Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1861 15 février 1861
Description : 1861/02/15 (A6,N112). 1861/02/15 (A6,N112).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203265n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 63 ,
n'ai point à vous apprendre des mœurs des Djeddaïens
autre chose que vous ne sachiez a peu près aussi bien
que moi. Pourtant., comme je dois vous en dire quelque
, chose, ne fût-ce que par acquit de conscience, je vais
vous raconter sommairement les diverses cérémonies
qu'observent les habitants de Djeddah lors des nais-
sances, des mariages et des décès, ces trois grands ao1
tes de la vie humaine.
Des naissances et des circoncisions. — J'ai dit au commen-
cement de cette lettre que la loi était ou muette ou in-
suffisante quant aux moyens de constater l'état civil
dans la société arabe. Cela est vrai, surtout des nais-
sances. Cette difficulté de fixer l'état civil d'un indi-
vidu a puissamment contribué à rendre d'une fréquence
déplorable les appels au témoignage individuel, qui,
dans tous les pays musulmans, sont une cause de
criants abus et de faits scandaleux. Quand on songe
avec quelle facilité le témoignage est admis par la jus-
tice musulmane, du peu de garantie qu'on exige des
témoins et à leur vénalité incroyable, à la gravité enfin
des cas où leur déposition fait loi et entraîne le plus
souvent la sentence du juge, on est effrayé des consé-
quences que doit avoir une pareille législation. Mais je
n'ai point à m'occuper ici de ce point de droit, et je me
bornerai à dire qu'aucun acte civil ne constatant la
naissance chez les musulmans, il faut nécessairement,
en cas de contestation, recourir aux témoignàges pour
établir la légitimité de la paternité ou de la filiation.
A Djeddah, les naissances ne donnent lieu à aucune
cérémonie particulière ; on se borne simplement à quel-
ques échanges de compliments et de félicitations, et
parfois, pour donner à cet événement de la famille un
caractère de fête, on fait jouer toute la nuit à la porte
de la maison une étourdissante musique de tambours
et de tambourins, sur lesquels les nègres battent avec
fureur, et on fait faire une distribution plus ou moins
copieuse de tasses de café et de sorbets aux visiteurs
et aux visiteuses. C'est vers le septième jour de la nais-
sance de l'enfant que le nom qu'il doit porter lui est
imposé. A cette occasion le père invite les membres de
la famille et ses amis à se réunir chez lui, et lorsque
toute l'assemblée est au complet, on apporte au milieu
de la salle le berceau dans lequel l'enfant est couché.
L'imam d'une mosquée, invité tout exprès pour cet ob-
jet, s'approche à ce moment, du berceau, s'incline vers
l'enfant, récite à son oreille droite la profession de foi
musulmane et la formule de l'Edzan (annonce des heu-
res de la prière), et à son oreille gauche, celle de
l'Ikama (invitation de se lever pour la prière au temple),
puis il murmure successivement aux deux oreilles le
nom qui a été choisi par la famille. Cette courte céré-
monie religieuse terminée, chaque assistant s'approche
tour à tour du berceau du néophyte musulman et dé-
pose près de lui son offrande pécuniaire enveloppée dans
un morceau de papier sur lequel est inscrit le nom du
donataire. Ces offrandes sont acquises à l'enfant et ser-
- vent à lui acheter des habillements ; puis on fait passer
du café, des sorbets, des plats de douceurs, et les'as-
sistants se retirent, non sans avoir fait forces compli-
ments au père, qu'ils embrassent à l'épaule droite.
La naissance d'un garçon cause en général beaucoup
plus de joie, et par conséquent est beaucoup plus fêtée
que celle d'une fille. C'est que, dans l'esprit des Arabes,
dans le premier cas, le nouveau membre acquis à la
famille peut en être dans l'avenir l'honneur, le soutien
et le défenseur, et que, dans le second cas, ce n'est à
bien dire qu'une bouche de plus à nourrir, sans aucun pro-
fit réel pour cette même famille, et qui peut même deve-
nir plus tard pour elle une pénible et honteuse charge.
Ces idées-là ne sont point seulement particulieres aux
mahométans, elles existaient dans les temps reculés et
sont encore partagées de nos jours par bon nombre de
peuples primitifs, païens ou sauvages.
