Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1861 01 avril 1861
Description : 1861/04/01 (A6,N115). 1861/04/01 (A6,N115).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203268w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
H2 L'ISTHME DE SUEZ.
leur possession. Ces deux mille documents sont tous,
sans exception, signés ou dictés par le général en
chef; sans eux, bien des faits auraient été perdus
pour l'histoire du temps; mais il est possible qu'il
s'en trouve encore qui ont échappé ; c'est un appel
aux membres de cette réunion.
» Quant aux progrès actuels de la civilisation égyp-
tienne, nous avons peut-être quelque droit d'en par-
ler : qu'étions-nous allés faire sur les bords du Nil, en
1798, il y a bientôt soixante-trois ans, sinon y porter
les bienfaits d'un état social régénéré, les arts, les
sciences, l'ordre dans l'administration , la justice
dans le gouvernement, la prospérité dans le com-
merce, l'agriculture et l'industrie, tout ce que l'E-
gypte avait possédé dans son antique monarchie, et
perdu depuis l'invasion des Perses, des Mamloucks,
des Turcs, des Barbares. Les progrès de l'Egypte
doivent donc nous réjouir, non-seulement comme amis
des sciences, comme patriotes, comme Français,
mais comme ayant contribué pour une part à cette
amélioration. Quand Mohammed-Aly entreprit cette
tâche difficile et ardue, il le fit sous l'inspiration du
consul de France, qui lui-même y était poussé par
les voyageurs français de retour dans leur patrie.
Des germes étaient depuis dix ans déposés sur le
sol égyptien; il suffisait presque de les réveiller.
L'Institut et l'armée d'Egypte ont été comme une
sorte de Société d'aclimatalion morale et intellectuelle
pour l'Egypte. Aujourd'hui, ce que nous avons com-
mencé s'achève ; ce que nous avons projeté se réa-
lise ; une route nouvelle vers l'Orient, route rapide
et sûre, l'un de nos vœux les plus ardents se prépare,
et bientôt peut-être sera ouverte au commerce de
toutes les nations
» En attendant, des chemins de fer font communi-
quer les deux capitales et les deux mers ; la sécurité
est dans tout le pays; le Bédouin a cessé de l'infes-
ter ; la justice règne ; l'esclavage, la pire des plaies
de l'Egypte, a disparu; le commerce est libre ; le
fellah, le cultivateur est son propre maître.
» Mais tous ces progrès, et d'autres encore, sont
déjà connus, il est superflu de les énumérer. Ce qu'on
n'aurait pu se flatter de voir de sitôt, c'est ce qu'on a
vu l'an dernier : l'Egypte vient d'entrer dans le con-
cert européen, non pas le concert politique, mais le
concert scientifique ; deux de ses enfants, instruits en
France, ont eu l'insigne honneur de concourir avec
les astronomes de l'Europe et de l'Amérique à l'obser-
vation de l'éclipsé centrale solaire du 18 juillet : l'un,
Mahmoud-Bey, sur les bords du Nil supérieur; l'au-
tre, Ismaïl-Effendi, en Espagne. A l'exemple d'Hippar-
que, d'Eratosthène et de Ptolémée, nos jeunes astro-
nomes s'apprêtent à inaugurer en quelque sorte une
nouvelle école d'Alexandrie. Leur généreux prince a
ordonné que l'on publiât leurs observations : peut-être
seront-elles distribuées l'année prochaine à la réunion.
Et comme tous ces résultats remontent, sans aucun
doute, à l'expédition française , nous ne craignons
pas de répéter que le souvenir de l'événement mémo-
rable que nous célébrons aujourd'hui ne périra
jamais.
» Maintenant, Messieurs, permettez-moi un rappro-
chement un peu ambitieux : l'antiquité a vanté l'ex-
pédition des Argonautes, et la poésie s'en est empa-
rée. C'est une toison d'or, dit-on, qu'elle allait quérir
dans la Colchide : le voyage des Français avait un plus
noble but : rétablir dans ses droits, dans sa grandeur,
s'il était possible, une nation qui avait été la première
institutrice de l'Europe; lui rendre, en un mot, ce que
celle-ci en avait reçu. Ne peut-on pas, sans nuire à
la renommée d'Hercule et de Thésée, de Jason et
d'Orphée, de Castor et de Pollux, dire que les Fran-
çais revendiquent une gloire plus pure. Si c'est une
colbnie que les héros grecs voulaient fonder en Asie,
la colonie française, à l'extrémité de l'Afrique, aurait
donné des fruits plus abondants et meilleurs : le sort
des armes nous a enlevé cette espérance; heureuse-
ment la France en est bien dédommagée par notre
grande colonie algérienne.
» Les Argonautes étaient, dit-on encore, au nom
bre de cinquante: à l'armée d'Orient, notre Ecole poly-
technique comptait aussi cinquante de ses enfants ;
ils ont fait leurs efforts pour se montrer dignes de
leur mission, et le chef de l'armée leur a rendu, à
Sainte-Hélène, un glorieux témoignage. Au souve-
nir impérissable du grand capitaine et de ses dignes
lieutenants: Kléber, Desaix, Montebello, Bertrand,
Caffarelli ! à la mémoire aussi des chefs scientifiques,
Monge et Berthollet, Conté, Geoffroy St-Hilaire!..
» Quinze statues ont été élevées en leur honneur
par la reconnaissance publique; leurs noms vivront
à jamais comme le souvenir de l'expédition. »
Nous regrettons que l'abondance des matières nous
oblige à renvoyer au prochain numéro la suite de la
très-intéressante lettre de M. Roux sur le Hedjaz,
en cours de publication.
Le Gérant : ERNEST DESPLACES.
