Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1861 01 avril 1861
Description : 1861/04/01 (A6,N115). 1861/04/01 (A6,N115).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203268w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 107
» Nous avons dit le désappointement que ressentit la
fraction radicale lorsque, dans le discours de la Cou-
ronne, le cabinet, crut devoir omettre la mention des
engagements qu'il avait contractés relativement à la
réforme électorale. Nous avons dit que, pour échapper
à ces engagements, lord Palmerston avait compté sur
l'appui du parti tory, et que dans cette circonstance
cet appui ne lui avait pas manqué. De là un vif mé-
contentement parmi les réformistes parlementaires, qui
n'ont cessé d'accuser le chef du cabinet de se jouer du
parti libéral, et de travailler à le désunir et à le para-
lyser dans ses tendances. Ce mécontentement s'est en-
core accru lorsqu'un membre de la Chambre ayant pro-
posé récemment une extension du droit de suffrage, ce
projet a été rejeté par la masse du parti tory à une
faible majorité formée comme appoint par une portion
des amis personnels de lord Palmerston.
» Nous avons encore signalé un autre ferment de dis-
sension introduit au sein de la majorité ministérielle
par les attaques violentes du Times contre le projet de
souscription conçu par les partisans de M. Cobden, et
que ce dernier a dû décliner par suite de la nature
toute personnelle de ces attaques.
» Nous avons fait remarquer alors que les amis de
M. Cobden ne se trompaient point sur l'inspiration
d'où était émané cet acte d'hostilité ; que très-probable-
ment le parti radical ne manquerait pas de prendre à
lapremière occasion sa revanche contre lord Palmerston.
» Cette revanche, les radicaux l'ont spontanément pro-
voquée, et nous devons ajouter qu'elle a été cruelle.
» Dans la séance du 19 de ce mois, une discussion a
été soulevée qui nous paraît des plus graves pour l'exis-
tence du cabinet anglais, et nous nous étonnons qu'elle
n'ait point jusqu'ici été mentionnée par les journaux
français.
» Pour donner une idée de sa portée, il nous faut
remonter à quelques années en arrière.
» Le public se rappelle encore la guerre de l'Angah-
nistan. C'est un des plus amers souvenirs de l'Angle-
terre ; elle se termina par une effroyable catastrophe et
par un échec complet de la politique britannique dans
l'Asie centrale. 20,000 hommes de l'armée anglaise y
perdirent la vie; elle coûta environ 400 millions de
francs, dont la dette pèse encore lourdement sur les
finances indiennes. L'opinion publique attribua cette
guerre à la volonté systématique et à l'obstination de
lord Palmerston, et le noble lord, dans toutes les cir-
constances, s'est fort appliqué à étouffer toutes les dis-
cussions qui pouvaient s'élever dans le Parlement sur
ce point si délicat pour lui.
» Cependant des pièces importantes durent être four-
nies aux deux chambres. Parmi ces pièces figurait au
premier rang la correspondance du célèbre Alexandre
Burnes, alors agent du gouvernement anglais à Caboul.
Ces pièces furent produites : par leur contexture, elles
prouvaient que cet agent avait conseillé cette guerre,
qu'il l'avait suscitée et en quelque sorte provoquée, et
elles laissaient croire, par conséquent, que la responsa-
bilité de cette résolution devait peser dans une grande
mesure sur la personne de Burnes, qui, étant sur les
lieux, devant, jusqu'à un certain point, dirigcr les dé-
cisions de son gouvernement par ses avis, aurait
poussé l'Angleterre dans les voies fatales où elle a été
engagée.
» Pendant l'expédition, Burnes, tombé entre les mains
des Affghans, avait été haché en pièces par ces furieux.
Mais, avant sa mort, il avait fait parvenir ses plaintes
et ses réclamations en Angleterre, protestant que se,
dépêches avaient été mutilées et falsifiées, et que ces
altérations étaient d'une telle nature qu'elles lui avaient
fait dire directement le contraire de ce qu'il avait tou-
jours conseillé et recommandé.
» D'après sa protestation, ses dépêches telles qu'elles
avaient été soumises nu Parlement, le présentaient
comme un partisan résolu de la guerre, et il n'avait
cessé, au contraire, de défendre la cause de la conci-
liation et de la paix.
» Des interpellations sur ce sujet eurent lieu dans le
Parlement, il y a déjà plusieurs années; mais la ques-
tion était encore trop obscure, et elle n'aboutit à rien.
