Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1863 01 octobre 1863
Description : 1863/10/01 (A8,N175). 1863/10/01 (A8,N175).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203254v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
402 L'ISTHME DE SUEZ,
» voie est donc aujourd'hui (allusion aux prétendus
* arrangements nouveaux) dégagée vers un succès
» complet comme œuvre d'art et comme projet com-
e mercial pour cette grande entreprise, et nous espé-
» rons qu'aucune circonstance nouvelle ne viendra l'en-
» traver ou la retarder. » C'est franc, loyal, sans
arrière-pensée. Une dernière citation pour terminer —
il en est plus que temps au gré du lecteur, nous le
craignons bien — c'est le bouquet.
LE TRIOMPHE DE M. DE LESSEPS (1).
« Ce gentleman, dit le Spectaior, a arraché à la Porte
» la permission de dépenser 250 millions de francs pour
» essayer de compléter la moitié la plus difficile d'un
» plan impraticable. Il a eu, dès le début, deux ob-
» jets en vue, l'un qui lui est cher, comme auteur du
a projet, et l'autre comme intrigant politique : percer
» l'isthme ; transformer l'Égypte en une dépendance
Il française au moyen de colonies de travailleurs. Le
» principe de la traite va être appliqué dans toute la
) vallée du Nil, et tous les fellahs égyptiens passeront
» des mois de leur vie dans un -esclavage virtuel —
» leurs pauvres petits enfants mourant de faim à la
» maison — pour que la marche de la civilisation ne
» soit pas arrêtée, ou que la France ne subisse pas à
» la face du monde une défaite diplomatique.
» L'échec éprouvé par les idées européennes n'est pas
« moindre que l'échec infligé au prestige (2) britanni-
» que, et nous pouvons à peine nous étonner que des
» échecs si grands et si violateurs des principes aient
» étourdi des Anglais au point de leur inspirer la con-
» vietion que ce canal, pour lequel la justice, la loi in-
» ternationale et une alliance européenne ont été
» mises en danger, ne puisse être combattu heu-
» reusement par les seules forces de la nature.
» Ces Anglais (comme Figaro fait la barbe, le Speç-
» talor fait la leçon à tout le monde, même à ses com-
M patriotes), ces Anglais ont oublié que la diplomatie,
» toute puissante qu'elle semble, n'altère pas le niveau
des mers; que le sultan peut se soumettre, sans pour
» cela persuader à la mer Rouge de faire des conces-
t sions ; que la vase garde la persévérance qu'a perdue
» sir Henry Bulwer. »
» Ainsi, qu'on l'ait pour entendu, si tout cède devant
M. de Lesseps ; s'il a pu obtenir qu'on violât pour son
canal, justice, loi internationale et le reste, la nature
est là qui — par ordre du Spectator — saura arrêter le
Titan violateur au milieu de son triomphe, car les
impossibilités pratiques du canal, les vases, les sa-
bles, les rocs, les infiltrations superficielles sont là.,
et puis, quel ministère anglais permettrait à la France
de s'emparer de l'Égypte, d'où elle prendrait bientôt
la Mecque, d'où.; puis encore l'argument à deux
cornes, qui autrefois épouvantait les hommes d'État
anglais : la Méditerranée rapprochée de l'Inde, et l'Inde
rapprochée de la Méditerranée ; enfin Socatora et Aden,
1) C'est le titre de l'article du Spectator.
(2) Le mot est en français dans le texte du journal.
Alderney et Cherbourg. quoi qu'il arrive et qu'on
fasse, d'ailleurs « il n'y a pas de danger pour l'Angle-
» terre dans le canal de Suez, à moins que les Anglais
» ne soient assez simples pour croire que, parce que
» sir Henry Bulwer a été battu à Constantinople, le
» sable, l'eau et les rochers ont dès lors perdu leur
» puissance naturelle. » Le canal est donc impossi-
ble?
» Pourquoi ne pas le dire tout de suite? Le Spectator
eût évité bien des phrases, du bruit, des injures, des
suppositions gratuites? Pourquoi tant de fracas, de
dépit, quand toute la presse anglaise, d'autre part, est
unanime à reconnaître que l'Angleterre profitera, plus
que toute autre nation, de la tranchée de l'isthme?
III.
