Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1861 15 février 1861
Description : 1861/02/15 (A6,N112). 1861/02/15 (A6,N112).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203265n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
54 # L'ISTHME DE SUEZ,
peuples, on ne. saurait nier que la jonction des deux
mers dont le commerce a tiré depuis l'antiquité la plus
reculée un si grand profit, ne pourra que mieux as-
surer cette paix. En facilitant les relations des contrées
les plus éloignées les unes des autres, en contribuant à
accroître le développement de la richesse générale
par la suppression des obstacles qui empêchent de fruc-
tueux échanges, on fait tout à coup entrer l'humanité
dans une voie de concorde, de communauté d'idées et
de progrès pacifique. Déjà l'impression produite par le
spectacle de la puissance et de la civilisation de l'Eu-
rope a eu d'heureux résultats dans des pays lointains
où régnait la barbarie ; combien augmenteront ces ré-
sultats lorsque ces pays se trouveront encore plus rap-
prochés des nôtres, et que l'espace qui nous en sépare
aura été considérablement réduit par le génie de
l'homme!
» Le percement de l'isthme de Suez sera donc un des
travaux dont notre époque aura le plus le droit de se
montrer fière. Nous n'avons jamais cru à la sincérité de
l'opposition qui s'était manifestée en Angleterre contre
une entreprise dont l'utilité est si manifeste. Une seule
voix discordante dans un concert d'acclamations attestait
tout au plus une petite et taquine jalousie. Mais l'im-
puissance de cette opposition devenue assez silencieuse
et qui a été condamnée même dans le pays où elle s'é
tait montrée, n'a été que mieux confondue par le peu
d'importance qu'on y a cavalièrement attaché. Nous ne
croyons pas que le bruit des pioches qui creusent le port
de Saïd ait troublé le sommeil de lord Palmerston. Ce
-spirituel adversaire du canal de Suez sait assez facile-
ment prendre son parti. C'est ce qu'il semble avoir fait.
Ne pouvant s'aider de l'opinion publique, soit en Angle-
terre, soit ailleurs, les tièdes ennemis du canal se sont
amusés, pour être conséquents avec eux-mêmes, à our-
dir de petites intrigues diplomatiques et à dicter des
notes au Divan, qui est toujours prêt à écrire ce qu'un am-
bassadeur européen exige de ses habitudes de déférence.
En même temps que la note était écrite, le travail, sous
l'œil d'habiles ingénieurs, n'allait pas mal son train, et
vous verrez que le jour où le canal sera livré à la navi-
gation, une dernière note sera rédigée sous la dictée
.de l'ambassadeur anglais à Constantinople, pour en dé-
fendre l'exécution. Ce sera là un spectacle assez risible
et un peu compromettant pour la dignité de la diploma-
tie britannique. Mais aussi pourquoi lord Palmerston
s'est-il avisé de vouloir empêcher l'hymen fécond de la
mer Rouge et de la Méditerranée? Il se pourrait cepen-
dant qu'un revirement d'opinion s'opérât en lui, comme
- il s'est opéré dans l'esprit du Times. Le Times a vivement
combattu, avec ce mélange d'éloquence et d'humour qui
caractérise son style, le percement de l'isthme biblique.
Maintenant le Times se plaint de la lenteur des travaux ;
il est pressé d'avoir le canal ; il trouve que M. de Les-
seps, le plus infatigable des hommes, qui est tantôt à
Paris et tantôt à El-Guisr, où viennent d'être amenées
les eaux du Nil, n'imprime pas assez d'activité à des
travaux qui auront bientôt mis en communication le lac
Timsah et la mer Rouge.
» Les doléances du limes ont un côté vraiment plai-
sant et forment un agréable contraste avec les inquié-
tudes que lui donnait autrefois l'exécution du canal. Mais
ce n'est pas là la seule contradiction que l'on puisse
relever dans ce journal. Il n'y a pas longtemps que cette
feuille soutenait, avec un imperturbable sang-froid, que
l'Angleterre n'avait aucun intérêt au percement de l'is-
thme ; aujourd'hui elle prétend que l'Angleterre profi-
tera presque seule de cette grande voie ; ce qui lui
donne le droit de se montrer impatiente et de gour-
mander l'indolence de M. de Lesseps, qu'elle se repré-
sente apparemment faisant de longs kivfs, avec sou
armée de fellahs travailleurs, à côté de l'entrepreneur
général, M. Hardon, sous les palmiers d'une oasis. Que
le Times se rassure ; c'est une activité européenne que
celle qui se déploie sur l'isthme. L'eau douce coule à ciel
ouvert du lac Maxamah à Bir-Abou-Ballah ; aux car-
rières de Mex, tout est organisé pour l'expédition facile
des pierres, qui permettront, cette année, d'avancer jus-
qu'aux profondeurs de 5 ou 6 mètres la jetée oue s
du port Saïd, où fonctionnent déjà six voies ferrées. On
travaille sans relâche à la coupure du cordon littoral
qui doit réunir la Méditerranée au lac Menzaleh.
