Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 février 1861 01 février 1861
Description : 1861/02/01 (A6,N111). 1861/02/01 (A6,N111).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032647
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DÉ L'UNION DES DEUX MERS. 41
r s'il a la moindre notion de la Turquie et de ses pro-
; vinces, croire à l'avantage d'appuyer plus longtemps
• le gouvernement turc ? Y a-t-il un homme qui ne
! soit pleinement convaincu que notre politique passée à
Constantinople n'a été qu'un tissu de fatales bévues ?
Faut-il perpétuer cet état de choses? Supposons nous
que nous favorisons l'équilibre de la puissance en Europe
ou dans le monde en résistant à ces lois du progrès,
patentes pour tous, excepté pour les Anglais qui ten-
dent, en Turquie, à éteindre une race amollie et barbare
et à préparer la voie à la virile énergie d'une civilisation
avancée et humanisante ? Si c'est ce que nous faisons,
nous sommes dans une funeste erreur Nous sommes
grands en richesses, en ressources, eu estime de nous-
mêmes, je l'admets franchement et facilement; mais
la possession de ces qualités peut-elle nous justifier de
nos mesquins préjugés insulaires et nous autoriser à
dicter la ligne du droit et du devoir que le monde doit
suivre à jamais ? Nous ne le pensons pas. Il y a un
monde entier hors de l'Angleterre, et ce monda doit
avoir un grand avenir. Il ne nous permettra pas de
dédaigner ses réclamations ; si nous osons braver le
progrès, élever notre résistance contre un grand travail,
sur le motif équivoque et injustifiable qu'il n'est pas
entrepris seulement et purement pour les intérêts de
l'Angleterre, nous commettons une grande injustice;
nous exaspérons sans nécessité et sans raison une bles-
sure qui n'est pas encore cicatrisée et qui peut s'appro-
fondir. Qu'avons-nous à craindre du canal de Suez? Est-
ce que, s'il réussit, une portion du commerce qui passe
maintenant par le Cap, avec un trajet de cent-vingt
jours, passera par l'Egypte en n'employant que qua-
rante jours dans le voyage ? Quelle influence défa-
vorable au commerce anglais ou à une honnête poli.
tique anglaise cet événement peut-il produire? Est-ce
qu'il fournira à la France ou à l'Europe les moyens de
faire parvenir leurs flottes de l'autre côté de l'isthme
quelques semaines avant l'Angleterre? Aussi longtemps
que l'Angleterre possédera Malte et gardera la su-
prématie des mers, il y aura peu de dangers dans cet
avantage, peu important après tout. Mais du jour où
elle perdra sa suprématie, elle doit rendre .la place à
d'autres avec une bonne grâce loyale et digne, ou,
au moins, avec autant de bonne grâce qu'elle le pourra.
» J'arrive maintenant à l'article du Times et a la lettre
sage de son sage correspondant d'Alexandrie. Quiconque
voudra prendre la peine de disséquer l'article en ques-
tion, d'en retrancher son verbiage de raillerie et de sa-
tire, trouvera que ses arguments consistent en quoi ?
absolument en rien. C'est un pénible et pitoyable effort
pour aboyer après une idée. Les raisonnements du cor-
respondant ne valent pas mieux ; les voici : lorsque le
projet de M. de Lesseps fut présenté pour la première
fois aux capitalistes d'Alexandrie, on était en pleine
guerre avec la Russie; la population était riche, elle se
jeta sur la spéculation, parce qu'elle était nouvelle, com-
me elle l'aurait fait pour un projet de chemin de fer vers
la lune; et se retrouvant pauvre après la fin de la
guerre, les souscripteurs se dérobèrent à leurs obliga-
tions. Que prouve cela, je vous le demande, excepté la mo-
ralité.relâchée d'une société dont la réputation a précédé
l'innocente satire de votre confrère. L'autre fait qu'on
cite, c'est qu'un embarcadère se construit à Mex et que
des ouvriers indolents avancent indolemment à remuer
de lourdes pierres.
