Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1861 15 mars 1861
Description : 1861/03/15 (A6,N114). 1861/03/15 (A6,N114).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203267g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/01/2014
88 L'ISTHME DE SUEZ,
rables forgerons, extrayant le fer, le forgeant et le trans-
formant en une sorte d'acier, avec lequel ils se composent
de terribles armes de guerre, dont M. du Chaillu présenta
plusieurs à la Société de géographie. Ils ne craignent
- rien, sont bien proportionnés et forment la plus belle
tribu de nègres et les plus beaux spécimens d'hommes
sauvages qu'ait vus M. du Chaillu. Ils ne sont pas très-
noirs, ayant cela de commun avec les races voisines, et
on lui dit qu'en règle générale, plus on s'élevait dans
les montagnes et plus la couleur des nègres s'éclaircis-
sait. Par sa conversation avec ces sauvages, il apprit
que l'intérieur était très-montagneux, et ils lui indi-
quèrent l'est et le nord-est comme étant l'emplace-
ment d'une grande chaine dont les habitants étaient
également cannibales. Pressentant les difficultés à sur-
monter dans une marche plus prolongée à travers un
pays inextricable, promettant peu de compensations et
pensant que ces anthropophages pourraient bien avoir la
fantaisie de savoir le goût qu'il avait, il se décida au
retour.
» Il fit ensuite une nouvelle excursion au sud de l'équa-
teur, entre les rivières Gabon et Nazareth, s'étendant à
TfO milles de la côte, où il rencontra des prairies sablon-
neuses et de vastes forêts. Ici se place l'émouvant récit
de sa rencontre avec deux léopards : sa suite attira son
attention sur un léger bruit; il perçut par la rupture
des branches l'approche probable de quelque bête fé-
roce, mais il ne put juger d'abord si c'était lui qu'elle
guettait ou un gros troupeau de buffles dans le voi-
sinage. Toutefois, il se vit bientôt à une proximité assez
inquiétante de deux léopards qu'il fut assez heureux
d'abattre avec sa carabine à deux coups.
» La contrée autour d'Obindjé est par excellence le
pays des gorilles; on n'y voit pas de véritables chim-
panzées, mais uniquement la classe la plus forte des
hommes singes, construisant dans les arbres leur cu-
rieux hangar. Ce fut là que M. du Chaillu tua un
kooloo-kamba. Après avoir cherché ces animaux si
longtemps qu'il commençait à croire qu'on ne lui avait
raconté que des fables, il fut un jour soudainement ef-
frayé par un rugissement terrible; il vit alors la brute
s'approchant de lui, droite, grinçant des dents, s'arra-
chant les cheveux et battant de sa main sa large poi-
trine, qui rendait un son semblable à celui d'un vieux
tambour. Le rugissement de ces créatures est si fort que
M. du Chaillu déclare l'avoir entendu à une distance
de 3 milles (près de 5 kilomètres). Quoiqu'il cherchât
cette rencontre, M. du Chaillu semble avoir été peu
préparé à la terrible apparition de la bête enragée qu'il
avait devant lui, car il pensa, dit-il, que s'il voulait
jamais revoir ses amis, il devait être bien sûr de son
coup. C'est pourquoi, laissant l'animal s'avancer jusqu'à
la distance de 6 mètres, il l'étendit mort sur la place.
Dans une autre occasion il eut un homme tué: la brute,
d'un se ,;.,,;-.!¡:: main ouverte, brisa les reins du
pauvr i r- ha la chair, tandis que le canon
de st, et le bois réduit en fragments
p i eile-ü
par l ig.mlfiejllétJ.se du monstre furieux. Le len-
d iduCaillu) poursuivit le meurtrier et finit
par se roüver fa'e
par sé trouver fac0 face avec lui. il décrit sa rage
comme effroyable ; = la bête irritée avait les cheveux
hérissés, déployant la rangée de ses dents jusqu'à
montrer ses grandes canines et agitant les puissants
muscles de sa face d'une horrible manière. Il parle du
sentiment de terreur qu'il éprouvait toujours en tirant
un gorille, tant est effrayante la mort de cette créa-
ture. Les indigènes refusèrent de croire que la bête tuée
par M. du ChaiUu était celle qui avait tué un de ses
suivants la veille, parce qu'ils ont la superstitieuse idée
que le gorille qui a tué un homme est changé en
homme lui-même.
