Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1863 15 septembre 1863
Description : 1863/09/15 (A8,N174). 1863/09/15 (A8,N174).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203253f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.
périr et se fâchent quand nous disons : a Nous vou-
» drions retourner en Russie. » Ils nous répondent :
« Ce serait une honte éternelle pour les musulmans,
ce serait une apostasie », et ne nous rendent pas nos
passeports.
» Nous vous prions, bienveillant monsieur, d'in-
sérer cette lettre. Que le monde sache et voie de
quelle manière périt la tribu des Noghaïs. Que les
autres nations et tribus s'édifient par notre exemple. »
Cependant le Temps affirme que le ministère turc,
si sensible quand il s'agit des fellahs de l'isthme, bien
traités, bien nourris et bien payés, reste sourd à ces
cris de détresse. Nous pouvons donc le répéter : ce
n'est point même un excès de philanthropie mal en-
tendue qui dirige toutes ces tentatives contre le
mode de travail adopté pour l'exécution du canal
de Suez, ce n'est pas autre chose qu'une tactique
destinée à empêcher ou entraver l'achèvement de
cette entreprise.
Quant au fond de la question, la voici eu deux
mots. L'organisation du travail en Egypte telle qu'elle
a été établie par le contrat du 20 juillet 1856 dans
les limites incontestables des attributions du vice-roi
qui l'a signé, réalise deux progrès à la fois. D'un
côté elle assure et garantit l'exécution d'une œuvre
dont l'accomplissement est le vœu et le besoin du
monde entier,de l'autre elle modifie profondémentdan's
un sens libéral la condition du travailleur indigène,
elle détruit le régime du travail gratuit, elle proclame le
principe obligé du salaire, elle assure l'observation de
ce principe, elle pourvoit au bon traitement des tra-
vailleurs, aux soins médicaux, aux secours en nu-
méraire qui sont stipulés pour les malades. Ce sont
là des améliorations sans exemple jusqu'à présent en
Egypte. Il est démontré que l'on ne peut aller plus
loin sans bouleverser toute la vie intérieure du pays,
et le travail obligatoire ne cesserait d'y exister un
jour que pour y faire revenir le lendemain le régime
intérieur avec tous ses ahus,
Au nom de l'intérêt universel, au nom du bien-
être de l'Egypte, au nom de ses devoirs envers elle-
même et de la nature des choses, la Compagnie ne
peut pas se départir du traité du 20 juillet 1856, et
c'est une obligation à laquelle nous sommes con-
vaincu qu'elle ne faillira pas.
ERNEST DESPLACES.
L'ESCLAVAGE ET LE TRAVAIL OBLIGATOIRE.
Tandis que les journaux anglais s'élèvent avec une
ardeur de si bon aloi contre le travail obligatoire en
Egypte, il est curieux de constater comment le Times
envisage maintenant la question elle-même de l'es-
clavage.
Après avoir, dans un de ses derniers numéros-
tracé le plus sinistre tableau de l'état intérieur de
l'Afrique :
« L'esclavage, dit-il, est à coup sûr un perfection-
nement dans un pareil état de société, parce que sim-
plement, quels qu'en soient les maux, il n'est pas le
règne de la loi du sang. Rien ne peut justifier la traite
des esclaves, et cependant, lorsque nous considérons
l'histoire mystérieuse d'une race dont la carrière n'est
encore sous les yeux du monde que par fragments,
nous devons reconnaître qu'une providence qui tire le
bien même du mal s'est servie en cette circonstance de
la méchanceté de l'homme pour l'amélioration ulté
rieure du nègre.
» Quel que soit l'esclavage américain, le nègre sous
sa loi est un être plus moral qu'il ne fut jamais en
Afrique; il a des idées, des sensations, des sentiments
qu'il n'avait jamais eus jusqu'alors. Il n'est plus une
brute, il distingue le bien du mal ; il a quelque tein-
ture de la vie civilisée ; il a été placé en contact avec
l'esprit européen, il en a reçu une sorte de greffe. Tout
cela humainement parlant n'aurait pu lui être donné
en Afrique. La transplantation, toute choquante qu'elle
soit, est la condition au moyen de laquelle il prend
part à la civilisation. 11 n'a peut-être pas été tenu suf-
fisamment compte de ces faits dans notre estimation
de l'esclavage. L'esclavage est mauvais sans doute;
mais considérons-le comparativement avec l'état na-
turel et sauvage du nègre, état auquel il l'enlève.
