Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1861 01 février 1861
Description : 1861/02/01 (A6,N111). 1861/02/01 (A6,N111).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032647
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 39
l'exemple des chemins de fer, le canal de Suez abré-
geant les distances, économisant les frais, rendant à
l'intercourse d'immenses rivages isolés jusqu'ici de
presque tous rapports avec la civilisation occidentale,
suscitera un mouvement dont l'avenir seul nous ré-
vélera l'étendue. Indépendamment de la mise en va-
leur progressive de ces terres dont nous ne dédai-
gnons pas plus l'importance que ne le fait l'intelli-
gent écrivain, nous rappelons donc que la Com-
pagnie a toujours fait des droits de péage sur le ca-
nal la base d'un de ses revenus les plus considérables
et les plus progressifs.
Nous trouvons encore bien rigoureuse la condam-
nation dont est l'objet le gouvernement turc, et nous
ne pouvons partager cette rigueur. Mais dans cette
sévérité même, ce gouvernement pourra trouver
un avertissement et un conseil, opportuns plus que
jamais, après certains actes récents arrachés à sa fai-
blesse. Il le voit: pendant que la diplomatie anglaise
lui impose des démarches qui lui coûtent et lui ré-
pugnent, ce sont les Anglais éclairés qui lui font
un crime de sa condescendance et en rejettent sur
lui la responsabilité ; c'est à lui à se mettre du côté
de la civilisation et de l'intérêt public, sous peine de
s'attirer le blâme de la conscience et de l'honnêteté
même parmi ceux qu'il croit servir.
Avant de terminer, disons rapidement un mot
sur une autre circonstance qu'a pensé devoir relever
la lettre dont nous nous occupons : elle croit, sur
la foi d'un correspondant du limes, que des spé-
culateurs d'Alexandrie ayant pris part à la souscrip-
tion, auraient manqué à leurs engagements, et elle
s'élève contre l'immoralité d'un pareil acte. Elle au-
rait raison, si le fait était vrai; mais, Dieu merci, il
n'a rien de fondé. Les actionnaires d'Egypte ayant
pris part à la souscription générale, ont rempli leurs
obligations envers la Compagnie avec la même fidé-
lité, c'est tout dire, que les souscripteurs européens.
En reproduisant l'imputation qui, du reste, n'appar-
tient pas au correspondant du Malta Times, nous
devions l'accompagner de la justification.
Au surplus, c'est surtout par son caractère de libé-
ralisme et de noblesse, par son. esprit de véritable et
pénétrante conciliation que cette lettre nous a frappé,
et elle fait trop d'honneur à celui qui l'a conçue pour
que nous ne soyons pas heureux de la soumettre en
entier à nos lecteurs.
ER.NESR DESPLACES.
Correspondance originale.
M. de Lesseps et le canal de SMex.
Sous ce double titre, on lit dans le Malta Times :
« A L'ÉDITEUR,
» 4 janvier 18G1.
» Une grande partie de la presse et du public anglais,
et par-dessus tout le Times, de Londres, dans son article
satirique, cité par votre dernier numéro, ont montré, à
mon sens, une telle absence de sincérité ou de con-
naissance des faits physiques dans leur manière d'agir
envers M. de Lesseps et le canal de Suez, que vous voudrez
bien, je l'espère, m'accorder les moyens d'en appeler a
la raison sérieuse des esprits calmes et réfléchis en
faveur d'un homme et d'un objet auxquels je trouve
qu'on a constamment refusé ce privilège de « franc jeu
(fair play), dont s'enorgueillissent les Anglais. Quoique
lord Palmerston, sagement ou non, c'est ce que je
n'examine pas, ait dénoncé de son siège au parlement,
le 7 juillet 1877, le projet comme d'une possibilité
d'exécution douteuse, commercialement désastreux, et
inspiré par le calcul d'affaiblir la suprématie politique
et impériale de la Turquie, ce ne sont là que des asser-
tions, des coups de théâtre d'un chef de parti exigeant
pour tous les hommes graves et consciencieux au moins
une investigation avant d'être aveuglément adoptés.
