Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-02-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1861 01 février 1861
Description : 1861/02/01 (A6,N111). 1861/02/01 (A6,N111).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032647
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
42 L'ISTHME DE SUEZ,
premier coup de pioche sur le terrain de l'isthme,
tant que l'Angleterre ne l'aurait pas permis; le pre-
mier coup de pioche a été donné publiquement, so-
lennellement, et tant de coups de pioche ont suivi
celui-là, que les travaux sont parvenus à un degré
d'avancement inespéré, et qu'il est possible de fixer
dès aujourd'hui l'époque où le premier navire par-
tant de la Méditerranée franchira l'isthme et se
rendra dans la mer Rouge.
» Le gouvernement anglais cependant ne se tient
pas encore pour battu. Malgré l'insuccès de ses ten-
tatives antérieures il revient à la charge, et il y a
quelques jours à peine qu'une dépêche de Constanti-
nople nous apprenait une nouvelle démarche mena-
çante faite par l'ambassadeur anglais, sir Henri
Bulwer, auprès de la Sublime-Porte pour la mettre
en demeure d'arrêter les travaux de Suez. Les tra-
vaux, bien entendu, ont continué leur train sous l'im-
pulsion de M. Ferdinand de Lesseps lui-même, qui
est depuis trois mois en Egypte pour activer leur
marche.
» Le gouvernement turc s'est adroitement tiré de
la difficulté ; sa faiblesse elle-même l'a servi en cette
circonstance : « J'ai remis aux puissances européen-
» nés, a-t-il répondu, le soin de décider si le canal
» de Suez devait ou non être achevé. Que Votre Ex-
» cellence s'entende avec elles, et je me conformerai
» à ce qui aura été décidé d'un commun accord. )
» Sir Henri Bulwer a transmis cette réponse sans
doute à son gouvernement, et il ne paraît pas jus-
qu'ici que le cabinet anglais soit disposé à distraire
l'Europe des vives préoccupations où elle est enga-
gée pour la saisir de la question de Suez.' Pendant
ce temps, les travaux continuent activement, c'est
l'essentiel. Le jour où le canal sera percé, où la roule
de l'Inde sera abrégée de moitié, l'Angleterre en pro-
fitera plus que personne, et il ne nous est pas prouvé
que même alors elle ne protestera pas encore chaque
fois qu'un navire sous pavillon français franchira
l'isthme de Suez.
» Nous avons déjà dit bisn souvent, et il nous en
coûte de redire, combien est fâcheuse cette disposi-
tion du gouvernement ou plutôt de certains hommes
d'Etat anglais à l'égard de cette grande entreprise.
L'inutile opposition faite au percement de l'isthme de
Suez, les tracasseries de toute sorte suscitées soit à
Constantinople, soit au Caire, contre cette vaste en-
treprise d'utilité universelle, resteront comme un des
plus fâcheux vestiges de l'antique et traditionnelle
gallophobie qui, pendant de longs siècles, a ému la
politique anglaise.
» Plus que jamais, en présence de la situation de
l'Europe et du conflit décisif qui est engagé entre
le vieux droit monarchique et le droit populaire, en-
tre le vieux principe et le principe nouveau, plus que
jamais nous demeurons convaincus que l'union des
deux grandes nations occidentales, leur sincère al-
liance est une garantie d'ordre et de paix, un gage
de triomphe pour les idées à la défense desquelles
nous avons voué notre vie ; mais c'est à la condition
essentielle que cette union sera sincère et loyale de
part et d'autre, que cette alliance sera une véritable
alliance entre égaux, et non la soumission d'un des
éléments à l'autre.
