Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1861 01 mars 1861
Description : 1861/03/01 (A6,N113). 1861/03/01 (A6,N113).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032662
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 77
monte avec lui et son cortége dans une des salles
supérieures préparée et arrangée pour la circonstance.
L'imam prend place le premier sur le divan du milieu et
fait asseoir à sa droite le fiancé, et à sa gauche le père
de la jeune fille ou celui qui doit la représenter dans
cette cérémonie; puis, prenant la parole et s'adres-
sant à ce dernier, il lui dit : a Me donnes-tu mandat de
contracter mariage avec N. au nom et pour compte de
celle qui t'a donné ses pouvoirs à cet effet, N. fille
de N.? » Et lui de répondre : « Je te donne mandat. »
Alors se tournant vers le fiancé, l'imam lui dit : « Je
t'unis et te marie à ta fiancée, N., fille de N., avec le
douaire dont vous êtes convenus ; acceptes-tu ce ma-
riage pour toi-même? 1 Et lui de répondre : « J'acoepte
ce mariage avec elle. » Aussitôt l'imam et toute l'assis-
tance récitent la fateha en tenant les mains élevées, puis
l'on échange force félicitations et embrassades sur l'é-
paule droite. Je l'ai dit, on ne dresse à Djeddah aucun
acte écrit de mariage.
Quand chacun a repris sa place, et pendant que dans
une pièce voisine les femmes à leur tour félicitent la
jeune fiancée et poussent des cris en signe de joie, des
esclaves apportent à tous ces messieurs du café, bientôt
suivi de sorbets et de limonades, auxquels succèdent
enfin des cassolettes d'argent artistement travaillées,
dans lesquelles brûlent du benjoin et du bois d'aloès.
Ces cassolettes sont promenées sous toutes les barbes,
qu'elles imprègnent d'un parfum pénétrant, en même
temps qu'un autre esclave laisse tomber d'un flacon,
également en argent, dans les mains des assistants qui
lui sont tendues, quelques gouttes d'eau de rose ou de
jasmin. La consécration du mariage étant ainsi ter-
minée, la séance est levée et chacun se retire chez soi.
Pendant que le jeune homme, rentré dans sa mai-
son, donne avec sa famille le dernier coup d'œil, la
dernière main à l'installation, l'ameublement et l'ar-
rangement de la chambre nuptiale que, dans quelques
heures, sa jeune épouse va venir occuper, celle-ci est
livrée chez elle aux mains de ses amies et de ses escla-
ves qui s'occupent de sa toilette secrète, et rivalisent
d'empressement et de soins avec la mezeïena (enjoliveuse,
coiffeuse et habilleuse officielle et titrée) pour l'habiller
et la parer à qui mieux mieux. Dans les familles pau-
vres comme dans celles qui comptent parmi les plus
aisées, on emprunte pour cette circonstance à des voi-
sins de riches ornements et des bijoux qui doivent ser-
vir à rehausser davantage encore l'éclat de la toilette
et de la beauté de la mariée.
Ces longs apprêts terminés, on conduit Vâroussa dans
la pièce principale de la maison où doit avoir lieu, peu
d'instants après, sa première entrevue avec son ârousse
(fiancé, marié), et on s'assied sur une sorte d'estrade
préparée à cet effet et ornée de beaux tapis, de ten -
tures de soie et de coussins de velours ou de brocard.
La fiancée y prend place, et la mezeiena a seule le droit
de s'accroupir auprès d'elle pour veiller avec soin à ce
que rien ne se dérange dans l'harmonie de la toilette
de la jeune femme.
Le costume de celle-ci ne [diffère presque en rien de
celui qu'elle porte d'ordinaire chez elle, sauf cependant
les étoffes qui le composent, qui sont plus riches, plus
vives en couleurs et plus brodées de soierie et d'or. La
figure, qui n'est point peinturlurée de blanc, de rouge
et de mouches, ainsi que cela se pratique dans d'autres
pays musulmans, mais simplement enduite d'une sorte
de pommade parfumée destinée à faire reluire tout le
visage et à donner plus d'éclat à ses couleurs naturel.
les, la figure, dis-je, est couverte d'un voile en tulle ou
en très-fine mousseline des Indes, brodé d'or, qui des-
cend de la tête aux genoux. Point n'est besoin de dire
que la mezeïena s'est efforcée de donner une courbe régu-
lière à l'arcade sourcilière en épilant soigneusement les
poils malencontreusement plantés ou rebelles ; elle a eu
soin aussi de donner aux yeux une apparence plus
grande et plus fendue en amande en passant artistement
et fréquemment entre les paupières le meroued ou petit
style en ivoire imprégné de la poussière du kohel (prépa-
ration d'antimoine), qui, en teignant les cils en noir de
jais, fait paraître l'œil plus dilaté et donne au regard
une vivacité inusitée.