L'esclavage est une amélioration de cet état. Ceux qui
espèrent l'affranchissement ultérieur de l'Africain, et
son incorporation complète dans la société civilisée,
doivent encore reconnaître une loi agissant en ce sens
dans ce que nous pourrions appeler la distribution in-
termédiaire de l'esclavage.
» En général on ne peut pas douter que le nègre
est plus heureux comme esclave qu'il ne l'était comme
sauvage naturel. Il peut exister des établissements
particuliers où il a été victime de cruautés extraordi-
naires, mais généralement il a été traité par le planteur
avec plus de douceur que par son chef indigène, et sa
vie sur la plantation a été beaucoup plus confortable
que dans les déserts et les jungles de l'Afrique. Il a
été mieux nourri et mieux logé. Il a eu un travail
régulier et méthodique, et sa façon de vivre s'est rap-
prochée des habitudes domestiques de l'Europe beau-
coup plus qu'elle ne l'était dans son état sauvage. Il
est très-vrai que son aisance et sa condition physique
ont été beaucoup plus soignées que son perfectionne-
nement moral et religieux ; cela naturellement dépend
de son propriétaire. La grande tendance du jour a été
de regarder les esclaves comme des instruments à pro-
duire le coton. Néanmoins les récits les plus défavora-
bles à l'esclavage attestent que, d'une manière ou d'une
autre, une forme de croyance chrétienne, sauvage et
rude, mais forte encore, s'est implantée dans l'esprit
du nègre..
Quelle est cependant la conclusion que tire le
Times de ces prolégomènes assez hasardés d'après
ses antécédents?
périr et se fâchent quand nous disons : a Nous vou-
» drions retourner en Russie. » Ils nous répondent :
« Ce serait une honte éternelle pour les musulmans,
ce serait une apostasie », et ne nous rendent pas nos
passeports.
» Nous vous prions, bienveillant monsieur, d'in-
sérer cette lettre. Que le monde sache et voie de
quelle manière périt la tribu des Noghaïs. Que les
autres nations et tribus s'édifient par notre exemple. »
Cependant le Temps affirme que le ministère turc,
si sensible quand il s'agit des fellahs de l'isthme, bien
traités, bien nourris et bien payés, reste sourd à ces
cris de détresse. Nous pouvons donc le répéter : ce
n'est point même un excès de philanthropie mal en-
tendue qui dirige toutes ces tentatives contre le
mode de travail adopté pour l'exécution du canal
de Suez, ce n'est pas autre chose qu'une tactique
destinée à empêcher ou entraver l'achèvement de
cette entreprise.
Quant au fond de la question, la voici eu deux
mots. L'organisation du travail en Egypte telle qu'elle
a été établie par le contrat du 20 juillet 1856 dans
les limites incontestables des attributions du vice-roi
qui l'a signé, réalise deux progrès à la fois. D'un
côté elle assure et garantit l'exécution d'une œuvre
dont l'accomplissement est le vœu et le besoin du
monde entier,de l'autre elle modifie profondémentdan's
un sens libéral la condition du travailleur indigène,
elle détruit le régime du travail gratuit, elle proclame le
principe obligé du salaire, elle assure l'observation de
ce principe, elle pourvoit au bon traitement des tra-
vailleurs, aux soins médicaux, aux secours en nu-
méraire qui sont stipulés pour les malades. Ce sont
là des améliorations sans exemple jusqu'à présent en
Egypte. Il est démontré que l'on ne peut aller plus
loin sans bouleverser toute la vie intérieure du pays,
et le travail obligatoire ne cesserait d'y exister un
jour que pour y faire revenir le lendemain le régime
intérieur avec tous ses ahus,
Au nom de l'intérêt universel, au nom du bien-
être de l'Egypte, au nom de ses devoirs envers elle-
même et de la nature des choses, la Compagnie ne
peut pas se départir du traité du 20 juillet 1856, et
c'est une obligation à laquelle nous sommes con-
vaincu qu'elle ne faillira pas.
