Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1863 01 septembre 1863
Description : 1863/09/01 (A8,N173). 1863/09/01 (A8,N173).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032521
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
368 L'ISTHME DE SUEZ,
loyale et sincère, nous nous faisons un devoir de
communiquer à nos lecteurs. Le public est notre juge,
et nous pensons qu'il nous rendra cette justice, que
jamais nous n'avons cherché à lui dissimuler les ar-
guments de nos adversaires; que nous nous sommes
au contraire toujours attaché à les lui soumettre dans
leur entier, sans réserve d'aucun autre droit que la
faculté de répondre.
E. D.
On lit dans le Times du 15 août :
- 4 Si par la lecture on peut apprendre quelque chose,
le public doit certainement aujourd'hui avoir fait con-
naissance suffisante, avec M. Ferdinand de Lesseps et
le canal de Suez. Naguère M. Hawkshaw, l'un de nos
ingénieurs, a fait pour son compte l'histoire de sa visite
sur les lieux mêmes, celle des travaux qu'il y a trouvés
et des opinions qu'il s'est faites. Son rapport vient à
peine d'être rendu public, et voilà que M. de Lesseps
lui-même apparaît dans nos colonnes avec un autre
rapport, et dans l'une des communications les plus com-
plètes qu'on ait jamais composées, s'adresse directement
au public anglais, par l'intermédiaire des pages du
Times. Tout ce que nous appréhendons, c'est que cet
exposé, très-élaboré, n'ait paru trop long pour être lu ;
mais, comme nous avons un sincère désir de seconder
son auteur dans la publicité qu'il désire, nous allons
condenser ses principaux arguments à l'usage du grand
nombre.
» M. de Lesseps, qui est nominalement le président,
mais en réalité l'âme de la « Compagnie universelle de
l'isthme de Suez 1), se montre parfaitement satisfait de
l'état présent des finances et des travaux de la Compa-
gnie. Le canal est en bonne voie, et il y a assez d'ar-
gent en réserve pour tout ce qui reste à faire.
» Mais M. de Lesseps est moins satisfait de « la
situation générale J), et c'est à l'exposé de ce dernier
point qu'il consacre plus de la moitié du rapport adiessé
à une assemblée d'actionnaires le 15 du mois dernier.
Peut-être nos lecteurs comprennent-ils déjà ce que cela
signifie, et comment il arrive qu'une Compagnie, as-
surée d'une balance favorable chez ses banquiers, et
imprimant à ses travaux des progrès si satisfaisants,
puisse avoir tant à se plaindre. La vérité est que le
cours des événements a transporté cette remarquable
entreprise à une hauteur considérable dans la région
de la politique internationale, et que des cabinets et
des nations se sont combinés pour paralyser par leur
intervention les procédés d'un aventureux propriétaire.
Le lion qui s'est mis en travers du chemin, est la poli-
tique anglaise. Cette insidieuse et mystérieuse politique
d'Angleterre a conçu toutes sortes de 'jalousies, et a
réussi à les faire prévaloir. Nous, ayons pour nous en
servir un assez bon levier. M. de Lesseps et sa Compa-
gnie avaient négocié avec le vice-roi d'Egypte, étaient
tombé d'accord avec lui, avaient obtenu les concessions
désirables et s'étaient mis à l'œuvre en conséquence,
pleinement satisfaits pour leur propre compte. Quel
besoin avait une tierce partie de s'immiscer dans cette
affaire ? Quand le pacha et la Compagnie s'étaient en-
tendus sur le projet, pourquoi et comment l'Angleterre
s'avisait-elle d'intervenir? — Voici comment la chose se
passa : L'Égypte n'est pas exactement un État in-
dépendant. Son vice-roi a au-dessus de lui un souve-
rain, et ce souverain a toujours cru avoir de bonnes
raisons pour prêter l'oreille aux conseils de l'Angleterre.
De là vint que l'ambassadeur britannique parla au
sultan, que le sultan parla aux pachas d'Égypte suc-
cessifs, et que M. de Lesseps rencontra par occasion des
obstacles sur son chemin. Tel est le récit qu'il nous
donne, et, en rabattant de ce récit un peu d'exagéra-
tion, il est dans la vérité. Nous ne demanderons pas à
nos lecteurs de nous suivre à travers l'analyse de M. de
Lesseps , par rapport aux relations légitimement
subsistantes entre la Porte et son vassal, et nous ne
rechercherons point si les sultans avaient le droit de
faire tout ce qu'ils ont fait. Nous avons mieux à faire en
expliquant à la « Compagnie universelle » les méprises
qu'elle commet dans l'appréciation de la « politique
anglaise t, et en lui disant la vérité pure et simple re-
lativement à l'opinion- anglaise.