PARIS. — IUIRIMERIE CtMBALE DE NAPOLÉON CHAIX E' C', RllE IIERGÈRE, 20.
leur possession. Ces deux mille documents sont tous,
sans exception, signés ou dictés par le général en
chef; sans eux, bien des faits auraient été perdus
pour l'histoire du temps; mais il est possible qu'il
s'en trouve encore qui ont échappé ; c'est un appel
aux membres de cette réunion.
» Quant aux progrès actuels de la civilisation égyp-
tienne, nous avons peut-être quelque droit d'en par-
ler : qu'étions-nous allés faire sur les bords du Nil, en
1798, il y a bientôt soixante-trois ans, sinon y porter
les bienfaits d'un état social régénéré, les arts, les
sciences, l'ordre dans l'administration , la justice
dans le gouvernement, la prospérité dans le com-
merce, l'agriculture et l'industrie, tout ce que l'E-
gypte avait possédé dans son antique monarchie, et
perdu depuis l'invasion des Perses, des Mamloucks,
des Turcs, des Barbares. Les progrès de l'Egypte
doivent donc nous réjouir, non-seulement comme amis
des sciences, comme patriotes, comme Français,
mais comme ayant contribué pour une part à cette
amélioration. Quand Mohammed-Aly entreprit cette
tâche difficile et ardue, il le fit sous l'inspiration du
consul de France, qui lui-même y était poussé par
les voyageurs français de retour dans leur patrie.
Des germes étaient depuis dix ans déposés sur le
sol égyptien; il suffisait presque de les réveiller.
L'Institut et l'armée d'Egypte ont été comme une
sorte de Société d'aclimatalion morale et intellectuelle
pour l'Egypte. Aujourd'hui, ce que nous avons com-
mencé s'achève ; ce que nous avons projeté se réa-
lise ; une route nouvelle vers l'Orient, route rapide
et sûre, l'un de nos vœux les plus ardents se prépare,
et bientôt peut-être sera ouverte au commerce de
toutes les nations
» En attendant, des chemins de fer font communi-
quer les deux capitales et les deux mers ; la sécurité
est dans tout le pays; le Bédouin a cessé de l'infes-
ter ; la justice règne ; l'esclavage, la pire des plaies
de l'Egypte, a disparu; le commerce est libre ; le
fellah, le cultivateur est son propre maître.
» Mais tous ces progrès, et d'autres encore, sont
déjà connus, il est superflu de les énumérer. Ce qu'on
n'aurait pu se flatter de voir de sitôt, c'est ce qu'on a
vu l'an dernier : l'Egypte vient d'entrer dans le con-
cert européen, non pas le concert politique, mais le
concert scientifique ; deux de ses enfants, instruits en
France, ont eu l'insigne honneur de concourir avec
les astronomes de l'Europe et de l'Amérique à l'obser-
vation de l'éclipsé centrale solaire du 18 juillet : l'un,
Mahmoud-Bey, sur les bords du Nil supérieur; l'au-
tre, Ismaïl-Effendi, en Espagne. A l'exemple d'Hippar-
que, d'Eratosthène et de Ptolémée, nos jeunes astro-
nomes s'apprêtent à inaugurer en quelque sorte une
nouvelle école d'Alexandrie. Leur généreux prince a
ordonné que l'on publiât leurs observations : peut-être
seront-elles distribuées l'année prochaine à la réunion.
Et comme tous ces résultats remontent, sans aucun
doute, à l'expédition française , nous ne craignons
pas de répéter que le souvenir de l'événement mémo-
rable que nous célébrons aujourd'hui ne périra
jamais.
» Maintenant, Messieurs, permettez-moi un rappro-
chement un peu ambitieux : l'antiquité a vanté l'ex-
pédition des Argonautes, et la poésie s'en est empa-
rée. C'est une toison d'or, dit-on, qu'elle allait quérir
dans la Colchide : le voyage des Français avait un plus
noble but : rétablir dans ses droits, dans sa grandeur,
s'il était possible, une nation qui avait été la première
institutrice de l'Europe; lui rendre, en un mot, ce que
celle-ci en avait reçu. Ne peut-on pas, sans nuire à
la renommée d'Hercule et de Thésée, de Jason et
d'Orphée, de Castor et de Pollux, dire que les Fran-
çais revendiquent une gloire plus pure. Si c'est une
colbnie que les héros grecs voulaient fonder en Asie,
la colonie française, à l'extrémité de l'Afrique, aurait
donné des fruits plus abondants et meilleurs : le sort
des armes nous a enlevé cette espérance; heureuse-
ment la France en est bien dédommagée par notre
grande colonie algérienne.
» Les Argonautes étaient, dit-on encore, au nom
bre de cinquante: à l'armée d'Orient, notre Ecole poly-
technique comptait aussi cinquante de ses enfants ;
ils ont fait leurs efforts pour se montrer dignes de
leur mission, et le chef de l'armée leur a rendu, à
Sainte-Hélène, un glorieux témoignage. Au souve-
nir impérissable du grand capitaine et de ses dignes
lieutenants: Kléber, Desaix, Montebello, Bertrand,
Caffarelli ! à la mémoire aussi des chefs scientifiques,
Monge et Berthollet, Conté, Geoffroy St-Hilaire!..
» Quinze statues ont été élevées en leur honneur
par la reconnaissance publique; leurs noms vivront
à jamais comme le souvenir de l'expédition. »
Nous regrettons que l'abondance des matières nous
oblige à renvoyer au prochain numéro la suite de la
très-intéressante lettre de M. Roux sur le Hedjaz,
en cours de publication.
Le Gérant : ERNEST DESPLACES.
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