Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1861 01 mars 1861
Description : 1861/03/01 (A6,N113). 1861/03/01 (A6,N113).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032662
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
68 L'ISTHME DE SUEZ,
cherchait par des raisonnements et des chiffres à
tempérer les alarmes publiques :
« Nous voulons bien, dit-il, ne prendre les résultats à
prévoir que selon les calculs raisonnables et modérés,
et nous demandons encore s'il est un seul homme dans
le royaume qui pût les contempler snns terreur. Voyez
les effets que vient d'amener parmi nous une gelée
d'un mois pendant la saison de Noël ! L'interruption
d'un petit nombre d'industries inférieures durant quel-,
ques journées d'hiver a rempli la métropole de pauvres
et a forcé la moitié de nos autorités à se convertir pour
un moment en distributeurs d'aumônes. Voyez Coven-
try avec une population de 40,000 âmes, riches ou pau-
vres, désolée par la décadence de l'industrie des
rubans ! La charité prodigue du royaume entier a suffi
avec peine pour empêcher ces populations de mourir de
faim jusqu'au printemps, ou jusqu'à ce que la mode
vienne leur rendre leur travail. Prenez ces exemples
et appliquez en la déduction aux fabriques de coton :
au lieu de quelques milliers d'individus, imaginez-vous
quatre millions d'ouvriers dans le désespoir et la détresse.
Quelles souscriptions, quelles sociétés, quelles lois des
pauvres, quels tribunaux de police pourront parer à
un semblable cas? D'où le secours viendrait-il? Sou-
venez-vous que tandis qu'une si grande masse de l'in-
dustrie nationale serait paralysée, une aussi grande
masse de richesses nationales serait également perdue!
Nous ferions un tiers moins de commerce, et qui peut dire
jusqu'où la seule panique inhérente à une telle crise sans
précédents aggraverait les réalités du péril? Il n'y a pas
une heure à perdre, pour prendre des mesures contre
cet effroyable danger. )
C'est à propos de la lutte et de la scission dont les
Etats-Unis sont menacés, que le Times se livre à ces
clameurs d'effroi. Il rappelle que l'Amérique du Nord
ne fournit pas à l'industrie anglaise moins de 77 0/0
du coton qu'elle consomme, et que jusqu'à présent
cette contrée a été seule en état de lui fournir. De là
ces sombres perspectives :
« Si les Etats méridionaux de l'Union sont déchirés
par la guerre, une insurrection servile sera la trop pro-
bable conséquence de cette convulsion. Si les esclaves
se révoltent, les récoltes de coton périssent, et avec la
perte des récoltes du coton arrive la paralysie de nos
propres manufactures. »
Nous ne savons encore jusqu'à quel point ces si-
nistres hypothèses se réaliseront, et nous n'avons pas
besoin de dire que dans tous les cas et sous tous les
points de vue, nous faisons les vœux les plus ardents
pour qu'elles ne se vérifient point. Mais il n'est pas
moins remarquable que leur simple éventualité fait
frémir l'Angleterre, la met en quelque sorte aux
abois, et lui fait ressentir plus profondément que
jamais combien son travail, sa puissance, son exis-
tence même dépendent d'un événement malheureux
ou d'un mauvais vouloir calculé dans les Etats-Unis.
Ecoutons encore l'opinion du Times sur la situation
actuelle :
« Pour placer la question sous sa forme la plus douce
les trois quarts de notre approvisionnement de coton
sontjdevenus incertains; un tiers de notre commerce est
menacé et les salaires d'un sixième de notre population
peuvent être rendus précaires. »
Il n'est pas étonnant que dans cette recrudescence
de perplexités exprimées non pas seulement par le
Times, mais par tous les journaux, tous les manu-
facturiers, tous les hommes politiques de la Grande-
Bretagne, ce pays énergique et pratique ait remis à
l'ordre du jour ardemment et par-dessus tout autre
sujet la nécessité d'affranchir son industrie de cette su-
jétion et de cette menace. Il ne faut pas croire que les
esprits ne fussent point déjà assez fortement tendus
vers ce but : depuis longtemps plusieurs associations
s'étaient fondées, de nombreuses recherches avaient
été faites, des projets avaient été élaborés pour fomen-
te retrépandre dans les diverses parties du monde
où elle peut réussir la culture du coton. Mais ces
efforts n'ont malheureusement eu jusqu'ici que des
succès très-partiels et très-restreints, incapables de
pourvoir au mal, et il a fallu la pression actuelle
pour donner à ce besoin toute son impulsion uni-
verselle.