» Qui pouvait nous porter à chercher querelle à ce
projet ? « La politique anglaise », déclare M. de Lesseps
à ses actionnaires, « est tellement convaincue des avan-
» tages qui vous sont réservés, que, se sentant inca-
» pable d7arrêterjles travaux, elle a conçu l'idée de
» jeter le trouble et la désorganisation dans vos
» rangs, dans l'espoir d'effectuer le rachat de votre
» Société et de lui en substituer une autre, formée tout
» naturellement avec des capitaux anglais. » Cela se
réduit à dire que le désir de l'Angleterre est de faire
un tort irréparable à l'entreprise, puis de l'acheter au
rabais, et enfin de l'exécuter à son propre profit. Nous
pouvons donner à nos amis les Français l'assurance
qu'aucun désir semblable ne prévaut dans ce pays. Il
n'est, nous le craignons, que trop « naturel » que des
sociétés soient « formées avec un capital anglais »,
mais puisque la Compagnielde Suez se fait précisément
honneur de son « universalité »,etque ses actions res-
semblent à toutes les autres actions du monde, il serait
assurément plus ! simple pour nous, si nous avions
quelqu'ambition semblable, d'acquérir la propriété par
les procédés ordinaires; et cela d'autant plus, que
dans cette hypothèse, certainement nous n'aurions
pas vu la diplomatie intervenir dans la question. Il y
avait un élément politique dans l'affaire, ainsi que le
comprend bien M. de Lesseps; mais, quoiqu'il s'en pré-
vale contre nous en bien, des endroits, il omet de dire
que ce sont ses propres compatriotes qui ont donné le
signal d'alarme. C'est la France qui nous a déclaré que
l'isthme de Suez devait devenir la ruine del'Angleterrc.
En ouvrant,-ce canal d'une mer à l'autre, M. de Les-
seps devait « percer notre cuirasse. » Il est bien vrai
que nous ne pouvions pas nettement apercevoir comment
ce coup mortel, devait nous atteindre, mais les Français
persistaient dans-cette assertion, et ce qui lui prêtait
une valeur un peu plausible, c'était qu'il était fort dit-
ficile de découvrir à l'entreprise quelqu'autre but ordi-
naire et susceptible d'être atteint.
« Nos adversaires », dit M. de Lesseps, « influencés par
;> des vues purement égoïstes, tenus par leur position
loyale et sincère, nous nous faisons un devoir de
communiquer à nos lecteurs. Le public est notre juge,
et nous pensons qu'il nous rendra cette justice, que
jamais nous n'avons cherché à lui dissimuler les ar-
guments de nos adversaires; que nous nous sommes
au contraire toujours attaché à les lui soumettre dans
leur entier, sans réserve d'aucun autre droit que la
faculté de répondre.
E. D.
On lit dans le Times du 15 août :
- 4 Si par la lecture on peut apprendre quelque chose,
le public doit certainement aujourd'hui avoir fait con-
naissance suffisante, avec M. Ferdinand de Lesseps et
le canal de Suez. Naguère M. Hawkshaw, l'un de nos
ingénieurs, a fait pour son compte l'histoire de sa visite
sur les lieux mêmes, celle des travaux qu'il y a trouvés
et des opinions qu'il s'est faites. Son rapport vient à
peine d'être rendu public, et voilà que M. de Lesseps
lui-même apparaît dans nos colonnes avec un autre
rapport, et dans l'une des communications les plus com-
plètes qu'on ait jamais composées, s'adresse directement
au public anglais, par l'intermédiaire des pages du
Times. Tout ce que nous appréhendons, c'est que cet
exposé, très-élaboré, n'ait paru trop long pour être lu ;
mais, comme nous avons un sincère désir de seconder
son auteur dans la publicité qu'il désire, nous allons
condenser ses principaux arguments à l'usage du grand
nombre.
» M. de Lesseps, qui est nominalement le président,
mais en réalité l'âme de la « Compagnie universelle de
l'isthme de Suez 1), se montre parfaitement satisfait de
l'état présent des finances et des travaux de la Compa-
gnie. Le canal est en bonne voie, et il y a assez d'ar-
gent en réserve pour tout ce qui reste à faire.
» Mais M. de Lesseps est moins satisfait de « la
situation générale J), et c'est à l'exposé de ce dernier
point qu'il consacre plus de la moitié du rapport adiessé
à une assemblée d'actionnaires le 15 du mois dernier.
