Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1861 15 février 1861
Description : 1861/02/15 (A6,N112). 1861/02/15 (A6,N112).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203265n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS., - 55
dernes, qu'on peut comparer à la découverte de l'Amé-
rique au xve siècle. Si le traité de Pékin est complétement
exécuté pendant quelques années, l'Europe aura conquis
- la Chine. Les 400 millions d'habitants de l'empire Céleste,
malgré leur aptitude pour les sciences exactes, n'en
connaissent que le côté pratique et productif, le gou-
vernement chinois devant envoyer chaque année le
nouveau calendrier à Canton pour le faire corriger par
les Européens. L'intérêt est le seul moteur des Chinois,
même dans les affaires où le cœur devrait l'emporter.
Nous devons cependant tenir compte des innombrables
préjugés qui règnent en Europe sur l'état présent de la
Chine, et nous rappeler que cet immense et riche em-
pire contient presque la moitié dil genre humain tout
entier. Si on parcourt les différents ouvrages publiés
dans ces dernières années sur l'empire chinois, et spé-
cialement ceux .de l'abbé Hue, célèbre missionnaire
français dont on déplore la mort récente, nous y trou-
verons plus d'un sujet d'étonnement. Les pages de l'abbé
Hue, qui ont été couronnées par l'Académie des sciences
de Paris, et qu'on a imprimées sous différents formats
avec un succès universel, nous présentent un tableau ani-
mé d'exquise civilité et de hideuse barbarie. La fureur
du jeu, les millions d'infanticides annuels résultat des
[ superstitions et de la pauvreté, nous. affligent l'âme et
nous laissent apercevoir qu'un voile impur couvre la
putréfaction d'une vieille société, privée de foi religieuse,
sceptique, régie par les lois athées qui n'ont d'autre
sanction que les verges et l'échafaud! Le christianisme
qui annoblit le sang humain et inspire un respect infini
pour la vie de l'homme, paraît s'être à peine laissé entre-
voir dans cet immense empire.
» Cependant le caractère éminemment observateur et
industrieux des Chinois a enrichi leur pratique d'une
série d'applications utiles et faciles; nous en signale-
rons quelques unes, dans le but d'en suggérer la facile
vérification. Le peuple chinois est certainement le pre-
mier agronome du monde. L'abbé Hue, par exemple,
en nous décrivant la découverte du riz impérial (yu-mi),
faite par le grand empereur Khang, nous assure avoir
expédié en Europe cette espèce de riz sec qui ne néces.
site pas d'irrigations et qui, dans les pays méridio-
naux, donne deux récoltes. Nous pensons que cette
précieuse espèce de riz est la même que celle qui nous
a été envoyée, il y a deux ans, par M. de Montigny.
Nous tenons encore à la disposition des agronomes qui
voudront en expérimenter la culture en Italie, quel-
ques graines des deux espèces rouge et blanche. Les
agriculteurs chinois divisent les nombreuses espèces
de grains en deux grandes catégories : l'une qui com-
prend l'espèce et variété dont la floraison commence
toujours et invariablement pendant la nuit ; l'autre,
celle qui ne fleurit que pendant le jour. Le choix du
terrain, le moment de l'ensemencement et le mode de
culture, varient selon les espèces, l'agronome chinois
ayant expérimenté que l'on compromet les récoltes
lorsque l'on ne tient pas compte de ces circonstances.
Si les maladies qui affligent notre agriculture devaient
atteindre le blé, nous ferions probablement cas des ob-
servations chinoises, à moins que cependant de sem-
blables distinctions ne soient connues des Européens,
sous d'autres formes peut-être. Les Chinois connaissent
la pisciculture depuis plusieurs siècles, et leur sagacité
est évidente dans les grandes comme dans les petites cho-
ses. Ils ont découvert une espèce de polype (tsou-no-dze),
qui jouit de la singulière propriété de transformer l'eau
en un excellent vinaigre. Les Chinois ont reconnu de-
puis plusieurs siècles que leurs hirondelles, d'une es-
pèce différente des nôtres peut-être, ne traversent pas
les mers et ne vivent pas sous l'eau, comme plusieurs
personnes le croient, mais passent l'hiver dans les en-
virons des campagnes, entassées dans les fentes des
montagnes ou des cavernes.
