Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1863 01 septembre 1863
Description : 1863/09/01 (A8,N173). 1863/09/01 (A8,N173).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032521
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 369
» insulaire en dehors de la marche des idées continen-
» taies, n'ont jamais pu concevoir que pour les hommes
qui sont à votre tête et pour chacun de vous sans
» exception, le grand motif de notre entreprise c'est le
bien qui est à faire, et que nul d'entre nous n'est dis-
» posé à reculer dans la mission qu'il s'est donnée d'ac-
< complir. » — Sur ce reproche nous passons condam-
nation; sur ce point, nous nous reconnaissons coupa -
bles. Certainement nous n'avons jamais envisagé la
« Compagnie universelle » comme une société de pure
bienfaisance. Nous pensions que c'était une association
commerciale ayant un peu le caractère de spéculation,
mais, du reste, entièrement inoffensive: toutefois, quand
nous avons entendu proclamer qu'elle avait un but po -
litique directement hostile à notre pays, quand nous
avons reconnu, après un attentif calcul, que, comme
aventure commerciale, elle ne pouvait en aucune façon
devenir rémunératoire, nous en sommes venus natu-
rellement à donner créance à ce dessein ultérieurldont
on avait fait parade devant nos yeux. Aujourd'hui
M. de Lesseps cite l'opinion d'un ingénieur anglais, pour
prouver que l'ouvrage peut en effet être exécuté ; mais
ce n'est pas là la question. La question est de savoir
si, accomplie, l'œuvre rapportera un profit à la mise de
fonds.
» Les ingénieurs modernes depuis [longtemps ont re-
jeté de leur dictionnaire le mot « impossible; » toute
entreprise est devenue aujourd'hui une questionld'ar-
gent. Nul doute qu'avec des fonds suffisants nous
ne puissions percer non-seulement l'isthme de Suez,
mais le continent de l'Arabie. La question que nous
nous sommes posée se réduit à savoir si les revenus
probables de cette œuvre suffiraient à expliquer rai-
sonnablement ce placement de fonds, et cette question,
le rapport de M. Hawkshaw la laisse précisément au
point où elle était.
L'intervention récente de la Porte, nous dit-on, obli-
gera la Compagnie à renoncer à son établissement ter-
ritorial en échange d'une compensation pécuniaire, à
abandonner ses demandes de travail forcé, et à consentir
à des arrangements devant assurer la neutralité du canal.
M. de Lesseps s'étend sur tous ces points avec un cer-
tain ton de mécontentement. Et pourquoi la Compagnie
ne pourrait-elle pas devenir propriétaire ? « Pour l'érection
» d'une église anglicane, « répond-il », le vice-roi a ac-
» cordé un terrain magnifique et d'une très-grande valeur
? dans l'intérieur d'Alexandrie à la colonie britannique
» de cette ville. Nous n'avons pas entendu dire que le
» gouvernement anglais ou ses agents aient jamais ré-
» voqué en doute la validité de cette concession, ou jugé
» nécessaire de la faire ratifier à Constantinople. » —
C'est bien possible; mais nous présumons que notre
église, si magnifique qu'elle puisse être, ne couvre pas
90 milles de terrain, comme doivent le faire les travaux
de la Compagnie. Quant à la neutralité du canal, M. de
Lesseps déclare lui-même que c'est un point auquel
tous les gouvernements sont également intéressés, et
nous nous permettons de lui dire qu'il conçoit une alarme
inutile en appréhendant que nous ne fassions, de nos
demandes à ce sujet, un moyen d'ajourner l'entreprise.
