Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1863 01 septembre 1863
Description : 1863/09/01 (A8,N173). 1863/09/01 (A8,N173).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032521
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 365
ces travailleurs dont on use les forces à creuser, le.ea-
nal. Il y a là de vingt à trente mille fellahs que l'on ar-
rache à leurs villages et à leurs familles, et que l'on
mène au travail comme des esclaves, pour la plus
grande gloire de M. de Lesseps. Que deviennent, en
attendant, leurs femmes et leurs enfants ? Qui pour-
voit à leurs besoins ? Qui les empêche de mourir de
faim? »
UN JOURNAL DÉFENSEUR DES LOIS.
« Le gouvernement turc a promulgué une loi qui
interdit le travail forcé. Pourquoi ne rapplique-t-on
pas en Egypte? On mettrait ainsi un terme à l'exploi-
tation de ces milliers de parias dont on a fait des bêtes
de somme. »
PLUSIEURS JOURNAUX DE TOUTE COULEUR.
« Si l'entreprise de M. de Lesseps se poursuit, Fin.
dépendance de l'Egypte est compromise. La compagnie
fondée par l'aventurier français est maîtresse de vastes
terrains qui échapperont à l'autorité du pacha, et où la
France pourra recruter quelque jour une armée pour
la jeter sur les Indes. Il est temps de mettre un terme
à une usurpation dont les conséquences ne peuvent
que nous être funestes. »
« Ces clameurs hypocrites n'ont cessé de retentir en
Angleterre depuis quelques années. Elles se sont re,
nouvelées naturellement à la suite de cette note que
l'ambassadeur anglais dictait au sultan dans les pre-
miers jours d'avril, et qui n'était qu'une sorte d'écho
de toutes ces mauvaises passions.
» M. de Lesseps aurait pu s'effrayer de tout ce bruit.
Mais il n'a pas seulement le génie des grandes entre-
prises : il en a aussi le courage. Il a donc poursuivi
son œuvre malgré tous les obstacles, et, comme nous
le disions il y a quelques jours, les travaux du canal
sont poussés avec la plus grande énergie. L'isthme sera
percé ; les deux mers seront unies, et le commerce de
l'Orient reprendra la route de la Méditerranée.
» Il faut que la presse anglaise en prenne son parti;
elle semble s'y préparer depuis l'échec de la note tur-
que, et son ton a visiblement baissé. Elle ne croit
plus à l'impossibilité du canal. Un ingénieur qui a pris
la place de Stephenson, M. Hawkshaw, a fait justice
des calculs et des raisonnements de son prédécesseur.
Il n'est plus guère question de la loi turque sur le tra-
vail forcé, qui n'a jamais existé que dans l'imagina-
tion des Anglais. On répand aussi moins de larmes
sur ces pauvres fellahs dont l'Angleterre s'est servie
pendant plusieurs années et dont elle se sert encore
pour le déchargement de la malle des Indes, sans leur
donner un shilling, tandis que la compagnie française
leur assure un salaire convenable. Quant à l'indépen-
dance du pacha d'Egypte, la presse anglaise n'y son-
gera bientôt plus, parce qu'elle sait parfaitement que
le percement de l'isthme est une entreprise purement
industrielle et commerciale.
» Les Anglais ne tarderont pas, comme on le voit,
à se réconcilier avec le canal de Suez ; ils voulaient
l'empêcher, ils n'ont pas réussi ; ils commencent à re-
chercher maintenant le parti qu'ils pourront en tirer.
Ces mêmes journaux, dont.nous venons, de reproduire,
en l'adoucissant, le langage violent et passionné, se
livrent à des calculs pour montrer que l'Angleterre
aura sa part des bénéfices que doit assurer au monde
la nouvelle route commerciale, et qu'elle en profitera
même plus que la France. AU right.
» Tartufes d'humanité, bâtards de Wilbeforce, voilà
donc le motif de toutes ces déclamations ! Il ne s'agis-
sait pour vous que d'une question d'intérêt. Maintenant
que cette question n^existe plus ou qu'elle n'a plus la
même portée, votre émotion s'affaiblit, et elle ne tar-
dera pas, sans doute, à disparaître. Qui sait même si
vous ne vous vanterez pas quelque jour d'avoir percé
l'isthme de Suez, comme vous avez délivré l'Italie.? »
CHRONIQUE DE L'ISTHME
Un de nos correspondants nous rend compte d'une
visite qu'il vient de faire sur la ligne du canal d'eau
douce d'Ismaïlia à Suez, et de divers autres incidentà
qui nous paraissent de nature à intéresser nos lec-
teurs.