En ce moment la question est la grosse préoccu-
pation de l'Angleterre ; les chambres de commerce
des principaux foyers industriels se réunissent et déli-
bèrent afin de donner toute sa puissance à l'effort
national; elles provoquent en sa faveur toute la solli-
citude et tout le concours du gouvernement. Des as-
sociations nouvelles se sont formées à Londres, à Man-
chester, etc.; l'une d'elles, entre autres, s'est constituée
au capital de 25 millions de francs qu'elle destine à
l'encouragement de la culture. On a successivement
examiné les chances que pourraient offrir l'Afrique,
les Indes occidentales, l'Amérique du Sud, etc.; mais
presque toutes les opinions ont été d'accord pour re-
connaître qu'un résultat efficace ne pourrait guère
être obtenu que vers les contrées que baignent l'Océan
indien et les mers asiatiques. C'est ainsi que M. Burton,
célèbre voyageur africain, signalait au Times le Zan-
zibar, le Mozambique et les régions de l'Afrique
orientale jusqu'à la chaîne des montagnes à l'est de
l'Indus comme le théâtre le plus propre à résoudre
le grand problème. « Ce pays, dit-il, est éminemment
approprié à la production du coton ; le climat est
chaud et humide, le sol riche et alluvial ; un golfe
baigne ses rivages, et la population nègre y est com-
parativement industrieuse. »
Un autre journal considérable de Londres, le Spec-
tator, étend beaucoup plus ce champ d'exploitation,
et c'est aussi principalement du côté de l'Asie qu'il
porte ses regards.
« Il n'y a, déclare-t-il, que trois pays au monde
offrant une chance de production abondante, immédiate
et à bas prix : ce sont l'Inde, la Chine et peut-être le
cherchait par des raisonnements et des chiffres à
tempérer les alarmes publiques :
« Nous voulons bien, dit-il, ne prendre les résultats à
prévoir que selon les calculs raisonnables et modérés,
et nous demandons encore s'il est un seul homme dans
le royaume qui pût les contempler snns terreur. Voyez
les effets que vient d'amener parmi nous une gelée
d'un mois pendant la saison de Noël ! L'interruption
d'un petit nombre d'industries inférieures durant quel-,
ques journées d'hiver a rempli la métropole de pauvres
et a forcé la moitié de nos autorités à se convertir pour
un moment en distributeurs d'aumônes. Voyez Coven-
try avec une population de 40,000 âmes, riches ou pau-
vres, désolée par la décadence de l'industrie des
rubans ! La charité prodigue du royaume entier a suffi
avec peine pour empêcher ces populations de mourir de
faim jusqu'au printemps, ou jusqu'à ce que la mode
vienne leur rendre leur travail. Prenez ces exemples
et appliquez en la déduction aux fabriques de coton :
au lieu de quelques milliers d'individus, imaginez-vous
quatre millions d'ouvriers dans le désespoir et la détresse.
Quelles souscriptions, quelles sociétés, quelles lois des
pauvres, quels tribunaux de police pourront parer à
un semblable cas? D'où le secours viendrait-il? Sou-
venez-vous que tandis qu'une si grande masse de l'in-
dustrie nationale serait paralysée, une aussi grande
masse de richesses nationales serait également perdue!
