Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1863 01 septembre 1863
Description : 1863/09/01 (A8,N173). 1863/09/01 (A8,N173).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032521
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
.360 L'ISTHME DE SUEZ,
Ces deux larges bandes vertes, de chaque côté du
canal, reposent agréablement la vue, et leur fraîcheur
est rehaussée par le contraste de l'aridité qui les en-
veloppe de toutes parts.
» Le bercim a des racines très-fortes qui relient et
consolident le sol à la manière des graines de pins dans
les landes de Bordeaux.
» A 9 heures j'étais à Chebrewet. J'ai trouvé les opé-
rations bien au-delà de ce point, et les premières tentes
gont plantées à l'extrémité de la montagne de Geneffé,
au lieu marqué sur la carte « carrières. D Le chef de
campement, M. Levasseur, voulut bien,avecM. le chef de
section, m'accompagner sur les travaux. Dix mille hom-
mes étaient distribués sur cette ligne; c'est toujours avec
la pioche française que, vu la nature du sol plus compacte
sur ce point, les excavations s'exécutent, et les Arabes
manient cet instrument aussi bien que nos ouvriers
français. On compte, le mois prochain, augmenter en-
core le chiffre des travailleurs, et l'heure est très-pro-
chaine ou Suez, abreuvé à discrétion des eaux du Nil,
verra naître à la culture et à la vie les solitudes sécu-
laires dans lesquelles il est comme bloqué.
» Les ouvriers, je viens de le dire, sont en face de l'ex-
trémité de Geneffé ; au-delà, de ce point s'ouvre la
plaine qui s'étend jusqu'à Suez ; là le déblai est facile;
le couffin et la pioche arabe suffiront à cette besogne.
Je ne suis donc pas un prophète téméraire, en vous
annonçant l'approche du moment où le Nil mêlera ses
ondes bienfaisantes aux flots de la mer Rouge.
» A 3 heures j'étais à Awebet, station du chemin de
fer de Suez au Caire, où me prenait le train de passage.
Parti d'Ismaïlia le matin, à 3 heures, j'étais le soir, à
7 heures, au Caire.
nLeler de ce mois a eu lieu, au Caire, la fête duKallig
ou du Nil. C'est une réjouissance publique qui se cé-
lébre tous les ans à l'époque de la coupure de l'une des
digues du Nil. Cette époque est généralement du 10 au
12 août; mais, cette année, le Nil était très-élevé, ét
il avait atteint le point marqué au nilimètre pour que
la digue qui le retient soit coupée afin de le laisser se
répandre dans les campagnes qu'il va féconder de son
limon. Le vice-roi assiste en personne à cette fête.
Son Altesse arrive le matin : pendant toute la nuit, des
Arabes sont-employés à amincir la digue qui retient
les eaux, et il suffit de quelques coups de pioche pour
enlever le dernier obstacle qui s'oppose encore à l'ex-
pansion du fleuve. Au moment ou le Nil se précipite
par cette brèche, le vice-roi se lève et jette parmi la
foule des pièces de monnaie qu'elle se dispute, comme
Vous le pensez bien. C'est le cri « largesse » des anciens
jours. Les Arabes sont contents ; la campagne ressemble
à un immense lac; tout promet une bonne récolte pour
cette année.
» Après la fête du Nil, nous en avons une autre, mais
à Suez. Avez-vous ouï parler de la formidable mine que
MM. Dussaud et Tissot, entrepreneurs du bassin de ra-
doub, préparaient depuis déjà près d'une année? Elle
était destinée à déterminer l'écroulement d'une des
parties de l'Attaka. Tout était prêt pour cette opération
grandiose ; le jour était fixé, et j'ai eu l'honneur d'être
du nombre des invités. J'ai été exact au rendez-vous.
» Le canal de Suez se rattache trop étroitement aux
Messageries impériales pour que nous ne suivions pas
avec une vive sympathie tous les travaux exécutés par
ou pour cette Compagnie. M. Voisin, directeur général
des travaux, M. Sciama, ingénieur en chef, M.Larousse,
ingénieur hydrographe, et la plupart des employés su-
périeurs de la Compagnie universelle s'étaient rendus à
l'invitation gracieuse qui leur avait été adressée. Les
résultats de ce grand travail touchaient aussi aux inté-
rêts de notre Compagnie, puisqu'il s'agissait d'obtenir
un vaste approvisionnement de pierres disponibles pour
les constructions qu'il y aurait lieu de réaliser dans la
rade.-M. le capitaine de vaisseau Fisquet, le comman-
dant si modeste et si distingué de notre station mari-
time d'Alexandrie; M. Darieu, capitaine de frégate, et
M. Desgratz, agent principal des Messageries impériales;
M. Émerat, consul de France ; M. Steklin, ingénieur en
chef du bassin ; M. Linant-Bey, ingénieur de S. A. le
vice-roi; le gouverneur de Suez ; le consul d'Angleterre;
les officiers anglais et français des navires en rade de
Suez ; les employés de la Compagnie péninsulaire, etc.,
s'étaient [aussi rendus à l'appel de M. Dussaud. Et
comme nulle fête n'est belle sans les dames, toutes
celles de Suez, Mme Émerat à leur tête, étaient venues
animer de leur présence cette solennité un peu grave.
