoir affirmer que M. de Lesseps
partira pour la France vers le 18 avril courant, afin
de se présenter à l'assemblée générale, et de lui rendre
compte et de ses actes et de l'état de l'entreprise qu'il
poursuit avec un dévouement si énergique.
Nous ne saurions donc trop inviter tous les mem-
bres de la Compagnie ayant droit de présence à cette
assemblée, à venir entendre ces communications im-
portantes et participer aux délibérations qui en se-
ront la suite.
ERNEST DESPLACES.
LE PERCEMENT DE L'ISTHME ET L'ANGLETERRE.
Nous avons souvent exprimé notre surprise sur
l'obstination aveugle avec laquelle quelques esprits
en Angleterre combattaient l'exécution du percement
de l'isthme de Suez. Nous n'avons cessé de répéter
que l'Angleterre en devait recueillir les principaux
bénéfices, et qu'en réalité c'était surtout contre elle-
même qu'elle luttait. Nous avons à cet égard cité plus
d'une fois l'opinion de ses hommes les plus compé-
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