Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1861 15 mars 1861
Description : 1861/03/15 (A6,N114). 1861/03/15 (A6,N114).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203267g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/01/2014
94 L'ISTHME DE SUEZ,
n&ise ardente. Tout est chaud à ce moment, et partout
nla; main se pose sur les murs, sur les boiseries, sur le
sol, sur lejlinge même renfermé, on la retire brûlante.
On a alors lé corps brisé, et la lassitude que l'on
éprouve est extrême. — Heureusement que ce vent, qui
souffle assez fréquemment en été et même en automne,
ne dure pas longtemps ; sa durée ne dépasse presque
jamais le troisième jour.
Le tableau ci-dessus vous fera voir que dans tout le
cours d'une année il n'a plu que vingt-quatre heures
environ à Djeddah; mais la pluie e&t tombée en assez
grande abondance pour remplir toutes les citernes pu-
bliques et privées et assurer la provision d'eau néces-
saire à la population.
Voici l'énumération des maladies qui m'ont paru
les plus communes à Djeddah. — Je citerai en première
ligne les fièvres intermittentes, qui, négligées comme
elles le sont presque toujours :par les [indigènes, se
changent fréquemment en fièvres pernicieuses ; —
puis les gastralgies, les dyssenteriès, les ophthalmies,
les douleurs rhumatismales. Je citerai, en outre, par-
mi les plaies particulières à ce pays, celle que cause le
dragonneau et celle, beaucoup plus grave, connue
sous le nom de plaie du Yemen. — Je vous demande par-
don d'entrer ici dans quelques détails au sujet de ces
deux dernières affections.
La première, connue aussi sous le nom de filiaire de
Médine, est produite par une sorte de ver parasite ou,
pour me servir du terme technique, d'entozoaire, qui
vient se loger, le plus souvent, sous la peau des mem-
bres inférieurs. 11 signale d'abord sa présence par
une simple démangeaison ; parfois, au contraire, on
sent tout à coup des douleurs excessivement vives. Une
toute petite tumeur, souvent de la grosseur d'un pois,
ne tarde pas à se former, elle s'abcède deux ou trois
jours après, et dès lors, le dragonneau montre sa tête. On
la saisit délicatement et on la tire doucement au dehors;
aussitôt qu'on sent une certaine résistance, on s'arrête
et on enroule la partie extraite du ver, en ayant bien
soin de ne pas la rompre, autour d'un morceau de linge
plié, et on applique le tout sur la plaie que l'on bande.
Le lendemain on opère de la même façon, et ainsi de
suite, jusqu'à ce que l'animal sorte tout entier. Si, par
accident fâcheux, le corps vient a se rompre avant l'en-
tière extraction, le ver se retire immédiatement dans
l'intérieur de la plaie, et dès ce moment on peut crain-
dre de graves complications, la gangrène, par exemple,
pouvant se produire. Le dragonneau paraît avoir une
tête renflée et armée d'une sorte de trompe ou suçoir ;
îl -a la ténuité d'un gros fil, et sa longueur varie de
un à quatre mètres. J'en ai vu un qui avait été extrait
du pied d'un négociant Hadrami et qui avait à peu près
cette dernière longueur. Souvent ce ver n'est point
seul, et deux ou' plusieurs individus se trouvent sur la
personne. Sans être précisément dangereuse, cette plaie
est fort douloureuse et assez lente à guérir. Je le ré-
pète, on l'observe assez fréquemment à Djeddah.
Les plaies, en général, s'irritent et s'enflamment très-
rapidement ici ; la plus petite écorchure peut prendre
très-facilement ce caractère. Celles des jambes et des
pieds sont les plus douloureuses et les plus rebelles à
la guérison, et, parmi elles, la plaie du Yemen, ainsi ap-
pelée parce qu'elle est plus particulière à cette province
de l'Arabie. — La plaie du Yemen attaque plus spé-
cialement les nègres, sans cependant que les blancs
en soient préservés, étrangers ou indigènes. Peu connue
en Europe, je crois, elle a été étudiée à Djeddah et en
Abyssinie par M. le docteur A. Petit, qui en a fait l'objet
d'un court mémoire adressé à l'Académie de médecine,
inséré, en note, dans la relation du voyage exécuté en
Abyssinie, de 1839 à 1843, par M. Lefebvre, lieutenant
de vaisseau.
Suivant l'opinion du docteur Petit, et il est parfai-
tement dans le vrai, « la plaie du Yemén n'est ni
» endémique ni contagieuse ; elle ne se rencontre qu'en
» Abyssinie et sur la côte d'Asie, depuis Aden jusque
» vers Yambô, en s'avançant dans le golfe Arabique.