» Mais, en 1859, lord Stanley, membre du cabinet
Derby, crut devoir publier dans leur intégralité les dé-
pêches originales de Burnes, et c'est cette publication
avec d'autres documents non moins sérieux qui ont
donné naissance à la discussion dont nous allons parler.
» M. Dunlop, membre du parti radical et représen-
tant de Greenwich, a déposé sur le bureau une propo-
sition ayant pour objet de former un comité d'en-
quête, afin de vérifier les falsifications qu'il accuse le
cabinet du temps d'avoir introduites dans cette corres-
pondance pour égarer la religion du Parlement. Il ne
faut pas oublier que lord Palmerston était alors mi-
nistre des affaires étrangères, et que c'est principale-
ment sur lui que porte le poids de l'accusation.
» M. Dunlop a exposé les faits dans un discours très-
substantiel qui, plus d'une fois, a fort ému la Chambre.
Il a fait ressortir la gravité et l'évidence des altéra-
tions qu'il dénonçait, et il a conclu qu'un pareil acte
serait trop attentoire à la dignité de l'assemblée, à la
sécurité du gouvernement représentatif, s'il pouvait
passer sans que l'affaire fût sérieusement examinée et
jugée.
» Lord Palmerston , nous devons le reconnaître,
s'est faiblement défendu; il n'a guère opposé à son ac-
cusateur que des fins de non-recevoir ; son apologie a
été écoutée par son auditoire avec une froideur inaccou-
tumée ; du reste, il n'a point nié les altérations, il n'a
fait que chercher à les atténuer par le droit du gouver-
liement de ne donner que des extraits et non le texte
complet des dépêches. C'est alors que M. Bright, l'ami
et en quelque sorte le frère politique de M. Cobden,
s'est levé et a pris la parole. Jamais cet orateur, qui
dispute à M. Gladstone la palme de l'éloquence à la
Chambre des communes, ne s'est montré plus véhé-
ment, plus incisif, plus vigoureux. Il a ramené la ques-
tion à ses véritables termes. Le noble lord, a-t-il dit,
veut échapper a la discussion; il ne s'agit pas d'exami-
ner la guerre de l'Affghanistan, elle est jugée : elle a
été un désastre et un crime ; il s'agit tout simplement
de savoir si des dépêches ont été altérées, si par ces al-
térations le gouvernement a essayé de tourner sur
nutrui une responsabilité qui devait peser sur lui, si
» Nous avons dit le désappointement que ressentit la
fraction radicale lorsque, dans le discours de la Cou-
ronne, le cabinet, crut devoir omettre la mention des
engagements qu'il avait contractés relativement à la
réforme électorale. Nous avons dit que, pour échapper
à ces engagements, lord Palmerston avait compté sur
l'appui du parti tory, et que dans cette circonstance
cet appui ne lui avait pas manqué. De là un vif mé-
contentement parmi les réformistes parlementaires, qui
n'ont cessé d'accuser le chef du cabinet de se jouer du
parti libéral, et de travailler à le désunir et à le para-
lyser dans ses tendances. Ce mécontentement s'est en-
core accru lorsqu'un membre de la Chambre ayant pro-
posé récemment une extension du droit de suffrage, ce
projet a été rejeté par la masse du parti tory à une
faible majorité formée comme appoint par une portion
des amis personnels de lord Palmerston.
» Nous avons encore signalé un autre ferment de dis-
sension introduit au sein de la majorité ministérielle
par les attaques violentes du Times contre le projet de
souscription conçu par les partisans de M. Cobden, et
que ce dernier a dû décliner par suite de la nature
toute personnelle de ces attaques.
» Nous avons fait remarquer alors que les amis de
M. Cobden ne se trompaient point sur l'inspiration
d'où était émané cet acte d'hostilité ; que très-probable-
ment le parti radical ne manquerait pas de prendre à
lapremière occasion sa revanche contre lord Palmerston.
» Cette revanche, les radicaux l'ont spontanément pro-
voquée, et nous devons ajouter qu'elle a été cruelle.
» Dans la séance du 19 de ce mois, une discussion a
été soulevée qui nous paraît des plus graves pour l'exis-
tence du cabinet anglais, et nous nous étonnons qu'elle
n'ait point jusqu'ici été mentionnée par les journaux
français.
» Pour donner une idée de sa portée, il nous faut
remonter à quelques années en arrière.
