Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1861 15 février 1861
Description : 1861/02/15 (A6,N112). 1861/02/15 (A6,N112).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203265n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 53
cision les pauvres fellahs ont de bonnes raisons de prier
que « l'ombre de Saïd-Pacha ne diminue jamais sur
leur pays. »
Voilà donc le projet de percement de l'isthme bien
et dûment enseveli par les mains samaritaines d'i
correspondant du Morning Post, et sans doute nous
ne le verrons plus, comme Falstaff, frapper son en-
nemi mort de sa vaillante épée. Nous prions en même
temps ce correspondant inébranlable de iemarquer
notre résignation en apprenant ces funérailles, dont
il s'est fait le maître des cérémonies. Notre deuil ne
nous empêche point de l'aider à appeler le jugement
indigné de l'Europe sur la conduite" déplorable et
cruelle de M, Ferdinand de Lesseps, qu'il dénonce
avec une si impartiale justice.
Le crime, en effet, tel que l'articule le correspon-
dant, serait de ceux dont on ne peut se taire.
L'honorable président fondateur de la Compagnie
universelle aurait sollicité du vice-roi l'exécution
des contrats réciproques ; il lui aurait demandé, au
prix des conventions stipulées, l'envoi de dix mille
Egyptiens sur l'isthme, afin de coopérer aux travaux
qui s'y organisent.
C'est le travail forcé, s'écrie le correspondant; c'est
la faim et la soif, c'est la mort dans le désert pour
ces infortunés fellahs, et le prince, plus humain que
ce prétendu serviteur d'un intérêt universel, a re-
jeté loin de lui cette odieuse proposition.
Les transports du correspondant nous semblent un
peu tardifs. Est-ce donc la première fois que les fel-
lahs travaillent dans le désert? est-ce la première
fois que leur concours serait requis pour un labeur
analogue ?N'est-ce point par le bras des fellahs qu'ont
été exécutés les terrassements du chemin de fer du
Caire à Suez ? Ce travail ne s'est-il point accompli à
la suite des vives instances de la diplomatie anglaise ?
N'est-ce point elle qui l'a sollicité? Et cependant le
correspondant du Morning Post n'a point trouvé alors,
et pour la circonstance, un seul mot à dire contre ce
qu'il nomme le travail forcé.
Pourquoi ce qu'il trouvait légitime quand il s'agis-
sait du chemin de fer serait-il oppressif dès qu'il s'a-
git du canal? Pourquoi le désert, qui n'a pas dévoré
les ouvriers quand ils construisaient la route anglaise,
les dévorerait-il quand ils creuseront la route univer-
selle ?
Nos questions embarrasseront peut-être un peu
notre fossoyeur ; mais il a la ressource et l'habitude
de n'y point répondre.
Au surplus, nous avons plus d'une fois admiré la
richesse de son imagination. Il n'avait point d'abord
pensé à sa formidable prosopopée de la faim et de
la soif; il avait inventé, pour se débarrasser du pro-
jet, des moyens moins exterminateurs : c'étaient
d'abord les sables mouvants qui, poussés par les
vents de Lybie, devaient engloutir tous les travaux
à mesure qu'ils s effectueraient ; c étaient ensuite des
lits de rochers qui, sur la ligne du canal, allaient
présenter à la pioche et à la mine des obstacles in-
surmontables. Or, c'est dans le même ordre de fan-
taisies qu'il faut ranger aujourd'hui la demande qu'il
fait adresser au vice-roi par M. Ferdinand de Lesseps.
