Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1861-01-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 janvier 1861 15 janvier 1861
Description : 1861/01/15 (A6,N110). 1861/01/15 (A6,N110).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203263t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/06/2012
26 L'ISTHME DE SUEZ,
deux éléments distincts : le commerce spécial de l'Iran
et le commerce de transit.
» La Perse offre à l'exportation de grandes quantités
de sel, des vins exquis, dont quelques sortes sont si-
milaires aux vins du Rhin, de la garance , de la soie
brute, de la manne, du tabac, des noix de galle, du
henné, de la gomme, de la rhubarbe, des chevaux ma-
gnifiques, et beaucoup d'autres marchandises, aux-
quelles il faut ajouter les produits recherchés de l'in-
dustrie indigène.
» Mais la Perse possède d'autres richesses absolument
inexploitées : la canne à sucre y croît avec vigueur; le
sol est couvert d'oliviers dont on tire à peine parti ; il
renferme, en outre, des mines de toutes sortes et des
gisements de pierres précieuses.
» Quant aux importations, l'Iran recevrait nos tissus,
nos draps, nos confections voyantes, nos armes de fan-
taisie, notre porcelaine, notre verroterie, les mille ob-
jets désignés sous le nom d'articles de Paris, et les pro-
duits de nos fonderies et de notre métallurgie ; car la
Perse aura bientôt ses voies ferrées et ses usines,
grâce à. l'énergique et civilisatrice impulsion que vient
de lui imprimer Férouk-Khan.
« Nous aurions donc là un champ magnifique à ex -
ploiter, dans l'intérêt d'Iran comme dans le nôtre. L'An-
glais, avec sa morgue, la rudesse de son caractère et
la roideur de ses formes, n'est pas aimé des popula-
tions; le Russe, plus souple et plus liant, leur est
moins sympathique encore, parce qu'on sent en lui
l'ennemi.
» La Russie d'ailleurs a paralysé de ses propres mains
son commerce avec la Perse, parce qu'au lieu d'appor-
ter dans les ports de la Caspienne des marchandises de
bonne qualité, elle ne livre que des produits médiocres
ou mauvais à des prix exagérés. Les circonstances sont
donc éminemment propices, et il serait impardonnable
à la France de repousser la main que les Persans lui
tendent.
» Si le commerce propre de l'Iran est susceptible
d'un vaste et rapide développement, son commerce de
transit pourra bientôt se décupler et un jour se cen-
tupler.
» Cette assertion ne surprendra pas ceux qui se sou-
viennent qùe la Perse est la grande route du commerce
par terre de l'Orient avec l'Europe, la route que sui-
vaient au moyen âge comme dans l'antiquité et que
suivent encore en partie, pour arriver jusqu'à nous, les
marchandises de la Chine, de l'Inde, de l'Afghanistan,
de la Boukharie, de la Khi vi et dn Kbokhend. Les riches
produits de ces pays et ceux que l'Occident leur fournit
prennent de préférence la voie de mer, depuis la mémo-
rable découverte de Gama, et n'arrivent à leur destina-
tion qu'en doublant le cap de Bonne-Espérance.
» Il n'en sera pas toujours ainsi. L'ancien commerce
de l'Orient tend à s'ouvrir sur la mer Noire les débou-
chés qui l'y attiraient jadis, et la Russie fait dans ce but
de constants efforts. Elle va créer, pour atteindre ce ré.
sultat, dec chemins de fer, entre la mer Caspienne, la Perse
et la mer Noire. Cette puissance travaille dès à présent
a détourner tout le "Commerce de transit de la route dif-
ficile et dangereuse qu'il parcourt à travers l'Arménie
turque ; elle a su lui en tracer une plus commode et plus
sûre.
» La ville de Pôti, située sur la mer Noire, à l'embou-
chure du Phase, détrônera probablement Trébizonde ;
elle a été dotée, il y a deux ans, de toutes les fran-
chises qui peuvent y attirer le commerce, soumis, sur
le territoire ottoman, à des droits exorbitants, et les
caravanes commencent à s'y diriger. Le commerce fran-
çais peut prendre là une belle position qui, s'améliorant
d'année en année, lui permettra de se faire une large
part dans les transactions de l'Europe avec la Perse et
l'Asie centrale.
» La valeur des transactions opérées à Trébizonde
en 1858 était de 121.183,000 fr., dont 93,163,000 fr. pour
les exportations. L'importance de ces chiffres indique
assez l'extension qu'acquerra ce mouvement d'affaires
lorsque des relations plus actives et plus régulières
auront été créées entre l'Euxin et le centre du continent
asiatique.