» C'est à Canfodat, dans le Yemen et à Pile de Cameran
» qu'elle fait le plus de ravages. Elle se montre cons-
» tamment aux extrémités inférieures, depuis le genou
» jusqu'au bout des orteils, plus particulièrement sur la
» surface interne de la jambe, au dos du pied et à la
» malléole interne; enfin elle est toujours liée à un
» vice général dans l'économie. La cause naturelle de
» cette plaie, dit encore le docteur Petit, est toute égra-
» tignure, écorchure, etc., etc., résultant de la chaus-
D sure, du prurit, ou de tout autre effet analogue. Il
i) se montre d'abord un bouton qui, une fois écorché,
» donne rapidement naissance à la plaie ; au bout de
» deux ou trois jours, il y a inflammation à son
» pourtour, avec gonflement, tandis qu'au centre on
» remarque une petite escarre. Deux ou trois jours
« après, il se forme un second cercle inflammatoire,
» tandis que le premier passe à l'état gangréneux et qu'à
» l'escarre succède une dépression, par perte de subs-
» tance, qui augmente rapidement, jusqu'à acquérir la
» grandeur d'une pièce de 5 francs. — Cinq à six
a jours encore et la plaie s'agrandit davantage, au
» point d'égaler la surface de la main. Elle ne borne
» plus son action alors à la surface dermoïde, mais elle
» s'étend aussi en profondeur, attaque les muscles et
» les tendons. — Dans cet état, les douleurs sont in-
» supportables, et, quoique non à découvert encore, l'os
» est déjà malade ; le périoste est détruit et l'os est
» atteint de carie. Enfin la plaie, continuant de s'a-
» grandir en surface et en profondeur, finit par mettre
» à nu les os et les articulations ; alors de l'état de
» carie, l'os passe à celui de nécrose, et si le malade
» résiste encore aux progrès toujours croissants de la
» souffrance, les parties nécrosées s'exfolient, et au pied,
Il par exemple, les phalanges se détachent successi-
» vement. La plaie, pendant tout ce temps, en totalité
» ou en partie, est recouverte d'escarres gangréneuses,
» humides ou sèches. Le pus est abondant,, et l'odeur
» nauséabonde qui s'en dégage est insupportable. » —
M. le docteur Petit ajoute : « Pour résumer tout ce
» qui a rapport au traitement de cette maladie, il faut
» employer un traitement général, qui sera celui du
» scorbut ou de l'adynamie, en ayant recours aux
» toniques usités dans les pays chauds, et surtout à
» une bonne nourriture et au changement d'air, en
« s'éloignant des bords de la mer, bien entendu. — La
n&ise ardente. Tout est chaud à ce moment, et partout
nla; main se pose sur les murs, sur les boiseries, sur le
sol, sur lejlinge même renfermé, on la retire brûlante.
On a alors lé corps brisé, et la lassitude que l'on
éprouve est extrême. — Heureusement que ce vent, qui
souffle assez fréquemment en été et même en automne,
ne dure pas longtemps ; sa durée ne dépasse presque
jamais le troisième jour.
Le tableau ci-dessus vous fera voir que dans tout le
cours d'une année il n'a plu que vingt-quatre heures
environ à Djeddah; mais la pluie e&t tombée en assez
grande abondance pour remplir toutes les citernes pu-
bliques et privées et assurer la provision d'eau néces-
saire à la population.
Voici l'énumération des maladies qui m'ont paru
les plus communes à Djeddah. — Je citerai en première
ligne les fièvres intermittentes, qui, négligées comme
elles le sont presque toujours :par les [indigènes, se
changent fréquemment en fièvres pernicieuses ; —
puis les gastralgies, les dyssenteriès, les ophthalmies,
les douleurs rhumatismales. Je citerai, en outre, par-
mi les plaies particulières à ce pays, celle que cause le
dragonneau et celle, beaucoup plus grave, connue
sous le nom de plaie du Yemen. — Je vous demande par-
don d'entrer ici dans quelques détails au sujet de ces
deux dernières affections.
La première, connue aussi sous le nom de filiaire de
Médine, est produite par une sorte de ver parasite ou,
pour me servir du terme technique, d'entozoaire, qui
vient se loger, le plus souvent, sous la peau des mem-
bres inférieurs. 11 signale d'abord sa présence par
une simple démangeaison ; parfois, au contraire, on
sent tout à coup des douleurs excessivement vives. Une
toute petite tumeur, souvent de la grosseur d'un pois,
ne tarde pas à se former, elle s'abcède deux ou trois
jours après, et dès lors, le dragonneau montre sa tête. On
la saisit délicatement et on la tire doucement au dehors;
aussitôt qu'on sent une certaine résistance, on s'arrête
et on enroule la partie extraite du ver, en ayant bien
soin de ne pas la rompre, autour d'un morceau de linge
plié, et on applique le tout sur la plaie que l'on bande.