Il n'est pas douteux que cette demande n'eût été
légitime et conforme à la loi des contrats ; il n'est
pas douteux que, d'après le traité passé entre la
Compagnie et Son Altesse, les précautions les plus
bienveillantes et les plus minutieuses n'aient été prises
pour le bien être et la santé des indigènes expédiés
sur le terrain des travaux ; il n'est pas douteux que
le mode de recrutement adopté par ces conventions
ne soit en Egypte d'un usage immémorial et n'ait été
appliqué dans ce pays à l'exécution de tous les grands
ouvrages d'utilité publique; il n'est pas douteux que
le salaire réglé par ces stipulations ne soit supérieur
à celui que reçoit habituellement le travailleur égyp-
tien ; il est inexact qu'il n'en soit pas satisfait, et la
preuve s'en trouve dans la quantité de fellahs qui
ont offert et viennent tous les jours offrir leurs ser-
vices à la Compagnie. Si donc jamais ce contrat, par
un motif quelconque, doit être mis à exécution, nous
sommes prêts à en soutenir et l'humanité et la vali-
dité.
Mais, dans la situation actuelle des choses, le ré-
cit du correspondant est tout simplement une fic-
tion. M. de Lesseps n'a point pensé qu'il y eût con-
venance ou utilité à demander présentement l'ac-
complissement du contrat. L'œuvre du canal est assez
populaire en Egypte pour que les ouvriers se re-
crutent librement et en assez grande quantité pour
suffire à tous les besoins du service.
Sur ce point, nous ne pouvons mieux faire que de
renvoyer notre correspondant aux détails contenus
dans notre chronique de ce jour.
Nous n'aurions jamais soupçonné que c'était pour
enterrer le canal que S. A. le vice-roi avait pris une
large part dans la souscription du fonds social ; mais
le correspondant n'envisage point les choses comme
tout le monde : c'est ainsi qu'il sonne nos obsèques
au moment où nous nous croyons pleins de vie plus
que jamais En tout cas, nous lui laissons sans peine
cette consolation, pourvu qu'il ne vienne plus nous
troubler dans cette tombe, où il nous décerne si gé-
néreusement sa gracieuse hospitalité.
ERNEST DESPLACES.
UNE RÉPONSE ANTICIPÉE AU MORNING POST.
On lit dans le Courrier de Marseille du 3 février
dernier:
D Si la multiplication des voies de communication
perfectionnées par l'art moderne est, comme on le dit,
le meilleur moyen de maintenir la paix cnfre le;
cision les pauvres fellahs ont de bonnes raisons de prier
que « l'ombre de Saïd-Pacha ne diminue jamais sur
leur pays. »
Voilà donc le projet de percement de l'isthme bien
et dûment enseveli par les mains samaritaines d'i
correspondant du Morning Post, et sans doute nous
ne le verrons plus, comme Falstaff, frapper son en-
nemi mort de sa vaillante épée. Nous prions en même
temps ce correspondant inébranlable de iemarquer
notre résignation en apprenant ces funérailles, dont
il s'est fait le maître des cérémonies. Notre deuil ne
nous empêche point de l'aider à appeler le jugement
indigné de l'Europe sur la conduite" déplorable et
cruelle de M, Ferdinand de Lesseps, qu'il dénonce
avec une si impartiale justice.
Le crime, en effet, tel que l'articule le correspon-
dant, serait de ceux dont on ne peut se taire.
L'honorable président fondateur de la Compagnie
universelle aurait sollicité du vice-roi l'exécution
des contrats réciproques ; il lui aurait demandé, au
prix des conventions stipulées, l'envoi de dix mille
Egyptiens sur l'isthme, afin de coopérer aux travaux
qui s'y organisent.
C'est le travail forcé, s'écrie le correspondant; c'est
la faim et la soif, c'est la mort dans le désert pour
ces infortunés fellahs, et le prince, plus humain que
ce prétendu serviteur d'un intérêt universel, a re-
jeté loin de lui cette odieuse proposition.
Les transports du correspondant nous semblent un
peu tardifs. Est-ce donc la première fois que les fel-
lahs travaillent dans le désert? est-ce la première
fois que leur concours serait requis pour un labeur
analogue ?N'est-ce point par le bras des fellahs qu'ont
été exécutés les terrassements du chemin de fer du
Caire à Suez ? Ce travail ne s'est-il point accompli à
la suite des vives instances de la diplomatie anglaise ?