» Les Chinois ayant observé que la prunelle de l'œil du
chat se resserre vers midi, de telle façon qu'à midi pré-
cis elle ne présente qu'une ligne d'une extrême finesse,
ils se servent du chat comme d'une montre. Nous som-
mes persuadés que la révélation d'un pareil secret ne
nuira pas à nos horlogers, car il y aura toujours peu
de gens qui pour connaître l'heure juste de midi, vou-
dront courir après un chat, pour lui observer les yeux
au risque de se faire arracher les leurs ! — Une autre
découverte non moins curieuse sera peut-être agréable
à plus d'un habitant des grandes villes ne pouvant s'en-
dormir que vers l'aurore. En effet plusieurs personnes
se plaignent de ce que leur sommeil est troublé le matin,
depuis que la médecine prescrit dans beaucoup de cas
l'usage quotidien.du lait frais d'un quadrupède, dont le
nom, composé de cinq lettres (en italien), peut se pronon-
cer en énonçant seulement la première lettre de l'alpha-
bet, suivie du double signe affirmatif et négatif de la
tête. Et en vérité, la police qui nous a délivrés de la
musique parfois si incommode des orgues de Barbarie,
serait embarrassée s'il lui fallait limiter les chants
assourdissants du cheval de Silène. M. Hue nous ra-
conte que les Chinois atteignent facilement cet utile
but, en attachant une pierre à l'extrémité de la queue
du quadrupède chantant. Ce moyen a été indiqué par
cette observation que lorsque ces animaux veulent en-
tonner leur chanson favorite, ils commencent d'abord
par lever la queue.
» Que de connaissances utiles et curieuses dont nous
pourrons nous enrichir, lorsqu'on aura enfin ouvert le
chemin de l'isthme de Suee qui doit abréger de moitié
la longueur du voyage de Chine ! Un savant mandarin
exprimait son étonnement à l'abbé Hue de ce que les
Européens n'avaient pas encore fait le canal de l'isthme
de Suez, tandis que les Chinois ont creusé, il y a plu-
sieurs siècles, des canaux beaucoup plus longs et de
construction bien plus difficile. A tous ceux qui nous
demandent de temps à autre où en sont les travaux
de l'isthme de Suez, nous sommes heureux de pouvoir
répondre qu'ils semblent avancer suffisamment, malgré
l'opposition bien connue qui se fait parfois sentir. La
paix conclue avec la Chine, paix qui ouvre définitive -
ment les portes de l'empire Céleste au commerce euro-
péen, est un nouvel et puissant argument en faveur de
l'urgence de la canalisation de l'isthme de Suez. En
plantant leur drapeau sur les murs de Pékin, Anglais et Fran-
çais ont donné un vigoureux coup de pioche au canal de
Suez. Le dernier numéro du journal de la Société l'Isthme
de Suez nous donne de bonnes nouvelles sur la marche
dernes, qu'on peut comparer à la découverte de l'Amé-
rique au xve siècle. Si le traité de Pékin est complétement
exécuté pendant quelques années, l'Europe aura conquis
- la Chine. Les 400 millions d'habitants de l'empire Céleste,
malgré leur aptitude pour les sciences exactes, n'en
connaissent que le côté pratique et productif, le gou-
vernement chinois devant envoyer chaque année le
nouveau calendrier à Canton pour le faire corriger par
les Européens. L'intérêt est le seul moteur des Chinois,
même dans les affaires où le cœur devrait l'emporter.
Nous devons cependant tenir compte des innombrables
préjugés qui règnent en Europe sur l'état présent de la
Chine, et nous rappeler que cet immense et riche em-
pire contient presque la moitié dil genre humain tout
entier. Si on parcourt les différents ouvrages publiés
dans ces dernières années sur l'empire chinois, et spé-
cialement ceux .de l'abbé Hue, célèbre missionnaire
français dont on déplore la mort récente, nous y trou-
verons plus d'un sujet d'étonnement. Les pages de l'abbé
Hue, qui ont été couronnées par l'Académie des sciences
de Paris, et qu'on a imprimées sous différents formats
avec un succès universel, nous présentent un tableau ani-
mé d'exquise civilité et de hideuse barbarie. La fureur
du jeu, les millions d'infanticides annuels résultat des
[ superstitions et de la pauvreté, nous. affligent l'âme et
nous laissent apercevoir qu'un voile impur couvre la
putréfaction d'une vieille société, privée de foi religieuse,
sceptique, régie par les lois athées qui n'ont d'autre
sanction que les verges et l'échafaud! Le christianisme
qui annoblit le sang humain et inspire un respect infini
pour la vie de l'homme, paraît s'être à peine laissé entre-
voir dans cet immense empire.
