Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1861 01 mars 1861
Description : 1861/03/01 (A6,N113). 1861/03/01 (A6,N113).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032662
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
70 L'ISTHME DE SUEZ,
les nombreuses réunions qui, dans ces derniers temps,
se sont occupées de ce sujet.
La facilité des moyens de transport et l'abaisse-
ment de leurd frais, voilà donc toute la question.
Comment se peut-il qu'au milieu de toutes ces mé-
ditations et de toutes ces discussions, personne en
Angleterre ne se soit rappelé que le canal de Suez
fournissait au problème au moins un élément im-
portant de sa solution ? Le réseau des chemins de fer
indiens sera, nous promet-on, achevé en trois ans,
dès lors le coton de l'intérieur de l'Inde pourra abou-
tir sur la côte à des prix raisonnables. Mais il lui
restera encore une cause sérieuse d'infériorité, et
cette cause sera qu'ayant à faire le tour du cap de
Bonne-Espérance, il aura, pour atteindre nos ports
occidentaux, à franchir une distance triple de celle
qu'aura à parcourir le coton américain. Les côtes du
Zanzibar, du Mozambique, de l'Afrique orientale, au
contraire, touchent en quelque sorte à la mer Rouge;
Bombay, Kurrachee, les embouchures de l'Indus sont
en face du détroit de Bab-el-Mandeb; non-seulement
pour ces rivages la distance est raccourcie de moitié,
et de 3,000 lieues pour la Chine, mais encore les na-
vires se dirigeant par l'isthme de Suez, n'ont point
à passer deux fois la ligne, comme dans leur long et
dispendieux trajet par l'Atlantique. Le canal de Suez
est incontestablement le complément naturel et né-
cessaire de toutes ces améliorations qui s'agitent ;
c'est par sa route que le coton asiatique peut arriver
à nos manufactures européennes avec le moins de
risques, le moins de frais et le plus de rapidité.
Cette question est donc de celles qui doivent ache-
ver de nous rallier rAngleterre; et comme pour elle
il s'agit ici d'être ou de n'être pas , nous n'hésitons
pas à penser que d'aussi hauts intérêts feront taire
ou absorberont désormais les préjugés, les routines
ou les injustes jalousies de quelques esprits isolés.
ERNEST DESPLACES.
LE JAPON.
Nous empruntons au Moniteur l'intéressante rela-
tion suivante du voyage que vient d'effectuer au
Japon je général Montauban. commandant en chef
notre corps expéditionnaire de Chine :
« En quittant Tien-Tsin, le 22 novembre, je me rendis
directement à Chefu, dont je visitai la garnison. J'y
trouvai tout en bon ordre et fort bien tenu ; un petit
cercle avait même été créé par le commandant
Delaplane, du 101e, que j'y avais laissé comme comman-
dant supérieur, quand l'armée quitta ce camp pour se
rendre dans le Nord. L'hôpital était dans le meilleur
état, et les relations avec les habitants continuaient à
être parfaites.
D Il fait un froid rigoureux à Chefu, et les montagnes
y étaient couvertes de neige; aussi ai-je réduit la gar-
nison autant que cela était possible, et la position ne
sera plus occupée que par 250 hommes, poste intermé-
diaire suffisant entre Tien-Tsin et Shanghaï, et sur le-
quel doivent s'établir les relations qui ne peuvent plus
jusqu'à nouvel ordre avoir lieu que par terre, le Peïho
étant gelé.
D Le lendemain, je quittai Chefu, très-satisfait de ce
que j'avais vu.
D J'étais à quarante-huit heures de Nangasaki, le
temps était beau, et je résolus d'aller visiter ce port
important du Japon, ne pouvant aller à Jedo d'une ma-
nière officielle. Je n'ai pas eu à regretter ma résolution,
car j'ai fait un voyage que jusqu'à ce jour il n'a été
donné qu'à bien peu d'Européens d'accomplir.
» Je partis à bord de l'aviso le Forbin, mis à ma dispo-
sition depuis le commencement de la campagne. En
quittant cette affreuse mer de Chine, on entre dans la
mer Bleue du Japon, aussi hospitalière aux voyageurs'
que celle de Chine leur est hostile..