Nous ferions un tiers moins de commerce, et qui peut dire
jusqu'où la seule panique inhérente à une telle crise sans
précédents aggraverait les réalités du péril? Il n'y a pas
une heure à perdre, pour prendre des mesures contre
cet effroyable danger. )
C'est à propos de la lutte et de la scission dont les
Etats-Unis sont menacés, que le Times se livre à ces
clameurs d'effroi. Il rappelle que l'Amérique du Nord
ne fournit pas à l'industrie anglaise moins de 77 0/0
du coton qu'elle consomme, et que jusqu'à présent
cette contrée a été seule en état de lui fournir. De là
ces sombres perspectives :
« Si les Etats méridionaux de l'Union sont déchirés
par la guerre, une insurrection servile sera la trop pro-
bable conséquence de cette convulsion. Si les esclaves
se révoltent, les récoltes de coton périssent, et avec la
perte des récoltes du coton arrive la paralysie de nos
propres manufactures. »
Nous ne savons encore jusqu'à quel point ces si-
nistres hypothèses se réaliseront, et nous n'avons pas
besoin de dire que dans tous les cas et sous tous les
points de vue, nous faisons les vœux les plus ardents
pour qu'elles ne se vérifient point. Mais il n'est pas
moins remarquable que leur simple éventualité fait
frémir l'Angleterre, la met en quelque sorte aux
abois, et lui fait ressentir plus profondément que
jamais combien son travail, sa puissance, son exis-
tence même dépendent d'un événement malheureux
ou d'un mauvais vouloir calculé dans les Etats-Unis.
Ecoutons encore l'opinion du Times sur la situation
actuelle :
« Pour placer la question sous sa forme la plus douce
les trois quarts de notre approvisionnement de coton
sontjdevenus incertains; un tiers de notre commerce est
menacé et les salaires d'un sixième de notre population
peuvent être rendus précaires. »
Il n'est pas étonnant que dans cette recrudescence
de perplexités exprimées non pas seulement par le
Times, mais par tous les journaux, tous les manu-
facturiers, tous les hommes politiques de la Grande-
Bretagne, ce pays énergique et pratique ait remis à
l'ordre du jour ardemment et par-dessus tout autre
sujet la nécessité d'affranchir son industrie de cette su-
jétion et de cette menace. Il ne faut pas croire que les
esprits ne fussent point déjà assez fortement tendus
vers ce but : depuis longtemps plusieurs associations
s'étaient fondées, de nombreuses recherches avaient
été faites, des projets avaient été élaborés pour fomen-
te retrépandre dans les diverses parties du monde
où elle peut réussir la culture du coton. Mais ces
efforts n'ont malheureusement eu jusqu'ici que des
succès très-partiels et très-restreints, incapables de
pourvoir au mal, et il a fallu la pression actuelle
pour donner à ce besoin toute son impulsion uni-
verselle.
En ce moment la question est la grosse préoccu-
pation de l'Angleterre ; les chambres de commerce
des principaux foyers industriels se réunissent et déli-
bèrent afin de donner toute sa puissance à l'effort
national; elles provoquent en sa faveur toute la solli-
citude et tout le concours du gouvernement. Des as-
sociations nouvelles se sont formées à Londres, à Man-
chester, etc.; l'une d'elles, entre autres, s'est constituée
au capital de 25 millions de francs qu'elle destine à
l'encouragement de la culture. On a successivement
examiné les chances que pourraient offrir l'Afrique,
les Indes occidentales, l'Amérique du Sud, etc.; mais
presque toutes les opinions ont été d'accord pour re-
connaître qu'un résultat efficace ne pourrait guère
être obtenu que vers les contrées que baignent l'Océan
indien et les mers asiatiques. C'est ainsi que M. Burton,
célèbre voyageur africain, signalait au Times le Zan-
zibar, le Mozambique et les régions de l'Afrique
orientale jusqu'à la chaîne des montagnes à l'est de
l'Indus comme le théâtre le plus propre à résoudre
le grand problème. « Ce pays, dit-il, est éminemment
approprié à la production du coton ; le climat est
chaud et humide, le sol riche et alluvial ; un golfe
baigne ses rivages, et la population nègre y est com-
parativement industrieuse. »
Un autre journal considérable de Londres, le Spec-
tator, étend beaucoup plus ce champ d'exploitation,
et c'est aussi principalement du côté de l'Asie qu'il
porte ses regards.
« Il n'y a, déclare-t-il, que trois pays au monde
offrant une chance de production abondante, immédiate
et à bas prix : ce sont l'Inde, la Chine et peut-être le
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62032662/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62032662/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62032662/f4.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62032662
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62032662