Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1861 15 mars 1861
Description : 1861/03/15 (A6,N114). 1861/03/15 (A6,N114).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203267g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/01/2014
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 87
trafic plus considérable et en rapport avec de nou-
veaux besoins.
(Levant.)
RECHERCHES DES SOURCES DU NIL.
Nous avons déjà entretenu nos lecteurs de la sen-
sation qu'ont produite à Londres, parmi les ingé-
nieurs et les géographes, les informations apportées
du centre de l'Afrique par un voyageur franco-amé-
ricain. Après avoir désigné le hardi aventurier sous
le nom de M. du Chayllou, les journaux anglais le
nomment maintenant M. du Chailiu. Nous acceptons
la nouvelle orthographe/sauf nouvelle rectification,
s'il y a lieu ; le nom, d'ailleurs, fait peu de chose à
l'affaire.
Nous avons dit que ce voyageur prétendait avoir
découvert la région où se trouvent ces sources du
Nil tant et depuis si longtemps cherchées. Ce n'est
encore là de sa part qu'une conjecture fondée sur des
probabilités assez raisonnables et qui restent à vé-
rifier. Mais cette vérification ne paraît point facile,
et d'après ce que rapporte M. du Chaillu, les sources
du Nil seraient beaucoup plus redoutablement gar-
dées que les pommes du jardin des Hespérides.
Notre explorateur, au surplus, a présenté à la
Société royale de géographie à Londres un récit
sommaire de ses aventures, et la Revue de Londres
publie dans son dernier numéro une analyse très-
curieuse de cette narration. Nous croyons qu'elle sera
lue avec intérêt, et nous en donnons la traduction.
JULES ROSÉ.
« M. du Chailiu a passé quatre années, de 1856 à
1859, dans ces régions sauvages et peu connues, s'éten-
dant de 2 degrés nord à 2 degrés sud de l'équateur.
Il y a pénétré à une distance de la côte de 400 milles
(environ 650 kilomètres). Outre le gorille, il a rencontré
le chimpanzée, et au sud de l'équateur, dans le pays
de Rambo-Ovenga, il a trouvé deux autres variétés de
singes ressemblant à l'homme, le kooloo-kamba (tro-
glodyte kooloo-kamba) et le nscheigo-mbouvé (tro-
glodyte chauve) ; les premières espèces reçoivent leur
nom du cri particulier kooloo qu'ils ne cessent de pro-
férer, kamba étant la langue des indigènes du pays
qu'ils habitent.
» Le nscheigo-mbouvé n'a pas de chevelure sur la tête;
il se fait un abri contre le mauvais temps en attachant
des branches autour des arbres à 20 ou 30 pieds du
sol, et rend cet abri imperméable par un toit épais
ayant la forme d'un parapluie. Ces huttes sont toujours
bâties par paires, l'une pour le mâle et l'autre pour la
femelle. Les petits sont blancs et assez semblabl s à la
couleur d'un enfant maladif. M. du Chaillu a été assez
heureux pour en prendre un tout jeune, qui, une semaine
ou deux après sa capture, était suffisamment apprivoisé
pour le suivre dans le village. Mais avec la civilisation,
raconte spirituellement M. du Chaillu, vint l'amour du
vol, et son maître jugeant qu'il était convenable de lui
inoculer une meilleure moralité par le secours d'un fouet,
lui appliqua cette correction toutes les fois que le petit
fripon fut saisi en flagrant délit. La hutte dans la-
quelle dormait M. du Chaillu n'avait pour porte qu'une
natte, et le jeune singe savait très-bien la soulever et
se glisser dans l'intérieur. Si son maître paraissait en-
dormi, il dérobait prestement une banane; mais si,
lorsqu'il l'avait prise, son maître ouvrait les yeux, il
s'échappait dans les bois et ne retournait que le soir.
L'effet subséquent de la civilisation se manifesta par le
goût de l'ivrognerie : M. du Chaillu avait mis de côté
un peu d'eau-de-vie qu'il se réservait comme médica-
ment, et le singe, ne pouvant arracher le bouchon, brisa
le goulot de la bouteille, et fut trouvé par son maître
étendu sur le sol dans un état de parfaite ivresse.
