Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1861 01 avril 1861
Description : 1861/04/01 (A6,N115). 1861/04/01 (A6,N115).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203268w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 103 -1.
tière. Nous pouvons à ces opinions ajouter une au-
torité de plus.
Un écrivain anglais, M. Laurence Oliphant, dans
une relation - intitulée Voyage pittoresque d'un An-
glais en Russie, a été amené par son sujet à exa-
miner cette grande question de l'établissement
d'un canal entre la mer Rouge et la Méditerranée.
Au moment où il écrivait, il n'était pas question de
la Compagnie qui poursuit actuellement l'exécuion
de cette entreprise ; l'auteur était donc dégagé de
toute espèce de préoccupation. Ajoutons, pour donner
une idée de la valeur et du succès de son livre,
qu'il est à sa douzième édition. Or, voici comment
M. Oliphant s'exprime sur les avantages et la néces-
sité du percement, de l'isthme dans ses relations avec
la prospérité de l'Angleterre et des Indes :
« Au surplus, ce ne sera pas toujours la condition
» de l'Angleterre de dépendre pour ses approvision-
» nements des greniers étrangers. On peut, sans exa-
» gération, prévoir le moment où elle cessera de tirer
» du blé du littoral de là mer Noire et des provinces
» fertiles de l'Amérique. Sans doute, ses possessions de
» l'Orient, dont le sol recèle tant de richesses, seront
» sillonnées un jour de grandes lignes de chemins de
» fer, et elles pourront répondre, dans leur fécondité
» inépuisable, aux besoins du monde entier. Le perce-
» ment d'un canal à travers l'isthme de Suez permettrait,
» en outre, aux précieuses cargaisons de blé de l'Inde
» d'arriver en Angleterre dans un état de conserva-
» tion impossible aujourd'hui que le grain est exposé
» aux ravages du charançon pendant un trajet de
» plusieurs mois, dans lequel l'équateur est deux fois
» traversé.
» Si l'on veut comparer le climat, le sol, les popu-
- » lations, les ressources de l'Inde et de la Russie, la
» politique de prohibition du gouvernement russe et
» le système libéral de l'Angleterre, on ne doutera
» pas un instant des grands résultats qui seraient la
» conséquence du percement de l'isthme. Certes, nous
n serions mal venus à railler le gouvernement russe
» sur la négligence qu'il apporte à réunir par un ca-
» nal le Volga et le Don, quand nous nous laissons
» détourner d'un semblable projet par les difficultés
» dont l'avenir se jouera. »
A l'heure qu'il est, les prédictions de M. Oliphant
sont en partie réalisées : un vaste réseau de chemin
de fer est partiellement exécuté sur le territoire des
Indes, et il sera complété dans deux ou trois ans. Le
monde civilisé a reconnu pour toutes les nations l'im-
mense utilité du percement de l'isthme, et l'avenir
prévu par l'écrivain britannique est déjà arrivé : le
percement de l'isthme est en pleine opération.
Par ailleurs, l'Angleterre est menacée d'un double
danger du côté de l'Amérique : la rupture de l'Union
et les perturbations qui en peuvent résulter lui font
craindre l'interruption, ou au moins la réduction très.
sensible de ses approvisionnements de coton. En même
temps, un nouveau tarif vient d'être promulgué aux
Etats-Unis qui charge de droits presque prohibitifs
l'importation des produits manufacturés de la Grande-
Bretagne. Celle-ci appréhende d'être contrainte de ne
pouvoir plus tirer de l'Amérique les blés qui lui sont
indispensables, qu'à condition de les payer non plus
en produits de son travail, mais en numéraire, et déjà
la rareté du numéraire se fait de plus en plus ressen-
tir chez nos voisins, à ce point qu'ils sont forcés, pour
le conserver chez eux, d'avoir recours à des hausses
excessives et artificielles dans le taux de l'escompte.
