Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1861 15 février 1861
Description : 1861/02/15 (A6,N112). 1861/02/15 (A6,N112).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203265n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
52 L'ISTHME DE SJJEZ,
» Le conducteur qui dirige le chantier n° 1, près le
lac Timsah, a déjà plus de trois cents de ces habi-
tations construites et occupées, la maison du cheïk
est au milieu d'une place de façon à étendre sa sur-
veillance sur le plus grand nombre d'habitations
possible. Elle a deux pièces et deux cours.
D La mosquée se pose en ce moment. Les fellahs
étonnés de tant de soins et de progrès ne cessent de
s'écrier: Tuïb ! Taib (très-bien!); et quand, il a été
proclamé que tout Arabe pouvait amener avec lui
sa femme et ses enfants, l'allégresse n'a plus eu de
bornes. Je n'avais jamais vu d'aussi bonnes figures
remplies de tant de joie.
» Dans le campement principal, deux cents maisons
s'achèvent; elles sont édifiées à peu près sur le même
plan, avec deux larges rues en croix et une place au
milieu. Un marché, comme dans les autres villages,
abritera bientôt les marchands arabes, qui déjà ne
manquent pas de franchir le désert pour commercer
des mille petites choses nécessaires à la vie.
» Dans le chantier nO 3, le même nombre de mai-
sons s'élèvent. A Ferdane elles sont achevées, et
dans les autres chantiers elles commencent. Avant
peu, nous aurons de deux mille à deux mille cinq
cents maisons pour abriter dix mille hommes, avec
une parfaite salubrité; on pourra dire alors, en
voyant circuler ces populations d'hommes, de
femmes et d'enfants, que le désert n'existe plus.
» Nous serons vraiment plus heureux quand tous
ces pauvres Arabes seront bien abrités contre les
vents et la pluie. Personne n'est plus intéressant
qu'eux, ni surtout plus intelligent. En voici un exem-
ple : quand les brouettes démontées sont arrivées au
désert, on s'inquiétait du temps nécessaire pour les
mettre en état de service. Deux charrons européens
nous en donnaient trois ou quatre par jour. On es-
saya des indigènes. D'abord ils ne furent pas bien
adroits, mais au bout de deux jours d'apprentissage,
ils surprirent bien tout le monde; quarante-huit
d'entre eux, dont au moins moitié enfants de huit à
douze ans, sont arrivés à fournir cent quinze à cent
vingt brouettes par jour. C'est vraiment merveilleux,
quand on pense que ces hommes et ces enfants n'a-
vaient jamais vu une brouette, ni même touché un
outil autre que le fajs qui sert à piocher la terre. Je
suis convaincu désormais que rien n'est impossible aux
travailleurs égyptiens, qu'ils seront bientôt les meil-
leurs dans tous nos ateliers, et qu'avant la fin de nos
travaux, l'Egypte possédera autant de bons ouvriers
qu'il en faudra pour exécuter les plus grands ou-
vrages. »
Nous avons déjà annoncé que M. de Lesseps, ac-
compagné du directeur général des travaux et de ses
principaux collaborateurs, se préparait à faire dans
l'isthme une tournée d'inspection. Ce projet a été
quelque peu iretardé par une tempête du kamsim ;
(vent du désert), qui aurait rendu le trajet difficile
et très-pénible ; mais l'infatigable président de la Com-
pagnie est en ce moment sur les lieux, et nous espé-
rons pouvoir prochainement connaître et faire
savoir ce qu'il a vu et les dispositions qu'il aura
prises de concert avec les ingénieurs et l'entrepreneur
général.
ERNEST DESPLACES.
LES FICTIONS DU MORNING POST.
Toujours fidèle à nolre système de soumettre au
jugement de nos lecteurs tout ce qui concerne la
controverse sur le canal de Suez, nous puisons dans,
une nouvelle correspondance du Morning Post les ex-
traits suivants, en les accompagnant d'une facile et
péremptoire réponse.
a Alexandrie, 16 janvier.