En réalité, après l'exécution du compromis proposé, il
ne nous resterait plus la moindre raison de nous préoc-
cuper de l'affaire. Loin de nous la prétention d'affirmer
que les Français avaient réellement en vue de prendre
sur le sol de l'Egypte un pied de nature à faire tort aux
droits de son souverain. Nous n'irons pas même jus-
qu'à soutenir, malgré leurs propres déclarations, qu'ils
eussent réellement en vue une attaque contre l'Angle-
terre. Mais ce que nous pouvons dire c'est que, si de tels
projets ont été jamais conçus, les nouveaux arrangements
les ont rendus désormais impraticables ; et comme ces
précautions, nécessaires ou non, ne doivent en aucune
manière intervenir dans l'excavation de l'isthme et dans
la jonction des deux mers, nous pensons que toutes les
parties doivent se trouver satisfaites. Si les susceptibi-
lités de nos voisins se sont irritées des garanties qui
ont été prises contre ces projets possibles, ils doivent
se rappeler que ces projets ont été d'abord avoués par
eux-mêmes. S'ils se trouvent contrariés de nos doutes
sur le succès de leur œuvre d'ingénieur, ils ont un ex-
cellent moyen de nous répondre : qu'ils ouvrent le canal
maritime aux navires du monde, et la « politique an-
» glaise » recevra ainsi la réfutation la plus péremp-
toire. *
LES JUSTIFICATIONS DU TIMES.
Au début de notre réponse à l'article ci-dessus, de--
vons-nous nos félicitations au Times pour la bonne
volonté qu'il exprime? A l'entendre, son intention a
été de venir au secours de M. de Lesseps, d'épar-
gner au public une volumineuse lecture, et de « con-
denser les principaux arguments » du rapport de
façon à les rendre accessibles à l'usage populaire.
A tant de bienveillance inattendue et qui n'en a
que plus de prix, nous sommes tenté de répondre
comme la fille d'Orgon :
« Je suis fort obligée à cet amour de père. »
Malheureusement nous avons à regretter que par
une défaillance involontaire l'exécution ait trahi
l'intention, et qu'au lieu de la « condensation »
qui nous était promise, « les principaux arguments »
de M. de Lesseps se trouvent, dans cet article, ou
supprimés ou altérés, ou mutilés.
Nous sommes dans la pénible nécessité de protes-
ter que ceux des lecteurs anglais qui ne connaî-
traient le rapport que par l'analyse que leur en offre
le Times dans le double but gracieux de leur
épargner de la peine et de propager les idées qu'il
contient, n'auraient sur ce document que les plus il-
lusoires et les plus incomplètes notions.
Voici, pour notre part comment, si nous avions
voulu analyser « les principaux arguments » du
rapport dans les considérations politiques qu'il expose,
nous aurions effectué cette analyse en traits ra-
pides :
» insulaire en dehors de la marche des idées continen-
» taies, n'ont jamais pu concevoir que pour les hommes
qui sont à votre tête et pour chacun de vous sans
» exception, le grand motif de notre entreprise c'est le
bien qui est à faire, et que nul d'entre nous n'est dis-
» posé à reculer dans la mission qu'il s'est donnée d'ac-
< complir. » — Sur ce reproche nous passons condam-
nation; sur ce point, nous nous reconnaissons coupa -
bles. Certainement nous n'avons jamais envisagé la
« Compagnie universelle » comme une société de pure
bienfaisance. Nous pensions que c'était une association
commerciale ayant un peu le caractère de spéculation,
mais, du reste, entièrement inoffensive: toutefois, quand
nous avons entendu proclamer qu'elle avait un but po -
litique directement hostile à notre pays, quand nous
avons reconnu, après un attentif calcul, que, comme
aventure commerciale, elle ne pouvait en aucune façon
devenir rémunératoire, nous en sommes venus natu-
rellement à donner créance à ce dessein ultérieurldont
on avait fait parade devant nos yeux. Aujourd'hui
M. de Lesseps cite l'opinion d'un ingénieur anglais, pour
prouver que l'ouvrage peut en effet être exécuté ; mais
ce n'est pas là la question. La question est de savoir
si, accomplie, l'œuvre rapportera un profit à la mise de
fonds.
» Les ingénieurs modernes depuis [longtemps ont re-
jeté de leur dictionnaire le mot « impossible; » toute
entreprise est devenue aujourd'hui une questionld'ar-
gent. Nul doute qu'avec des fonds suffisants nous
ne puissions percer non-seulement l'isthme de Suez,
mais le continent de l'Arabie. La question que nous
nous sommes posée se réduit à savoir si les revenus
probables de cette œuvre suffiraient à expliquer rai-
sonnablement ce placement de fonds, et cette question,
le rapport de M. Hawkshaw la laisse précisément au
point où elle était.
