Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-03-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 mars 1861 01 mars 1861
Description : 1861/03/01 (A6,N113). 1861/03/01 (A6,N113).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032662
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 75
ondes aussi blanches et éblouissantes que le camphre.
Heureux celui qui goûte ses eaux fraîches !
Il a également organisé l'ordre civil et l'ordre mili-
taire; il a rendu Mars frère de Jupiter.
Ses officiers sont braves ! car sa gloire rayonne sur
eux ; ils ont fait tous leurs efforts pour acquérir sa
bienveillance et ils l'ont méritée.
Si vous parlez de son armée, ne craignez pas de dire
que si elle est appelée à faire la guerre, elle la fera
avec gloire, et s'il lui faut défendre notre Egypte, ce
sera une barrière aussi solide que les montagnes !
Il a créé des écoles où il entretient un millier d'élèves
organisés à l'européenne. Elles sont établies pour un
but noble et grand.
Il a fondé une École de marine admirée des hommes
du métier. Vous verrez prochainement les coursiers de
la mer courir sur les flots comme des planètes brillantes
et sillonner les océans!
On espère les voir naviguer bientôt dans l'isthme de
Suez, là où passaient les caravanes, et se mêlant aux
navires de toutes les nations, ils couperont court à
toute mesquine querelle.
Ils navigueront dans un isthme tranché qui sera
comme l'âme du monde entier, car par lui le commerce
intelligent fera une grande conquête, et ce sera un
fleuve d'or dans lequel, comme en un trésor, viendront
se verser tous les produits de l'homme.
Sur ses deux bords s'élèveront des murailles contre
lesquelles viendront se jouer les flots heureux de leur
conquête. Ce sera un canal dont les vagues palpiteront
comme les cœurs des ennemis accablés de désespoir !
Les pavillons aux brillantes couleurs s'agitent sur
les forts élevés, et les génies qui protègent le canal
attestent que son existence est l'âme des puissances
du Nord et du Midi 1
On pourrait dire que notre Saïd a imité Hercule qui
a ouvert le détroit des colonnes. Car aussitôt qu'il a
tiré le sabre étincelant de sa volonté, son grand cœur a
donné courage aux plus timides.
Mais ne comparez pas cet admirable canal avec le
détroit d'Hercule qui est devenu captif et tributaire en-
tre des mains étrangères, ni avec le cap de Bonne-Es-
pérance, cet autre passage qui bientôt ne comptera
plus, perdu une autre fois dans son grand éloignement.
Admirons sans réserve la direction d'une Compagnie
qui entreprend ainsi des œuvres de bien public. C'est
un grand ouvrage nécessaire à la sécurité des voyages,
à la prospérité des nations, et qui marche vers son no-
ble but sans faire cas des bruits jaloux et des on dit
hargneux. Que la bénédiction divine soit sur les tra-
vailleurs !
Les astres, dit-on, nous prédisent l'avenir. L'Egypte
est faite pour les observer, grâce à son ciel serein et
sans nuage; l'astronome de Son Altesse est un louable
observateur, et le Mokatam a vu jadis sur son plus
haut rocher un observatoire bâti par les califes.
Grâce au musée égyptien, Boulak embelli rayonne
comme une lumière, et les merveilles de notre antique
civilisation qui étaient enfouies sous le sol, en sortent
attirées par ce brillant foyer.
Aussi, les antiquités que nous y voyons rassemblées
ont- elles pris une voix pour nous dire : Saïd nous a
réveillées d'un long sommeil, il nous a réunies comme les
membres d'une famille qui aurait été dispersée; et nos
vieux débris, débarrassés de leur poussière, sont deve-
nus jeunes par sa volonté.
A présent, sur le rivage d'Alexandrie, s'est organisé
un Institut qui a déployé les étendards des arts et des
sciences trop longtemps oubliés. A l'ombre de leurs
plis glorieux l'étude s'est assise et travaille.