« Boulaq, le 13 août 1863.
» J'ai quitté le désert pour venir habiter le Caire, et
me voici installé à Boulaq, sur les bords du Nil, où la
Compagnie possède ces superbes et vastes magasins
dont vous avez déjà entretenu vos lecteurs. De mes fe-
nêtres ouvertes je découvre un admirable panorama.
Le Nil d'abord, roulant ses flots grossis par les
pluies équatoriales et sillonné de barques aux voiles
blanches, chargées de produits de sa riche vallée, de
ceux du Soudan et de l'Abyssinie ; au-delà du fleuve
devenu rapide, le palais du vice-roi, dans l'île de
Roda-Boulaq, avec ses beaux jardins dont les parfums
arrivent jusqu'à moi ; plus loin, un vaste tapis de ver-
dure, qui sera une moisson, couvrant les champs de l'Ile,
et enfin, à l'horizon, les pyramides, dont le soleil cou-
chant caresse le faîte. C'est, en quelque sorte, au sein
de ce paysage d'Orient que je vous écris cette relation
de ma récente visite dans l'isthme.
» Venu à Ismaïlia par le canal de Zagazig, j'avais.mis
dans mes projets de retourner au Caire par le canal
d'eau douce qui, de Nefiche, se dirige sur Suez. Je dé-
sirais revoir cette ligne, afin de me rendre compte des
progrès du travail.
» Parti d'Ismaïlia le 25 juillet au matin, j'ai suivi le
canal Netiche qui devait me conduire jusqu'au pied du
Cliebrewet, d'où, il y a quelque temps, je vous ai
adressé une lettre. J'ai pu constater que ses berges
n'avaient rien à redouter des grands vents clû- désert,
et que toutes les précautions- ont été prises contre les
ruptures possibles pendant que règne le kamsin. Le long
des deux berges, il a été semé du bercim (trèfle blanc)
et ces semences, fréquemment arrosées, ont, depuis ma
dernière visite, poussé avec assez de rapidité pour
donner aujourd'hui une verdure abondante d'un effet
charmant à l'œil, indépendamment de leur utilité.
ces travailleurs dont on use les forces à creuser, le.ea-
nal. Il y a là de vingt à trente mille fellahs que l'on ar-
rache à leurs villages et à leurs familles, et que l'on
mène au travail comme des esclaves, pour la plus
grande gloire de M. de Lesseps. Que deviennent, en
attendant, leurs femmes et leurs enfants ? Qui pour-
voit à leurs besoins ? Qui les empêche de mourir de
faim? »
UN JOURNAL DÉFENSEUR DES LOIS.
« Le gouvernement turc a promulgué une loi qui
interdit le travail forcé. Pourquoi ne rapplique-t-on
pas en Egypte? On mettrait ainsi un terme à l'exploi-
tation de ces milliers de parias dont on a fait des bêtes
de somme. »
PLUSIEURS JOURNAUX DE TOUTE COULEUR.
« Si l'entreprise de M. de Lesseps se poursuit, Fin.
dépendance de l'Egypte est compromise. La compagnie
fondée par l'aventurier français est maîtresse de vastes
terrains qui échapperont à l'autorité du pacha, et où la
France pourra recruter quelque jour une armée pour
la jeter sur les Indes. Il est temps de mettre un terme
à une usurpation dont les conséquences ne peuvent
que nous être funestes. »
« Ces clameurs hypocrites n'ont cessé de retentir en
Angleterre depuis quelques années. Elles se sont re,
nouvelées naturellement à la suite de cette note que
l'ambassadeur anglais dictait au sultan dans les pre-
miers jours d'avril, et qui n'était qu'une sorte d'écho
de toutes ces mauvaises passions.
» M. de Lesseps aurait pu s'effrayer de tout ce bruit.
Mais il n'a pas seulement le génie des grandes entre-
prises : il en a aussi le courage. Il a donc poursuivi
son œuvre malgré tous les obstacles, et, comme nous
le disions il y a quelques jours, les travaux du canal
sont poussés avec la plus grande énergie. L'isthme sera
percé ; les deux mers seront unies, et le commerce de
l'Orient reprendra la route de la Méditerranée.