Le lendemain on opère de la même façon, et ainsi de
suite, jusqu'à ce que l'animal sorte tout entier. Si, par
accident fâcheux, le corps vient a se rompre avant l'en-
tière extraction, le ver se retire immédiatement dans
l'intérieur de la plaie, et dès ce moment on peut crain-
dre de graves complications, la gangrène, par exemple,
pouvant se produire. Le dragonneau paraît avoir une
tête renflée et armée d'une sorte de trompe ou suçoir ;
îl -a la ténuité d'un gros fil, et sa longueur varie de
un à quatre mètres. J'en ai vu un qui avait été extrait
du pied d'un négociant Hadrami et qui avait à peu près
cette dernière longueur. Souvent ce ver n'est point
seul, et deux ou' plusieurs individus se trouvent sur la
personne. Sans être précisément dangereuse, cette plaie
est fort douloureuse et assez lente à guérir. Je le ré-
pète, on l'observe assez fréquemment à Djeddah.
Les plaies, en général, s'irritent et s'enflamment très-
rapidement ici ; la plus petite écorchure peut prendre
très-facilement ce caractère. Celles des jambes et des
pieds sont les plus douloureuses et les plus rebelles à
la guérison, et, parmi elles, la plaie du Yemen, ainsi ap-
pelée parce qu'elle est plus particulière à cette province
de l'Arabie. — La plaie du Yemen attaque plus spé-
cialement les nègres, sans cependant que les blancs
en soient préservés, étrangers ou indigènes. Peu connue
en Europe, je crois, elle a été étudiée à Djeddah et en
Abyssinie par M. le docteur A. Petit, qui en a fait l'objet
d'un court mémoire adressé à l'Académie de médecine,
inséré, en note, dans la relation du voyage exécuté en
Abyssinie, de 1839 à 1843, par M. Lefebvre, lieutenant
de vaisseau.
Suivant l'opinion du docteur Petit, et il est parfai-
tement dans le vrai, « la plaie du Yemén n'est ni
» endémique ni contagieuse ; elle ne se rencontre qu'en
» Abyssinie et sur la côte d'Asie, depuis Aden jusque
» vers Yambô, en s'avançant dans le golfe Arabique.
» C'est à Canfodat, dans le Yemen et à Pile de Cameran
» qu'elle fait le plus de ravages. Elle se montre cons-
» tamment aux extrémités inférieures, depuis le genou
» jusqu'au bout des orteils, plus particulièrement sur la
» surface interne de la jambe, au dos du pied et à la
» malléole interne; enfin elle est toujours liée à un
» vice général dans l'économie. La cause naturelle de
» cette plaie, dit encore le docteur Petit, est toute égra-
» tignure, écorchure, etc., etc., résultant de la chaus-
D sure, du prurit, ou de tout autre effet analogue. Il
i) se montre d'abord un bouton qui, une fois écorché,
» donne rapidement naissance à la plaie ; au bout de
» deux ou trois jours, il y a inflammation à son
» pourtour, avec gonflement, tandis qu'au centre on
» remarque une petite escarre. Deux ou trois jours
« après, il se forme un second cercle inflammatoire,
» tandis que le premier passe à l'état gangréneux et qu'à
» l'escarre succède une dépression, par perte de subs-
» tance, qui augmente rapidement, jusqu'à acquérir la
» grandeur d'une pièce de 5 francs. — Cinq à six
a jours encore et la plaie s'agrandit davantage, au
» point d'égaler la surface de la main. Elle ne borne
» plus son action alors à la surface dermoïde, mais elle
» s'étend aussi en profondeur, attaque les muscles et
» les tendons. — Dans cet état, les douleurs sont in-
» supportables, et, quoique non à découvert encore, l'os
» est déjà malade ; le périoste est détruit et l'os est
» atteint de carie. Enfin la plaie, continuant de s'a-
» grandir en surface et en profondeur, finit par mettre
» à nu les os et les articulations ; alors de l'état de
» carie, l'os passe à celui de nécrose, et si le malade
» résiste encore aux progrès toujours croissants de la
» souffrance, les parties nécrosées s'exfolient, et au pied,
Il par exemple, les phalanges se détachent successi-
» vement. La plaie, pendant tout ce temps, en totalité
» ou en partie, est recouverte d'escarres gangréneuses,
» humides ou sèches. Le pus est abondant,, et l'odeur
» nauséabonde qui s'en dégage est insupportable. » —
M. le docteur Petit ajoute : « Pour résumer tout ce
» qui a rapport au traitement de cette maladie, il faut
» employer un traitement général, qui sera celui du
» scorbut ou de l'adynamie, en ayant recours aux
» toniques usités dans les pays chauds, et surtout à
» une bonne nourriture et au changement d'air, en
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