Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1861 01 mars 1861
Description : 1861/03/01 (A6,N113). 1861/03/01 (A6,N113).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032662
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
- JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. "71
moyens de transport que les bêtes de somme, bœufs ou
chevaux.
» Il existe une classe de mendiants qui ont, de père
en fils, le privilège de mendier et ne peuvent avoir
d'autre profession Leur costume est fort propre et leur
tête est couverte d'un très-grand chapeau à larges bords
qui retombent au-dessous des yeux. Le costume et le
chapeau sont blancs, et la vie de ces mendiants se passe
à s'arrêter devant chaque porte et à frapper avec une
petite baguette en fer sur un instrument en métal pour
indiquer leur présence. 11 est rare que le propriétaire ne
leur donne pas quelque menue monnaie.
« Tout se passe avec l'ordre le plus parfait dans cette
ville, et je pense qu'il doit en être de même dans toutes
les autres villes du Japon. La police est faite par des
jacoumines ou officiers, car tout employé du gouverne-
ment a un rang militaire et porte le double sabre en
usage dans le pays. Très-polis d'ailleurs, ces officiers
sont inflexibles pour l'accomplissement de leurs devoirs.
Il y va de la vie pour les plus légères infractions, et ils
se punissent eux-mêmes en s'ouvrant le ventre par des
incisions en croix.
» Les bonzes, contrairement à ce qui a lieu en Chilie,
paraissent très-puissants. Ils sont d'ailleurs instruits et
marchent à la tête de la population. Leur habillement,
tout de crêpe et de soie, avec une espèce de chasuble
dorée, est d'une grande richesse, et a quelque analogie
avec celui de nos évêques lorsqu'ils officient.
» Le commerce français est représenté à Nangasaki
par deux négociants seulement; les Hollandais et les
Russes sont plus avancés au Japon que les autres puis-
sances. Les premiers, depuis de très-longues années,
avaient des relations bien établies avec le gouvernement
japonais ; obligés de quitter la ville de Irado ou Firando,
dans la mer Intérieure, ils ont obtenu la concession de
l'île Desima dans Nangasaki même. Ils ont fait là de
belles constructions et y ont établi un bazar qui ren-
ferme les plus jolis objets d'art, soit anciens, soit nou-
veaux du Japon. Seulement ils sont obligés de mettre
ces objets sous le nom de marchands japonais, hommes
de paille, qui leur évitent les tracasseries sans nombre
de la douane.
» Quant aux Russes, ils se sont fait concéder un em-
placement de l'autre côté de la rade, et ils y commencent
des travaux d'installation. Déjà des hauts-fourneaux y
sont construits, et un colonel du génie y réside à poste
fixe avec plusieurs officiers. Je crois qu'ils s'occupent
de 1 extraction du charbon de terre existant en assez
grande quantité dans le pays. C'est là une des richesses
minéralogiques de ce pays, qui doit en renfermer beau-
coup d'autres et surtout métallurgiques.
» La vie animale est à très-bas prix à Nangasaki, où
le poisson, le gibier, les légumes et les fruits abondent ;
mais la viande de bœuf et celle de mouton y sont très-
rares.
» Le climat y est doux; jamais on ne voit de neige;
il pleut assez souvent pendant l'hiver.
Nangasaki est renommé par la vente des belles
laques qui se fabriquent à Miko; par les vieilles laques,
devenues si rares aujourd'hui et qui jouissent d'une
grande réputation ; par sa porcelaine, qui vient égale-
ment de Miko, et par sa fabrique d'armes.
» Après un temps d'arrêt de quatre jours à Nanga-
saki, ne pouvant me rendre à Jedo, je tentai d'aller à
bzaka, dans la mer Intérieure. Aucun étranger n'avait
encore pénétré dans cette ville, et l'on racontait des
merveilles de la mer Intérieure.
» Tout ce que l'on m'avait dit sur les beautés du pays
que cette mer traverse est encore bien au-dessous de la
vérité. Je doute que l'on puisse faire un plus joli voyage
et plus curieux. Pour le résumer en quelques lignes,
je dirai que de Nangasaki à Ozaka on navigue constam-
ment dans une succession de cinq ou six lacs de Ge-
nève bordés de montagnes du plus riant aspect, cou-
vertes d'arbres d'une hauteur et d'une grosseur prodi-
gieuses, portant les uns un feuillage vert, les autres des
fleurs de toutes variétés. Au pied de ces montagnes, des
villes et des villages qui se succèdent sans interruption,
et des ports remplis de jonques ,de toutes formes et de
toutes couleurs.