» On tomberait toutefois dans une grave erreur si l'on
supposait que la Ler Noire est destinée à desservir la
totalité ou la presque totalité du commerce de l'Iran et
des contrées voisines avec l'Occident. Ces contrées con-
tinueront d'envoyer une partie de leurs marchandises
dans le golfe Persique pour y recevoir en échange celles
des provinces méridionales de l'Inde et de la Chine,
de l'Océanie, de l'Arabie et de l'Afrique. Mais le perce-
ment de l'isthme de Suez nous ouvrira bientôt une route
directe pour aller solliciter par le sud les producteurs
et les consommateurs de la Perse.
» C'est donc une double révolution qui se prépare
dans le commerce de la Perse et de l'Asie centrale, et
les négociants français ne manqueront pas d'en profiter
s'ils tiennent à justifier la réputation d'intelligence
qu'ils ont si légitimement acquise, et à recueillir pour
leur pays une large part dans les énormes bénéfices du
commerce de l'Orient.
» Le moment est venu de former une grande com-
pagnie libre et active qui prépare les relations, qui
établisse les points d'échelle et qui rende à la France le
mouvement de 660 millions d'affaires annuelles qu'elle
traite aujourd'hui avec l'Asie par l'intermédiaire coû-
teux, rarement bienveillant et toujours précaire, de
l'Angleterre.
» Pour réaliser ce projet national, nous devons avant
tout rendre plus étroits nos bons rapports avec la Perse.
Une alliance intime avec ce pays n'aura pas seulement
pour résultat le large développement de notre com-
merce et de nos richesses ; elle nous permettra en outre
d'asseoir sur des bases solides notre politique en Orient
et de contre-balancer à notre profit les influences rivales
de la Russie et de l'Angleterre.
» L'établissement de relations diplomatiques plus ré-
gulières avec l'Iran et la création de consulats dans
les ports de ce pays sont les premiers soins qui doivent
nous occuper. La compagnie dont nous parlions tout à
l'heure fera le reste, et alors la France et la Perse, comme
deux sœurs aux extrémités du monde, seront unies par
le double lien de l'intérêt et de l'amitié.
» HIP. CAUVALLO jeune. »
deux éléments distincts : le commerce spécial de l'Iran
et le commerce de transit.
» La Perse offre à l'exportation de grandes quantités
de sel, des vins exquis, dont quelques sortes sont si-
milaires aux vins du Rhin, de la garance , de la soie
brute, de la manne, du tabac, des noix de galle, du
henné, de la gomme, de la rhubarbe, des chevaux ma-
gnifiques, et beaucoup d'autres marchandises, aux-
quelles il faut ajouter les produits recherchés de l'in-
dustrie indigène.
» Mais la Perse possède d'autres richesses absolument
inexploitées : la canne à sucre y croît avec vigueur; le
sol est couvert d'oliviers dont on tire à peine parti ; il
renferme, en outre, des mines de toutes sortes et des
gisements de pierres précieuses.
» Quant aux importations, l'Iran recevrait nos tissus,
nos draps, nos confections voyantes, nos armes de fan-
taisie, notre porcelaine, notre verroterie, les mille ob-
jets désignés sous le nom d'articles de Paris, et les pro-
duits de nos fonderies et de notre métallurgie ; car la
Perse aura bientôt ses voies ferrées et ses usines,
grâce à. l'énergique et civilisatrice impulsion que vient
de lui imprimer Férouk-Khan.
« Nous aurions donc là un champ magnifique à ex -
ploiter, dans l'intérêt d'Iran comme dans le nôtre. L'An-
glais, avec sa morgue, la rudesse de son caractère et
la roideur de ses formes, n'est pas aimé des popula-
tions; le Russe, plus souple et plus liant, leur est
moins sympathique encore, parce qu'on sent en lui
l'ennemi.
» La Russie d'ailleurs a paralysé de ses propres mains
son commerce avec la Perse, parce qu'au lieu d'appor-
ter dans les ports de la Caspienne des marchandises de
bonne qualité, elle ne livre que des produits médiocres
ou mauvais à des prix exagérés. Les circonstances sont
donc éminemment propices, et il serait impardonnable
à la France de repousser la main que les Persans lui
tendent.