11 est vrai que l'expérience scientifique et le caractère
élevé de Robert Stephenson, du capitaine Spratt et
autres, ont été mis à profit par sa seigneurie pour
combattre le projet au point de vue technique, et que
le poids de pareils hommes a aidé très-matériellement
les plans et les efforts de l'opposition anglaise. Toute-
fois, l'esprit de parti était hostilement évoqué ; il allait
murmurant au dehors qu'il y avait là un secret souter-
rain, un complot astucieusement combiné, caché sous le
projet public ; qu'en fait, c'était un plan mystérieux de
l'impénétrable Empereur des Français, pour se saisir do
l'Egypte ou l'occuper, intercepter nos communications
avec l'Inde, monopoliser le commerce oriental, et par
cette porte maritime répandre dans la mer Rouge ses
flottes et ses légions, afin d'éteindre à jamais en Orient
le nom et l'empire desAnglo-Saxons. Quelles que fussent
les excuses de lord Palmerston, tel était, ni plus ni moins,
le sens de sa pensée indiquée seulement par des insi-
nuations.
» Si lord Palmerston avait été aussi sage qu'il devrait
l'être à son âge, s'il n'avait pas eu besoin de ranimer
une popularité qui alors déclinait rapidement, il serait
arrivé à ses fins, il aurait également sauvé l'Angleterre,
en abandonnant à ses confédérés le soin de prémunir leurs
concitoyens par leurs avertissements, et en laissant le
projet mourir de sa belle mort, sans l'irritation pro-
duite par ses remarques. Quiconque connaît Ferdinand
de Lesseps ne peut ignorer qu'il possède deux qualités:
une résolution ferme, basée sur une ferme conviction,
et une grande noblesse de conduite il l'égard de ceux
qui ne partagent pas son opinion. Quant à la sincérité
de sa conviction que le canal de Suez sera non-seulement
profitable au monde commercial, mais encore un bienfait
pour l'humanité entière, j'y crois sincèrement et so-
lennellement. Que l'excavation d'un canal dans l'isthme
soit simple, praticable et facile, comparée à des ouvrages
similaires en Angleterre, dans l'Inde et aux États-Unis,
nous avons pour l'affirmative la haute autorité de Né-
grelli, de Mouchelet, de Mougel et celle des ingénieurs
distingués ayant formé la partie scientifique de la
grande commission internationale. Que le but soit grand
et noble da pratiquer et ouvrir entre les deux conti-
l'exemple des chemins de fer, le canal de Suez abré-
geant les distances, économisant les frais, rendant à
l'intercourse d'immenses rivages isolés jusqu'ici de
presque tous rapports avec la civilisation occidentale,
suscitera un mouvement dont l'avenir seul nous ré-
vélera l'étendue. Indépendamment de la mise en va-
leur progressive de ces terres dont nous ne dédai-
gnons pas plus l'importance que ne le fait l'intelli-
gent écrivain, nous rappelons donc que la Com-
pagnie a toujours fait des droits de péage sur le ca-
nal la base d'un de ses revenus les plus considérables
et les plus progressifs.
Nous trouvons encore bien rigoureuse la condam-
nation dont est l'objet le gouvernement turc, et nous
ne pouvons partager cette rigueur. Mais dans cette
sévérité même, ce gouvernement pourra trouver
un avertissement et un conseil, opportuns plus que
jamais, après certains actes récents arrachés à sa fai-
blesse. Il le voit: pendant que la diplomatie anglaise
lui impose des démarches qui lui coûtent et lui ré-
pugnent, ce sont les Anglais éclairés qui lui font
un crime de sa condescendance et en rejettent sur
lui la responsabilité ; c'est à lui à se mettre du côté
de la civilisation et de l'intérêt public, sous peine de
s'attirer le blâme de la conscience et de l'honnêteté
même parmi ceux qu'il croit servir.
Avant de terminer, disons rapidement un mot
sur une autre circonstance qu'a pensé devoir relever
la lettre dont nous nous occupons : elle croit, sur
la foi d'un correspondant du limes, que des spé-
culateurs d'Alexandrie ayant pris part à la souscrip-
tion, auraient manqué à leurs engagements, et elle
s'élève contre l'immoralité d'un pareil acte. Elle au-
rait raison, si le fait était vrai; mais, Dieu merci, il
n'a rien de fondé. Les actionnaires d'Egypte ayant
pris part à la souscription générale, ont rempli leurs
obligations envers la Compagnie avec la même fidé-
lité, c'est tout dire, que les souscripteurs européens.