Nous avons écrit, l'année dernière, que le canal
de Suez serait le salut providentiel de l'Angleterre ;
les événements s'accumulent pour nous prouver la
vérité de notre appréciation. C'est par le canal de Suez
que, d'après les justes et graves observations de
M. Oliphant, l'Angleterre peut désormais se sous-
traire au lourd tribut que veulent lui imposer les
Etats-Unis pour sa consommation de blé. C'est encore
le canal de Suez qui lui facilitera les moyens de rap-
procher d'elle l'Inde, sur laquelle elle jette les re-
gards comme devant être sa grande productrice de
coton; c'est le canal de Suez qui mettra les ports de
Bombay et de Kurrachee à une distance presque égale
de celle qui sépare aujourd'hui Manchester et Londres
de la Nouvelle-Orléans et de New-York! Nous ne ces-
serons de nous étonner que dans les discussions qui
s'élèvent journellement en Angleterre sur les dan-
gers de la crise actuelle, on oublie le secours que four-
nit à ses combinaisons nouvelles la route maritime qui
doit traverser l'Egypte. Et à ceux qui doutent encore
de l'intérêt immense qu'aurait l'Angleterre à favoriser
l'établissement du canal, nous présentons comme un
témoignage à coup sûr désintéressé les considérations
très-remarquables et devenues si actuelles de M. Oli-
phant.
ERNEST DESPLACES.
LE COTON EN PERSE.
Les préoccupations du monde industriel sont au-
jourd'hui dirigées vers les moyens de pourvoir au
déficit dont la crise américaine semble menacer la
production du coton et, par conséquent, le travail des
nations manufacturières. On jette les yeux sur toutes
les parties du globe susceptibles de cette culture ; on
interroge leurs ressources, on examine quelles seront
les contrées assez favorisées pour pouvoir fournir le
précieux filament à des prix abordables. La Perse,
à son tour vient se mettre sur les rangs, et comme le
golfe persique est situé à proximité du canal de Suez,
ce passage ajouterait sans doute une facilité consi-
dérable aux approvisionnements que la Perse pour-
rait offrir à l'Europe. Nous croyons donc devoir ap-
peler l'attention du public sur la lettre suivante, que
tière. Nous pouvons à ces opinions ajouter une au-
torité de plus.
Un écrivain anglais, M. Laurence Oliphant, dans
une relation - intitulée Voyage pittoresque d'un An-
glais en Russie, a été amené par son sujet à exa-
miner cette grande question de l'établissement
d'un canal entre la mer Rouge et la Méditerranée.
Au moment où il écrivait, il n'était pas question de
la Compagnie qui poursuit actuellement l'exécuion
de cette entreprise ; l'auteur était donc dégagé de
toute espèce de préoccupation. Ajoutons, pour donner
une idée de la valeur et du succès de son livre,
qu'il est à sa douzième édition. Or, voici comment
M. Oliphant s'exprime sur les avantages et la néces-
sité du percement, de l'isthme dans ses relations avec
la prospérité de l'Angleterre et des Indes :
« Au surplus, ce ne sera pas toujours la condition
» de l'Angleterre de dépendre pour ses approvision-
» nements des greniers étrangers. On peut, sans exa-
» gération, prévoir le moment où elle cessera de tirer
» du blé du littoral de là mer Noire et des provinces
» fertiles de l'Amérique. Sans doute, ses possessions de
» l'Orient, dont le sol recèle tant de richesses, seront
» sillonnées un jour de grandes lignes de chemins de
» fer, et elles pourront répondre, dans leur fécondité
» inépuisable, aux besoins du monde entier. Le perce-
» ment d'un canal à travers l'isthme de Suez permettrait,
» en outre, aux précieuses cargaisons de blé de l'Inde
» d'arriver en Angleterre dans un état de conserva-
» tion impossible aujourd'hui que le grain est exposé
» aux ravages du charançon pendant un trajet de
» plusieurs mois, dans lequel l'équateur est deux fois
» traversé.