N'est-ce point elle qui l'a sollicité? Et cependant le
correspondant du Morning Post n'a point trouvé alors,
et pour la circonstance, un seul mot à dire contre ce
qu'il nomme le travail forcé.
Pourquoi ce qu'il trouvait légitime quand il s'agis-
sait du chemin de fer serait-il oppressif dès qu'il s'a-
git du canal? Pourquoi le désert, qui n'a pas dévoré
les ouvriers quand ils construisaient la route anglaise,
les dévorerait-il quand ils creuseront la route univer-
selle ?
Nos questions embarrasseront peut-être un peu
notre fossoyeur ; mais il a la ressource et l'habitude
de n'y point répondre.
Au surplus, nous avons plus d'une fois admiré la
richesse de son imagination. Il n'avait point d'abord
pensé à sa formidable prosopopée de la faim et de
la soif; il avait inventé, pour se débarrasser du pro-
jet, des moyens moins exterminateurs : c'étaient
d'abord les sables mouvants qui, poussés par les
vents de Lybie, devaient engloutir tous les travaux
à mesure qu'ils s effectueraient ; c étaient ensuite des
lits de rochers qui, sur la ligne du canal, allaient
présenter à la pioche et à la mine des obstacles in-
surmontables. Or, c'est dans le même ordre de fan-
taisies qu'il faut ranger aujourd'hui la demande qu'il
fait adresser au vice-roi par M. Ferdinand de Lesseps.
Il n'est pas douteux que cette demande n'eût été
légitime et conforme à la loi des contrats ; il n'est
pas douteux que, d'après le traité passé entre la
Compagnie et Son Altesse, les précautions les plus
bienveillantes et les plus minutieuses n'aient été prises
pour le bien être et la santé des indigènes expédiés
sur le terrain des travaux ; il n'est pas douteux que
le mode de recrutement adopté par ces conventions
ne soit en Egypte d'un usage immémorial et n'ait été
appliqué dans ce pays à l'exécution de tous les grands
ouvrages d'utilité publique; il n'est pas douteux que
le salaire réglé par ces stipulations ne soit supérieur
à celui que reçoit habituellement le travailleur égyp-
tien ; il est inexact qu'il n'en soit pas satisfait, et la
preuve s'en trouve dans la quantité de fellahs qui
ont offert et viennent tous les jours offrir leurs ser-
vices à la Compagnie. Si donc jamais ce contrat, par
un motif quelconque, doit être mis à exécution, nous
sommes prêts à en soutenir et l'humanité et la vali-
dité.
Mais, dans la situation actuelle des choses, le ré-
cit du correspondant est tout simplement une fic-
tion. M. de Lesseps n'a point pensé qu'il y eût con-
venance ou utilité à demander présentement l'ac-
complissement du contrat. L'œuvre du canal est assez
populaire en Egypte pour que les ouvriers se re-
crutent librement et en assez grande quantité pour
suffire à tous les besoins du service.
Sur ce point, nous ne pouvons mieux faire que de
renvoyer notre correspondant aux détails contenus
dans notre chronique de ce jour.
Nous n'aurions jamais soupçonné que c'était pour
enterrer le canal que S. A. le vice-roi avait pris une
large part dans la souscription du fonds social ; mais
le correspondant n'envisage point les choses comme
tout le monde : c'est ainsi qu'il sonne nos obsèques
au moment où nous nous croyons pleins de vie plus
que jamais En tout cas, nous lui laissons sans peine
cette consolation, pourvu qu'il ne vienne plus nous
troubler dans cette tombe, où il nous décerne si gé-
néreusement sa gracieuse hospitalité.
ERNEST DESPLACES.
UNE RÉPONSE ANTICIPÉE AU MORNING POST.
On lit dans le Courrier de Marseille du 3 février
dernier:
D Si la multiplication des voies de communication
perfectionnées par l'art moderne est, comme on le dit,
le meilleur moyen de maintenir la paix cnfre le;
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