Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1861 01 mars 1861
Description : 1861/03/01 (A6,N113). 1861/03/01 (A6,N113).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032662
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX-MERS. 69
Brésil. Dans l'Inde toutes les conditions de la culture
sont maintenant aussi complètes que dans les Etats
méridionaux de l'Union. Le sol convenable au cotonnier
y est sans limites, les travailleurs y sont sur les liéux
à bon marché, en grand nombre et accoutumés à ce
labeur. On y fait déjà des récoltes dont l'importance
semble à peine comprise même par les hommes dont
la fortune dépend de cette intelligence. L'Inde n'a point
de statistiques, mais lesfaits matériels sontpatents sans
l'aide de la science. Deux cents millions d'êtres humains
y sont vêtus de coton indigène ; quelque restreints que
soient les besoins de chaque personne (et une popu-
lation qui se baigne deux fois par jour dans des vête-
ments de coton en consomme plus que les Européens
ne l'admettent généralement), la production régulière
doit être des plus vastes; elle est si grande en
réalité que la fluctuation de centaines de millions de
livres dans les exportations d'une année à l'autre n'af-
fecte presque point les prix locaux : l'évaluation nor-
male de l'exportation en Europe peut être portée à
300 mille balles. Pourtant, en 1851, ce chiffre, sans pré -
paration, sans aucun trouble dans le commerce inté-
rieur, sans autre stimulant que l'accroissement du prix,
s'est élevé à une somme de 680,000 balles. Que Man-
chester pèse l'étendue d'une culture qui, sans aucun
avertissement préalable, peut jeter en dehors une
telle quantité comme un surplus inutile. »
Cependant les expéditions du coton indien en Eu-
rope sont relativement peu considérables; le Spectator
en cherche les causes et les énumère en ces termes :
« Pourquoi l'Inde, qui produit de telles quantités,
nous en envoie-t-elle si peu ? Simplement parce que le
coton ne peut pas être transporté à la côte au même
prix moyen que l'article américain : la dépense du trans-
port absorbe le pront ; dès l'instant qu'une augmenta-
tion de prix surmonte cette seule difficulté, le coton
s'offre en profusion. Mais il a trois ordres de frais
à subir : d'abord la rémunération 'du cultivateur, en-
suite le mince profit de l'exportateur, et, enfin, la dé-
pense du transport égale à peu près au double du
prix de revient de la fibre. Qu'on réduise ces derniers
frais, et ces approvisionnements, sans qu'il soit besoin
d'autre pays de culture, combleront amplement tous
les vides créés par des désordres dans les Etats à es-
claves. Nous ne parlons pas sans connaissance cer-
taine en disant que l'Inde, après le complément des
chemins de fer destinés à transporter le coton, peut
émanciper à jamais l'Angleterre de la dépendance des
Etats-Unis. »
De l'Inde, l'écrivain passe ensuite à la Chine.
« La position de la Chine, dit-il, est toute dinérente ;
mais comme champ nouveau, elle offre des avantages
bien supérieurs à ceux de l'Australie ou du cap de
Bonne-Espérance. Ses deltas gigantesques contiennent
de la terre à coton presque i) limitée ; ces deltas four-
millent d'une population accoutumée aux plus pénibles
labeurs, travaillant pour gagner le prix de sa nourri-
ture, et ingénieuse au-dessus de toute race asiatique ou
africaine. Les entreprises qui en Algérie pourraient
s'épuiser à importer des travailleurs, et dans les
Indes à s'assurer la propriété de la terre, peuvent en
Chine consacrer exclusivement tous leurs capitaux à
la culture. Le Chinois n'a point de préjugés : qu'on lui
prouve que le coton le paiera de sa peine, et il produira
le coton tout aussi bien que le sucre, le thé ou toute
autre denrée desquelles en ce moment il inonde le
monde. Jamais demande n'a dépassé la capacité des
Chinois en fait de production. »
Enfin, de ces doubles considérations sur l'Inde et
sur la Chine, le Spectator tire les conclusions sui-
vantes :
« C'est dans les grands cloaques de la race humaine,
sur les terres où le travail est pour rien, où les salai-
res impliquent simplement le droit de vivre, que des
demandes comme celles de nos fabriques du Lancashire
peuvent être efficacement servies. Que les hommes de
Manchester obligent le ministre de l'Inde à terminer
immédiatement et à tout prix le chemin de fer en cons-
truction sur Omraotee; qu'en renonçant aux vagues
théories sur la régénération indienne, ils envoient des
agents pour rassembler des informations détaillées sur