En ce qui concerne les musulmans, on ne peut s'em-
pêcher de reconnaître dans ce sentiment un reste de
l'ancienne et barbare coutume des peuplades arabes
avant l'islamisme, notamment des tribus de Korëiche et
de Kenda, d'enterrer leurs filles vivantes dès leur nais-
sance. Les uns étaient poussés à cet acte de monstrueuse
barbarie par la crainte de voir leur pauvreté s'augmen-
ter en les élevant, les autres par celle de les voir peut-
être tomber un jour captives aux mains de leurs enne-
mis ou déshonorer leur famille par une conduite scan-
daleuse. Dans plusieurs de ses chapitres, le Coran fait
allusion à cette odieuse coutume et la condamne for-
mellement.
Mais si la naissance ne donne point lieu à Djeddah à
des cérémonies particulières, il n'en est pas de même
de la circoncision de l'enfant, qui est généralement
(fêtée par toutes les familles, chacune suivant leurs
moyens et leurs ressources. Le Coran, il est vrai, ne
fait point mention de la circoncision, mais elle est re-
gardée par tous les musulmans comme une institution
des plus antiques, remontant à Ismaël, le père commun
des Arabes; comme une institution en quelque sorte
religieuse que l'islamisme a implicitement consacrée,
comme il l'a fait pour d'autres coutumes de la gentilité
arabe. Aussi n'est-on point musulman si on n'est pas
circoncis.
Il n'y a pas d'âge déterminé pour pratiquer la cir-
concision sur les enfants. Dans certains pays elle a lieu
quelques semaines ou quelques mois seulement après
la naissance ; dans d'autres, à six ou sept ans, époque
où l'enfant peut réciter lui-même, avec une entière con-
naissance de cet acte, la profession de foi musulmane si
connue : « Il n'y a de Dieu que Dieu, et Mahomed est
son prophète ; ailleurs enfin, elle n'est pratiquée qu'à
treize ans, âge qu'avait Ismaël, selon la Genèse (XVII—25),
lorsqu'il fut circoncis par son père Abraham.
A Djeddah, la circoncision a lieu à sept ans. L'enfant
qui doit la subir est préalablement habillé de ses plus
beaux habits, et parfois on en emprunte de plus riches
encore à des voisins complaisants. La tête est coiffée
d'un bonnet couvert de pièces d'or, d'où s'échappent
des tresses retombant sur les épaules, entremêlées éga-
lement de petites monnaies d'or; un petit cachemire
brodé entoure, en forme de turban, cette première et
riche coiffure ; la face est à moitié voilée par un mou-
choir de mousseline, également brodé d'or, que l'enfant
de sa main droite tient soigneusement pressé sur la
bouche. Ainsi paré, comme une sorte de victime d'au-
trefois marchant au sacrifice, il est juché sur un cheval
n'ai point à vous apprendre des mœurs des Djeddaïens
autre chose que vous ne sachiez a peu près aussi bien
que moi. Pourtant., comme je dois vous en dire quelque
, chose, ne fût-ce que par acquit de conscience, je vais
vous raconter sommairement les diverses cérémonies
qu'observent les habitants de Djeddah lors des nais-
sances, des mariages et des décès, ces trois grands ao1
tes de la vie humaine.
Des naissances et des circoncisions. — J'ai dit au commen-
cement de cette lettre que la loi était ou muette ou in-
suffisante quant aux moyens de constater l'état civil
dans la société arabe. Cela est vrai, surtout des nais-
sances. Cette difficulté de fixer l'état civil d'un indi-
vidu a puissamment contribué à rendre d'une fréquence
déplorable les appels au témoignage individuel, qui,
dans tous les pays musulmans, sont une cause de
criants abus et de faits scandaleux. Quand on songe
avec quelle facilité le témoignage est admis par la jus-
tice musulmane, du peu de garantie qu'on exige des
témoins et à leur vénalité incroyable, à la gravité enfin
des cas où leur déposition fait loi et entraîne le plus
souvent la sentence du juge, on est effrayé des consé-
quences que doit avoir une pareille législation. Mais je
n'ai point à m'occuper ici de ce point de droit, et je me
bornerai à dire qu'aucun acte civil ne constatant la
naissance chez les musulmans, il faut nécessairement,
en cas de contestation, recourir aux témoignàges pour
établir la légitimité de la paternité ou de la filiation.
A Djeddah, les naissances ne donnent lieu à aucune
cérémonie particulière ; on se borne simplement à quel-
ques échanges de compliments et de félicitations, et
parfois, pour donner à cet événement de la famille un
caractère de fête, on fait jouer toute la nuit à la porte
de la maison une étourdissante musique de tambours
et de tambourins, sur lesquels les nègres battent avec
fureur, et on fait faire une distribution plus ou moins
copieuse de tasses de café et de sorbets aux visiteurs
et aux visiteuses. C'est vers le septième jour de la nais-
sance de l'enfant que le nom qu'il doit porter lui est
imposé. A cette occasion le père invite les membres de
la famille et ses amis à se réunir chez lui, et lorsque
toute l'assemblée est au complet, on apporte au milieu
de la salle le berceau dans lequel l'enfant est couché.
