Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 février 1861 15 février 1861
Description : 1861/02/15 (A6,N112). 1861/02/15 (A6,N112).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203265n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
60 L'ISTHME DE SUEZ,
découvertes géographiques dans leurs rapports avec le
commerce anglais.
» S'il était démontré qu'un chenal tel que je viens de
le décrire, conduit de la côte maritime au cœur même
de l'Afrique centrale, toutes les productions du pays, en
sus de l'ivoire, telles que les huiles, les graines, les
cuirs, l'indigo, le coton, les gommes, le caoutchouc,
pourraient être obtenues en échange de nos articles ma-
nufacturés. Outre le caoutchouc, j'ai aussi reconnu la
cochenille, et quant au coton, je vous fais observer que
le docteur Livingstone a déclaré que vers cette partie
de l'Afrique il a trouvé le coton poussant naturellement
et sans culture. Les missionnaires d'Abeokuta, remon-
tant la vallée du Niger, ont fait la même constatation,
et moi-même, en remontant du nord la vallée du Nil
blanc, j'ai vu des peuples cultivant et manufacturant
le coton. Sur la côte d'or, plusieurs grandes tribus s'oc-
cupent de la production de cette denrée. Dans les par-
ties du haut Nil que j'ai visitées, j'affirme que le coton
est non-seulement abondant en quantité, mais excellent
en qualité. Dans la contrée qui touche à l'intérieur de
Sherbooro, le coton était le principal article de la cul-
ture, le peuple le cultive et le fabrique, et les tissus qu'il
manufacture, très-estimés par les habitants, sont préci-
sément de la même qualité que ceux dont nous parlent
les rapports des missionnaires sur le haut Niger.
» Il n'est pas surprenant que les étonnantés fabriques
de l'Angleterre, donnant du travail à des centaines de
milliers d'ouvriers, jettent les yeux pour leurs approvi-
sionnements en matière première sur des pays où le
coton n'est pas indigène et qu'on ne néglige aucun ef-
fort pour l'obtenir. En Afrique, la production de cette
plante est continuelle pendant des années, tandis qu'en
Amérique il doit être replanté annuellement ; la qualité
du coton africain est de celle qui est la plus demandée,
c'est-à-dire d'une qualité moyenne. Mais avec une cul-
ture supérieure elle est susceptible de perfectionnements
considérables. J'ai entendu affirmer que le coton peut
être transporté à Liverpool de la côte occidentale, au
prix de 4 pence (10 centimes) la livre, et je suis con.
vaincu qu'il pourrait être importé des provinces du Sou-
dan où je réside, à peu près au même prix. Que la cul-
ture du coton en Afrique, sur une échelle assez large
pour fournir à nos besoins présente des difficultés, c'est
ce que personne ne nie, mais je soutiens que ces diffi-
cultés ne sont pas insurmontables. Le naturel africain
est accusé d'indolence ; mais rappelons-nous qu'il n'a
point d'encouragements capables de le décider à un tra-
vail excédant les très-simples nécessités de sa subsis-
tance. A mesure que ses besoins s'accroitront, soit pour
son utilité, soit pour sa parure, il fera pour les satisfaire
des efforts proportionnels; il est heureux d'échanger
tout article qu'il peut produire contre les objets qu'il
désire. Avec cet amour reconnu pour le trafic, je ne
pense pas qu'il faille être un grand prophète pour prédire
que sur une telle base le commerce une fois établi ne
peut manquer de se développer.
» On croit généralement qu'il n'est pas dans le monde
une société parmi laquelle on ne trouve quelque idée
d'une vie future, et dans laquelle n'existe, quel que
soit l'état primitif de son organisation, un culte quelcon-
que, sous une forme ou sous une autre. Quelque invrai-
semblable que paraisse ce que je vais dire, je déclare
pourtant que, dans mes relations avec diverses tribus
de nègres dans les régions de l'équateur, je n'ai trouvé
aucun culte quelconque, point d'idoles, pas la moindre
idée de la vie future, point d'espérance pour une ré-
compense, point de crainte pour un châtiment à veoir.
Cependant, chose étrange, on y croit à l'existence d'un
esprit suprême, sur lequel certains individus sont sup-
posés avoir tant d'influence que les éléments sont à
leurs ordres ; le seul service qu'on en exige étant de
donner de la pluie. Le champ donc est très-large pour
l'œuvre des missionnaires, et l'esprit de ces peuples
n'étant pas entravé par des idées préconçues, les faci-
lités semblent grandes pour la propagation de la vrai3
lumière.L'invasion de l'islamisme du nord vers l'Afrique
centrale, sans le moindre effort de la part des gouver-
vernements ou de communautés philanthropiques pour
la propager, est véritablement surprenante, et s'il en est
ainsi, pourquoi des résultats semblables ne seraient-ils
pas obtenus par les associations courageuses et dé-
vouées d'hommes pieux qui, appuyés par la richesse
et l'influence de leur pays, quittent nos rivages pour
aller répandre le christianisme.
