Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1863 15 novembre 1863
Description : 1863/11/15 (A8,N178). 1863/11/15 (A8,N178).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032573
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 445
» Le vice-roi fournirait six mille hommes en perma-
nence ; ce seraient des régiments de travailleurs qu'il
détacherait de son armée. La main-d'œuvre ne serait
plus troublée sur toute la surface du pays. La question
des salaires est un élément important de l'organisation
du travail. Le conseil de la Compagnie comprend lui-
même qu'il aurait mauvaise grâce à réclamer la fixité
des salaires qui avaient été prévus en 1856. Quand il
n'y aurait que le développement que la culture si lu-
crative du coton a pris en' Egypte depuis la guerre
américaine, il est manifeste que le prix des salaires
doit être aujourd'hui notablemènt supérieur à ce qu'il
était en 1850.
» Le vice-roi demande pour ses hommes un salaire
de 2 francs par jour. A ce taux, la Compagnie pourrait,
sans grossir la somme qu'elle doit consacrer annuelle-
ment au prix de la main-d'œuvre, obtenir un travail
plus efficace et plus productif que celui qu'elle a dû
se procurer jusqu'à présent. Vingt mille travailleurs
employés dans l'ancien système, doivent, aux condi-
tions du règlement de 1856, coûter a la Compagnie
840,000 francs par mois, ou un peu plus de 10 millions
par an. Le contingent de six mille hommes, fourni par
le vice-roi, coûterait, à raison de 2 francs par jour,
4,320,000 francs par an. Sur la somme de 10 millions,
il resterait à la Compagnie un peu plus de 5,'100,000
francs, c'est-à-dire une somme suffisante pour employer,
à raison de 2 francs par jour, huit mille ouvriers li-
brement recrutés. Dans le système proposé par le vice-
roi, on aurait donc quatorze mille travailleurs pour la
somme que l'on a dû consacrer jusqu'à présent à en
entretenir vingt mille. Mais les quatorze mille ouvriers
du nouveau système, plus sédentaires, mieux payés,
plus heureux, produiraient évidemment un travail
plus utile que les vingt mille de l'ancienne corvée, al-
lant et venant chaque mois avec une extrême fatigue
d'un bout de l'Égypte à l'autre.
» C'est de cette façon, en se plaçant au cœur même
des intérêts économiques de l'entreprise du percement
de l'isthme, et non en argumentant sur de prétendus
droits contractuels dont on n'a point rempli la condition
primordiale, qu'il eût fallu examiner et discuter les
propositions du vice-roi d'Egypte. C'est malheureuse-
ment ce que n'ont point fait le président et le conseil
de la Compagnie.
» La forme de leur résolution n'est pas moins étrange
que le fond; elle est libellée comme un jugement : de
la part d'une Compagnie parlant au représentant d'un
gouvernement de qui émane sa concession, aux inté-
rêts généraux duquel cette concession demeure subor-
donnée, le procédé est au moins insolite. Nous aurons
sans doute à montrer, après d'éminents jurisconsultes,
qu'il n'y a rien de fondé dans les assertions tranchan-
tes du conseil au point de vue du droit. L'acte du
conseil est un non-sens au point de vue de l'in-
térêt politique. Quant au point de vue de l'intérêt
des actionnaires, il est une faute grave et pourrait
leur être funeste , si Ismaïl-Pacha n'avait pas donné
une preuve éclatante de la sollicitude qu'il porte à
l'œuvre du canal, en se constituant lui-même action-
naire de la Compagnie pour une part de 86 millions
sur 200.
» EUGÈNE FORCADE. »
RÉPONSE DE D. PERD. DE LESSEPS.
Paris, 12 novembre 1663.
A Monsieur le Rédacteur en chef de LA SEMAINE
FINANCIÈRE.
Monsieur,
Je vous adresse ma réponse à l'article que dans
le dernier numéro de votre journal vous avez publié
sur la Compagnie du canal de Suez.
Permettez-moi une observation préalable.
De tous les journaux de Paris, le Moniteur en tête,
auxquels a été proposée l'insertion de la résolution
de notre Conseil, votre journal est le seul qui l'ait
refusée ; il est le seul aussi qui attaque cette réso-
lution.
Vous blâmez le Conseil, vous l'accusez « d'ingra-
titude, de négligence, de mauvais vouloir, d'obstina-
tion vaine. » Vous le dénoncez, en un mot, à la dé-
fiance des actionnaires et à la réprobation du public.
En même temps, vous enlevez, autant qu'il est en
vous, à la connaissance de ce même public, la pièce
capitale seule capable de justifier ou de réfuter
d'aussi graves incriminations. Où vous voyez une
faute, le Conseil se croit inspiré par le devoir; où
vous voyez le sacrifice des actionnaires, il voit la
défense sacrée de leurs intérêts; où vous voyez le
salut, il découvre la ruine. Je dis plus; si vous aviez
publié le texte de la résolution du Conseil, la plupart
de vos arguments devenaient impossibles. La publi-
cation de votre article et celle de notre délibération
devenaient incompatibles, à côté l'une de l'autre.
L'amertume de votre critique porte à la fois sur
la forme et sur le fond de la décision du Conseil.
« La forme, dites-vous, n'en est pas moins étrange
que le fond. » Examinons d'abord les torts que vous
nous imputez quant à la forme.
Ces torts sont au nombre de deux.
Le mode de rédaction du document et sa publi-
cation.
Le mode adopté pour l'exposition du vote du
Conseil et des motifs qui l'ont déterminé vous blesse.
Nous aurions manqué d'égards envers le vice-roi
dans la personne de son envoyé.
» On a eu l'air de lui transmettre un libellé de
» jugement. Le procédé est au moins insolite 1 »
Voilà vos paroles. Est-ce sérieusement que vous
les avez écrites ?