» Un vapeur nous conduisit en face du point de la
montagne où la mine avait été pratiquée, c'est à-dire à
cette extrémité de l'Attaka qui, comme vous le savez,
se termine en pointe taillée presque à pic. Une musique
anglaise nous fit la galanterie de nous accueillir au dé
part par l'air de la Reine Hortense.
» Nous apercevons en passant les travaux du bassin :
ici une drague qui fonctionne; plus loin est la jetée
construite pour l'établissement d'un chemin de fer, et
s'avançant, à 4 kilomètres en mer, sur le banc de sable
qui sépare la ville de la mer. Parvenus au point de débar-
quement, nous trouvons des wagons destinés au trans-
port des matériaux extraits de l'Attaka, wagons
que M. Dussaud avait fait disposer et orner pour nous
recevoir et nous conduire à la tente où était monté l'ap-
pareil électrique qui devait allumer la mine. Les dames
montent sur les wagons transformés en véritables cor-
beilles de fleurs ; chacun se place de son mieux, et nous
voilà lancés dans le désert s'étonnant de nos cris, et
faisant retentir les échos de la montagne, non moins
étonnée de tous les bruits de notre joie. Nous arrivons
sur le lieu de l'exécution. M. le gouverneur est prié par
M. Dussaud de vouloir bien tourner le bouton qui devait
mettre les deux pôles en communication, et l'invite à
diriger ses regards vers lamontagne. Nous sommes grou-
pés, silencieux, retenant notre respiration, intensi ora,
et les yeux fixés sur l'Attaka qui n'était plus qu'à 1 ki-
lomètre de nous. Tout d'un coup nous vîmes sa masse
inerte se soulever et puis retomber sur sa base, comme
si rien ne se fût passé. La fumée s'échappait de toutes
parts, et le bruit de l'explosion alla se répéter dans les
échos de la montagne qui avait tremblé jusque dans ses
fondements. Pour les spectateurs superficiels, la mine
Ces deux larges bandes vertes, de chaque côté du
canal, reposent agréablement la vue, et leur fraîcheur
est rehaussée par le contraste de l'aridité qui les en-
veloppe de toutes parts.
» Le bercim a des racines très-fortes qui relient et
consolident le sol à la manière des graines de pins dans
les landes de Bordeaux.
» A 9 heures j'étais à Chebrewet. J'ai trouvé les opé-
rations bien au-delà de ce point, et les premières tentes
gont plantées à l'extrémité de la montagne de Geneffé,
au lieu marqué sur la carte « carrières. D Le chef de
campement, M. Levasseur, voulut bien,avecM. le chef de
section, m'accompagner sur les travaux. Dix mille hom-
mes étaient distribués sur cette ligne; c'est toujours avec
la pioche française que, vu la nature du sol plus compacte
sur ce point, les excavations s'exécutent, et les Arabes
manient cet instrument aussi bien que nos ouvriers
français. On compte, le mois prochain, augmenter en-
core le chiffre des travailleurs, et l'heure est très-pro-
chaine ou Suez, abreuvé à discrétion des eaux du Nil,
verra naître à la culture et à la vie les solitudes sécu-
laires dans lesquelles il est comme bloqué.
» Les ouvriers, je viens de le dire, sont en face de l'ex-
trémité de Geneffé ; au-delà, de ce point s'ouvre la
plaine qui s'étend jusqu'à Suez ; là le déblai est facile;
le couffin et la pioche arabe suffiront à cette besogne.
Je ne suis donc pas un prophète téméraire, en vous
annonçant l'approche du moment où le Nil mêlera ses
ondes bienfaisantes aux flots de la mer Rouge.
» A 3 heures j'étais à Awebet, station du chemin de
fer de Suez au Caire, où me prenait le train de passage.
Parti d'Ismaïlia le matin, à 3 heures, j'étais le soir, à
7 heures, au Caire.
nLeler de ce mois a eu lieu, au Caire, la fête duKallig
ou du Nil. C'est une réjouissance publique qui se cé-
lébre tous les ans à l'époque de la coupure de l'une des
digues du Nil. Cette époque est généralement du 10 au
12 août; mais, cette année, le Nil était très-élevé, ét
il avait atteint le point marqué au nilimètre pour que
la digue qui le retient soit coupée afin de le laisser se
répandre dans les campagnes qu'il va féconder de son
limon. Le vice-roi assiste en personne à cette fête.