-l'étendue de la récolte du coton indien, et dans six mois
ils pourront dormir en paix avec la confiance que,
quand même l'Union serait en flammes, la conflagration
ne s'étendra pas aux ateliers de coton de la Grande-
Bretagne. »
Nous avons cru devoir reproduire de larges ex-
traits de cet article, d'abord parce qu'il nous a paru
curieux et instructif en lui-même, et ensuite, parce
que, dans une grande mesure, il exprime l'opinion
actuellement dominante en Angleterre, principale-
ment en ce qui concerne la faculté productrice de
l'Inde pour le coton. Nous pourrions certainement
reprocher à l'écrivain d'avoir oublié dans son énumé-
ration l'Egypte et la vallée du Nil qui ont fait leurs
preuves comme producteurs de cette matière, et qui,
placées sur des cours d'eau et sur la mer, à des
distances beaucoup plus rapprochées de l'Europe, sem-
blent n'attendre que le concours des capitaux et de
la direction européenne pour entrer aussi, non sans
avantages, dans cette utile concurrence. Mais enfin
acceptons les questions dans les termes où elles sont
posées. D'aprèsles données qui ont le plus d'autorité
en Angleterre, le Zanzibar, le Mozambique, la côte
orientale d'Afrique, et plus spécialement les Indes,
aussi bien que la Chine, sont présentés comme les
pays les plus propres à parer, dans le besoin, au dé-
ficit que peut occasionner à la consommation de l'Eu-
rope la défaillance de la culture américaine. Quel est,
pour l'Inde surtout, le principal obstacle à l'exporta-
tion de ces vastes amas de coton qu'on nous dépeint?
On nous l'a dit, le haut prix et la difficulté des trans-
ports, et c'est à cet inconvénient qu'il faut remédier
sans ajournement et à tout prix. Ajoutons que ces
mêmes idées ont été émises dans une série de lettres
très-remarquables, publiées dans le Manchester Guat-
dian, et qu'elles ont été accueillies avec faveur dans
Brésil. Dans l'Inde toutes les conditions de la culture
sont maintenant aussi complètes que dans les Etats
méridionaux de l'Union. Le sol convenable au cotonnier
y est sans limites, les travailleurs y sont sur les liéux
à bon marché, en grand nombre et accoutumés à ce
labeur. On y fait déjà des récoltes dont l'importance
semble à peine comprise même par les hommes dont
la fortune dépend de cette intelligence. L'Inde n'a point
de statistiques, mais lesfaits matériels sontpatents sans
l'aide de la science. Deux cents millions d'êtres humains
y sont vêtus de coton indigène ; quelque restreints que
soient les besoins de chaque personne (et une popu-
lation qui se baigne deux fois par jour dans des vête-
ments de coton en consomme plus que les Européens
ne l'admettent généralement), la production régulière
doit être des plus vastes; elle est si grande en
réalité que la fluctuation de centaines de millions de
livres dans les exportations d'une année à l'autre n'af-
fecte presque point les prix locaux : l'évaluation nor-
male de l'exportation en Europe peut être portée à
300 mille balles. Pourtant, en 1851, ce chiffre, sans pré -
paration, sans aucun trouble dans le commerce inté-
rieur, sans autre stimulant que l'accroissement du prix,
s'est élevé à une somme de 680,000 balles. Que Man-
chester pèse l'étendue d'une culture qui, sans aucun
avertissement préalable, peut jeter en dehors une
telle quantité comme un surplus inutile. »
Cependant les expéditions du coton indien en Eu-
rope sont relativement peu considérables; le Spectator
en cherche les causes et les énumère en ces termes :
« Pourquoi l'Inde, qui produit de telles quantités,
nous en envoie-t-elle si peu ? Simplement parce que le
coton ne peut pas être transporté à la côte au même
prix moyen que l'article américain : la dépense du trans-
port absorbe le pront ; dès l'instant qu'une augmenta-
tion de prix surmonte cette seule difficulté, le coton
s'offre en profusion. Mais il a trois ordres de frais
à subir : d'abord la rémunération 'du cultivateur, en-
suite le mince profit de l'exportateur, et, enfin, la dé-
pense du transport égale à peu près au double du
prix de revient de la fibre. Qu'on réduise ces derniers
frais, et ces approvisionnements, sans qu'il soit besoin
d'autre pays de culture, combleront amplement tous
les vides créés par des désordres dans les Etats à es-
claves. Nous ne parlons pas sans connaissance cer-
taine en disant que l'Inde, après le complément des
chemins de fer destinés à transporter le coton, peut
émanciper à jamais l'Angleterre de la dépendance des
Etats-Unis. »
De l'Inde, l'écrivain passe ensuite à la Chine.