» Cependant le caractère éminemment observateur et
industrieux des Chinois a enrichi leur pratique d'une
série d'applications utiles et faciles; nous en signale-
rons quelques unes, dans le but d'en suggérer la facile
vérification. Le peuple chinois est certainement le pre-
mier agronome du monde. L'abbé Hue, par exemple,
en nous décrivant la découverte du riz impérial (yu-mi),
faite par le grand empereur Khang, nous assure avoir
expédié en Europe cette espèce de riz sec qui ne néces.
site pas d'irrigations et qui, dans les pays méridio-
naux, donne deux récoltes. Nous pensons que cette
précieuse espèce de riz est la même que celle qui nous
a été envoyée, il y a deux ans, par M. de Montigny.
Nous tenons encore à la disposition des agronomes qui
voudront en expérimenter la culture en Italie, quel-
ques graines des deux espèces rouge et blanche. Les
agriculteurs chinois divisent les nombreuses espèces
de grains en deux grandes catégories : l'une qui com-
prend l'espèce et variété dont la floraison commence
toujours et invariablement pendant la nuit ; l'autre,
celle qui ne fleurit que pendant le jour. Le choix du
terrain, le moment de l'ensemencement et le mode de
culture, varient selon les espèces, l'agronome chinois
ayant expérimenté que l'on compromet les récoltes
lorsque l'on ne tient pas compte de ces circonstances.
Si les maladies qui affligent notre agriculture devaient
atteindre le blé, nous ferions probablement cas des ob-
servations chinoises, à moins que cependant de sem-
blables distinctions ne soient connues des Européens,
sous d'autres formes peut-être. Les Chinois connaissent
la pisciculture depuis plusieurs siècles, et leur sagacité
est évidente dans les grandes comme dans les petites cho-
ses. Ils ont découvert une espèce de polype (tsou-no-dze),
qui jouit de la singulière propriété de transformer l'eau
en un excellent vinaigre. Les Chinois ont reconnu de-
puis plusieurs siècles que leurs hirondelles, d'une es-
pèce différente des nôtres peut-être, ne traversent pas
les mers et ne vivent pas sous l'eau, comme plusieurs
personnes le croient, mais passent l'hiver dans les en-
virons des campagnes, entassées dans les fentes des
montagnes ou des cavernes.
» Les Chinois ayant observé que la prunelle de l'œil du
chat se resserre vers midi, de telle façon qu'à midi pré-
cis elle ne présente qu'une ligne d'une extrême finesse,
ils se servent du chat comme d'une montre. Nous som-
mes persuadés que la révélation d'un pareil secret ne
nuira pas à nos horlogers, car il y aura toujours peu
de gens qui pour connaître l'heure juste de midi, vou-
dront courir après un chat, pour lui observer les yeux
au risque de se faire arracher les leurs ! — Une autre
découverte non moins curieuse sera peut-être agréable
à plus d'un habitant des grandes villes ne pouvant s'en-
dormir que vers l'aurore. En effet plusieurs personnes
se plaignent de ce que leur sommeil est troublé le matin,
depuis que la médecine prescrit dans beaucoup de cas
l'usage quotidien.du lait frais d'un quadrupède, dont le
nom, composé de cinq lettres (en italien), peut se pronon-
cer en énonçant seulement la première lettre de l'alpha-
bet, suivie du double signe affirmatif et négatif de la
tête. Et en vérité, la police qui nous a délivrés de la
musique parfois si incommode des orgues de Barbarie,
serait embarrassée s'il lui fallait limiter les chants
assourdissants du cheval de Silène. M. Hue nous ra-
conte que les Chinois atteignent facilement cet utile
but, en attachant une pierre à l'extrémité de la queue
du quadrupède chantant. Ce moyen a été indiqué par
cette observation que lorsque ces animaux veulent en-
tonner leur chanson favorite, ils commencent d'abord
par lever la queue.
» Que de connaissances utiles et curieuses dont nous
pourrons nous enrichir, lorsqu'on aura enfin ouvert le
chemin de l'isthme de Suee qui doit abréger de moitié
la longueur du voyage de Chine ! Un savant mandarin
exprimait son étonnement à l'abbé Hue de ce que les
Européens n'avaient pas encore fait le canal de l'isthme
de Suez, tandis que les Chinois ont creusé, il y a plu-
sieurs siècles, des canaux beaucoup plus longs et de
construction bien plus difficile. A tous ceux qui nous
demandent de temps à autre où en sont les travaux
de l'isthme de Suez, nous sommes heureux de pouvoir
répondre qu'ils semblent avancer suffisamment, malgré
l'opposition bien connue qui se fait parfois sentir. La
paix conclue avec la Chine, paix qui ouvre définitive -
ment les portes de l'empire Céleste au commerce euro-
péen, est un nouvel et puissant argument en faveur de
l'urgence de la canalisation de l'isthme de Suez. En
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çais ont donné un vigoureux coup de pioche au canal de
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