» Ainsi tout marche avec un rapide et merveilleux
ensemble sur cet isthme dont le percement est mainte-
nant si vivement désiré par le Times ; ce qui n'empê-
chera pas sir Henry Bulwer, ambassadeur d'Angleterre
à Constantinople, de rédiger des notes contre le canal de
Suez. Mais le canal a même des défenseurs dans le Foreign-
office, et M. Bulwer aura à ce sujet à s'expliquer avec lord
John Russell qui a énergiquement appuyé l'exécution
du cana!. Tout ceci est ce qu'on appelle en Angleterre
fair play, et en France une véritable comédie. Nous
avons donc raison de dire que l'opposition anglaise à
l'exécution du canal placé sous le patronage de l'Eu-
rope n'a jamais eu rien de bien sérieux. Il serait temps
de n'en plus parler.
« L. MÉRY. »
LA CHINE ET L'ISTHME DE SUEZ.
Sous ce titre l'organe du gouvernement sarde, la
Gazette officielle de Turin publie des observations qui
confirment une fois de plus l'importance que ne peut
manquer d'avoir pour l'avenir de la Compagnie du ca-
nal de Suez, l'ouverture de la Chine et la diffusion de- la
civilisation occidentale dans ces régions immenses.
L'opposition anglaise sera-t-elle donc la seule à s'aveu-
gler jusqu'au bout sur la nécessité de raccourcir les
communications qui doivent conduire l'Europe jus-
qu'à ces foyers nouveaux et presque inépuisables de
production et de consommation.
Voici cet article remarquable dû à la plume du doc-
teur Baruffi.
J. MONGIN.
& La paix récemment conclue entre les Anglo Français
et l'empereur de la Chine sera féconde en heureux ré-
sultats pour le genre humain tout entier. Nous assis-
tons à un des plus grands événements des temps mo-
peuples, on ne. saurait nier que la jonction des deux
mers dont le commerce a tiré depuis l'antiquité la plus
reculée un si grand profit, ne pourra que mieux as-
surer cette paix. En facilitant les relations des contrées
les plus éloignées les unes des autres, en contribuant à
accroître le développement de la richesse générale
par la suppression des obstacles qui empêchent de fruc-
tueux échanges, on fait tout à coup entrer l'humanité
dans une voie de concorde, de communauté d'idées et
de progrès pacifique. Déjà l'impression produite par le
spectacle de la puissance et de la civilisation de l'Eu-
rope a eu d'heureux résultats dans des pays lointains
où régnait la barbarie ; combien augmenteront ces ré-
sultats lorsque ces pays se trouveront encore plus rap-
prochés des nôtres, et que l'espace qui nous en sépare
aura été considérablement réduit par le génie de
l'homme!
» Le percement de l'isthme de Suez sera donc un des
travaux dont notre époque aura le plus le droit de se
montrer fière. Nous n'avons jamais cru à la sincérité de
l'opposition qui s'était manifestée en Angleterre contre
une entreprise dont l'utilité est si manifeste. Une seule
voix discordante dans un concert d'acclamations attestait
tout au plus une petite et taquine jalousie. Mais l'im-
puissance de cette opposition devenue assez silencieuse
et qui a été condamnée même dans le pays où elle s'é
tait montrée, n'a été que mieux confondue par le peu
d'importance qu'on y a cavalièrement attaché. Nous ne
croyons pas que le bruit des pioches qui creusent le port
de Saïd ait troublé le sommeil de lord Palmerston. Ce
-spirituel adversaire du canal de Suez sait assez facile-
ment prendre son parti. C'est ce qu'il semble avoir fait.
Ne pouvant s'aider de l'opinion publique, soit en Angle-
terre, soit ailleurs, les tièdes ennemis du canal se sont
amusés, pour être conséquents avec eux-mêmes, à our-
dir de petites intrigues diplomatiques et à dicter des
notes au Divan, qui est toujours prêt à écrire ce qu'un am-
bassadeur européen exige de ses habitudes de déférence.