» M. du Chaillu a rapporté plusieurs spécimens de
ces énormes singes, et dans la discussion qui a suivi
son exposé au sein de la Société royale de géographie,
le professeur Owen déclara qu'on ne connaissait positi-
vement l'existence de ces animaux que depuis sept ans
seulement, quoique quelques anciens voyageurs en
eussent dit quelque chose, mais si vaguement que
Cuvier leur refusa une place dans son grand ou-
vrage et ne voulut y admettre que l'orang-outang et
le chimpanzée. Quelques années après, le grand na-
turaliste reçut un dessin à la plume qui lui donna la
conviction de l'existence en Afrique d'une espèce de
singe plus grande et plus forte. De temps en temps il
arrivait une peau, des os, des crânes. Ces matériaux
réunis finirent par suffire pour former une comparaison.
Mais voici que tout à coup une pleine certitude se pro-
duit par rapport à ces étranges et extraordinaires créa-
tures Le trait principalement intéressant du gorille est
sa très-approximative ressemblance avec l'homme. Par-
mi les différences les plus importantes entre les deux
structures, il faut mentionner plus spécialement la forme
du gros orteil, qui dans le corps humain est placé pa-
rallèlement avec les os des autres orteils, tandis que
dans le gorille il est construit comme le pouce de la
main, faisant ainsi du pied une main qui peut s'attacher
puissamment aux obj ets, opération dont on peut aper-
cevoir les effets dans le jeu des muscles inférieurs des
reins. Les os des hanches présentent dans le chimpan-
zée une tendance à l'évasement. Cette tendance est en-
core plus forte d'ms le gorille, et le bassin ressemble
tout à fait à celui de l'homme. Le trait le plus remar-
quable du caractère particulier de ces monstres est leur
force et leur taille, également prodigieuses, leur tronc ex-
cédant celui du géant irlandais si connu qui est au Col-
lége de chirurgie à Londres. Toutefois, l'imperfection des
membres inférieurs pour la marche contribue beaucoup à
réduire leur hauteur. Leurs moyens physiques d'attaque
et de défense sont très-extraordinaires. Les mâchoires
du grand gorille en développement et en vigueur
ressemblent à celles du lion et du tigre, mais elles sont
encore plus puissantes que celles de ces carnivores; les
os de l'avant-bras et de la main exhibent le même de-
gré de force, tandis que la jointure du coude et celle
de la main et du poignet présentent dans leur construc-
ture des modifications leur donnant des facilités de
mouvement plus grandes que dans l'homme lui-même.
» N'oublions point cependant que le trait proéminent
de l'être humain, c'est que chez lui tout est en équili-
bre et sans excès. Dans le squelette de l'animal, les
pieds, les membres inférieurs et toute la forme du corps
démontrent qu'il est fait pour garder la position verti-
rables forgerons, extrayant le fer, le forgeant et le trans-
formant en une sorte d'acier, avec lequel ils se composent
de terribles armes de guerre, dont M. du Chaillu présenta
plusieurs à la Société de géographie. Ils ne craignent
- rien, sont bien proportionnés et forment la plus belle
tribu de nègres et les plus beaux spécimens d'hommes
sauvages qu'ait vus M. du Chaillu. Ils ne sont pas très-
noirs, ayant cela de commun avec les races voisines, et
on lui dit qu'en règle générale, plus on s'élevait dans
les montagnes et plus la couleur des nègres s'éclaircis-
sait. Par sa conversation avec ces sauvages, il apprit
que l'intérieur était très-montagneux, et ils lui indi-
quèrent l'est et le nord-est comme étant l'emplace-
ment d'une grande chaine dont les habitants étaient
également cannibales. Pressentant les difficultés à sur-
monter dans une marche plus prolongée à travers un
pays inextricable, promettant peu de compensations et
pensant que ces anthropophages pourraient bien avoir la
fantaisie de savoir le goût qu'il avait, il se décida au
retour.
» Il fit ensuite une nouvelle excursion au sud de l'équa-
teur, entre les rivières Gabon et Nazareth, s'étendant à
TfO milles de la côte, où il rencontra des prairies sablon-
neuses et de vastes forêts. Ici se place l'émouvant récit
de sa rencontre avec deux léopards : sa suite attira son
attention sur un léger bruit; il perçut par la rupture
des branches l'approche probable de quelque bête fé-
roce, mais il ne put juger d'abord si c'était lui qu'elle
guettait ou un gros troupeau de buffles dans le voi-
sinage. Toutefois, il se vit bientôt à une proximité assez
inquiétante de deux léopards qu'il fut assez heureux
d'abattre avec sa carabine à deux coups.