» Vous connaissez probablement le sort d'une mission
catholique romaine établie pendant près de dix ans à
Belignan, sur le Nil blanc, à 4° nord de latitude, et sa
dissolution il y a deux ans. J'attribue' entièrement l'é-
chec de cette mission aux dons continuels qu'elle fai-
sait aux indigènes pour se les concilier ; lorsque les
ressources de la mission furent réduites et que les ré-
vérends pères ne purent plus distribuer des cadeaux
aux naturels et à leurs enfants, ces derniers abandon-
nèrent en corps un vaste établissement créé pour eux,
en s'écriant : Pas de verroteries, pas de prières. »
» Pour moi, je crois que la raison du succès de l'isla-
misme tient à cette circonstance qu'il ne s'impose
point et qu'il ne paie point pour qu'on l'adopte, et
que la conversion étant abandonnée à la pleine liberté
des croyants, la seule force de l'exemple offert par les
Arabes du voisinage suffit pour expliquer son dévelop-
pement.
» Comme toutes les populations barbares, les nègres
sont très-inquisitifs, et à moins que la présence des
étrangers, et spécialement des blancs, ne leur soit ex-
pliquée d'une manière satisfaisante, ils deviennent très-
soupeonneux et inclinés même à l'hostilité. L'idée d'un
homme quittant son foyer, résidant avec elle unique-
ment pour son bien, e:t difficile à croire dans une com-
munauté nègre. Pour s'assurer donc une réception cor-
diale, il faudrait, dans mon humble opinion, que les
missionnaires consentissent à s'attacher à des établis-
sements ou à des expéditions de commerce, ou bien
qu'ils trouvassent un moyen de justifier leur présence
d'une façon qui pût être comprise facilement par les
païens rusés avec lesquels ils seraient en contact ; ces
précautions aideraient très-matériellement leurs efforts
pour introduire et répandre la doctrine du chris-
tianisme.
» L'esclavage, grand fléau de la civilisation et du
commerce, n'existe, dans les régions lointaines de l'in-
découvertes géographiques dans leurs rapports avec le
commerce anglais.
» S'il était démontré qu'un chenal tel que je viens de
le décrire, conduit de la côte maritime au cœur même
de l'Afrique centrale, toutes les productions du pays, en
sus de l'ivoire, telles que les huiles, les graines, les
cuirs, l'indigo, le coton, les gommes, le caoutchouc,
pourraient être obtenues en échange de nos articles ma-
nufacturés. Outre le caoutchouc, j'ai aussi reconnu la
cochenille, et quant au coton, je vous fais observer que
le docteur Livingstone a déclaré que vers cette partie
de l'Afrique il a trouvé le coton poussant naturellement
et sans culture. Les missionnaires d'Abeokuta, remon-
tant la vallée du Niger, ont fait la même constatation,
et moi-même, en remontant du nord la vallée du Nil
blanc, j'ai vu des peuples cultivant et manufacturant
le coton. Sur la côte d'or, plusieurs grandes tribus s'oc-
cupent de la production de cette denrée. Dans les par-
ties du haut Nil que j'ai visitées, j'affirme que le coton
est non-seulement abondant en quantité, mais excellent
en qualité. Dans la contrée qui touche à l'intérieur de
Sherbooro, le coton était le principal article de la cul-
ture, le peuple le cultive et le fabrique, et les tissus qu'il
manufacture, très-estimés par les habitants, sont préci-
sément de la même qualité que ceux dont nous parlent
les rapports des missionnaires sur le haut Niger.
» Il n'est pas surprenant que les étonnantés fabriques
de l'Angleterre, donnant du travail à des centaines de
milliers d'ouvriers, jettent les yeux pour leurs approvi-
sionnements en matière première sur des pays où le
coton n'est pas indigène et qu'on ne néglige aucun ef-
fort pour l'obtenir. En Afrique, la production de cette
plante est continuelle pendant des années, tandis qu'en
Amérique il doit être replanté annuellement ; la qualité
du coton africain est de celle qui est la plus demandée,
c'est-à-dire d'une qualité moyenne. Mais avec une cul-
ture supérieure elle est susceptible de perfectionnements
considérables. J'ai entendu affirmer que le coton peut
être transporté à Liverpool de la côte occidentale, au
prix de 4 pence (10 centimes) la livre, et je suis con.