En reproduisant l'imputation qui, du reste, n'appar-
tient pas au correspondant du Malta Times, nous
devions l'accompagner de la justification.
Au surplus, c'est surtout par son caractère de libé-
ralisme et de noblesse, par son. esprit de véritable et
pénétrante conciliation que cette lettre nous a frappé,
et elle fait trop d'honneur à celui qui l'a conçue pour
que nous ne soyons pas heureux de la soumettre en
entier à nos lecteurs.
ER.NESR DESPLACES.
Correspondance originale.
M. de Lesseps et le canal de SMex.
Sous ce double titre, on lit dans le Malta Times :
« A L'ÉDITEUR,
» 4 janvier 18G1.
» Une grande partie de la presse et du public anglais,
et par-dessus tout le Times, de Londres, dans son article
satirique, cité par votre dernier numéro, ont montré, à
mon sens, une telle absence de sincérité ou de con-
naissance des faits physiques dans leur manière d'agir
envers M. de Lesseps et le canal de Suez, que vous voudrez
bien, je l'espère, m'accorder les moyens d'en appeler a
la raison sérieuse des esprits calmes et réfléchis en
faveur d'un homme et d'un objet auxquels je trouve
qu'on a constamment refusé ce privilège de « franc jeu
(fair play), dont s'enorgueillissent les Anglais. Quoique
lord Palmerston, sagement ou non, c'est ce que je
n'examine pas, ait dénoncé de son siège au parlement,
le 7 juillet 1877, le projet comme d'une possibilité
d'exécution douteuse, commercialement désastreux, et
inspiré par le calcul d'affaiblir la suprématie politique
et impériale de la Turquie, ce ne sont là que des asser-
tions, des coups de théâtre d'un chef de parti exigeant
pour tous les hommes graves et consciencieux au moins
une investigation avant d'être aveuglément adoptés.
11 est vrai que l'expérience scientifique et le caractère
élevé de Robert Stephenson, du capitaine Spratt et
autres, ont été mis à profit par sa seigneurie pour
combattre le projet au point de vue technique, et que
le poids de pareils hommes a aidé très-matériellement
les plans et les efforts de l'opposition anglaise. Toute-
fois, l'esprit de parti était hostilement évoqué ; il allait
murmurant au dehors qu'il y avait là un secret souter-
rain, un complot astucieusement combiné, caché sous le
projet public ; qu'en fait, c'était un plan mystérieux de
l'impénétrable Empereur des Français, pour se saisir do
l'Egypte ou l'occuper, intercepter nos communications
avec l'Inde, monopoliser le commerce oriental, et par
cette porte maritime répandre dans la mer Rouge ses
flottes et ses légions, afin d'éteindre à jamais en Orient
le nom et l'empire desAnglo-Saxons. Quelles que fussent
les excuses de lord Palmerston, tel était, ni plus ni moins,
le sens de sa pensée indiquée seulement par des insi-
nuations.
» Si lord Palmerston avait été aussi sage qu'il devrait
l'être à son âge, s'il n'avait pas eu besoin de ranimer
une popularité qui alors déclinait rapidement, il serait
arrivé à ses fins, il aurait également sauvé l'Angleterre,
en abandonnant à ses confédérés le soin de prémunir leurs
concitoyens par leurs avertissements, et en laissant le
projet mourir de sa belle mort, sans l'irritation pro-
duite par ses remarques. Quiconque connaît Ferdinand
de Lesseps ne peut ignorer qu'il possède deux qualités:
une résolution ferme, basée sur une ferme conviction,
et une grande noblesse de conduite il l'égard de ceux
qui ne partagent pas son opinion. Quant à la sincérité
de sa conviction que le canal de Suez sera non-seulement
profitable au monde commercial, mais encore un bienfait
pour l'humanité entière, j'y crois sincèrement et so-
lennellement. Que l'excavation d'un canal dans l'isthme
soit simple, praticable et facile, comparée à des ouvrages
similaires en Angleterre, dans l'Inde et aux États-Unis,
nous avons pour l'affirmative la haute autorité de Né-
grelli, de Mouchelet, de Mougel et celle des ingénieurs
distingués ayant formé la partie scientifique de la
grande commission internationale. Que le but soit grand
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