Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 décembre 1863 15 décembre 1863
Description : 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17. 1863/12/15 (A8,N180)-1863/12/17.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203259x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
jOÛRNÀL DE L'UNION DÈS DËtDt MËÈS. 553
Vienne, éconduit poliment les pétitionnaires, reste fidèle
aux traités de 1815, et se contente de gratifier de temps
en temps la Pologne de quelques bonnes paroles vi-
des de sens, ou d'un sourire étudié tout en tendant la
main à la Prusse, à l'Autriche et à la Russie.
» Mais le Temps produit d'autres arguments. Suivons-
le sur ce nouveau terrain, et voyons s'il y est plus
solide.
» M. Nefftzer invoque en faveur de sa thèse les senti-
ments mêmes qui animent, suivant lui, le cabinet bri-
tannique. Il rappelle que trois membres du cabinet
actuel (lord John Russell, qui donne des ordres à l'am-
bassadeur de Constantinople et au consul général d'An-
gleterre en Egypte ; M. Gladstone et M. Milner-Gibson)
ont formellement condamné, dans la séance de la Cham-
bre des communes du 1er juin 1858, toute opposition au
percement de l'isthme.
» Ce fait est d'une parfaite exactitude ; mais le Temps
est-il bien certain que le désir de renverser le comte
Derby et ses collègues dont ils ambitionnent les porte-
feuilles ait été absolument étranger à l'attitude prise,
il y a cinq ans, par ces trois ministres? Ne sait-il pas
quelles transformations les orateurs parlementaires ont
souvent éprouvées dans les hautes sphères clu pouvoir?
» Quant au comte Russell, ses variations sont assez
connues. Ne l'a-t-on pas vu, tout récemment encore,
proclamer la déchéance du tzar comme roi de Pologne,
et trahir huit jours après la-cause polonaise dans une
humble dépêche au prince Gorstchacoff ?'il ne serait donc
ni absurde, ni contradictoire aux faits, à la nature des cho-
ses et au bon sens de supposer qu'un homme de cette
trempe (c'est ainsi qu'il est qualifié par M. Nefftzer) ait
abandonné le canal qu'il avait soutenu il y a cinq ans,
comme il a abandonné la Pologne quelques jours après
son fameux speech de Blairgowrie.
» Le Temps n'a, d'ailleurs, qu'à lire les réponses du
comte Russell ou de son sous-secrétaire d'État, M. Layard,
aux interpellations de M. Griffith sur le canal de Suez,
pour se convaincre du changement qui s'est opéré dans
les idées du noble lord. Il trouvera dans ses paroles
une certaine réserve, imposée par son discours d'il y a
cinq ans, mais pas un mot qui rappelle cette sympathie
d'un jour ou d'une heure, qui n'était évidemment qu'une
sympathie de circonstance, ou si l'on veut de tactique.
Mais si le chef du Foreign-Office a quelques ménagements
à garder, M. Layard, son alter ego, peut parler libre-
ment, et c'est un privilége dont il a usé si largement,
que M. Ferdinand de Lesseps a dû réfuter , dans une
lettre livrée à la publicité, les assertions au moyen des-
quelles le sous-secrétaire d'État jetait le discrédit sur le
canal et sur la Compagnie.
»On devait penser qu'après les explications franches,
loyales et courtoises de M. de Lesseps, le Foreign-Office
s'abstiendrait de reproduire, au sein de la Chambre
des communes, les erreurs matérielles qui lui avaient
été signalées. Il n'en fut rien, et dans une séance ulté-
rieure, M. Layard renouvela ses précédentes assertions
en les exagérant encore. On peut juger par là de l'in-
térêt que le comte Russell porte à l'œuvre poursuivie par
M. de Lesseps.
» Aurait-il du moins, comme le Temps croit pouvoir l'af-
firmer, ordonné à l'ambassadeur d'Angleterre en Tur-
quie de s'abstenir de toute opposition au percement de
l'isthme, de toute pression sur les ministres du sultan?
Non, car sir Henry Bulwer a suivi, sans jamais dévier,,
la politique de son prédécesseur, lord Stratford de Red-
cliffe, en évitant toutefois les éclats compromettants de
ce représentant trop fougueux du cabinet britannique
Le comte Russell ne l'ignorait pas, et cependant il
maintint sir Henry Bulwer dans ce poste important.
bien qu'il y eût été placé par le ministère Derby, dont
l'hostilité contre le canal s'était hautement manifestée.