» Si la presse anglaise n'est pas unanime à chanter
la gloire du canal de Suez, c'est d'abord que d'autres
nations sont plus intéressées qu'elle à voir ouvrir ce
passage ; c'est, ensuite, que la presse anglaise est con-
fuse, à l'excès, du rôle qu'elle a joué à la suite d'une
vieille rancune enfantine de l'autre monde, et qu'elle
ne peut pardonner au canal de Suez la honte qu'elle
en éprouve ; honte qui augmentera avec le progrès des
travaux. Elle ne peut oublier toutes les injures que ce
maudit canal lui a fait dire à des personnes honorables,
qui ont eu la supériorité de rester toujours convena-
bles et dignes quand on les calomniait à bon escient,
quand on leur versait l'outrage à flots ; se bornant,
pour toute réponse aux diatribes envenimées, à expo-
ser leur conduite comme leur but au grand jour, disant
à l'Europe, au monde : voyez et jugez )
» L'Angleterre, trop exclusivement attachée aux in-
térêts matériels purs, s'attarde et s'enchevêtre dans les
débris du passé qui s'écroule. Si elle n'y prend garde.
elle s'y fera écraser. Les Anglais, disait naguère Cob-
den, sont très-enclins à croire qu'ils peuvent réussir par
la force ; qu'ils chassent bien loin cette pensée. Cobden
eût pu ajouter : et la ruse.
» La force sans le droit a fini son temps dans l'Eu-
rope chrétienne où les principes de l'Evangile s'incar-
nent visiblement : celui qui frappe avec l'épée périra
par l'épée , et sans retard.
» La ruse tourne presque toujours déjà à la confusion
de son auteur, et la presse anglaise doit le savoir de
reste, en ce qui concerne le canal de Suez. Le télégraphe
électrique a hâté l'avènement de ces résultats ; béni
soit-il. Le mot de Cobden est profond ; voyant l'influence
de son pays décliner, parce qu'il s'attache trop aux
principes du vieux monde, principe de domination
brutale par la force et la ruse ; principes païens du
vieux temps : « dent pour dent, œil pour œil, » iljette
le cri d'alarme.
» L'esprit moderne, transformé par les principes plus
humains, plus divins du fils de Marie, répugne à la
vengeance pour la vengeance. S'il ne pratique pas en-
core en toutes choses la maxime suprême : « Vous êtes
» tous frères, aimez-vous les uns les autres, faites du
» bien même à vos ennemis #, il l'accepte dans toutes
ses conséquences, c'est son idéal, qu'il réalisera, comme
» voie est donc aujourd'hui (allusion aux prétendus
* arrangements nouveaux) dégagée vers un succès
» complet comme œuvre d'art et comme projet com-
e mercial pour cette grande entreprise, et nous espé-
» rons qu'aucune circonstance nouvelle ne viendra l'en-
» traver ou la retarder. » C'est franc, loyal, sans
arrière-pensée. Une dernière citation pour terminer —
il en est plus que temps au gré du lecteur, nous le
craignons bien — c'est le bouquet.
LE TRIOMPHE DE M. DE LESSEPS (1).
« Ce gentleman, dit le Spectaior, a arraché à la Porte
» la permission de dépenser 250 millions de francs pour
» essayer de compléter la moitié la plus difficile d'un
» plan impraticable. Il a eu, dès le début, deux ob-
» jets en vue, l'un qui lui est cher, comme auteur du
a projet, et l'autre comme intrigant politique : percer
» l'isthme ; transformer l'Égypte en une dépendance
Il française au moyen de colonies de travailleurs. Le
» principe de la traite va être appliqué dans toute la
) vallée du Nil, et tous les fellahs égyptiens passeront
» des mois de leur vie dans un -esclavage virtuel —
» leurs pauvres petits enfants mourant de faim à la
» maison — pour que la marche de la civilisation ne
» soit pas arrêtée, ou que la France ne subisse pas à
» la face du monde une défaite diplomatique.
» L'échec éprouvé par les idées européennes n'est pas
« moindre que l'échec infligé au prestige (2) britanni-
» que, et nous pouvons à peine nous étonner que des
» échecs si grands et si violateurs des principes aient
» étourdi des Anglais au point de leur inspirer la con-
» vietion que ce canal, pour lequel la justice, la loi in-
» ternationale et une alliance européenne ont été
» mises en danger, ne puisse être combattu heu-
» reusement par les seules forces de la nature.