Son Altesse arrive le matin : pendant toute la nuit, des
Arabes sont-employés à amincir la digue qui retient
les eaux, et il suffit de quelques coups de pioche pour
enlever le dernier obstacle qui s'oppose encore à l'ex-
pansion du fleuve. Au moment ou le Nil se précipite
par cette brèche, le vice-roi se lève et jette parmi la
foule des pièces de monnaie qu'elle se dispute, comme
Vous le pensez bien. C'est le cri « largesse » des anciens
jours. Les Arabes sont contents ; la campagne ressemble
à un immense lac; tout promet une bonne récolte pour
cette année.
» Après la fête du Nil, nous en avons une autre, mais
à Suez. Avez-vous ouï parler de la formidable mine que
MM. Dussaud et Tissot, entrepreneurs du bassin de ra-
doub, préparaient depuis déjà près d'une année? Elle
était destinée à déterminer l'écroulement d'une des
parties de l'Attaka. Tout était prêt pour cette opération
grandiose ; le jour était fixé, et j'ai eu l'honneur d'être
du nombre des invités. J'ai été exact au rendez-vous.
» Le canal de Suez se rattache trop étroitement aux
Messageries impériales pour que nous ne suivions pas
avec une vive sympathie tous les travaux exécutés par
ou pour cette Compagnie. M. Voisin, directeur général
des travaux, M. Sciama, ingénieur en chef, M.Larousse,
ingénieur hydrographe, et la plupart des employés su-
périeurs de la Compagnie universelle s'étaient rendus à
l'invitation gracieuse qui leur avait été adressée. Les
résultats de ce grand travail touchaient aussi aux inté-
rêts de notre Compagnie, puisqu'il s'agissait d'obtenir
un vaste approvisionnement de pierres disponibles pour
les constructions qu'il y aurait lieu de réaliser dans la
rade.-M. le capitaine de vaisseau Fisquet, le comman-
dant si modeste et si distingué de notre station mari-
time d'Alexandrie; M. Darieu, capitaine de frégate, et
M. Desgratz, agent principal des Messageries impériales;
M. Émerat, consul de France ; M. Steklin, ingénieur en
chef du bassin ; M. Linant-Bey, ingénieur de S. A. le
vice-roi; le gouverneur de Suez ; le consul d'Angleterre;
les officiers anglais et français des navires en rade de
Suez ; les employés de la Compagnie péninsulaire, etc.,
s'étaient [aussi rendus à l'appel de M. Dussaud. Et
comme nulle fête n'est belle sans les dames, toutes
celles de Suez, Mme Émerat à leur tête, étaient venues
animer de leur présence cette solennité un peu grave.
» Un vapeur nous conduisit en face du point de la
montagne où la mine avait été pratiquée, c'est à-dire à
cette extrémité de l'Attaka qui, comme vous le savez,
se termine en pointe taillée presque à pic. Une musique
anglaise nous fit la galanterie de nous accueillir au dé
part par l'air de la Reine Hortense.
» Nous apercevons en passant les travaux du bassin :
ici une drague qui fonctionne; plus loin est la jetée
construite pour l'établissement d'un chemin de fer, et
s'avançant, à 4 kilomètres en mer, sur le banc de sable
qui sépare la ville de la mer. Parvenus au point de débar-
quement, nous trouvons des wagons destinés au trans-
port des matériaux extraits de l'Attaka, wagons
que M. Dussaud avait fait disposer et orner pour nous
recevoir et nous conduire à la tente où était monté l'ap-
pareil électrique qui devait allumer la mine. Les dames
montent sur les wagons transformés en véritables cor-
beilles de fleurs ; chacun se place de son mieux, et nous
voilà lancés dans le désert s'étonnant de nos cris, et
faisant retentir les échos de la montagne, non moins
étonnée de tous les bruits de notre joie. Nous arrivons
sur le lieu de l'exécution. M. le gouverneur est prié par
M. Dussaud de vouloir bien tourner le bouton qui devait
mettre les deux pôles en communication, et l'invite à
diriger ses regards vers lamontagne. Nous sommes grou-
pés, silencieux, retenant notre respiration, intensi ora,
et les yeux fixés sur l'Attaka qui n'était plus qu'à 1 ki-
lomètre de nous. Tout d'un coup nous vîmes sa masse
inerte se soulever et puis retomber sur sa base, comme
si rien ne se fût passé. La fumée s'échappait de toutes
parts, et le bruit de l'explosion alla se répéter dans les
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