En même temps que la note était écrite, le travail, sous
l'œil d'habiles ingénieurs, n'allait pas mal son train, et
vous verrez que le jour où le canal sera livré à la navi-
gation, une dernière note sera rédigée sous la dictée
.de l'ambassadeur anglais à Constantinople, pour en dé-
fendre l'exécution. Ce sera là un spectacle assez risible
et un peu compromettant pour la dignité de la diploma-
tie britannique. Mais aussi pourquoi lord Palmerston
s'est-il avisé de vouloir empêcher l'hymen fécond de la
mer Rouge et de la Méditerranée? Il se pourrait cepen-
dant qu'un revirement d'opinion s'opérât en lui, comme
- il s'est opéré dans l'esprit du Times. Le Times a vivement
combattu, avec ce mélange d'éloquence et d'humour qui
caractérise son style, le percement de l'isthme biblique.
Maintenant le Times se plaint de la lenteur des travaux ;
il est pressé d'avoir le canal ; il trouve que M. de Les-
seps, le plus infatigable des hommes, qui est tantôt à
Paris et tantôt à El-Guisr, où viennent d'être amenées
les eaux du Nil, n'imprime pas assez d'activité à des
travaux qui auront bientôt mis en communication le lac
Timsah et la mer Rouge.
» Les doléances du limes ont un côté vraiment plai-
sant et forment un agréable contraste avec les inquié-
tudes que lui donnait autrefois l'exécution du canal. Mais
ce n'est pas là la seule contradiction que l'on puisse
relever dans ce journal. Il n'y a pas longtemps que cette
feuille soutenait, avec un imperturbable sang-froid, que
l'Angleterre n'avait aucun intérêt au percement de l'is-
thme ; aujourd'hui elle prétend que l'Angleterre profi-
tera presque seule de cette grande voie ; ce qui lui
donne le droit de se montrer impatiente et de gour-
mander l'indolence de M. de Lesseps, qu'elle se repré-
sente apparemment faisant de longs kivfs, avec sou
armée de fellahs travailleurs, à côté de l'entrepreneur
général, M. Hardon, sous les palmiers d'une oasis. Que
le Times se rassure ; c'est une activité européenne que
celle qui se déploie sur l'isthme. L'eau douce coule à ciel
ouvert du lac Maxamah à Bir-Abou-Ballah ; aux car-
rières de Mex, tout est organisé pour l'expédition facile
des pierres, qui permettront, cette année, d'avancer jus-
qu'aux profondeurs de 5 ou 6 mètres la jetée oue s
du port Saïd, où fonctionnent déjà six voies ferrées. On
travaille sans relâche à la coupure du cordon littoral
qui doit réunir la Méditerranée au lac Menzaleh.
» Ainsi tout marche avec un rapide et merveilleux
ensemble sur cet isthme dont le percement est mainte-
nant si vivement désiré par le Times ; ce qui n'empê-
chera pas sir Henry Bulwer, ambassadeur d'Angleterre
à Constantinople, de rédiger des notes contre le canal de
Suez. Mais le canal a même des défenseurs dans le Foreign-
office, et M. Bulwer aura à ce sujet à s'expliquer avec lord
John Russell qui a énergiquement appuyé l'exécution
du cana!. Tout ceci est ce qu'on appelle en Angleterre
fair play, et en France une véritable comédie. Nous
avons donc raison de dire que l'opposition anglaise à
l'exécution du canal placé sous le patronage de l'Eu-
rope n'a jamais eu rien de bien sérieux. Il serait temps
de n'en plus parler.
« L. MÉRY. »
LA CHINE ET L'ISTHME DE SUEZ.
Sous ce titre l'organe du gouvernement sarde, la
Gazette officielle de Turin publie des observations qui
confirment une fois de plus l'importance que ne peut
manquer d'avoir pour l'avenir de la Compagnie du ca-
nal de Suez, l'ouverture de la Chine et la diffusion de- la
civilisation occidentale dans ces régions immenses.
L'opposition anglaise sera-t-elle donc la seule à s'aveu-
gler jusqu'au bout sur la nécessité de raccourcir les
communications qui doivent conduire l'Europe jus-
qu'à ces foyers nouveaux et presque inépuisables de
production et de consommation.
Voici cet article remarquable dû à la plume du doc-
teur Baruffi.
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& La paix récemment conclue entre les Anglo Français
et l'empereur de la Chine sera féconde en heureux ré-
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