» Si l'on veut comparer le climat, le sol, les popu-
- » lations, les ressources de l'Inde et de la Russie, la
» politique de prohibition du gouvernement russe et
» le système libéral de l'Angleterre, on ne doutera
» pas un instant des grands résultats qui seraient la
» conséquence du percement de l'isthme. Certes, nous
n serions mal venus à railler le gouvernement russe
» sur la négligence qu'il apporte à réunir par un ca-
» nal le Volga et le Don, quand nous nous laissons
» détourner d'un semblable projet par les difficultés
» dont l'avenir se jouera. »
A l'heure qu'il est, les prédictions de M. Oliphant
sont en partie réalisées : un vaste réseau de chemin
de fer est partiellement exécuté sur le territoire des
Indes, et il sera complété dans deux ou trois ans. Le
monde civilisé a reconnu pour toutes les nations l'im-
mense utilité du percement de l'isthme, et l'avenir
prévu par l'écrivain britannique est déjà arrivé : le
percement de l'isthme est en pleine opération.
Par ailleurs, l'Angleterre est menacée d'un double
danger du côté de l'Amérique : la rupture de l'Union
et les perturbations qui en peuvent résulter lui font
craindre l'interruption, ou au moins la réduction très.
sensible de ses approvisionnements de coton. En même
temps, un nouveau tarif vient d'être promulgué aux
Etats-Unis qui charge de droits presque prohibitifs
l'importation des produits manufacturés de la Grande-
Bretagne. Celle-ci appréhende d'être contrainte de ne
pouvoir plus tirer de l'Amérique les blés qui lui sont
indispensables, qu'à condition de les payer non plus
en produits de son travail, mais en numéraire, et déjà
la rareté du numéraire se fait de plus en plus ressen-
tir chez nos voisins, à ce point qu'ils sont forcés, pour
le conserver chez eux, d'avoir recours à des hausses
excessives et artificielles dans le taux de l'escompte.
Nous avons écrit, l'année dernière, que le canal
de Suez serait le salut providentiel de l'Angleterre ;
les événements s'accumulent pour nous prouver la
vérité de notre appréciation. C'est par le canal de Suez
que, d'après les justes et graves observations de
M. Oliphant, l'Angleterre peut désormais se sous-
traire au lourd tribut que veulent lui imposer les
Etats-Unis pour sa consommation de blé. C'est encore
le canal de Suez qui lui facilitera les moyens de rap-
procher d'elle l'Inde, sur laquelle elle jette les re-
gards comme devant être sa grande productrice de
coton; c'est le canal de Suez qui mettra les ports de
Bombay et de Kurrachee à une distance presque égale
de celle qui sépare aujourd'hui Manchester et Londres
de la Nouvelle-Orléans et de New-York! Nous ne ces-
serons de nous étonner que dans les discussions qui
s'élèvent journellement en Angleterre sur les dan-
gers de la crise actuelle, on oublie le secours que four-
nit à ses combinaisons nouvelles la route maritime qui
doit traverser l'Egypte. Et à ceux qui doutent encore
de l'intérêt immense qu'aurait l'Angleterre à favoriser
l'établissement du canal, nous présentons comme un
témoignage à coup sûr désintéressé les considérations
très-remarquables et devenues si actuelles de M. Oli-
phant.
ERNEST DESPLACES.
LE COTON EN PERSE.
Les préoccupations du monde industriel sont au-
jourd'hui dirigées vers les moyens de pourvoir au
déficit dont la crise américaine semble menacer la
production du coton et, par conséquent, le travail des
nations manufacturières. On jette les yeux sur toutes
les parties du globe susceptibles de cette culture ; on
interroge leurs ressources, on examine quelles seront
les contrées assez favorisées pour pouvoir fournir le
précieux filament à des prix abordables. La Perse,
à son tour vient se mettre sur les rangs, et comme le
golfe persique est situé à proximité du canal de Suez,
ce passage ajouterait sans doute une facilité consi-
dérable aux approvisionnements que la Perse pour-
rait offrir à l'Europe. Nous croyons donc devoir ap-
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