» On trouve dans ce pays une magnifique antilope, le
bongo, d'une grâce et d'une beauté que M. du Chaillu
déclare incomparables. Il y en a environ quinze espèces,
toutes paraissant particulières à la contrée, comme, au
surplus, toute la faune qu'on y voit, l'éléphant lui-même
paraissant n'être qu'une variété de son congénère de
l'Afrique méridionale.
» Le pays est couvert d'épaisses forêts ne formant
qu'un impénétrable jungle, à travers lequel l'homme
se dirige suivant la trace des bêtes sauvages, les étroits
sentiers de village en village, ou s'ouvrant son chemin
avec la hache.
» L'homme est rare dans ces régions; on n'y trouve ni
les élans de l'Afrique méridionale, ni ses troupeaux de
gibier, et l'explorateur est constamment en lutte avec
la soif et la faim. Les éléphants étaient d'abord nom-
breux, mais ils ont été tant chassés qu'il n'y en a pres-
que plus ; tandis que le lion, le rhinocéros, la girafe, le
zèbre, l'autruche, le cheval et l'âne, n'y sont pas
connus.
9 Les rivières du pays seraient bien adaptées pour le
commerce si elles n étaient point si insalubres. Trois
d'entre elles sont capables de porter de gros vaisseaux
à une distance considérable vers leur source, savoir :
le Muni, le Mondah et le Gabon ; la première verse ses
eaux dans le beau golfe de Caresco, qui, sans ses nom-
breux bancs de sable, serait un des plus beaux havres
du monde.
» A environ 1 degré de latitude nord, à 50 milles de
la côte, M. du Chaillu rencontra une tribu guerrière
d'indigènes avec laquelle il resta quelque temps. Il les
décrit comme des sauvages de la pire et de la plus
horrible espèce, mangeant non-seulement les ennemis
qu'ils tuent à la guerre, mais même ceux de leur propre
race morts de maladie, n'exceptant de leur avide pas-
sion pour la chair humaine que les membres de leur
famille. M. du Chaillu les regarde comme n'étant pas
au-dessus des singes, sinon qu'ils ont une cervelle
d'homme. Il n'a pu comprendre leur langue; elle était
dure et gutturale, se composant presque uniquement
de monosyllabes. De cette tribu, nommée Faw, il se
rendit plus loin vers une autre société de cannibales,
les Ostreba, probablement de la même famille et aussi
dégradés, excepté, chose étrange, qu'ils étaient d'admi-
trafic plus considérable et en rapport avec de nou-
veaux besoins.
(Levant.)
RECHERCHES DES SOURCES DU NIL.
Nous avons déjà entretenu nos lecteurs de la sen-
sation qu'ont produite à Londres, parmi les ingé-
nieurs et les géographes, les informations apportées
du centre de l'Afrique par un voyageur franco-amé-
ricain. Après avoir désigné le hardi aventurier sous
le nom de M. du Chayllou, les journaux anglais le
nomment maintenant M. du Chailiu. Nous acceptons
la nouvelle orthographe/sauf nouvelle rectification,
s'il y a lieu ; le nom, d'ailleurs, fait peu de chose à
l'affaire.
Nous avons dit que ce voyageur prétendait avoir
découvert la région où se trouvent ces sources du
Nil tant et depuis si longtemps cherchées. Ce n'est
encore là de sa part qu'une conjecture fondée sur des
probabilités assez raisonnables et qui restent à vé-
rifier. Mais cette vérification ne paraît point facile,
et d'après ce que rapporte M. du Chaillu, les sources
du Nil seraient beaucoup plus redoutablement gar-
dées que les pommes du jardin des Hespérides.
Notre explorateur, au surplus, a présenté à la
Société royale de géographie à Londres un récit
sommaire de ses aventures, et la Revue de Londres
publie dans son dernier numéro une analyse très-
curieuse de cette narration. Nous croyons qu'elle sera
lue avec intérêt, et nous en donnons la traduction.
JULES ROSÉ.
« M. du Chailiu a passé quatre années, de 1856 à
1859, dans ces régions sauvages et peu connues, s'éten-
dant de 2 degrés nord à 2 degrés sud de l'équateur.
Il y a pénétré à une distance de la côte de 400 milles
(environ 650 kilomètres). Outre le gorille, il a rencontré
le chimpanzée, et au sud de l'équateur, dans le pays
de Rambo-Ovenga, il a trouvé deux autres variétés de
singes ressemblant à l'homme, le kooloo-kamba (tro-
glodyte kooloo-kamba) et le nscheigo-mbouvé (tro-
glodyte chauve) ; les premières espèces reçoivent leur
nom du cri particulier kooloo qu'ils ne cessent de pro-
férer, kamba étant la langue des indigènes du pays
qu'ils habitent.