La coiffure, qui emprisonne les cheveux, est ornée
de riches épingles, d'aigrettes ou de flots de chaînettes
d'or tombant à droite et à gauche du visage. Les oreil-
les, la narine droite, le col, les bras, les poignets et les
doigts des pieds et des mains sont garnis de bijoux
déjà décrits, c'est-à-dire de leurs boucles, zemam, ôked,
damelaga, souar et bagues. On ajoute parfois à ces bijoux ,
une ceinture formée de petits tubes en or ou en argent,
enfilés droit les uns à côté des autres et terminés par
de petits grelots, le tout fixé sur un ruban de soie que
l'on attache autour de la taille ; une sorte de plaque en
or ou en argent de forme ronde, dans laquelle sont gros-
sièrement enchâssés des roses, des rubis, des émeraudes
et des perles, plaque qui s'applique sur la poitrine entre
les deux seins et est retenue par une chaînette d'or qui
fait le tour du col ; un collier formé de clous de girofle en-
filés dans des fils de soie, ou de curieuses petites agates
noires marquées au milieu d'une bande blanche, etc, etc.
Comme vous le pensez bien, rien n'est fixe et inva-
riable pour le nombre, la valeur et la forme des orne-
ments dont se pare la fiancée au jour de son mariage ;
la richesse individuelle, le caprice ou le goût servent
seuls de règle. Mais il est un ornement tout spécial à
Vâroussa dont elle ne peut absolument pas se dispenser
ce jour-là, coûte que coûte ; ce sont deux colliers d'une
espèce particulière, l'un formé uniquement de petites
pommes vertes et exhalant son frais et délicat parfum
de fruit; l'autre, de boutons de jasmin à l'odeur très-
pénétrante et que l'on enfile les uns à côté des autres
dans un long fil de soie. Ces colliers sont très-grands
et,"passant autour du col, ils doivent, placés par-dessus
les vêtements, descendre jusqu'à la taille au moins.
Si l'on se trouve dans la saison où il est impossible de
se procurer ces fruits et ces fleurs, on a recours à des
imitations en bois, tant l'usage qui exige cet ornement
de la fiancée est formel. Ces colliers de rigueur semblent
avoir pour raison d'être de remplacer, chez les Djed-
daïennes, la couronne et le bouquet de fleurs d'oranger
que portent nos fiancées sur les cheveux et à la cein-
ture. Je n'ai pu d'ailleurs obtenir aucun renseignement
sur l'origine de cette coutume.
La salle où vient s'installer l'droussa est éclairée par
monte avec lui et son cortége dans une des salles
supérieures préparée et arrangée pour la circonstance.
L'imam prend place le premier sur le divan du milieu et
fait asseoir à sa droite le fiancé, et à sa gauche le père
de la jeune fille ou celui qui doit la représenter dans
cette cérémonie; puis, prenant la parole et s'adres-
sant à ce dernier, il lui dit : a Me donnes-tu mandat de
contracter mariage avec N. au nom et pour compte de
celle qui t'a donné ses pouvoirs à cet effet, N. fille
de N.? » Et lui de répondre : « Je te donne mandat. »
Alors se tournant vers le fiancé, l'imam lui dit : « Je
t'unis et te marie à ta fiancée, N., fille de N., avec le
douaire dont vous êtes convenus ; acceptes-tu ce ma-
riage pour toi-même? 1 Et lui de répondre : « J'acoepte
ce mariage avec elle. » Aussitôt l'imam et toute l'assis-
tance récitent la fateha en tenant les mains élevées, puis
l'on échange force félicitations et embrassades sur l'é-
paule droite. Je l'ai dit, on ne dresse à Djeddah aucun
acte écrit de mariage.
Quand chacun a repris sa place, et pendant que dans
une pièce voisine les femmes à leur tour félicitent la
jeune fiancée et poussent des cris en signe de joie, des
esclaves apportent à tous ces messieurs du café, bientôt
suivi de sorbets et de limonades, auxquels succèdent
enfin des cassolettes d'argent artistement travaillées,
dans lesquelles brûlent du benjoin et du bois d'aloès.
Ces cassolettes sont promenées sous toutes les barbes,
qu'elles imprègnent d'un parfum pénétrant, en même
temps qu'un autre esclave laisse tomber d'un flacon,
également en argent, dans les mains des assistants qui
lui sont tendues, quelques gouttes d'eau de rose ou de
jasmin. La consécration du mariage étant ainsi ter-
minée, la séance est levée et chacun se retire chez soi.