» Le public se rappelle encore la guerre de l'Angah-
nistan. C'est un des plus amers souvenirs de l'Angle-
terre ; elle se termina par une effroyable catastrophe et
par un échec complet de la politique britannique dans
l'Asie centrale. 20,000 hommes de l'armée anglaise y
perdirent la vie; elle coûta environ 400 millions de
francs, dont la dette pèse encore lourdement sur les
finances indiennes. L'opinion publique attribua cette
guerre à la volonté systématique et à l'obstination de
lord Palmerston, et le noble lord, dans toutes les cir-
constances, s'est fort appliqué à étouffer toutes les dis-
cussions qui pouvaient s'élever dans le Parlement sur
ce point si délicat pour lui.
» Cependant des pièces importantes durent être four-
nies aux deux chambres. Parmi ces pièces figurait au
premier rang la correspondance du célèbre Alexandre
Burnes, alors agent du gouvernement anglais à Caboul.
Ces pièces furent produites : par leur contexture, elles
prouvaient que cet agent avait conseillé cette guerre,
qu'il l'avait suscitée et en quelque sorte provoquée, et
elles laissaient croire, par conséquent, que la responsa-
bilité de cette résolution devait peser dans une grande
mesure sur la personne de Burnes, qui, étant sur les
lieux, devant, jusqu'à un certain point, dirigcr les dé-
cisions de son gouvernement par ses avis, aurait
poussé l'Angleterre dans les voies fatales où elle a été
engagée.
» Pendant l'expédition, Burnes, tombé entre les mains
des Affghans, avait été haché en pièces par ces furieux.
Mais, avant sa mort, il avait fait parvenir ses plaintes
et ses réclamations en Angleterre, protestant que se,
dépêches avaient été mutilées et falsifiées, et que ces
altérations étaient d'une telle nature qu'elles lui avaient
fait dire directement le contraire de ce qu'il avait tou-
jours conseillé et recommandé.
» D'après sa protestation, ses dépêches telles qu'elles
avaient été soumises nu Parlement, le présentaient
comme un partisan résolu de la guerre, et il n'avait
cessé, au contraire, de défendre la cause de la conci-
liation et de la paix.
» Des interpellations sur ce sujet eurent lieu dans le
Parlement, il y a déjà plusieurs années; mais la ques-
tion était encore trop obscure, et elle n'aboutit à rien.
» Mais, en 1859, lord Stanley, membre du cabinet
Derby, crut devoir publier dans leur intégralité les dé-
pêches originales de Burnes, et c'est cette publication
avec d'autres documents non moins sérieux qui ont
donné naissance à la discussion dont nous allons parler.
» M. Dunlop, membre du parti radical et représen-
tant de Greenwich, a déposé sur le bureau une propo-
sition ayant pour objet de former un comité d'en-
quête, afin de vérifier les falsifications qu'il accuse le
cabinet du temps d'avoir introduites dans cette corres-
pondance pour égarer la religion du Parlement. Il ne
faut pas oublier que lord Palmerston était alors mi-
nistre des affaires étrangères, et que c'est principale-
ment sur lui que porte le poids de l'accusation.
» M. Dunlop a exposé les faits dans un discours très-
substantiel qui, plus d'une fois, a fort ému la Chambre.
Il a fait ressortir la gravité et l'évidence des altéra-
tions qu'il dénonçait, et il a conclu qu'un pareil acte
serait trop attentoire à la dignité de l'assemblée, à la
sécurité du gouvernement représentatif, s'il pouvait
passer sans que l'affaire fût sérieusement examinée et
jugée.
» Lord Palmerston , nous devons le reconnaître,
s'est faiblement défendu; il n'a guère opposé à son ac-
cusateur que des fins de non-recevoir ; son apologie a
été écoutée par son auditoire avec une froideur inaccou-
tumée ; du reste, il n'a point nié les altérations, il n'a
fait que chercher à les atténuer par le droit du gouver-
liement de ne donner que des extraits et non le texte
complet des dépêches. C'est alors que M. Bright, l'ami
et en quelque sorte le frère politique de M. Cobden,
s'est levé et a pris la parole. Jamais cet orateur, qui
dispute à M. Gladstone la palme de l'éloquence à la
Chambre des communes, ne s'est montré plus véhé-
ment, plus incisif, plus vigoureux. Il a ramené la ques-
tion à ses véritables termes. Le noble lord, a-t-il dit,
veut échapper a la discussion; il ne s'agit pas d'exami-
ner la guerre de l'Affghanistan, elle est jugée : elle a
été un désastre et un crime ; il s'agit tout simplement
de savoir si des dépêches ont été altérées, si par ces al-
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