» La défunte question du canal de Suez, qui était
totalement oubliée ici et que les indigènes au moins
supposaient enterrée confortablement dans les sables
du désert, a été récemment ressuscitée par son représen-
tant M. de Lesseps. Il a fait au gouvernement égyp-
tien la demande formelle de lui fournir dix mille ou-
vriers fellahs à 1 franc par jour, suivant les conven-
tions faites, pour exécuter la canalisation de l'isthme ;
mais cette demande a été péremptoirement refusée. Le
vice-roi sans doute a imaginé affectueusement qu'il avait
magnifiquement pourvu à l'enterrement final de cette af-
faire et à ses obsèques funéraires en souscrivant pour 90
millions de francs dans le fonds social de la Compagnie
universelle; somme qu'il a placée entièrement à sa dispo-
sition afin de l'appliquer pour le mieux au repos éternel de
la défunte età la consolation de ses parents etamis survi-
vants. Il pensait ainsi n'avoir plus à être troublé sur ce
sujet par les dépêches diplomatiques du ministre an-
- glais, par les firmans comminatoires du sultan ou par des
appels à sa générosité où à sa fierté par M. de Lesseps.
Mais le spectre de Banquoréapparaît pour épouvanter
de nouveau l'Egypte et mettre les pauvres fellahs hors
d'eux-mêmes par cette demande de dix mille d'entre
eux, pour les faire périr éventuellement de soif et de
faim par centaines dans le désert de Suez. Il faut faire
connaître et publiquement stigmatiser en Europe cette
demande déplorable, cruelle et inconsistante de la part
de M. de Lesseps, qui a dernièrement déclaré publique-
ment que son projet devait être exécuté par le travial
libre et non par le travail forcé des pauvres fellahs
d'Egypte sous la prétention de leur payer 1 franc par
jour, lorsqu'il est notoire que même 5 francs par
jour ne pourraient en décider aucun à quitter volontai-
rement leur famille et leurs foyers dans la vallée du Nil
pour aller dans le désert de Suez creuser ce précieux
canal. Le vice-roi d'Egypte a heureusement montré plus
d'humanité en refusant à se prêter à cette requête que
ce prédicateur précieux, protestant qu'il n'agit que par
des motifs de philanthropie universelle, et pour cette dé-
» Le conducteur qui dirige le chantier n° 1, près le
lac Timsah, a déjà plus de trois cents de ces habi-
tations construites et occupées, la maison du cheïk
est au milieu d'une place de façon à étendre sa sur-
veillance sur le plus grand nombre d'habitations
possible. Elle a deux pièces et deux cours.
D La mosquée se pose en ce moment. Les fellahs
étonnés de tant de soins et de progrès ne cessent de
s'écrier: Tuïb ! Taib (très-bien!); et quand, il a été
proclamé que tout Arabe pouvait amener avec lui
sa femme et ses enfants, l'allégresse n'a plus eu de
bornes. Je n'avais jamais vu d'aussi bonnes figures
remplies de tant de joie.
» Dans le campement principal, deux cents maisons
s'achèvent; elles sont édifiées à peu près sur le même
plan, avec deux larges rues en croix et une place au
milieu. Un marché, comme dans les autres villages,
abritera bientôt les marchands arabes, qui déjà ne
manquent pas de franchir le désert pour commercer
des mille petites choses nécessaires à la vie.
» Dans le chantier nO 3, le même nombre de mai-
sons s'élèvent. A Ferdane elles sont achevées, et
dans les autres chantiers elles commencent. Avant
peu, nous aurons de deux mille à deux mille cinq
cents maisons pour abriter dix mille hommes, avec
une parfaite salubrité; on pourra dire alors, en
voyant circuler ces populations d'hommes, de
femmes et d'enfants, que le désert n'existe plus.