ERNEST DESPLACES.
L'ESCLAVAGE ET LE TRAVAIL OBLIGATOIRE.
Tandis que les journaux anglais s'élèvent avec une
ardeur de si bon aloi contre le travail obligatoire en
Egypte, il est curieux de constater comment le Times
envisage maintenant la question elle-même de l'es-
clavage.
Après avoir, dans un de ses derniers numéros-
tracé le plus sinistre tableau de l'état intérieur de
l'Afrique :
« L'esclavage, dit-il, est à coup sûr un perfection-
nement dans un pareil état de société, parce que sim-
plement, quels qu'en soient les maux, il n'est pas le
règne de la loi du sang. Rien ne peut justifier la traite
des esclaves, et cependant, lorsque nous considérons
l'histoire mystérieuse d'une race dont la carrière n'est
encore sous les yeux du monde que par fragments,
nous devons reconnaître qu'une providence qui tire le
bien même du mal s'est servie en cette circonstance de
la méchanceté de l'homme pour l'amélioration ulté
rieure du nègre.
» Quel que soit l'esclavage américain, le nègre sous
sa loi est un être plus moral qu'il ne fut jamais en
Afrique; il a des idées, des sensations, des sentiments
qu'il n'avait jamais eus jusqu'alors. Il n'est plus une
brute, il distingue le bien du mal ; il a quelque tein-
ture de la vie civilisée ; il a été placé en contact avec
l'esprit européen, il en a reçu une sorte de greffe. Tout
cela humainement parlant n'aurait pu lui être donné
en Afrique. La transplantation, toute choquante qu'elle
soit, est la condition au moyen de laquelle il prend
part à la civilisation. 11 n'a peut-être pas été tenu suf-
fisamment compte de ces faits dans notre estimation
de l'esclavage. L'esclavage est mauvais sans doute;
mais considérons-le comparativement avec l'état na-
turel et sauvage du nègre, état auquel il l'enlève.
L'esclavage est une amélioration de cet état. Ceux qui
espèrent l'affranchissement ultérieur de l'Africain, et
son incorporation complète dans la société civilisée,
doivent encore reconnaître une loi agissant en ce sens
dans ce que nous pourrions appeler la distribution in-
termédiaire de l'esclavage.
» En général on ne peut pas douter que le nègre
est plus heureux comme esclave qu'il ne l'était comme
sauvage naturel. Il peut exister des établissements
particuliers où il a été victime de cruautés extraordi-
naires, mais généralement il a été traité par le planteur
avec plus de douceur que par son chef indigène, et sa
vie sur la plantation a été beaucoup plus confortable
que dans les déserts et les jungles de l'Afrique. Il a
été mieux nourri et mieux logé. Il a eu un travail
régulier et méthodique, et sa façon de vivre s'est rap-
prochée des habitudes domestiques de l'Europe beau-
coup plus qu'elle ne l'était dans son état sauvage. Il
est très-vrai que son aisance et sa condition physique
ont été beaucoup plus soignées que son perfectionne-
nement moral et religieux ; cela naturellement dépend
de son propriétaire. La grande tendance du jour a été
de regarder les esclaves comme des instruments à pro-
duire le coton. Néanmoins les récits les plus défavora-
bles à l'esclavage attestent que, d'une manière ou d'une
autre, une forme de croyance chrétienne, sauvage et
rude, mais forte encore, s'est implantée dans l'esprit
du nègre..
Quelle est cependant la conclusion que tire le
Times de ces prolégomènes assez hasardés d'après
ses antécédents?
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 7/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203253f/f7.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203253f/f7.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203253f/f7.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203253f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203253f
Facebook
Twitter