» Pour arriver dans la magnifique rade de Nangasaki,
on traverse un bosphore tout aussi riche que celui de
Constantinople. Les deux rives sont garnies de forts et
défendues par des batteries dont les pièces sont sous
des toits; les montagnes, en amphithéâtre de chaque
côté, sont couvertes d'arbres verts et de cultures en
gradins soutenus par des murs en pierres. La rade est
excellente, et forme un grand bassin entouré par la
ville du côté de l'ouest, et à l'est par différents éta-
blissements industriels, dont un appartient aux Russes.
« L'aspect de la ville est assez triste; les maisons
sont en bois et la plupart à un seul étage; mais, lors-
qu'on y pénètre à l'intérieur, on est tout surpris de
trouver une propreté remarquable, des rues larges, avec
des maisons bien alignées.
» Les hommes sont généralement petits, mais vigou-
reux; ceux d'une certaine classe sont très-bien tenus et
portent deux sabres, l'un grand, l'autre en guise de
poignard, et ils mettent un certain luxe à ces armes.
Les gens du peuple travaillent presque complètement
nus. Les femmes sont également de petite taille, et,
contrairement aux usages chinois, se laissent voir dans
les rues comme dans leur intérieur. Les jeunes filles,
dont quelques-unes fort jolies, ne témoignent aucune
crainte des étrangers et causent volontiers avec ceux
qui parlent leur langue. Lorsqu'elles se marient, elles
doivent laquer en noir leurs dents et se rougir les lè-
vres, ce qui est affreux à voir et d'autant plus à regret-
ter qu'elles ont presque toutes de belles dents blanches
tant qu'elles restent filles.
» Les habitants de Nangasaki ont les mœurs très-
douces, sans exclure une certaine finesse, apanage des
peuples méridionaux de l'Orient. Ils sont polis et même
prévenants jusqu'à l'obséquiosité, industrieux et travail-
leurs.
» La ville, adossée à une montagne couverte de beaux
arbres, est bâtie sur plusieurs plans couronnés par une
magnifique pagode qui offre un coup d'œil des plus pit-
toresques. Les quartiers se relient entre eux par des
escaliers ou des ponts : aussi ne connaît-on là d'autres
les nombreuses réunions qui, dans ces derniers temps,
se sont occupées de ce sujet.
La facilité des moyens de transport et l'abaisse-
ment de leurd frais, voilà donc toute la question.
Comment se peut-il qu'au milieu de toutes ces mé-
ditations et de toutes ces discussions, personne en
Angleterre ne se soit rappelé que le canal de Suez
fournissait au problème au moins un élément im-
portant de sa solution ? Le réseau des chemins de fer
indiens sera, nous promet-on, achevé en trois ans,
dès lors le coton de l'intérieur de l'Inde pourra abou-
tir sur la côte à des prix raisonnables. Mais il lui
restera encore une cause sérieuse d'infériorité, et
cette cause sera qu'ayant à faire le tour du cap de
Bonne-Espérance, il aura, pour atteindre nos ports
occidentaux, à franchir une distance triple de celle
qu'aura à parcourir le coton américain. Les côtes du
Zanzibar, du Mozambique, de l'Afrique orientale, au
contraire, touchent en quelque sorte à la mer Rouge;
Bombay, Kurrachee, les embouchures de l'Indus sont
en face du détroit de Bab-el-Mandeb; non-seulement
pour ces rivages la distance est raccourcie de moitié,
et de 3,000 lieues pour la Chine, mais encore les na-
vires se dirigeant par l'isthme de Suez, n'ont point
à passer deux fois la ligne, comme dans leur long et
dispendieux trajet par l'Atlantique. Le canal de Suez
est incontestablement le complément naturel et né-
cessaire de toutes ces améliorations qui s'agitent ;
c'est par sa route que le coton asiatique peut arriver
à nos manufactures européennes avec le moins de
risques, le moins de frais et le plus de rapidité.