« La position de la Chine, dit-il, est toute dinérente ;
mais comme champ nouveau, elle offre des avantages
bien supérieurs à ceux de l'Australie ou du cap de
Bonne-Espérance. Ses deltas gigantesques contiennent
de la terre à coton presque i) limitée ; ces deltas four-
millent d'une population accoutumée aux plus pénibles
labeurs, travaillant pour gagner le prix de sa nourri-
ture, et ingénieuse au-dessus de toute race asiatique ou
africaine. Les entreprises qui en Algérie pourraient
s'épuiser à importer des travailleurs, et dans les
Indes à s'assurer la propriété de la terre, peuvent en
Chine consacrer exclusivement tous leurs capitaux à
la culture. Le Chinois n'a point de préjugés : qu'on lui
prouve que le coton le paiera de sa peine, et il produira
le coton tout aussi bien que le sucre, le thé ou toute
autre denrée desquelles en ce moment il inonde le
monde. Jamais demande n'a dépassé la capacité des
Chinois en fait de production. »
Enfin, de ces doubles considérations sur l'Inde et
sur la Chine, le Spectator tire les conclusions sui-
vantes :
« C'est dans les grands cloaques de la race humaine,
sur les terres où le travail est pour rien, où les salai-
res impliquent simplement le droit de vivre, que des
demandes comme celles de nos fabriques du Lancashire
peuvent être efficacement servies. Que les hommes de
Manchester obligent le ministre de l'Inde à terminer
immédiatement et à tout prix le chemin de fer en cons-
truction sur Omraotee; qu'en renonçant aux vagues
théories sur la régénération indienne, ils envoient des
agents pour rassembler des informations détaillées sur
-l'étendue de la récolte du coton indien, et dans six mois
ils pourront dormir en paix avec la confiance que,
quand même l'Union serait en flammes, la conflagration
ne s'étendra pas aux ateliers de coton de la Grande-
Bretagne. »
Nous avons cru devoir reproduire de larges ex-
traits de cet article, d'abord parce qu'il nous a paru
curieux et instructif en lui-même, et ensuite, parce
que, dans une grande mesure, il exprime l'opinion
actuellement dominante en Angleterre, principale-
ment en ce qui concerne la faculté productrice de
l'Inde pour le coton. Nous pourrions certainement
reprocher à l'écrivain d'avoir oublié dans son énumé-
ration l'Egypte et la vallée du Nil qui ont fait leurs
preuves comme producteurs de cette matière, et qui,
placées sur des cours d'eau et sur la mer, à des
distances beaucoup plus rapprochées de l'Europe, sem-
blent n'attendre que le concours des capitaux et de
la direction européenne pour entrer aussi, non sans
avantages, dans cette utile concurrence. Mais enfin
acceptons les questions dans les termes où elles sont
posées. D'aprèsles données qui ont le plus d'autorité
en Angleterre, le Zanzibar, le Mozambique, la côte
orientale d'Afrique, et plus spécialement les Indes,
aussi bien que la Chine, sont présentés comme les
pays les plus propres à parer, dans le besoin, au dé-
ficit que peut occasionner à la consommation de l'Eu-
rope la défaillance de la culture américaine. Quel est,
pour l'Inde surtout, le principal obstacle à l'exporta-
tion de ces vastes amas de coton qu'on nous dépeint?
On nous l'a dit, le haut prix et la difficulté des trans-
ports, et c'est à cet inconvénient qu'il faut remédier
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