Les membres de cet Institut sont des hommes résolus
et pleins de grandes vues. Il explorent, pour l'Egypte,
le chemin de la science, et ils lui ont déjà rendu des ser-
vices avec leurs plumes aussi utiles que pourraient l'être
ceux des armes.
Que de hautes qualités possède Saïd? il a canalisé
son pays de telle sorte que les terres sablonneuses elles-
mêmes produisent du grain !
Sous son gouvernement-, l'Égypte a compris le grand
mot de patrie et elle s'est rapidement civilisée ; les pro-
ductions de tous les pays s'approchent de ses ports
comme des amants demandant ses faveurs.
Saïd en sa justice a-t-il pris exemple sur Omar ou
sur le fameux Anoucharvan (Kosroës), roi juste? —
Non, il a imité mieux que cela. : il imité la justice de
son père Mohammed-Aly, dont l'équité était si grande.
La liberté que Saïd a rendue au commerce et à l'a-
griculture, a donné aux négociants et aux agriculteurs
une grande prospérité; la tolérance qui a rendu libre
toutes les industries, a enrichi le peuple et encouragé
ses travaux.
Toutes les monnaies d'or et d'argent se sont multi-
pliées dans une patrie chérie, et l'homme habile et ac-
tif a su justement attirer dans ses filets, aussi bien que
les négociants, de beaux profits en céréales et en billets
de banque.
L'aisance du simple particulier, comme l'opulence,
se manifestent et ne se se tiennent point cachées; le
possesseur de grandes richesses, grâce à la protection
d'un gouvernement fort et juste, n'a plus rien à crain-
dre en affichant son luxe et en mettant en circulation
sa fortune.
Saïd s'est attiré les louanges unanimes de tousles rois
du monde pour sa justice et sa sagesse, et ses éloges
chantés par la langue poétique ont inspiré tous les
idiomes de l'univers.
Il a reçu toutes les décoration s'qu'on accorde dans le
monde aux rois et aux héros, en raisonne ses louables
efforts pour donner à ses sujets le bien-être, pour sou-
ondes aussi blanches et éblouissantes que le camphre.
Heureux celui qui goûte ses eaux fraîches !
Il a également organisé l'ordre civil et l'ordre mili-
taire; il a rendu Mars frère de Jupiter.
Ses officiers sont braves ! car sa gloire rayonne sur
eux ; ils ont fait tous leurs efforts pour acquérir sa
bienveillance et ils l'ont méritée.
Si vous parlez de son armée, ne craignez pas de dire
que si elle est appelée à faire la guerre, elle la fera
avec gloire, et s'il lui faut défendre notre Egypte, ce
sera une barrière aussi solide que les montagnes !
Il a créé des écoles où il entretient un millier d'élèves
organisés à l'européenne. Elles sont établies pour un
but noble et grand.
Il a fondé une École de marine admirée des hommes
du métier. Vous verrez prochainement les coursiers de
la mer courir sur les flots comme des planètes brillantes
et sillonner les océans!
On espère les voir naviguer bientôt dans l'isthme de
Suez, là où passaient les caravanes, et se mêlant aux
navires de toutes les nations, ils couperont court à
toute mesquine querelle.
Ils navigueront dans un isthme tranché qui sera
comme l'âme du monde entier, car par lui le commerce
intelligent fera une grande conquête, et ce sera un
fleuve d'or dans lequel, comme en un trésor, viendront
se verser tous les produits de l'homme.
Sur ses deux bords s'élèveront des murailles contre
lesquelles viendront se jouer les flots heureux de leur
conquête. Ce sera un canal dont les vagues palpiteront
comme les cœurs des ennemis accablés de désespoir !
Les pavillons aux brillantes couleurs s'agitent sur
les forts élevés, et les génies qui protègent le canal
attestent que son existence est l'âme des puissances
du Nord et du Midi 1
On pourrait dire que notre Saïd a imité Hercule qui
a ouvert le détroit des colonnes. Car aussitôt qu'il a
tiré le sabre étincelant de sa volonté, son grand cœur a
donné courage aux plus timides.