» Nous serons vraiment plus heureux quand tous
ces pauvres Arabes seront bien abrités contre les
vents et la pluie. Personne n'est plus intéressant
qu'eux, ni surtout plus intelligent. En voici un exem-
ple : quand les brouettes démontées sont arrivées au
désert, on s'inquiétait du temps nécessaire pour les
mettre en état de service. Deux charrons européens
nous en donnaient trois ou quatre par jour. On es-
saya des indigènes. D'abord ils ne furent pas bien
adroits, mais au bout de deux jours d'apprentissage,
ils surprirent bien tout le monde; quarante-huit
d'entre eux, dont au moins moitié enfants de huit à
douze ans, sont arrivés à fournir cent quinze à cent
vingt brouettes par jour. C'est vraiment merveilleux,
quand on pense que ces hommes et ces enfants n'a-
vaient jamais vu une brouette, ni même touché un
outil autre que le fajs qui sert à piocher la terre. Je
suis convaincu désormais que rien n'est impossible aux
travailleurs égyptiens, qu'ils seront bientôt les meil-
leurs dans tous nos ateliers, et qu'avant la fin de nos
travaux, l'Egypte possédera autant de bons ouvriers
qu'il en faudra pour exécuter les plus grands ou-
vrages. »
Nous avons déjà annoncé que M. de Lesseps, ac-
compagné du directeur général des travaux et de ses
principaux collaborateurs, se préparait à faire dans
l'isthme une tournée d'inspection. Ce projet a été
quelque peu iretardé par une tempête du kamsim ;
(vent du désert), qui aurait rendu le trajet difficile
et très-pénible ; mais l'infatigable président de la Com-
pagnie est en ce moment sur les lieux, et nous espé-
rons pouvoir prochainement connaître et faire
savoir ce qu'il a vu et les dispositions qu'il aura
prises de concert avec les ingénieurs et l'entrepreneur
général.
ERNEST DESPLACES.
LES FICTIONS DU MORNING POST.
Toujours fidèle à nolre système de soumettre au
jugement de nos lecteurs tout ce qui concerne la
controverse sur le canal de Suez, nous puisons dans,
une nouvelle correspondance du Morning Post les ex-
traits suivants, en les accompagnant d'une facile et
péremptoire réponse.
a Alexandrie, 16 janvier.
» La défunte question du canal de Suez, qui était
totalement oubliée ici et que les indigènes au moins
supposaient enterrée confortablement dans les sables
du désert, a été récemment ressuscitée par son représen-
tant M. de Lesseps. Il a fait au gouvernement égyp-
tien la demande formelle de lui fournir dix mille ou-
vriers fellahs à 1 franc par jour, suivant les conven-
tions faites, pour exécuter la canalisation de l'isthme ;
mais cette demande a été péremptoirement refusée. Le
vice-roi sans doute a imaginé affectueusement qu'il avait
magnifiquement pourvu à l'enterrement final de cette af-
faire et à ses obsèques funéraires en souscrivant pour 90
millions de francs dans le fonds social de la Compagnie
universelle; somme qu'il a placée entièrement à sa dispo-
sition afin de l'appliquer pour le mieux au repos éternel de
la défunte età la consolation de ses parents etamis survi-
vants. Il pensait ainsi n'avoir plus à être troublé sur ce
sujet par les dépêches diplomatiques du ministre an-
- glais, par les firmans comminatoires du sultan ou par des
appels à sa générosité où à sa fierté par M. de Lesseps.
Mais le spectre de Banquoréapparaît pour épouvanter
de nouveau l'Egypte et mettre les pauvres fellahs hors
d'eux-mêmes par cette demande de dix mille d'entre
eux, pour les faire périr éventuellement de soif et de
faim par centaines dans le désert de Suez. Il faut faire
connaître et publiquement stigmatiser en Europe cette
demande déplorable, cruelle et inconsistante de la part
de M. de Lesseps, qui a dernièrement déclaré publique-
ment que son projet devait être exécuté par le travial
libre et non par le travail forcé des pauvres fellahs
d'Egypte sous la prétention de leur payer 1 franc par
jour, lorsqu'il est notoire que même 5 francs par
jour ne pourraient en décider aucun à quitter volontai-
rement leur famille et leurs foyers dans la vallée du Nil
pour aller dans le désert de Suez creuser ce précieux
canal. Le vice-roi d'Egypte a heureusement montré plus
d'humanité en refusant à se prêter à cette requête que
ce prédicateur précieux, protestant qu'il n'agit que par
des motifs de philanthropie universelle, et pour cette dé-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203265n/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203265n/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203265n/f4.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203265n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203265n
Facebook
Twitter