» La mer Intérieure est couverte de jonques de com-
merce et de bateaux de pêcheurs, le poisson étant la
principale nourriture des habitants. Les maisons sont
entourées de jardins plantés d'orangers couverts de
fruits, de bananiers, de pommiers, etc., etc.
» Après trois jours d'une marche de dix à douze
nœuds à l'heure à travers ces bassins successifs (nous
ne marchionsque le jour), nous arrivâmes devant Ozaka,
mais en grande rade, les bâtiments de fort tonnage ne
pouvant approcher de la terre.
» Je fis demander au gouverneur l'autorisation de vi-
siter la ville pour quelques officiers français, ne voulant
pas me faire connaître.
» Le gouverneur était à la campagne, et on nous dit
qu'on allait lui expédier un courrier.
» Le lendemain, quatre officiers japonais vinrent à
bord dans une assez belle jonque de l'Etat. Ils visitèrent
le bâtiment avec la plus grande curiosité et parurent
surpris de voir à bord de si gros canons. Tout frappait
l'imagination de ces hommes intelligents qui, malgré
les traditions défavorables aux Européens, ne pouvaient
se dissimuler notre immense supériorité.
» Après avoir attendu vingt-quatre heures la réponse
du gouverneur et pressé par le temps, je donnai l'ordre
du retour à Nangasaki, me contentant d'admirer de
loin et à la longue-vue cette ville, qu'aucun Européen
n'a jamais visitée et qui a un très-grand développement.
» Je quittai Nangasaki le 14, au matin, et j'arrivai le
16, au soir, à Shanghaï, où, quelques jours avant, étaient
arrivées les troupes venant du Peïho.
» Je m'empresse de vous adresser ce récit hâté d'un
voyageur encore sous l'impression des choses nouvelles"
et curieuses qu'il a vues, et qui cependant peuvent
donner lieu à quelques observations utiles.
» Général DE MONTAUBAN. »
LES TRAVAUX DU CANAL DE SUEZ.
Sous ce titre, la Patrie a voulu dire aussi s'jn sen-
i timent et faire connaître ses informations sur les
moyens de transport que les bêtes de somme, bœufs ou
chevaux.
» Il existe une classe de mendiants qui ont, de père
en fils, le privilège de mendier et ne peuvent avoir
d'autre profession Leur costume est fort propre et leur
tête est couverte d'un très-grand chapeau à larges bords
qui retombent au-dessous des yeux. Le costume et le
chapeau sont blancs, et la vie de ces mendiants se passe
à s'arrêter devant chaque porte et à frapper avec une
petite baguette en fer sur un instrument en métal pour
indiquer leur présence. 11 est rare que le propriétaire ne
leur donne pas quelque menue monnaie.
« Tout se passe avec l'ordre le plus parfait dans cette
ville, et je pense qu'il doit en être de même dans toutes
les autres villes du Japon. La police est faite par des
jacoumines ou officiers, car tout employé du gouverne-
ment a un rang militaire et porte le double sabre en
usage dans le pays. Très-polis d'ailleurs, ces officiers
sont inflexibles pour l'accomplissement de leurs devoirs.
Il y va de la vie pour les plus légères infractions, et ils
se punissent eux-mêmes en s'ouvrant le ventre par des
incisions en croix.
» Les bonzes, contrairement à ce qui a lieu en Chilie,
paraissent très-puissants. Ils sont d'ailleurs instruits et
marchent à la tête de la population. Leur habillement,
tout de crêpe et de soie, avec une espèce de chasuble
dorée, est d'une grande richesse, et a quelque analogie
avec celui de nos évêques lorsqu'ils officient.
» Le commerce français est représenté à Nangasaki
par deux négociants seulement; les Hollandais et les
Russes sont plus avancés au Japon que les autres puis-
sances. Les premiers, depuis de très-longues années,
avaient des relations bien établies avec le gouvernement
japonais ; obligés de quitter la ville de Irado ou Firando,
dans la mer Intérieure, ils ont obtenu la concession de
l'île Desima dans Nangasaki même. Ils ont fait là de
belles constructions et y ont établi un bazar qui ren-
ferme les plus jolis objets d'art, soit anciens, soit nou-
veaux du Japon. Seulement ils sont obligés de mettre
ces objets sous le nom de marchands japonais, hommes
de paille, qui leur évitent les tracasseries sans nombre
de la douane.