vaincu qu'il pourrait être importé des provinces du Sou-
dan où je réside, à peu près au même prix. Que la cul-
ture du coton en Afrique, sur une échelle assez large
pour fournir à nos besoins présente des difficultés, c'est
ce que personne ne nie, mais je soutiens que ces diffi-
cultés ne sont pas insurmontables. Le naturel africain
est accusé d'indolence ; mais rappelons-nous qu'il n'a
point d'encouragements capables de le décider à un tra-
vail excédant les très-simples nécessités de sa subsis-
tance. A mesure que ses besoins s'accroitront, soit pour
son utilité, soit pour sa parure, il fera pour les satisfaire
des efforts proportionnels; il est heureux d'échanger
tout article qu'il peut produire contre les objets qu'il
désire. Avec cet amour reconnu pour le trafic, je ne
pense pas qu'il faille être un grand prophète pour prédire
que sur une telle base le commerce une fois établi ne
peut manquer de se développer.
» On croit généralement qu'il n'est pas dans le monde
une société parmi laquelle on ne trouve quelque idée
d'une vie future, et dans laquelle n'existe, quel que
soit l'état primitif de son organisation, un culte quelcon-
que, sous une forme ou sous une autre. Quelque invrai-
semblable que paraisse ce que je vais dire, je déclare
pourtant que, dans mes relations avec diverses tribus
de nègres dans les régions de l'équateur, je n'ai trouvé
aucun culte quelconque, point d'idoles, pas la moindre
idée de la vie future, point d'espérance pour une ré-
compense, point de crainte pour un châtiment à veoir.
Cependant, chose étrange, on y croit à l'existence d'un
esprit suprême, sur lequel certains individus sont sup-
posés avoir tant d'influence que les éléments sont à
leurs ordres ; le seul service qu'on en exige étant de
donner de la pluie. Le champ donc est très-large pour
l'œuvre des missionnaires, et l'esprit de ces peuples
n'étant pas entravé par des idées préconçues, les faci-
lités semblent grandes pour la propagation de la vrai3
lumière.L'invasion de l'islamisme du nord vers l'Afrique
centrale, sans le moindre effort de la part des gouver-
vernements ou de communautés philanthropiques pour
la propager, est véritablement surprenante, et s'il en est
ainsi, pourquoi des résultats semblables ne seraient-ils
pas obtenus par les associations courageuses et dé-
vouées d'hommes pieux qui, appuyés par la richesse
et l'influence de leur pays, quittent nos rivages pour
aller répandre le christianisme.
» Vous connaissez probablement le sort d'une mission
catholique romaine établie pendant près de dix ans à
Belignan, sur le Nil blanc, à 4° nord de latitude, et sa
dissolution il y a deux ans. J'attribue' entièrement l'é-
chec de cette mission aux dons continuels qu'elle fai-
sait aux indigènes pour se les concilier ; lorsque les
ressources de la mission furent réduites et que les ré-
vérends pères ne purent plus distribuer des cadeaux
aux naturels et à leurs enfants, ces derniers abandon-
nèrent en corps un vaste établissement créé pour eux,
en s'écriant : Pas de verroteries, pas de prières. »
» Pour moi, je crois que la raison du succès de l'isla-
misme tient à cette circonstance qu'il ne s'impose
point et qu'il ne paie point pour qu'on l'adopte, et
que la conversion étant abandonnée à la pleine liberté
des croyants, la seule force de l'exemple offert par les
Arabes du voisinage suffit pour expliquer son dévelop-
pement.
» Comme toutes les populations barbares, les nègres
sont très-inquisitifs, et à moins que la présence des
étrangers, et spécialement des blancs, ne leur soit ex-
pliquée d'une manière satisfaisante, ils deviennent très-
soupeonneux et inclinés même à l'hostilité. L'idée d'un
homme quittant son foyer, résidant avec elle unique-
ment pour son bien, e:t difficile à croire dans une com-
munauté nègre. Pour s'assurer donc une réception cor-
diale, il faudrait, dans mon humble opinion, que les
missionnaires consentissent à s'attacher à des établis-
sements ou à des expéditions de commerce, ou bien
qu'ils trouvassent un moyen de justifier leur présence
d'une façon qui pût être comprise facilement par les
païens rusés avec lesquels ils seraient en contact ; ces
précautions aideraient très-matériellement leurs efforts
pour introduire et répandre la doctrine du chris-
tianisme.
» L'esclavage, grand fléau de la civilisation et du
commerce, n'existe, dans les régions lointaines de l'in-
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