» Les hommes d'Etat de l'Angleterre ont grand'-
peine à se persuader que la France a le droit d'être
son égale et le devoir de maintenir cette égalité. Ils
ont plus de peine encore à renoncer à sa politique
séculaire, à ses intrigues, à ses prétentions, qui ne
sont plus de notre temps. Ce n'est pas seulement à
Suez, c'est en Allemagne, c'est en Syrie, c'est en
Italie, c'est partout que les agens anglais s'attachent
à faire prévaloir d'anciennes divisions, à exciter con-
tre nous , contre notre influence, les plus mauvais
sentiments. Nous savons de source certaine que sur
divers points de la Sicile, des Anglais, sans carac-
tère officiel, et que par conséquent on pourrait dé-
savouer au besoin, s'efforcent de répandre ridée d'une
séparation qui placerait la Sicile en dehors de l'unité
italienne ; ils excitent le patriotisme sicilien contre
Victor-Emmanuel ; ils font valoir le droit des peu-
ples de Sicile à se choisir eux mêmes le gouverne-
ment ou le patronage le plus favorable à leurs inté-
rêts, et la conclusion inévitable, c'est que la Sicile
deviendrait un Eldorado si les Anglais la proté-
geaient comme ils protègent les îles Ioniennes. D'un
autre côté, des lettres d'Egypte nous apprennent que
l'irritation contre la France et les Français y est
très-grande, et sous les manœuvres qui ont causé
cette irritation, on est sûr de rencontrer encore l'in-
fluence des agents anglais.
» Eh bien! de pareilles intrigues sont déplorables;
elles deviendraient à la longue le dissolvant le plus
actif d'une alliance si profondément nécessaire au
progrès de la civilisation et au développement des
idées libérales en Europe. Les hommes d'Etat anglais,
qui font de si remarquables discours sur les bien-
faits de la paix, du travail et de la civilisation, sont-
ils sincères ? Qu'ils croient bien alors que sans l'al-
liance de l'Angleterre et de la France, ces bienfaits
sont impossibles ; mais qu'ils croient bien aussi que
la France ne peut être la sincère alliée de l'Angle-
terre que si elle est son égale, si nous marchons avec
elle le front levé, si nous ne rencontrons pas sa main
dans les mille intrigues diplomatiques sans cesse
ourdies contre nous.
» Mais ces considérations, très-sommaires, nous ont
éloigné quelque peu des documents intéressants que
M. Ferdinand de Lesseps vient de livrer à la publi-
cité. Ce nouveau volume contient un très-remarqua-
ble travail : c'est un rapport adressé au roi des
Pays-Bas par une commission qui fut instituée en
premier coup de pioche sur le terrain de l'isthme,
tant que l'Angleterre ne l'aurait pas permis; le pre-
mier coup de pioche a été donné publiquement, so-
lennellement, et tant de coups de pioche ont suivi
celui-là, que les travaux sont parvenus à un degré
d'avancement inespéré, et qu'il est possible de fixer
dès aujourd'hui l'époque où le premier navire par-
tant de la Méditerranée franchira l'isthme et se
rendra dans la mer Rouge.
» Le gouvernement anglais cependant ne se tient
pas encore pour battu. Malgré l'insuccès de ses ten-
tatives antérieures il revient à la charge, et il y a
quelques jours à peine qu'une dépêche de Constanti-
nople nous apprenait une nouvelle démarche mena-
çante faite par l'ambassadeur anglais, sir Henri
Bulwer, auprès de la Sublime-Porte pour la mettre
en demeure d'arrêter les travaux de Suez. Les tra-
vaux, bien entendu, ont continué leur train sous l'im-
pulsion de M. Ferdinand de Lesseps lui-même, qui
est depuis trois mois en Egypte pour activer leur
marche.
» Le gouvernement turc s'est adroitement tiré de
la difficulté ; sa faiblesse elle-même l'a servi en cette
circonstance : « J'ai remis aux puissances européen-
» nés, a-t-il répondu, le soin de décider si le canal
» de Suez devait ou non être achevé. Que Votre Ex-
» cellence s'entende avec elles, et je me conformerai
» à ce qui aura été décidé d'un commun accord. )
» Sir Henri Bulwer a transmis cette réponse sans
doute à son gouvernement, et il ne paraît pas jus-
qu'ici que le cabinet anglais soit disposé à distraire
l'Europe des vives préoccupations où elle est enga-
gée pour la saisir de la question de Suez.' Pendant
ce temps, les travaux continuent activement, c'est
l'essentiel. Le jour où le canal sera percé, où la roule
de l'Inde sera abrégée de moitié, l'Angleterre en pro-
fitera plus que personne, et il ne nous est pas prouvé
que même alors elle ne protestera pas encore chaque
fois qu'un navire sous pavillon français franchira
l'isthme de Suez.