» La contrée autour d'Obindjé est par excellence le
pays des gorilles; on n'y voit pas de véritables chim-
panzées, mais uniquement la classe la plus forte des
hommes singes, construisant dans les arbres leur cu-
rieux hangar. Ce fut là que M. du Chaillu tua un
kooloo-kamba. Après avoir cherché ces animaux si
longtemps qu'il commençait à croire qu'on ne lui avait
raconté que des fables, il fut un jour soudainement ef-
frayé par un rugissement terrible; il vit alors la brute
s'approchant de lui, droite, grinçant des dents, s'arra-
chant les cheveux et battant de sa main sa large poi-
trine, qui rendait un son semblable à celui d'un vieux
tambour. Le rugissement de ces créatures est si fort que
M. du Chaillu déclare l'avoir entendu à une distance
de 3 milles (près de 5 kilomètres). Quoiqu'il cherchât
cette rencontre, M. du Chaillu semble avoir été peu
préparé à la terrible apparition de la bête enragée qu'il
avait devant lui, car il pensa, dit-il, que s'il voulait
jamais revoir ses amis, il devait être bien sûr de son
coup. C'est pourquoi, laissant l'animal s'avancer jusqu'à
la distance de 6 mètres, il l'étendit mort sur la place.
Dans une autre occasion il eut un homme tué: la brute,
d'un se ,;.,,;-.!¡:: main ouverte, brisa les reins du
pauvr i r- ha la chair, tandis que le canon
de st, et le bois réduit en fragments
p i eile-ü
par l ig.mlfiejllétJ.se du monstre furieux. Le len-
d iduCaillu) poursuivit le meurtrier et finit
par se roüver fa'e
par sé trouver fac0 face avec lui. il décrit sa rage
comme effroyable ; = la bête irritée avait les cheveux
hérissés, déployant la rangée de ses dents jusqu'à
montrer ses grandes canines et agitant les puissants
muscles de sa face d'une horrible manière. Il parle du
sentiment de terreur qu'il éprouvait toujours en tirant
un gorille, tant est effrayante la mort de cette créa-
ture. Les indigènes refusèrent de croire que la bête tuée
par M. du ChaiUu était celle qui avait tué un de ses
suivants la veille, parce qu'ils ont la superstitieuse idée
que le gorille qui a tué un homme est changé en
homme lui-même.
» M. du Chaillu a rapporté plusieurs spécimens de
ces énormes singes, et dans la discussion qui a suivi
son exposé au sein de la Société royale de géographie,
le professeur Owen déclara qu'on ne connaissait positi-
vement l'existence de ces animaux que depuis sept ans
seulement, quoique quelques anciens voyageurs en
eussent dit quelque chose, mais si vaguement que
Cuvier leur refusa une place dans son grand ou-
vrage et ne voulut y admettre que l'orang-outang et
le chimpanzée. Quelques années après, le grand na-
turaliste reçut un dessin à la plume qui lui donna la
conviction de l'existence en Afrique d'une espèce de
singe plus grande et plus forte. De temps en temps il
arrivait une peau, des os, des crânes. Ces matériaux
réunis finirent par suffire pour former une comparaison.
Mais voici que tout à coup une pleine certitude se pro-
duit par rapport à ces étranges et extraordinaires créa-
tures Le trait principalement intéressant du gorille est
sa très-approximative ressemblance avec l'homme. Par-
mi les différences les plus importantes entre les deux
structures, il faut mentionner plus spécialement la forme
du gros orteil, qui dans le corps humain est placé pa-
rallèlement avec les os des autres orteils, tandis que
dans le gorille il est construit comme le pouce de la
main, faisant ainsi du pied une main qui peut s'attacher
puissamment aux obj ets, opération dont on peut aper-
cevoir les effets dans le jeu des muscles inférieurs des
reins. Les os des hanches présentent dans le chimpan-
zée une tendance à l'évasement. Cette tendance est en-
core plus forte d'ms le gorille, et le bassin ressemble
tout à fait à celui de l'homme. Le trait le plus remar-
quable du caractère particulier de ces monstres est leur
force et leur taille, également prodigieuses, leur tronc ex-
cédant celui du géant irlandais si connu qui est au Col-
lége de chirurgie à Londres. Toutefois, l'imperfection des
membres inférieurs pour la marche contribue beaucoup à
réduire leur hauteur. Leurs moyens physiques d'attaque
et de défense sont très-extraordinaires. Les mâchoires
du grand gorille en développement et en vigueur
ressemblent à celles du lion et du tigre, mais elles sont
encore plus puissantes que celles de ces carnivores; les
os de l'avant-bras et de la main exhibent le même de-
gré de force, tandis que la jointure du coude et celle
de la main et du poignet présentent dans leur construc-
ture des modifications leur donnant des facilités de
mouvement plus grandes que dans l'homme lui-même.
» N'oublions point cependant que le trait proéminent
de l'être humain, c'est que chez lui tout est en équili-
bre et sans excès. Dans le squelette de l'animal, les
pieds, les membres inférieurs et toute la forme du corps
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