» Si le commerce propre de l'Iran est susceptible
d'un vaste et rapide développement, son commerce de
transit pourra bientôt se décupler et un jour se cen-
tupler.
» Cette assertion ne surprendra pas ceux qui se sou-
viennent qùe la Perse est la grande route du commerce
par terre de l'Orient avec l'Europe, la route que sui-
vaient au moyen âge comme dans l'antiquité et que
suivent encore en partie, pour arriver jusqu'à nous, les
marchandises de la Chine, de l'Inde, de l'Afghanistan,
de la Boukharie, de la Khi vi et dn Kbokhend. Les riches
produits de ces pays et ceux que l'Occident leur fournit
prennent de préférence la voie de mer, depuis la mémo-
rable découverte de Gama, et n'arrivent à leur destina-
tion qu'en doublant le cap de Bonne-Espérance.
» Il n'en sera pas toujours ainsi. L'ancien commerce
de l'Orient tend à s'ouvrir sur la mer Noire les débou-
chés qui l'y attiraient jadis, et la Russie fait dans ce but
de constants efforts. Elle va créer, pour atteindre ce ré.
sultat, dec chemins de fer, entre la mer Caspienne, la Perse
et la mer Noire. Cette puissance travaille dès à présent
a détourner tout le "Commerce de transit de la route dif-
ficile et dangereuse qu'il parcourt à travers l'Arménie
turque ; elle a su lui en tracer une plus commode et plus
sûre.
» La ville de Pôti, située sur la mer Noire, à l'embou-
chure du Phase, détrônera probablement Trébizonde ;
elle a été dotée, il y a deux ans, de toutes les fran-
chises qui peuvent y attirer le commerce, soumis, sur
le territoire ottoman, à des droits exorbitants, et les
caravanes commencent à s'y diriger. Le commerce fran-
çais peut prendre là une belle position qui, s'améliorant
d'année en année, lui permettra de se faire une large
part dans les transactions de l'Europe avec la Perse et
l'Asie centrale.
» La valeur des transactions opérées à Trébizonde
en 1858 était de 121.183,000 fr., dont 93,163,000 fr. pour
les exportations. L'importance de ces chiffres indique
assez l'extension qu'acquerra ce mouvement d'affaires
lorsque des relations plus actives et plus régulières
auront été créées entre l'Euxin et le centre du continent
asiatique.
» On tomberait toutefois dans une grave erreur si l'on
supposait que la Ler Noire est destinée à desservir la
totalité ou la presque totalité du commerce de l'Iran et
des contrées voisines avec l'Occident. Ces contrées con-
tinueront d'envoyer une partie de leurs marchandises
dans le golfe Persique pour y recevoir en échange celles
des provinces méridionales de l'Inde et de la Chine,
de l'Océanie, de l'Arabie et de l'Afrique. Mais le perce-
ment de l'isthme de Suez nous ouvrira bientôt une route
directe pour aller solliciter par le sud les producteurs
et les consommateurs de la Perse.
» C'est donc une double révolution qui se prépare
dans le commerce de la Perse et de l'Asie centrale, et
les négociants français ne manqueront pas d'en profiter
s'ils tiennent à justifier la réputation d'intelligence
qu'ils ont si légitimement acquise, et à recueillir pour
leur pays une large part dans les énormes bénéfices du
commerce de l'Orient.
» Le moment est venu de former une grande com-
pagnie libre et active qui prépare les relations, qui
établisse les points d'échelle et qui rende à la France le
mouvement de 660 millions d'affaires annuelles qu'elle
traite aujourd'hui avec l'Asie par l'intermédiaire coû-
teux, rarement bienveillant et toujours précaire, de
l'Angleterre.
» Pour réaliser ce projet national, nous devons avant
tout rendre plus étroits nos bons rapports avec la Perse.
Une alliance intime avec ce pays n'aura pas seulement
pour résultat le large développement de notre com-
merce et de nos richesses ; elle nous permettra en outre
d'asseoir sur des bases solides notre politique en Orient
et de contre-balancer à notre profit les influences rivales
de la Russie et de l'Angleterre.
» L'établissement de relations diplomatiques plus ré-
gulières avec l'Iran et la création de consulats dans
les ports de ce pays sont les premiers soins qui doivent
nous occuper. La compagnie dont nous parlions tout à
l'heure fera le reste, et alors la France et la Perse, comme
deux sœurs aux extrémités du monde, seront unies par
le double lien de l'intérêt et de l'amitié.
» HIP. CAUVALLO jeune. »
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