» Nous avons déjà dit bisn souvent, et il nous en
coûte de redire, combien est fâcheuse cette disposi-
tion du gouvernement ou plutôt de certains hommes
d'Etat anglais à l'égard de cette grande entreprise.
L'inutile opposition faite au percement de l'isthme de
Suez, les tracasseries de toute sorte suscitées soit à
Constantinople, soit au Caire, contre cette vaste en-
treprise d'utilité universelle, resteront comme un des
plus fâcheux vestiges de l'antique et traditionnelle
gallophobie qui, pendant de longs siècles, a ému la
politique anglaise.
» Plus que jamais, en présence de la situation de
l'Europe et du conflit décisif qui est engagé entre
le vieux droit monarchique et le droit populaire, en-
tre le vieux principe et le principe nouveau, plus que
jamais nous demeurons convaincus que l'union des
deux grandes nations occidentales, leur sincère al-
liance est une garantie d'ordre et de paix, un gage
de triomphe pour les idées à la défense desquelles
nous avons voué notre vie ; mais c'est à la condition
essentielle que cette union sera sincère et loyale de
part et d'autre, que cette alliance sera une véritable
alliance entre égaux, et non la soumission d'un des
éléments à l'autre.
» Les hommes d'Etat de l'Angleterre ont grand'-
peine à se persuader que la France a le droit d'être
son égale et le devoir de maintenir cette égalité. Ils
ont plus de peine encore à renoncer à sa politique
séculaire, à ses intrigues, à ses prétentions, qui ne
sont plus de notre temps. Ce n'est pas seulement à
Suez, c'est en Allemagne, c'est en Syrie, c'est en
Italie, c'est partout que les agens anglais s'attachent
à faire prévaloir d'anciennes divisions, à exciter con-
tre nous , contre notre influence, les plus mauvais
sentiments. Nous savons de source certaine que sur
divers points de la Sicile, des Anglais, sans carac-
tère officiel, et que par conséquent on pourrait dé-
savouer au besoin, s'efforcent de répandre ridée d'une
séparation qui placerait la Sicile en dehors de l'unité
italienne ; ils excitent le patriotisme sicilien contre
Victor-Emmanuel ; ils font valoir le droit des peu-
ples de Sicile à se choisir eux mêmes le gouverne-
ment ou le patronage le plus favorable à leurs inté-
rêts, et la conclusion inévitable, c'est que la Sicile
deviendrait un Eldorado si les Anglais la proté-
geaient comme ils protègent les îles Ioniennes. D'un
autre côté, des lettres d'Egypte nous apprennent que
l'irritation contre la France et les Français y est
très-grande, et sous les manœuvres qui ont causé
cette irritation, on est sûr de rencontrer encore l'in-
fluence des agents anglais.
» Eh bien! de pareilles intrigues sont déplorables;
elles deviendraient à la longue le dissolvant le plus
actif d'une alliance si profondément nécessaire au
progrès de la civilisation et au développement des
idées libérales en Europe. Les hommes d'Etat anglais,
qui font de si remarquables discours sur les bien-
faits de la paix, du travail et de la civilisation, sont-
ils sincères ? Qu'ils croient bien alors que sans l'al-
liance de l'Angleterre et de la France, ces bienfaits
sont impossibles ; mais qu'ils croient bien aussi que
la France ne peut être la sincère alliée de l'Angle-
terre que si elle est son égale, si nous marchons avec
elle le front levé, si nous ne rencontrons pas sa main
dans les mille intrigues diplomatiques sans cesse
ourdies contre nous.
» Mais ces considérations, très-sommaires, nous ont
éloigné quelque peu des documents intéressants que
M. Ferdinand de Lesseps vient de livrer à la publi-
cité. Ce nouveau volume contient un très-remarqua-
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