» Sir Henry Bulwer était donc un. diplomate selon le
cœur de lord Russell, comme selon le cœur de lord
Derby. N'est-ce pas lui qui, à la fin de juillet 1859,
donna l'ordre à la flotte anglaise de se présenter de-
vant Alexandrie pour terroriser le gouvernement égyp-
tien ? N'est-ce pas lui, qui, l'année suivante, arrachait à
la Porte le firman qui fut porté en Egypte par Mouktar-
Bey, et en vertu duquel les travaux devaient être in-
terrompus sur l'isthme? N'est-ce pas lui encore qui,
pendant le voyage d'Abdul-Aziz à Alexandrie et au
Caire, dictait à la Porte la circulaire du 6 avril, cal-
quée sur la dépêche adressée en 1855 par le cabinet de
Saint-James à celui des Tuileries?
» De tous ces faits et de beaucoup d'autres, qu'il se-
rait trop long d'énumérer, il résulte, n'en déplaise
au Temps, qu'il n'existe entre le comte Russell et lord
Palmerston aucune dissidence sur la question du per-
cement de l'isthme. Ces deux ministres suivent, avec
un zèle égal, la politique traditionnelle de la Grande-
Bretagne, et c'est ici le lieu de rappeler qu'en 1858,
dans deux séances de la Chambre des communes, lord
Palmerston avouait, sans circonlocutions, que le gou-
vernement anglais pesait, DEPUIS QUINZE ANS, de toutes
ses forces, sur la Sublime Porte, pour qu'elle n'accordât
à personne l'autorisation d'entreprendre le percement
de l'isthme de Suez.
» Telles étaient et telles sont encore les dispositions
du cabinet de Saint-James. Lord Palmerston sait qu'il
peut compter, sinon sur ses quatorze collègues, du
moins sur la plupart d'entre eux ; il sait qu'une immense
majorité lui est acquise dans le conseil, et, le 12 juin
de cette année, répondant à une nouvelle interpella-
tion de M. Griffith, relative au travail obligatoire, il di-
sait aù nom du cabinet : « NATURELLEMENT, le gouverne-
» ment de la reine prêtera au sultan toute l'aide de son pouvoir
» pour faire exécuter en Egypte la loi qui interdit le
» travail obligatoire. »
» Pour ceux qui connaissent bien la question, ces
paroles sont d'une importance capitale. Elles renferment
la moitié du programme de Nubar-Pacha, dont lord Pal-
merston annonçait ainsi, plus de deux mois à l'avance,
la mission dès longtemps méditée et préparée. La loi
dont il s'agit, loi inventée ou fabriquée pour les besoins
de la cause (1), est, en effet, la machine avec laquelle
on voudrait renverser la Compagnie.
(1) Cette roi est si mystérieuse que personne ne la connaît, et,
si elle existe, elle est certainement postérieure à l'acte par lequel
Vienne, éconduit poliment les pétitionnaires, reste fidèle
aux traités de 1815, et se contente de gratifier de temps
en temps la Pologne de quelques bonnes paroles vi-
des de sens, ou d'un sourire étudié tout en tendant la
main à la Prusse, à l'Autriche et à la Russie.
» Mais le Temps produit d'autres arguments. Suivons-
le sur ce nouveau terrain, et voyons s'il y est plus
solide.
» M. Nefftzer invoque en faveur de sa thèse les senti-
ments mêmes qui animent, suivant lui, le cabinet bri-
tannique. Il rappelle que trois membres du cabinet
actuel (lord John Russell, qui donne des ordres à l'am-
bassadeur de Constantinople et au consul général d'An-
gleterre en Egypte ; M. Gladstone et M. Milner-Gibson)
ont formellement condamné, dans la séance de la Cham-
bre des communes du 1er juin 1858, toute opposition au
percement de l'isthme.
» Ce fait est d'une parfaite exactitude ; mais le Temps
est-il bien certain que le désir de renverser le comte
Derby et ses collègues dont ils ambitionnent les porte-
feuilles ait été absolument étranger à l'attitude prise,
il y a cinq ans, par ces trois ministres? Ne sait-il pas
quelles transformations les orateurs parlementaires ont
souvent éprouvées dans les hautes sphères clu pouvoir?
» Quant au comte Russell, ses variations sont assez
connues. Ne l'a-t-on pas vu, tout récemment encore,
proclamer la déchéance du tzar comme roi de Pologne,
et trahir huit jours après la-cause polonaise dans une
humble dépêche au prince Gorstchacoff ?'il ne serait donc
ni absurde, ni contradictoire aux faits, à la nature des cho-
ses et au bon sens de supposer qu'un homme de cette
trempe (c'est ainsi qu'il est qualifié par M. Nefftzer) ait
abandonné le canal qu'il avait soutenu il y a cinq ans,
comme il a abandonné la Pologne quelques jours après
son fameux speech de Blairgowrie.