Peut-être nos lecteurs comprennent-ils déjà ce que cela
signifie, et comment il arrive qu'une Compagnie, as-
surée d'une balance favorable chez ses banquiers, et
imprimant à ses travaux des progrès si satisfaisants,
puisse avoir tant à se plaindre. La vérité est que le
cours des événements a transporté cette remarquable
entreprise à une hauteur considérable dans la région
de la politique internationale, et que des cabinets et
des nations se sont combinés pour paralyser par leur
intervention les procédés d'un aventureux propriétaire.
Le lion qui s'est mis en travers du chemin, est la poli-
tique anglaise. Cette insidieuse et mystérieuse politique
d'Angleterre a conçu toutes sortes de 'jalousies, et a
réussi à les faire prévaloir. Nous, ayons pour nous en
servir un assez bon levier. M. de Lesseps et sa Compa-
gnie avaient négocié avec le vice-roi d'Egypte, étaient
tombé d'accord avec lui, avaient obtenu les concessions
désirables et s'étaient mis à l'œuvre en conséquence,
pleinement satisfaits pour leur propre compte. Quel
besoin avait une tierce partie de s'immiscer dans cette
affaire ? Quand le pacha et la Compagnie s'étaient en-
tendus sur le projet, pourquoi et comment l'Angleterre
s'avisait-elle d'intervenir? — Voici comment la chose se
passa : L'Égypte n'est pas exactement un État in-
dépendant. Son vice-roi a au-dessus de lui un souve-
rain, et ce souverain a toujours cru avoir de bonnes
raisons pour prêter l'oreille aux conseils de l'Angleterre.
De là vint que l'ambassadeur britannique parla au
sultan, que le sultan parla aux pachas d'Égypte suc-
cessifs, et que M. de Lesseps rencontra par occasion des
obstacles sur son chemin. Tel est le récit qu'il nous
donne, et, en rabattant de ce récit un peu d'exagéra-
tion, il est dans la vérité. Nous ne demanderons pas à
nos lecteurs de nous suivre à travers l'analyse de M. de
Lesseps , par rapport aux relations légitimement
subsistantes entre la Porte et son vassal, et nous ne
rechercherons point si les sultans avaient le droit de
faire tout ce qu'ils ont fait. Nous avons mieux à faire en
expliquant à la « Compagnie universelle » les méprises
qu'elle commet dans l'appréciation de la « politique
anglaise t, et en lui disant la vérité pure et simple re-
lativement à l'opinion- anglaise.
» Qui pouvait nous porter à chercher querelle à ce
projet ? « La politique anglaise », déclare M. de Lesseps
à ses actionnaires, « est tellement convaincue des avan-
» tages qui vous sont réservés, que, se sentant inca-
» pable d7arrêterjles travaux, elle a conçu l'idée de
» jeter le trouble et la désorganisation dans vos
» rangs, dans l'espoir d'effectuer le rachat de votre
» Société et de lui en substituer une autre, formée tout
» naturellement avec des capitaux anglais. » Cela se
réduit à dire que le désir de l'Angleterre est de faire
un tort irréparable à l'entreprise, puis de l'acheter au
rabais, et enfin de l'exécuter à son propre profit. Nous
pouvons donner à nos amis les Français l'assurance
qu'aucun désir semblable ne prévaut dans ce pays. Il
n'est, nous le craignons, que trop « naturel » que des
sociétés soient « formées avec un capital anglais »,
mais puisque la Compagnielde Suez se fait précisément
honneur de son « universalité »,etque ses actions res-
semblent à toutes les autres actions du monde, il serait
assurément plus ! simple pour nous, si nous avions
quelqu'ambition semblable, d'acquérir la propriété par
les procédés ordinaires; et cela d'autant plus, que
dans cette hypothèse, certainement nous n'aurions
pas vu la diplomatie intervenir dans la question. Il y
avait un élément politique dans l'affaire, ainsi que le
comprend bien M. de Lesseps; mais, quoiqu'il s'en pré-
vale contre nous en bien, des endroits, il omet de dire
que ce sont ses propres compatriotes qui ont donné le
signal d'alarme. C'est la France qui nous a déclaré que
l'isthme de Suez devait devenir la ruine del'Angleterrc.
En ouvrant,-ce canal d'une mer à l'autre, M. de Les-
seps devait « percer notre cuirasse. » Il est bien vrai
que nous ne pouvions pas nettement apercevoir comment
ce coup mortel, devait nous atteindre, mais les Français
persistaient dans-cette assertion, et ce qui lui prêtait
une valeur un peu plausible, c'était qu'il était fort dit-
ficile de découvrir à l'entreprise quelqu'autre but ordi-
naire et susceptible d'être atteint.
« Nos adversaires », dit M. de Lesseps, « influencés par
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