Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mars 1861 15 mars 1861
Description : 1861/03/15 (A6,N114). 1861/03/15 (A6,N114).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203267g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/01/2014
90 * L'ISTHME DE SUEZ,
nais porteur de deux sabres, ce qui est l'indice de la
noblesse de première classe, attablé au carré devant
un verre d'absinthe qu'il dégustait avec componction.
Il causait en anglais avec un enseigne du bord. Natu-
rellement, je me mis de la conversation. Notre ami,
qui comprend et lit parfaitement l'anglais et le hol-
landais, nous dit qu'il savait aussi l'écrire. Je lui tendis
mon carnet, et voici ci-joint mon nom et le sien écrits
dans les deux langues par lui. Il s'appelle Imamoera; il
nous dit qu'il était ingénieur. Je lui demandai si c'était
du petit vapeur à quai, il répondit qu'il était ingénieur
constructeur et qu'au Japon on construisait des ma-
chines ; Nous lui proposâmes alors d'aller visiter les
siennes, nous y restâmes une heure et je vous assure
qu'il s'y comporta en homme intelligent et qui savait
son affaire. Il nous fit quelques observations qui réel-
lement nous stupéfièrent.
» Nous nous rendîmes à terre dans les sampans, qui
marchent comme le diable et ont une assez jolie forme.
Ils se manœuvrent à l'aide d'une godille placée sur
l'arrière et d'une autre godille placée à l'extrémité d'une
traverse qui dépasse sur le côté.
» La concession hollandaise est placée sur l'île de
Décina, qui a exactement la forme d'un éventail.
» 5 janvier 18G1.
» Nous arrivons à Shanghaï. — Au prochain cour-
rier.
» A. Lucy. »
(■Courrier de Marseille.)
NOUVEAUX MOYENS DE COMMUNICATION
Entre l'Inde et l'Europe.
« On Ht dans la Gazette de Bombay que les voyageurs
qui se rendent aux Indes apprendront avec une vive
satisfaction qu'une ligne française de bateaux à vapeur
sera bientôt établie entre Alarseille et les Indes an-
glaises, et mettra un terme, par une utile concurrence,
aux prétentions chaque jour plus excessives de la Pe-
ninsular and Oriental Company. D'après le Journal de Bata-
via, cette nouvelle aurait été accueillie avec faveur
dans les Indes hollandaises, dont les habitants, pour
se rendre en Europe, n'ayant à leur disposition que
les bateaux de la Compagnie péninsulaire, attendent
avec impatience, comme les Anglais, l'organisation
d'autres lignes de transport qui affranchissent les voya-
geurs du lourd monopole de cette Compagnie. »
(Patrie. )
MŒURS CHINOISES.
Le Chinois est un composé de tous les vices ima-
ginables. Son cœur est inaccessible à tout sentiment
généreux ; patrie, religion, famille, honneur ne sont
pour lui que de vains mots vides de sens ; il a sur le
bien et sur le mal des notions fort élastiques et tout à
fait incompatibles avec les conditions d'une société or-
ganisée.
Ses rapports avec l'autorité sont fréquemment des
actes que réprouve notre conscience, et l'on n'a qu'à
citer, au hasard, une des formalités de l'état civil
pour faire comprendre tout ce qu'a d'abusif le régime
actuel en Chine.
Lorsqu'un jeune homme veut prendre femme, il
s'adresse au mandarin, auquel il désigne la personne
qu'il veut honorer de son choix. Le fonctionnaire se
rend chez les parents de la jeune fille, débat le prix
auquel elle est estimée, prélève ses droits de courtage,
et l'esclave est remise entre les mains de son nouveau
maître.
S'il arrive que, pour les motifs les plus plausibles,
la femme prend le parti de quitter la hutte ou le bateau
conjugal, l'homme dépossédé adresse sa réclamation à
l'agent matrimonial qui condamne les parents à la res-
titution, et leur inflige une forte amende, heureux en-
core quand leur tête n'est pas le prix de la fuite de
leur enfant.