» Je dois finir cette lettre déjà trop longue. Mon but
a été uniquement de défendre les intérêts du franc jeu
(fair play). — Assommez-le, caril n'a pas d'amis, — c'est
un axiome d'une vieille école d'une grande vérité dans
la vie journalière. M. de Lesseps n'a pas besoin de mon
aide; cependant il a la consciencieuse dignité de ce que
je crois être un but honnête; toute son âme est dans
son projet, et à coup sûr je ne vois pas pourquoi moi
ou tout autre Anglais loyal nous ne pourrions pas cor-
dialement lui crier : « bon succès. »
L'ISTHME DE SUEZ ET L'ANGLETERRE.
Le Siècle publie l'article suivant dont nous n'a-
vons pas besoin de faire ressortir la valeur et la jus-
tesse. Le hasard en fait le meilleur commentaire
dont nous puissions faire suivre la lettre ci-dessus.
« Le directeur de la Compagnie universelle du ca-
nal maritime de Suez, l'honorable M. Ferdinand de
Lesseps, vient de publier la cinquième série des do-
cuments relatifs à la grande entreprise dont il a été
l'infatigable promoteur, et qu'en dépit d'innombra-
bles obstacles il aura la gloire de mener à bonne
fin.
» Les obstacles matériels, il n'eu faut plus parler.
Les procédés merveilleux de la science moderne et les
ressources financières de la Compagnie sont plus que
suffisants pour venir à bout des difficultés que pré-
sente le percement de l'isthme. Sous ce rapport, le
doute n'est plus possible. La nature ne demande pas
mieux que de se laisser vaincre par le génie de
l'homme. Mais les passions humaines, les intérêts, les
rivalités, les jalousies internationales offrent une ré-
sistance plus persistante et plus tenace. Une fois
vaincue, la nature reconnaît sa défaite; quand la
montagne qui semblait opposer une barrière infran-
chissable au passage d'un chemin de fer, est percée
de part en part, elle ne s'affaisse pas d'elle-même
pour détruire l'œuvre colossale des hommes. Les pas.
sions, au contraire, les rivalités, les haines sont pa-
reilles à l'hydre de Lerne : elles puisent dans leur
défaite même de nouveaux aliments et se redressent
d'autant plus vivaces que la victoire remportée sur
elles a été plus éclatante.
» Ainsi, nous avons vu le gouvernement anglais
railler d'abord l'entreprise dont la France prenait
l'initiative, puis la déclarer impraticable et ruineuse.
On n'a tenu compte ni des railleries ni des plus si-
nistres prédictions. On avait dit que les actionnaires
-
ne vienclrai&ftcf^SëlT^s^ont venus. On avait dit que
les travailleurs franca^rrooseraienf; jamais donner le
C" -s..;*,.-. M J
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r s'il a la moindre notion de la Turquie et de ses pro-
; vinces, croire à l'avantage d'appuyer plus longtemps
• le gouvernement turc ? Y a-t-il un homme qui ne
! soit pleinement convaincu que notre politique passée à
Constantinople n'a été qu'un tissu de fatales bévues ?
Faut-il perpétuer cet état de choses? Supposons nous
que nous favorisons l'équilibre de la puissance en Europe
ou dans le monde en résistant à ces lois du progrès,
patentes pour tous, excepté pour les Anglais qui ten-
dent, en Turquie, à éteindre une race amollie et barbare
et à préparer la voie à la virile énergie d'une civilisation
avancée et humanisante ? Si c'est ce que nous faisons,
nous sommes dans une funeste erreur Nous sommes
grands en richesses, en ressources, eu estime de nous-
mêmes, je l'admets franchement et facilement; mais
la possession de ces qualités peut-elle nous justifier de
nos mesquins préjugés insulaires et nous autoriser à
dicter la ligne du droit et du devoir que le monde doit
suivre à jamais ? Nous ne le pensons pas. Il y a un
monde entier hors de l'Angleterre, et ce monda doit
avoir un grand avenir. Il ne nous permettra pas de
dédaigner ses réclamations ; si nous osons braver le
progrès, élever notre résistance contre un grand travail,
sur le motif équivoque et injustifiable qu'il n'est pas
entrepris seulement et purement pour les intérêts de
l'Angleterre, nous commettons une grande injustice;
nous exaspérons sans nécessité et sans raison une bles-
sure qui n'est pas encore cicatrisée et qui peut s'appro-
fondir. Qu'avons-nous à craindre du canal de Suez? Est-
ce que, s'il réussit, une portion du commerce qui passe
maintenant par le Cap, avec un trajet de cent-vingt
jours, passera par l'Egypte en n'employant que qua-
rante jours dans le voyage ? Quelle influence défa-
vorable au commerce anglais ou à une honnête poli.