» Le vice-roi fournirait six mille hommes en perma-
nence ; ce seraient des régiments de travailleurs qu'il
détacherait de son armée. La main-d'œuvre ne serait
plus troublée sur toute la surface du pays. La question
des salaires est un élément important de l'organisation
du travail. Le conseil de la Compagnie comprend lui-
même qu'il aurait mauvaise grâce à réclamer la fixité
des salaires qui avaient été prévus en 1856. Quand il
n'y aurait que le développement que la culture si lu-
crative du coton a pris en' Egypte depuis la guerre
américaine, il est manifeste que le prix des salaires
doit être aujourd'hui notablemènt supérieur à ce qu'il
était en 1850.
» Le vice-roi demande pour ses hommes un salaire
de 2 francs par jour. A ce taux, la Compagnie pourrait,
sans grossir la somme qu'elle doit consacrer annuelle-
ment au prix de la main-d'œuvre, obtenir un travail
plus efficace et plus productif que celui qu'elle a dû
se procurer jusqu'à présent. Vingt mille travailleurs
employés dans l'ancien système, doivent, aux condi-
tions du règlement de 1856, coûter a la Compagnie
840,000 francs par mois, ou un peu plus de 10 millions
par an. Le contingent de six mille hommes, fourni par
le vice-roi, coûterait, à raison de 2 francs par jour,
4,320,000 francs par an. Sur la somme de 10 millions,
il resterait à la Compagnie un peu plus de 5,'100,000
francs, c'est-à-dire une somme suffisante pour employer,
à raison de 2 francs par jour, huit mille ouvriers li-
brement recrutés. Dans le système proposé par le vice-
roi, on aurait donc quatorze mille travailleurs pour la
somme que l'on a dû consacrer jusqu'à présent à en
entretenir vingt mille. Mais les quatorze mille ouvriers
du nouveau système, plus sédentaires, mieux payés,
plus heureux, produiraient évidemment un travail
plus utile que les vingt mille de l'ancienne corvée, al-
lant et venant chaque mois avec une extrême fatigue
d'un bout de l'Égypte à l'autre.
» C'est de cette façon, en se plaçant au cœur même
des intérêts économiques de l'entreprise du percement
de l'isthme, et non en argumentant sur de prétendus
droits contractuels dont on n'a point rempli la condition
primordiale, qu'il eût fallu examiner et discuter les
propositions du vice-roi d'Egypte. C'est malheureuse-
ment ce que n'ont point fait le président et le conseil
de la Compagnie.
» La forme de leur résolution n'est pas moins étrange
que le fond; elle est libellée comme un jugement : de
la part d'une Compagnie parlant au représentant d'un
gouvernement de qui émane sa concession, aux inté-
rêts généraux duquel cette concession demeure subor-
donnée, le procédé est au moins insolite. Nous aurons
sans doute à montrer, après d'éminents jurisconsultes,
qu'il n'y a rien de fondé dans les assertions tranchan-
tes du conseil au point de vue du droit. L'acte du
conseil est un non-sens au point de vue de l'in-
térêt politique. Quant au point de vue de l'intérêt
des actionnaires, il est une faute grave et pourrait
leur être funeste , si Ismaïl-Pacha n'avait pas donné
une preuve éclatante de la sollicitude qu'il porte à
l'œuvre du canal, en se constituant lui-même action-
naire de la Compagnie pour une part de 86 millions
sur 200.
» EUGÈNE FORCADE. »
RÉPONSE DE D. PERD. DE LESSEPS.
Paris, 12 novembre 1663.
A Monsieur le Rédacteur en chef de LA SEMAINE
FINANCIÈRE.
Monsieur,
Je vous adresse ma réponse à l'article que dans
le dernier numéro de votre journal vous avez publié
sur la Compagnie du canal de Suez.
Permettez-moi une observation préalable.
De tous les journaux de Paris, le Moniteur en tête,
auxquels a été proposée l'insertion de la résolution
de notre Conseil, votre journal est le seul qui l'ait
refusée ; il est le seul aussi qui attaque cette réso-
lution.
Vous blâmez le Conseil, vous l'accusez « d'ingra-
titude, de négligence, de mauvais vouloir, d'obstina-
tion vaine. » Vous le dénoncez, en un mot, à la dé-
fiance des actionnaires et à la réprobation du public.
En même temps, vous enlevez, autant qu'il est en
vous, à la connaissance de ce même public, la pièce
capitale seule capable de justifier ou de réfuter
d'aussi graves incriminations. Où vous voyez une
faute, le Conseil se croit inspiré par le devoir; où
vous voyez le sacrifice des actionnaires, il voit la
défense sacrée de leurs intérêts; où vous voyez le
salut, il découvre la ruine. Je dis plus; si vous aviez
publié le texte de la résolution du Conseil, la plupart
de vos arguments devenaient impossibles. La publi-
cation de votre article et celle de notre délibération
devenaient incompatibles, à côté l'une de l'autre.
L'amertume de votre critique porte à la fois sur
la forme et sur le fond de la décision du Conseil.
« La forme, dites-vous, n'en est pas moins étrange
que le fond. » Examinons d'abord les torts que vous
nous imputez quant à la forme.
Ces torts sont au nombre de deux.
Le mode de rédaction du document et sa publi-
cation.
Le mode adopté pour l'exposition du vote du
Conseil et des motifs qui l'ont déterminé vous blesse.
Nous aurions manqué d'égards envers le vice-roi
dans la personne de son envoyé.
» On a eu l'air de lui transmettre un libellé de
» jugement. Le procédé est au moins insolite 1 »
Voilà vos paroles. Est-ce sérieusement que vous
les avez écrites ?
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