Supposons, au contraire, que la jeune épouse S3
plaise dans sa nouvelle condition, et voyons quel sort
lui est réservé. C'est à elle qu'incombent tous les soins
domestiques; les travaux les plus rudes sont son par-
tage, les mauvais traitements ne lui font pas défaut, et
tandis que l'on voit la pauvre femme se livrer aux plus
fatigants labeurs, l'homme, véritable sultan, s'étend sur
la natte et fume son narguillé.
Les enfants vivent pêle-mêle avec leurs parents, et
dès l'âge le plus tendre ils sont initiés aux mystères
les plus secrets de la vie.
Pour ne pas trop charger mon tableau, et afin de
faire ressortir, au milieu d'un fond si sombre, une cou-
leur un peu riante, je me creuse l'esprit et ne trouve
comme unique compensation de tant de vices qu'une
intelligence très-développée. Habile dans l'art d'imiter,
le Chinois conçoit aussi aisément ce qu'on lui demande,
qu'il saisit facilement ce qu'on lui explique.
Après avoir esquissé le caractère et la vie du peu-
ple chinois, il est indispensable de faire connaître ses
distractions. En première ligne, il faut citer les éta-
blissements à thé, qui sont tous d'une malpropreté peu
commune. Du matin au soir, les tables y sont garnies
de buveurs intrépides; il faut ajouter que l'on est à
même de faire durer le plaisir fort longtemps et à peu
de frais. Dès qu'une tasse est vidée, le garçon
vient de nouveau l'emplir, et à la douzième infusion, le
goût de la tisane est aussi prononcé qu'à la première.
Les fumoirs d'opium sont moins fréquentés que je ne
l'avais supposé. Il serait à désirer que ces réceptacles
d'abrutissement disparussent entièrement. Je me suis
laissé tenter par les prétendus rêves que ce narcotique
procure, mais je confesse à ma grande honte qu'il ne
m'est resté qu'un violent mal de tête et la ferme réso- j
lution de ne plus recommencer cet essai.
Il y a dans la ville chinoise de Shanghaï un théâtre
dont la construction diffère en tous points de celle de
nos salles de spectacle. La scène est élevée à la hau-
teur d'un premier étage et le public regarde de bas en
haut. Les pièces que l'on y représente, et dont je don-
nerai plus tard une analyse, m'ont fait, à première au-
dition, l'effet des parades de nos saltimbanques forains.
nais porteur de deux sabres, ce qui est l'indice de la
noblesse de première classe, attablé au carré devant
un verre d'absinthe qu'il dégustait avec componction.
Il causait en anglais avec un enseigne du bord. Natu-
rellement, je me mis de la conversation. Notre ami,
qui comprend et lit parfaitement l'anglais et le hol-
landais, nous dit qu'il savait aussi l'écrire. Je lui tendis
mon carnet, et voici ci-joint mon nom et le sien écrits
dans les deux langues par lui. Il s'appelle Imamoera; il
nous dit qu'il était ingénieur. Je lui demandai si c'était
du petit vapeur à quai, il répondit qu'il était ingénieur
constructeur et qu'au Japon on construisait des ma-
chines ; Nous lui proposâmes alors d'aller visiter les
siennes, nous y restâmes une heure et je vous assure
qu'il s'y comporta en homme intelligent et qui savait
son affaire. Il nous fit quelques observations qui réel-
lement nous stupéfièrent.
» Nous nous rendîmes à terre dans les sampans, qui
marchent comme le diable et ont une assez jolie forme.
Ils se manœuvrent à l'aide d'une godille placée sur
l'arrière et d'une autre godille placée à l'extrémité d'une
traverse qui dépasse sur le côté.
» La concession hollandaise est placée sur l'île de
Décina, qui a exactement la forme d'un éventail.
» 5 janvier 18G1.
» Nous arrivons à Shanghaï. — Au prochain cour-
rier.
» A. Lucy. »
(■Courrier de Marseille.)
NOUVEAUX MOYENS DE COMMUNICATION
Entre l'Inde et l'Europe.