» Le Temps n'a, d'ailleurs, qu'à lire les réponses du
comte Russell ou de son sous-secrétaire d'État, M. Layard,
aux interpellations de M. Griffith sur le canal de Suez,
pour se convaincre du changement qui s'est opéré dans
les idées du noble lord. Il trouvera dans ses paroles
une certaine réserve, imposée par son discours d'il y a
cinq ans, mais pas un mot qui rappelle cette sympathie
d'un jour ou d'une heure, qui n'était évidemment qu'une
sympathie de circonstance, ou si l'on veut de tactique.
Mais si le chef du Foreign-Office a quelques ménagements
à garder, M. Layard, son alter ego, peut parler libre-
ment, et c'est un privilége dont il a usé si largement,
que M. Ferdinand de Lesseps a dû réfuter , dans une
lettre livrée à la publicité, les assertions au moyen des-
quelles le sous-secrétaire d'État jetait le discrédit sur le
canal et sur la Compagnie.
»On devait penser qu'après les explications franches,
loyales et courtoises de M. de Lesseps, le Foreign-Office
s'abstiendrait de reproduire, au sein de la Chambre
des communes, les erreurs matérielles qui lui avaient
été signalées. Il n'en fut rien, et dans une séance ulté-
rieure, M. Layard renouvela ses précédentes assertions
en les exagérant encore. On peut juger par là de l'in-
térêt que le comte Russell porte à l'œuvre poursuivie par
M. de Lesseps.
» Aurait-il du moins, comme le Temps croit pouvoir l'af-
firmer, ordonné à l'ambassadeur d'Angleterre en Tur-
quie de s'abstenir de toute opposition au percement de
l'isthme, de toute pression sur les ministres du sultan?
Non, car sir Henry Bulwer a suivi, sans jamais dévier,,
la politique de son prédécesseur, lord Stratford de Red-
cliffe, en évitant toutefois les éclats compromettants de
ce représentant trop fougueux du cabinet britannique
Le comte Russell ne l'ignorait pas, et cependant il
maintint sir Henry Bulwer dans ce poste important.
bien qu'il y eût été placé par le ministère Derby, dont
l'hostilité contre le canal s'était hautement manifestée.
» Sir Henry Bulwer était donc un. diplomate selon le
cœur de lord Russell, comme selon le cœur de lord
Derby. N'est-ce pas lui qui, à la fin de juillet 1859,
donna l'ordre à la flotte anglaise de se présenter de-
vant Alexandrie pour terroriser le gouvernement égyp-
tien ? N'est-ce pas lui, qui, l'année suivante, arrachait à
la Porte le firman qui fut porté en Egypte par Mouktar-
Bey, et en vertu duquel les travaux devaient être in-
terrompus sur l'isthme? N'est-ce pas lui encore qui,
pendant le voyage d'Abdul-Aziz à Alexandrie et au
Caire, dictait à la Porte la circulaire du 6 avril, cal-
quée sur la dépêche adressée en 1855 par le cabinet de
Saint-James à celui des Tuileries?
» De tous ces faits et de beaucoup d'autres, qu'il se-
rait trop long d'énumérer, il résulte, n'en déplaise
au Temps, qu'il n'existe entre le comte Russell et lord
Palmerston aucune dissidence sur la question du per-
cement de l'isthme. Ces deux ministres suivent, avec
un zèle égal, la politique traditionnelle de la Grande-
Bretagne, et c'est ici le lieu de rappeler qu'en 1858,
dans deux séances de la Chambre des communes, lord
Palmerston avouait, sans circonlocutions, que le gou-
vernement anglais pesait, DEPUIS QUINZE ANS, de toutes
ses forces, sur la Sublime Porte, pour qu'elle n'accordât
à personne l'autorisation d'entreprendre le percement
de l'isthme de Suez.
» Telles étaient et telles sont encore les dispositions
du cabinet de Saint-James. Lord Palmerston sait qu'il
peut compter, sinon sur ses quatorze collègues, du
moins sur la plupart d'entre eux ; il sait qu'une immense
majorité lui est acquise dans le conseil, et, le 12 juin
de cette année, répondant à une nouvelle interpella-
tion de M. Griffith, relative au travail obligatoire, il di-
sait aù nom du cabinet : « NATURELLEMENT, le gouverne-
» ment de la reine prêtera au sultan toute l'aide de son pouvoir
» pour faire exécuter en Egypte la loi qui interdit le
» travail obligatoire. »
» Pour ceux qui connaissent bien la question, ces
paroles sont d'une importance capitale. Elles renferment
la moitié du programme de Nubar-Pacha, dont lord Pal-
merston annonçait ainsi, plus de deux mois à l'avance,
la mission dès longtemps méditée et préparée. La loi
dont il s'agit, loi inventée ou fabriquée pour les besoins
de la cause (1), est, en effet, la machine avec laquelle
on voudrait renverser la Compagnie.
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