tique anglaise cet événement peut-il produire? Est-ce
qu'il fournira à la France ou à l'Europe les moyens de
faire parvenir leurs flottes de l'autre côté de l'isthme
quelques semaines avant l'Angleterre? Aussi longtemps
que l'Angleterre possédera Malte et gardera la su-
prématie des mers, il y aura peu de dangers dans cet
avantage, peu important après tout. Mais du jour où
elle perdra sa suprématie, elle doit rendre .la place à
d'autres avec une bonne grâce loyale et digne, ou,
au moins, avec autant de bonne grâce qu'elle le pourra.
» J'arrive maintenant à l'article du Times et a la lettre
sage de son sage correspondant d'Alexandrie. Quiconque
voudra prendre la peine de disséquer l'article en ques-
tion, d'en retrancher son verbiage de raillerie et de sa-
tire, trouvera que ses arguments consistent en quoi ?
absolument en rien. C'est un pénible et pitoyable effort
pour aboyer après une idée. Les raisonnements du cor-
respondant ne valent pas mieux ; les voici : lorsque le
projet de M. de Lesseps fut présenté pour la première
fois aux capitalistes d'Alexandrie, on était en pleine
guerre avec la Russie; la population était riche, elle se
jeta sur la spéculation, parce qu'elle était nouvelle, com-
me elle l'aurait fait pour un projet de chemin de fer vers
la lune; et se retrouvant pauvre après la fin de la
guerre, les souscripteurs se dérobèrent à leurs obliga-
tions. Que prouve cela, je vous le demande, excepté la mo-
ralité.relâchée d'une société dont la réputation a précédé
l'innocente satire de votre confrère. L'autre fait qu'on
cite, c'est qu'un embarcadère se construit à Mex et que
des ouvriers indolents avancent indolemment à remuer
de lourdes pierres.
» Je dois finir cette lettre déjà trop longue. Mon but
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(fair play). — Assommez-le, caril n'a pas d'amis, — c'est
un axiome d'une vieille école d'une grande vérité dans
la vie journalière. M. de Lesseps n'a pas besoin de mon
aide; cependant il a la consciencieuse dignité de ce que
je crois être un but honnête; toute son âme est dans
son projet, et à coup sûr je ne vois pas pourquoi moi
ou tout autre Anglais loyal nous ne pourrions pas cor-
dialement lui crier : « bon succès. »
L'ISTHME DE SUEZ ET L'ANGLETERRE.
Le Siècle publie l'article suivant dont nous n'a-
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« Le directeur de la Compagnie universelle du ca-
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cuments relatifs à la grande entreprise dont il a été
l'infatigable promoteur, et qu'en dépit d'innombra-
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fin.
» Les obstacles matériels, il n'eu faut plus parler.
Les procédés merveilleux de la science moderne et les
ressources financières de la Compagnie sont plus que
suffisants pour venir à bout des difficultés que pré-
sente le percement de l'isthme. Sous ce rapport, le
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mieux que de se laisser vaincre par le génie de
l'homme. Mais les passions humaines, les intérêts, les
rivalités, les jalousies internationales offrent une ré-
sistance plus persistante et plus tenace. Une fois
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montagne qui semblait opposer une barrière infran-
chissable au passage d'un chemin de fer, est percée
de part en part, elle ne s'affaisse pas d'elle-même
pour détruire l'œuvre colossale des hommes. Les pas.
sions, au contraire, les rivalités, les haines sont pa-
reilles à l'hydre de Lerne : elles puisent dans leur
défaite même de nouveaux aliments et se redressent
d'autant plus vivaces que la victoire remportée sur
elles a été plus éclatante.
» Ainsi, nous avons vu le gouvernement anglais
railler d'abord l'entreprise dont la France prenait
l'initiative, puis la déclarer impraticable et ruineuse.
On n'a tenu compte ni des railleries ni des plus si-
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