« On Ht dans la Gazette de Bombay que les voyageurs
qui se rendent aux Indes apprendront avec une vive
satisfaction qu'une ligne française de bateaux à vapeur
sera bientôt établie entre Alarseille et les Indes an-
glaises, et mettra un terme, par une utile concurrence,
aux prétentions chaque jour plus excessives de la Pe-
ninsular and Oriental Company. D'après le Journal de Bata-
via, cette nouvelle aurait été accueillie avec faveur
dans les Indes hollandaises, dont les habitants, pour
se rendre en Europe, n'ayant à leur disposition que
les bateaux de la Compagnie péninsulaire, attendent
avec impatience, comme les Anglais, l'organisation
d'autres lignes de transport qui affranchissent les voya-
geurs du lourd monopole de cette Compagnie. »
(Patrie. )
MŒURS CHINOISES.
Le Chinois est un composé de tous les vices ima-
ginables. Son cœur est inaccessible à tout sentiment
généreux ; patrie, religion, famille, honneur ne sont
pour lui que de vains mots vides de sens ; il a sur le
bien et sur le mal des notions fort élastiques et tout à
fait incompatibles avec les conditions d'une société or-
ganisée.
Ses rapports avec l'autorité sont fréquemment des
actes que réprouve notre conscience, et l'on n'a qu'à
citer, au hasard, une des formalités de l'état civil
pour faire comprendre tout ce qu'a d'abusif le régime
actuel en Chine.
Lorsqu'un jeune homme veut prendre femme, il
s'adresse au mandarin, auquel il désigne la personne
qu'il veut honorer de son choix. Le fonctionnaire se
rend chez les parents de la jeune fille, débat le prix
auquel elle est estimée, prélève ses droits de courtage,
et l'esclave est remise entre les mains de son nouveau
maître.
S'il arrive que, pour les motifs les plus plausibles,
la femme prend le parti de quitter la hutte ou le bateau
conjugal, l'homme dépossédé adresse sa réclamation à
l'agent matrimonial qui condamne les parents à la res-
titution, et leur inflige une forte amende, heureux en-
core quand leur tête n'est pas le prix de la fuite de
leur enfant.
Supposons, au contraire, que la jeune épouse S3
plaise dans sa nouvelle condition, et voyons quel sort
lui est réservé. C'est à elle qu'incombent tous les soins
domestiques; les travaux les plus rudes sont son par-
tage, les mauvais traitements ne lui font pas défaut, et
tandis que l'on voit la pauvre femme se livrer aux plus
fatigants labeurs, l'homme, véritable sultan, s'étend sur
la natte et fume son narguillé.
Les enfants vivent pêle-mêle avec leurs parents, et
dès l'âge le plus tendre ils sont initiés aux mystères
les plus secrets de la vie.
Pour ne pas trop charger mon tableau, et afin de
faire ressortir, au milieu d'un fond si sombre, une cou-
leur un peu riante, je me creuse l'esprit et ne trouve
comme unique compensation de tant de vices qu'une
intelligence très-développée. Habile dans l'art d'imiter,
le Chinois conçoit aussi aisément ce qu'on lui demande,
qu'il saisit facilement ce qu'on lui explique.
Après avoir esquissé le caractère et la vie du peu-
ple chinois, il est indispensable de faire connaître ses
distractions. En première ligne, il faut citer les éta-
blissements à thé, qui sont tous d'une malpropreté peu
commune. Du matin au soir, les tables y sont garnies
de buveurs intrépides; il faut ajouter que l'on est à
même de faire durer le plaisir fort longtemps et à peu
de frais. Dès qu'une tasse est vidée, le garçon
vient de nouveau l'emplir, et à la douzième infusion, le
goût de la tisane est aussi prononcé qu'à la première.
Les fumoirs d'opium sont moins fréquentés que je ne
l'avais supposé. Il serait à désirer que ces réceptacles
d'abrutissement disparussent entièrement. Je me suis
laissé tenter par les prétendus rêves que ce narcotique
procure, mais je confesse à ma grande honte qu'il ne
m'est resté qu'un violent mal de tête et la ferme réso- j
lution de ne plus recommencer cet essai.
Il y a dans la ville chinoise de Shanghaï un théâtre
dont la construction diffère en tous points de celle de
nos salles de spectacle. La scène est élevée à la hau-
teur d'un premier étage et le public regarde de bas en
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nerai plus tard une analyse, m'ont fait, à première au-
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