Cette question est donc de celles qui doivent ache-
ver de nous rallier rAngleterre; et comme pour elle
il s'agit ici d'être ou de n'être pas , nous n'hésitons
pas à penser que d'aussi hauts intérêts feront taire
ou absorberont désormais les préjugés, les routines
ou les injustes jalousies de quelques esprits isolés.
ERNEST DESPLACES.
LE JAPON.
Nous empruntons au Moniteur l'intéressante rela-
tion suivante du voyage que vient d'effectuer au
Japon je général Montauban. commandant en chef
notre corps expéditionnaire de Chine :
« En quittant Tien-Tsin, le 22 novembre, je me rendis
directement à Chefu, dont je visitai la garnison. J'y
trouvai tout en bon ordre et fort bien tenu ; un petit
cercle avait même été créé par le commandant
Delaplane, du 101e, que j'y avais laissé comme comman-
dant supérieur, quand l'armée quitta ce camp pour se
rendre dans le Nord. L'hôpital était dans le meilleur
état, et les relations avec les habitants continuaient à
être parfaites.
D Il fait un froid rigoureux à Chefu, et les montagnes
y étaient couvertes de neige; aussi ai-je réduit la gar-
nison autant que cela était possible, et la position ne
sera plus occupée que par 250 hommes, poste intermé-
diaire suffisant entre Tien-Tsin et Shanghaï, et sur le-
quel doivent s'établir les relations qui ne peuvent plus
jusqu'à nouvel ordre avoir lieu que par terre, le Peïho
étant gelé.
D Le lendemain, je quittai Chefu, très-satisfait de ce
que j'avais vu.
D J'étais à quarante-huit heures de Nangasaki, le
temps était beau, et je résolus d'aller visiter ce port
important du Japon, ne pouvant aller à Jedo d'une ma-
nière officielle. Je n'ai pas eu à regretter ma résolution,
car j'ai fait un voyage que jusqu'à ce jour il n'a été
donné qu'à bien peu d'Européens d'accomplir.
» Je partis à bord de l'aviso le Forbin, mis à ma dispo-
sition depuis le commencement de la campagne. En
quittant cette affreuse mer de Chine, on entre dans la
mer Bleue du Japon, aussi hospitalière aux voyageurs'
que celle de Chine leur est hostile..
» Pour arriver dans la magnifique rade de Nangasaki,
on traverse un bosphore tout aussi riche que celui de
Constantinople. Les deux rives sont garnies de forts et
défendues par des batteries dont les pièces sont sous
des toits; les montagnes, en amphithéâtre de chaque
côté, sont couvertes d'arbres verts et de cultures en
gradins soutenus par des murs en pierres. La rade est
excellente, et forme un grand bassin entouré par la
ville du côté de l'ouest, et à l'est par différents éta-
blissements industriels, dont un appartient aux Russes.
« L'aspect de la ville est assez triste; les maisons
sont en bois et la plupart à un seul étage; mais, lors-
qu'on y pénètre à l'intérieur, on est tout surpris de
trouver une propreté remarquable, des rues larges, avec
des maisons bien alignées.
» Les hommes sont généralement petits, mais vigou-
reux; ceux d'une certaine classe sont très-bien tenus et
portent deux sabres, l'un grand, l'autre en guise de
poignard, et ils mettent un certain luxe à ces armes.
Les gens du peuple travaillent presque complètement
nus. Les femmes sont également de petite taille, et,
contrairement aux usages chinois, se laissent voir dans
les rues comme dans leur intérieur. Les jeunes filles,
dont quelques-unes fort jolies, ne témoignent aucune
crainte des étrangers et causent volontiers avec ceux
qui parlent leur langue. Lorsqu'elles se marient, elles
doivent laquer en noir leurs dents et se rougir les lè-
vres, ce qui est affreux à voir et d'autant plus à regret-
ter qu'elles ont presque toutes de belles dents blanches
tant qu'elles restent filles.
» Les habitants de Nangasaki ont les mœurs très-
douces, sans exclure une certaine finesse, apanage des
peuples méridionaux de l'Orient. Ils sont polis et même
prévenants jusqu'à l'obséquiosité, industrieux et travail-
leurs.
» La ville, adossée à une montagne couverte de beaux
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