» Quant aux Russes, ils se sont fait concéder un em-
placement de l'autre côté de la rade, et ils y commencent
des travaux d'installation. Déjà des hauts-fourneaux y
sont construits, et un colonel du génie y réside à poste
fixe avec plusieurs officiers. Je crois qu'ils s'occupent
de 1 extraction du charbon de terre existant en assez
grande quantité dans le pays. C'est là une des richesses
minéralogiques de ce pays, qui doit en renfermer beau-
coup d'autres et surtout métallurgiques.
» La vie animale est à très-bas prix à Nangasaki, où
le poisson, le gibier, les légumes et les fruits abondent ;
mais la viande de bœuf et celle de mouton y sont très-
rares.
» Le climat y est doux; jamais on ne voit de neige;
il pleut assez souvent pendant l'hiver.
Nangasaki est renommé par la vente des belles
laques qui se fabriquent à Miko; par les vieilles laques,
devenues si rares aujourd'hui et qui jouissent d'une
grande réputation ; par sa porcelaine, qui vient égale-
ment de Miko, et par sa fabrique d'armes.
» Après un temps d'arrêt de quatre jours à Nanga-
saki, ne pouvant me rendre à Jedo, je tentai d'aller à
bzaka, dans la mer Intérieure. Aucun étranger n'avait
encore pénétré dans cette ville, et l'on racontait des
merveilles de la mer Intérieure.
» Tout ce que l'on m'avait dit sur les beautés du pays
que cette mer traverse est encore bien au-dessous de la
vérité. Je doute que l'on puisse faire un plus joli voyage
et plus curieux. Pour le résumer en quelques lignes,
je dirai que de Nangasaki à Ozaka on navigue constam-
ment dans une succession de cinq ou six lacs de Ge-
nève bordés de montagnes du plus riant aspect, cou-
vertes d'arbres d'une hauteur et d'une grosseur prodi-
gieuses, portant les uns un feuillage vert, les autres des
fleurs de toutes variétés. Au pied de ces montagnes, des
villes et des villages qui se succèdent sans interruption,
et des ports remplis de jonques ,de toutes formes et de
toutes couleurs.
» La mer Intérieure est couverte de jonques de com-
merce et de bateaux de pêcheurs, le poisson étant la
principale nourriture des habitants. Les maisons sont
entourées de jardins plantés d'orangers couverts de
fruits, de bananiers, de pommiers, etc., etc.
» Après trois jours d'une marche de dix à douze
nœuds à l'heure à travers ces bassins successifs (nous
ne marchionsque le jour), nous arrivâmes devant Ozaka,
mais en grande rade, les bâtiments de fort tonnage ne
pouvant approcher de la terre.
» Je fis demander au gouverneur l'autorisation de vi-
siter la ville pour quelques officiers français, ne voulant
pas me faire connaître.
» Le gouverneur était à la campagne, et on nous dit
qu'on allait lui expédier un courrier.
» Le lendemain, quatre officiers japonais vinrent à
bord dans une assez belle jonque de l'Etat. Ils visitèrent
le bâtiment avec la plus grande curiosité et parurent
surpris de voir à bord de si gros canons. Tout frappait
l'imagination de ces hommes intelligents qui, malgré
les traditions défavorables aux Européens, ne pouvaient
se dissimuler notre immense supériorité.
» Après avoir attendu vingt-quatre heures la réponse
du gouverneur et pressé par le temps, je donnai l'ordre
du retour à Nangasaki, me contentant d'admirer de
loin et à la longue-vue cette ville, qu'aucun Européen
n'a jamais visitée et qui a un très-grand développement.
» Je quittai Nangasaki le 14, au matin, et j'arrivai le
16, au soir, à Shanghaï, où, quelques jours avant, étaient
arrivées les troupes venant du Peïho.
» Je m'empresse de vous adresser ce récit hâté d'un
voyageur encore sous l'impression des choses nouvelles"
et curieuses qu'il a vues, et qui cependant peuvent
donner lieu à quelques observations utiles.
» Général DE MONTAUBAN. »
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