L'imam d'une mosquée, invité tout exprès pour cet ob-
jet, s'approche à ce moment, du berceau, s'incline vers
l'enfant, récite à son oreille droite la profession de foi
musulmane et la formule de l'Edzan (annonce des heu-
res de la prière), et à son oreille gauche, celle de
l'Ikama (invitation de se lever pour la prière au temple),
puis il murmure successivement aux deux oreilles le
nom qui a été choisi par la famille. Cette courte céré-
monie religieuse terminée, chaque assistant s'approche
tour à tour du berceau du néophyte musulman et dé-
pose près de lui son offrande pécuniaire enveloppée dans
un morceau de papier sur lequel est inscrit le nom du
donataire. Ces offrandes sont acquises à l'enfant et ser-
- vent à lui acheter des habillements ; puis on fait passer
du café, des sorbets, des plats de douceurs, et les'as-
sistants se retirent, non sans avoir fait forces compli-
ments au père, qu'ils embrassent à l'épaule droite.
La naissance d'un garçon cause en général beaucoup
plus de joie, et par conséquent est beaucoup plus fêtée
que celle d'une fille. C'est que, dans l'esprit des Arabes,
dans le premier cas, le nouveau membre acquis à la
famille peut en être dans l'avenir l'honneur, le soutien
et le défenseur, et que, dans le second cas, ce n'est à
bien dire qu'une bouche de plus à nourrir, sans aucun pro-
fit réel pour cette même famille, et qui peut même deve-
nir plus tard pour elle une pénible et honteuse charge.
Ces idées-là ne sont point seulement particulieres aux
mahométans, elles existaient dans les temps reculés et
sont encore partagées de nos jours par bon nombre de
peuples primitifs, païens ou sauvages.
En ce qui concerne les musulmans, on ne peut s'em-
pêcher de reconnaître dans ce sentiment un reste de
l'ancienne et barbare coutume des peuplades arabes
avant l'islamisme, notamment des tribus de Korëiche et
de Kenda, d'enterrer leurs filles vivantes dès leur nais-
sance. Les uns étaient poussés à cet acte de monstrueuse
barbarie par la crainte de voir leur pauvreté s'augmen-
ter en les élevant, les autres par celle de les voir peut-
être tomber un jour captives aux mains de leurs enne-
mis ou déshonorer leur famille par une conduite scan-
daleuse. Dans plusieurs de ses chapitres, le Coran fait
allusion à cette odieuse coutume et la condamne for-
mellement.
Mais si la naissance ne donne point lieu à Djeddah à
des cérémonies particulières, il n'en est pas de même
de la circoncision de l'enfant, qui est généralement
(fêtée par toutes les familles, chacune suivant leurs
moyens et leurs ressources. Le Coran, il est vrai, ne
fait point mention de la circoncision, mais elle est re-
gardée par tous les musulmans comme une institution
des plus antiques, remontant à Ismaël, le père commun
des Arabes; comme une institution en quelque sorte
religieuse que l'islamisme a implicitement consacrée,
comme il l'a fait pour d'autres coutumes de la gentilité
arabe. Aussi n'est-on point musulman si on n'est pas
circoncis.
Il n'y a pas d'âge déterminé pour pratiquer la cir-
concision sur les enfants. Dans certains pays elle a lieu
quelques semaines ou quelques mois seulement après
la naissance ; dans d'autres, à six ou sept ans, époque
où l'enfant peut réciter lui-même, avec une entière con-
naissance de cet acte, la profession de foi musulmane si
connue : « Il n'y a de Dieu que Dieu, et Mahomed est
son prophète ; ailleurs enfin, elle n'est pratiquée qu'à
treize ans, âge qu'avait Ismaël, selon la Genèse (XVII—25),
lorsqu'il fut circoncis par son père Abraham.
A Djeddah, la circoncision a lieu à sept ans. L'enfant
qui doit la subir est préalablement habillé de ses plus
beaux habits, et parfois on en emprunte de plus riches
encore à des voisins complaisants. La tête est coiffée
d'un bonnet couvert de pièces d'or, d'où s'échappent
des tresses retombant sur les épaules, entremêlées éga-
lement de petites monnaies d'or; un petit cachemire
brodé entoure, en forme de turban, cette première et
riche coiffure ; la face est à moitié voilée par un mou-
choir de mousseline, également brodé d'or, que l'enfant
de sa main droite tient soigneusement pressé sur la
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