» Le nscheigo-mbouvé n'a pas de chevelure sur la tête;
il se fait un abri contre le mauvais temps en attachant
des branches autour des arbres à 20 ou 30 pieds du
sol, et rend cet abri imperméable par un toit épais
ayant la forme d'un parapluie. Ces huttes sont toujours
bâties par paires, l'une pour le mâle et l'autre pour la
femelle. Les petits sont blancs et assez semblabl s à la
couleur d'un enfant maladif. M. du Chaillu a été assez
heureux pour en prendre un tout jeune, qui, une semaine
ou deux après sa capture, était suffisamment apprivoisé
pour le suivre dans le village. Mais avec la civilisation,
raconte spirituellement M. du Chaillu, vint l'amour du
vol, et son maître jugeant qu'il était convenable de lui
inoculer une meilleure moralité par le secours d'un fouet,
lui appliqua cette correction toutes les fois que le petit
fripon fut saisi en flagrant délit. La hutte dans la-
quelle dormait M. du Chaillu n'avait pour porte qu'une
natte, et le jeune singe savait très-bien la soulever et
se glisser dans l'intérieur. Si son maître paraissait en-
dormi, il dérobait prestement une banane; mais si,
lorsqu'il l'avait prise, son maître ouvrait les yeux, il
s'échappait dans les bois et ne retournait que le soir.
L'effet subséquent de la civilisation se manifesta par le
goût de l'ivrognerie : M. du Chaillu avait mis de côté
un peu d'eau-de-vie qu'il se réservait comme médica-
ment, et le singe, ne pouvant arracher le bouchon, brisa
le goulot de la bouteille, et fut trouvé par son maître
étendu sur le sol dans un état de parfaite ivresse.
» On trouve dans ce pays une magnifique antilope, le
bongo, d'une grâce et d'une beauté que M. du Chaillu
déclare incomparables. Il y en a environ quinze espèces,
toutes paraissant particulières à la contrée, comme, au
surplus, toute la faune qu'on y voit, l'éléphant lui-même
paraissant n'être qu'une variété de son congénère de
l'Afrique méridionale.
» Le pays est couvert d'épaisses forêts ne formant
qu'un impénétrable jungle, à travers lequel l'homme
se dirige suivant la trace des bêtes sauvages, les étroits
sentiers de village en village, ou s'ouvrant son chemin
avec la hache.
» L'homme est rare dans ces régions; on n'y trouve ni
les élans de l'Afrique méridionale, ni ses troupeaux de
gibier, et l'explorateur est constamment en lutte avec
la soif et la faim. Les éléphants étaient d'abord nom-
breux, mais ils ont été tant chassés qu'il n'y en a pres-
que plus ; tandis que le lion, le rhinocéros, la girafe, le
zèbre, l'autruche, le cheval et l'âne, n'y sont pas
connus.
9 Les rivières du pays seraient bien adaptées pour le
commerce si elles n étaient point si insalubres. Trois
d'entre elles sont capables de porter de gros vaisseaux
à une distance considérable vers leur source, savoir :
le Muni, le Mondah et le Gabon ; la première verse ses
eaux dans le beau golfe de Caresco, qui, sans ses nom-
breux bancs de sable, serait un des plus beaux havres
du monde.
» A environ 1 degré de latitude nord, à 50 milles de
la côte, M. du Chaillu rencontra une tribu guerrière
d'indigènes avec laquelle il resta quelque temps. Il les
décrit comme des sauvages de la pire et de la plus
horrible espèce, mangeant non-seulement les ennemis
qu'ils tuent à la guerre, mais même ceux de leur propre
race morts de maladie, n'exceptant de leur avide pas-
sion pour la chair humaine que les membres de leur
famille. M. du Chaillu les regarde comme n'étant pas
au-dessus des singes, sinon qu'ils ont une cervelle
d'homme. Il n'a pu comprendre leur langue; elle était
dure et gutturale, se composant presque uniquement
de monosyllabes. De cette tribu, nommée Faw, il se
rendit plus loin vers une autre société de cannibales,
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