» Il faut que la presse anglaise en prenne son parti;
elle semble s'y préparer depuis l'échec de la note tur-
que, et son ton a visiblement baissé. Elle ne croit
plus à l'impossibilité du canal. Un ingénieur qui a pris
la place de Stephenson, M. Hawkshaw, a fait justice
des calculs et des raisonnements de son prédécesseur.
Il n'est plus guère question de la loi turque sur le tra-
vail forcé, qui n'a jamais existé que dans l'imagina-
tion des Anglais. On répand aussi moins de larmes
sur ces pauvres fellahs dont l'Angleterre s'est servie
pendant plusieurs années et dont elle se sert encore
pour le déchargement de la malle des Indes, sans leur
donner un shilling, tandis que la compagnie française
leur assure un salaire convenable. Quant à l'indépen-
dance du pacha d'Egypte, la presse anglaise n'y son-
gera bientôt plus, parce qu'elle sait parfaitement que
le percement de l'isthme est une entreprise purement
industrielle et commerciale.
» Les Anglais ne tarderont pas, comme on le voit,
à se réconcilier avec le canal de Suez ; ils voulaient
l'empêcher, ils n'ont pas réussi ; ils commencent à re-
chercher maintenant le parti qu'ils pourront en tirer.
Ces mêmes journaux, dont.nous venons, de reproduire,
en l'adoucissant, le langage violent et passionné, se
livrent à des calculs pour montrer que l'Angleterre
aura sa part des bénéfices que doit assurer au monde
la nouvelle route commerciale, et qu'elle en profitera
même plus que la France. AU right.
» Tartufes d'humanité, bâtards de Wilbeforce, voilà
donc le motif de toutes ces déclamations ! Il ne s'agis-
sait pour vous que d'une question d'intérêt. Maintenant
que cette question n^existe plus ou qu'elle n'a plus la
même portée, votre émotion s'affaiblit, et elle ne tar-
dera pas, sans doute, à disparaître. Qui sait même si
vous ne vous vanterez pas quelque jour d'avoir percé
l'isthme de Suez, comme vous avez délivré l'Italie.? »
CHRONIQUE DE L'ISTHME
Un de nos correspondants nous rend compte d'une
visite qu'il vient de faire sur la ligne du canal d'eau
douce d'Ismaïlia à Suez, et de divers autres incidentà
qui nous paraissent de nature à intéresser nos lec-
teurs.
« Boulaq, le 13 août 1863.
» J'ai quitté le désert pour venir habiter le Caire, et
me voici installé à Boulaq, sur les bords du Nil, où la
Compagnie possède ces superbes et vastes magasins
dont vous avez déjà entretenu vos lecteurs. De mes fe-
nêtres ouvertes je découvre un admirable panorama.
Le Nil d'abord, roulant ses flots grossis par les
pluies équatoriales et sillonné de barques aux voiles
blanches, chargées de produits de sa riche vallée, de
ceux du Soudan et de l'Abyssinie ; au-delà du fleuve
devenu rapide, le palais du vice-roi, dans l'île de
Roda-Boulaq, avec ses beaux jardins dont les parfums
arrivent jusqu'à moi ; plus loin, un vaste tapis de ver-
dure, qui sera une moisson, couvrant les champs de l'Ile,
et enfin, à l'horizon, les pyramides, dont le soleil cou-
chant caresse le faîte. C'est, en quelque sorte, au sein
de ce paysage d'Orient que je vous écris cette relation
de ma récente visite dans l'isthme.
» Venu à Ismaïlia par le canal de Zagazig, j'avais.mis
dans mes projets de retourner au Caire par le canal
d'eau douce qui, de Nefiche, se dirige sur Suez. Je dé-
sirais revoir cette ligne, afin de me rendre compte des
progrès du travail.
» Parti d'Ismaïlia le 25 juillet au matin, j'ai suivi le
canal Netiche qui devait me conduire jusqu'au pied du
Cliebrewet, d'où, il y a quelque temps, je vous ai
adressé une lettre. J'ai pu constater que ses berges
n'avaient rien à redouter des grands vents clû- désert,
et que toutes les précautions- ont été prises contre les
ruptures possibles pendant que règne le kamsin. Le long
des deux berges, il a été semé du bercim (trèfle blanc)
et ces semences, fréquemment arrosées, ont, depuis ma
dernière visite, poussé avec assez de rapidité pour
donner aujourd'hui une verdure abondante d'un effet
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