L'intervention récente de la Porte, nous dit-on, obli-
gera la Compagnie à renoncer à son établissement ter-
ritorial en échange d'une compensation pécuniaire, à
abandonner ses demandes de travail forcé, et à consentir
à des arrangements devant assurer la neutralité du canal.
M. de Lesseps s'étend sur tous ces points avec un cer-
tain ton de mécontentement. Et pourquoi la Compagnie
ne pourrait-elle pas devenir propriétaire ? « Pour l'érection
» d'une église anglicane, « répond-il », le vice-roi a ac-
» cordé un terrain magnifique et d'une très-grande valeur
? dans l'intérieur d'Alexandrie à la colonie britannique
» de cette ville. Nous n'avons pas entendu dire que le
» gouvernement anglais ou ses agents aient jamais ré-
» voqué en doute la validité de cette concession, ou jugé
» nécessaire de la faire ratifier à Constantinople. » —
C'est bien possible; mais nous présumons que notre
église, si magnifique qu'elle puisse être, ne couvre pas
90 milles de terrain, comme doivent le faire les travaux
de la Compagnie. Quant à la neutralité du canal, M. de
Lesseps déclare lui-même que c'est un point auquel
tous les gouvernements sont également intéressés, et
nous nous permettons de lui dire qu'il conçoit une alarme
inutile en appréhendant que nous ne fassions, de nos
demandes à ce sujet, un moyen d'ajourner l'entreprise.
En réalité, après l'exécution du compromis proposé, il
ne nous resterait plus la moindre raison de nous préoc-
cuper de l'affaire. Loin de nous la prétention d'affirmer
que les Français avaient réellement en vue de prendre
sur le sol de l'Egypte un pied de nature à faire tort aux
droits de son souverain. Nous n'irons pas même jus-
qu'à soutenir, malgré leurs propres déclarations, qu'ils
eussent réellement en vue une attaque contre l'Angle-
terre. Mais ce que nous pouvons dire c'est que, si de tels
projets ont été jamais conçus, les nouveaux arrangements
les ont rendus désormais impraticables ; et comme ces
précautions, nécessaires ou non, ne doivent en aucune
manière intervenir dans l'excavation de l'isthme et dans
la jonction des deux mers, nous pensons que toutes les
parties doivent se trouver satisfaites. Si les susceptibi-
lités de nos voisins se sont irritées des garanties qui
ont été prises contre ces projets possibles, ils doivent
se rappeler que ces projets ont été d'abord avoués par
eux-mêmes. S'ils se trouvent contrariés de nos doutes
sur le succès de leur œuvre d'ingénieur, ils ont un ex-
cellent moyen de nous répondre : qu'ils ouvrent le canal
maritime aux navires du monde, et la « politique an-
» glaise » recevra ainsi la réfutation la plus péremp-
toire. *
LES JUSTIFICATIONS DU TIMES.
Au début de notre réponse à l'article ci-dessus, de--
vons-nous nos félicitations au Times pour la bonne
volonté qu'il exprime? A l'entendre, son intention a
été de venir au secours de M. de Lesseps, d'épar-
gner au public une volumineuse lecture, et de « con-
denser les principaux arguments » du rapport de
façon à les rendre accessibles à l'usage populaire.
A tant de bienveillance inattendue et qui n'en a
que plus de prix, nous sommes tenté de répondre
comme la fille d'Orgon :
« Je suis fort obligée à cet amour de père. »
Malheureusement nous avons à regretter que par
une défaillance involontaire l'exécution ait trahi
l'intention, et qu'au lieu de la « condensation »
qui nous était promise, « les principaux arguments »
de M. de Lesseps se trouvent, dans cet article, ou
supprimés ou altérés, ou mutilés.
Nous sommes dans la pénible nécessité de protes-
ter que ceux des lecteurs anglais qui ne connaî-
traient le rapport que par l'analyse que leur en offre
le Times dans le double but gracieux de leur
épargner de la peine et de propager les idées qu'il
contient, n'auraient sur ce document que les plus il-
lusoires et les plus incomplètes notions.
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voulu analyser « les principaux arguments » du
rapport dans les considérations politiques qu'il expose,
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