» Ces Anglais (comme Figaro fait la barbe, le Speç-
» talor fait la leçon à tout le monde, même à ses com-
M patriotes), ces Anglais ont oublié que la diplomatie,
» toute puissante qu'elle semble, n'altère pas le niveau
des mers; que le sultan peut se soumettre, sans pour
» cela persuader à la mer Rouge de faire des conces-
t sions ; que la vase garde la persévérance qu'a perdue
» sir Henry Bulwer. »
» Ainsi, qu'on l'ait pour entendu, si tout cède devant
M. de Lesseps ; s'il a pu obtenir qu'on violât pour son
canal, justice, loi internationale et le reste, la nature
est là qui — par ordre du Spectator — saura arrêter le
Titan violateur au milieu de son triomphe, car les
impossibilités pratiques du canal, les vases, les sa-
bles, les rocs, les infiltrations superficielles sont là.,
et puis, quel ministère anglais permettrait à la France
de s'emparer de l'Égypte, d'où elle prendrait bientôt
la Mecque, d'où.; puis encore l'argument à deux
cornes, qui autrefois épouvantait les hommes d'État
anglais : la Méditerranée rapprochée de l'Inde, et l'Inde
rapprochée de la Méditerranée ; enfin Socatora et Aden,
1) C'est le titre de l'article du Spectator.
(2) Le mot est en français dans le texte du journal.
Alderney et Cherbourg. quoi qu'il arrive et qu'on
fasse, d'ailleurs « il n'y a pas de danger pour l'Angle-
» terre dans le canal de Suez, à moins que les Anglais
» ne soient assez simples pour croire que, parce que
» sir Henry Bulwer a été battu à Constantinople, le
» sable, l'eau et les rochers ont dès lors perdu leur
» puissance naturelle. » Le canal est donc impossi-
ble?
» Pourquoi ne pas le dire tout de suite? Le Spectator
eût évité bien des phrases, du bruit, des injures, des
suppositions gratuites? Pourquoi tant de fracas, de
dépit, quand toute la presse anglaise, d'autre part, est
unanime à reconnaître que l'Angleterre profitera, plus
que toute autre nation, de la tranchée de l'isthme?
III.
» Si la presse anglaise n'est pas unanime à chanter
la gloire du canal de Suez, c'est d'abord que d'autres
nations sont plus intéressées qu'elle à voir ouvrir ce
passage ; c'est, ensuite, que la presse anglaise est con-
fuse, à l'excès, du rôle qu'elle a joué à la suite d'une
vieille rancune enfantine de l'autre monde, et qu'elle
ne peut pardonner au canal de Suez la honte qu'elle
en éprouve ; honte qui augmentera avec le progrès des
travaux. Elle ne peut oublier toutes les injures que ce
maudit canal lui a fait dire à des personnes honorables,
qui ont eu la supériorité de rester toujours convena-
bles et dignes quand on les calomniait à bon escient,
quand on leur versait l'outrage à flots ; se bornant,
pour toute réponse aux diatribes envenimées, à expo-
ser leur conduite comme leur but au grand jour, disant
à l'Europe, au monde : voyez et jugez )
» L'Angleterre, trop exclusivement attachée aux in-
térêts matériels purs, s'attarde et s'enchevêtre dans les
débris du passé qui s'écroule. Si elle n'y prend garde.
elle s'y fera écraser. Les Anglais, disait naguère Cob-
den, sont très-enclins à croire qu'ils peuvent réussir par
la force ; qu'ils chassent bien loin cette pensée. Cobden
eût pu ajouter : et la ruse.
» La force sans le droit a fini son temps dans l'Eu-
rope chrétienne où les principes de l'Evangile s'incar-
nent visiblement : celui qui frappe avec l'épée périra
par l'épée , et sans retard.
» La ruse tourne presque toujours déjà à la confusion
de son auteur, et la presse anglaise doit le savoir de
reste, en ce qui concerne le canal de Suez. Le télégraphe
électrique a hâté l'avènement de ces résultats ; béni
soit-il. Le mot de Cobden est profond ; voyant l'influence
de son pays décliner, parce qu'il s'attache trop aux
principes du vieux monde, principe de domination
brutale par la force et la ruse ; principes païens du
vieux temps : « dent pour dent, œil pour œil, » iljette
le cri d'alarme.
» L'esprit moderne, transformé par les principes plus
humains, plus divins du fils de Marie, répugne à la
vengeance pour la vengeance. S'il ne pratique pas en-
core en toutes choses la maxime suprême : « Vous êtes
» tous frères, aimez-vous les uns les autres, faites du
» bien même à vos ennemis #, il l'accepte dans toutes
ses conséquences, c'est son idéal, qu'il réalisera, comme
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.94%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.94%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 10/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203254v/f10.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203254v/f10.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203254v/f10.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203254v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203254v
Facebook
Twitter