Pendant que le jeune homme, rentré dans sa mai-
son, donne avec sa famille le dernier coup d'œil, la
dernière main à l'installation, l'ameublement et l'ar-
rangement de la chambre nuptiale que, dans quelques
heures, sa jeune épouse va venir occuper, celle-ci est
livrée chez elle aux mains de ses amies et de ses escla-
ves qui s'occupent de sa toilette secrète, et rivalisent
d'empressement et de soins avec la mezeïena (enjoliveuse,
coiffeuse et habilleuse officielle et titrée) pour l'habiller
et la parer à qui mieux mieux. Dans les familles pau-
vres comme dans celles qui comptent parmi les plus
aisées, on emprunte pour cette circonstance à des voi-
sins de riches ornements et des bijoux qui doivent ser-
vir à rehausser davantage encore l'éclat de la toilette
et de la beauté de la mariée.
Ces longs apprêts terminés, on conduit Vâroussa dans
la pièce principale de la maison où doit avoir lieu, peu
d'instants après, sa première entrevue avec son ârousse
(fiancé, marié), et on s'assied sur une sorte d'estrade
préparée à cet effet et ornée de beaux tapis, de ten -
tures de soie et de coussins de velours ou de brocard.
La fiancée y prend place, et la mezeiena a seule le droit
de s'accroupir auprès d'elle pour veiller avec soin à ce
que rien ne se dérange dans l'harmonie de la toilette
de la jeune femme.
Le costume de celle-ci ne [diffère presque en rien de
celui qu'elle porte d'ordinaire chez elle, sauf cependant
les étoffes qui le composent, qui sont plus riches, plus
vives en couleurs et plus brodées de soierie et d'or. La
figure, qui n'est point peinturlurée de blanc, de rouge
et de mouches, ainsi que cela se pratique dans d'autres
pays musulmans, mais simplement enduite d'une sorte
de pommade parfumée destinée à faire reluire tout le
visage et à donner plus d'éclat à ses couleurs naturel.
les, la figure, dis-je, est couverte d'un voile en tulle ou
en très-fine mousseline des Indes, brodé d'or, qui des-
cend de la tête aux genoux. Point n'est besoin de dire
que la mezeïena s'est efforcée de donner une courbe régu-
lière à l'arcade sourcilière en épilant soigneusement les
poils malencontreusement plantés ou rebelles ; elle a eu
soin aussi de donner aux yeux une apparence plus
grande et plus fendue en amande en passant artistement
et fréquemment entre les paupières le meroued ou petit
style en ivoire imprégné de la poussière du kohel (prépa-
ration d'antimoine), qui, en teignant les cils en noir de
jais, fait paraître l'œil plus dilaté et donne au regard
une vivacité inusitée.
La coiffure, qui emprisonne les cheveux, est ornée
de riches épingles, d'aigrettes ou de flots de chaînettes
d'or tombant à droite et à gauche du visage. Les oreil-
les, la narine droite, le col, les bras, les poignets et les
doigts des pieds et des mains sont garnis de bijoux
déjà décrits, c'est-à-dire de leurs boucles, zemam, ôked,
damelaga, souar et bagues. On ajoute parfois à ces bijoux ,
une ceinture formée de petits tubes en or ou en argent,
enfilés droit les uns à côté des autres et terminés par
de petits grelots, le tout fixé sur un ruban de soie que
l'on attache autour de la taille ; une sorte de plaque en
or ou en argent de forme ronde, dans laquelle sont gros-
sièrement enchâssés des roses, des rubis, des émeraudes
et des perles, plaque qui s'applique sur la poitrine entre
les deux seins et est retenue par une chaînette d'or qui
fait le tour du col ; un collier formé de clous de girofle en-
filés dans des fils de soie, ou de curieuses petites agates
noires marquées au milieu d'une bande blanche, etc, etc.
Comme vous le pensez bien, rien n'est fixe et inva-
riable pour le nombre, la valeur et la forme des orne-
ments dont se pare la fiancée au jour de son mariage ;
la richesse individuelle, le caprice ou le goût servent
seuls de règle. Mais il est un ornement tout spécial à
Vâroussa dont elle ne peut absolument pas se dispenser
ce jour-là, coûte que coûte ; ce sont deux colliers d'une
espèce particulière, l'un formé uniquement de petites
pommes vertes et exhalant son frais et délicat parfum
de fruit; l'autre, de boutons de jasmin à l'odeur très-
pénétrante et que l'on enfile les uns à côté des autres
dans un long fil de soie. Ces colliers sont très-grands
et,"passant autour du col, ils doivent, placés par-dessus
les vêtements, descendre jusqu'à la taille au moins.
Si l'on se trouve dans la saison où il est impossible de
se procurer ces fruits et ces fleurs, on a recours à des
imitations en bois, tant l'usage qui exige cet ornement
de la fiancée est formel. Ces colliers de rigueur semblent
avoir pour raison d'être de remplacer, chez les Djed-
daïennes, la couronne et le bouquet de fleurs d'oranger
que portent nos fiancées sur les cheveux et à la cein-
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