Mais ne comparez pas cet admirable canal avec le
détroit d'Hercule qui est devenu captif et tributaire en-
tre des mains étrangères, ni avec le cap de Bonne-Es-
pérance, cet autre passage qui bientôt ne comptera
plus, perdu une autre fois dans son grand éloignement.
Admirons sans réserve la direction d'une Compagnie
qui entreprend ainsi des œuvres de bien public. C'est
un grand ouvrage nécessaire à la sécurité des voyages,
à la prospérité des nations, et qui marche vers son no-
ble but sans faire cas des bruits jaloux et des on dit
hargneux. Que la bénédiction divine soit sur les tra-
vailleurs !
Les astres, dit-on, nous prédisent l'avenir. L'Egypte
est faite pour les observer, grâce à son ciel serein et
sans nuage; l'astronome de Son Altesse est un louable
observateur, et le Mokatam a vu jadis sur son plus
haut rocher un observatoire bâti par les califes.
Grâce au musée égyptien, Boulak embelli rayonne
comme une lumière, et les merveilles de notre antique
civilisation qui étaient enfouies sous le sol, en sortent
attirées par ce brillant foyer.
Aussi, les antiquités que nous y voyons rassemblées
ont- elles pris une voix pour nous dire : Saïd nous a
réveillées d'un long sommeil, il nous a réunies comme les
membres d'une famille qui aurait été dispersée; et nos
vieux débris, débarrassés de leur poussière, sont deve-
nus jeunes par sa volonté.
A présent, sur le rivage d'Alexandrie, s'est organisé
un Institut qui a déployé les étendards des arts et des
sciences trop longtemps oubliés. A l'ombre de leurs
plis glorieux l'étude s'est assise et travaille.
Les membres de cet Institut sont des hommes résolus
et pleins de grandes vues. Il explorent, pour l'Egypte,
le chemin de la science, et ils lui ont déjà rendu des ser-
vices avec leurs plumes aussi utiles que pourraient l'être
ceux des armes.
Que de hautes qualités possède Saïd? il a canalisé
son pays de telle sorte que les terres sablonneuses elles-
mêmes produisent du grain !
Sous son gouvernement-, l'Égypte a compris le grand
mot de patrie et elle s'est rapidement civilisée ; les pro-
ductions de tous les pays s'approchent de ses ports
comme des amants demandant ses faveurs.
Saïd en sa justice a-t-il pris exemple sur Omar ou
sur le fameux Anoucharvan (Kosroës), roi juste? —
Non, il a imité mieux que cela. : il imité la justice de
son père Mohammed-Aly, dont l'équité était si grande.
La liberté que Saïd a rendue au commerce et à l'a-
griculture, a donné aux négociants et aux agriculteurs
une grande prospérité; la tolérance qui a rendu libre
toutes les industries, a enrichi le peuple et encouragé
ses travaux.
Toutes les monnaies d'or et d'argent se sont multi-
pliées dans une patrie chérie, et l'homme habile et ac-
tif a su justement attirer dans ses filets, aussi bien que
les négociants, de beaux profits en céréales et en billets
de banque.
L'aisance du simple particulier, comme l'opulence,
se manifestent et ne se se tiennent point cachées; le
possesseur de grandes richesses, grâce à la protection
d'un gouvernement fort et juste, n'a plus rien à crain-
dre en affichant son luxe et en mettant en circulation
sa fortune.
Saïd s'est attiré les louanges unanimes de tousles rois
du monde pour sa justice et sa sagesse, et ses éloges
chantés par la langue poétique ont inspiré tous les
idiomes de l'univers.
Il a reçu toutes les décoration s'qu'on accorde dans le
monde aux rois et aux héros, en raisonne ses louables
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