Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1863 01 septembre 1863
Description : 1863/09/01 (A8,N173). 1863/09/01 (A8,N173).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032521
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
372 L'ISTHME DE SUEZ,
a toujours eu de bonnes raisons pour écouter les
conseils de l'Angleterre. L'ambassadeur anglais a
parlé au sultan; le sultan a parlé aux pachas suc-
cessifs d'Egypte, et par occasion M. de Lesseps a
rencontré des obstacles sur ses pas. »
Cette fois nous n'hésitons pas à décerner à notre
confrère un brevet de l'exactitude la plus historique.
Les choses se sont exactement passées comme il le
raconte. Mais jusqu'ici, c'est ce qu'il avait nié et ce
qu'on avait nié avec lui au Parlement. L'ambassade
anglaise n'était pour rien dans tout ce tracas. Elle
en était innocente comme l'enfant qui vient de naître.
La Turquie agissait proprio motu, et l'Angleterre ne
faisait que l'aider. Aujourd'hui, chacun reprend son
véritable caractère. L'ambassadeur anglais était la
voix, et le sultan le porte-voix.
Passons maintenant à l'essai de justification. La
pensée en est honorable, mais l'exécution n'en est pas
heureuse. A vrai dire, elle se borne à deux simples
allégations. La première, c'est que la diplomatie an-
glaise n'aurait pas été la seule dans ses résistances
et ses intrigues, c Des cabinets et des nations se sont
ligués pour entraver les procédés d'un aventureux
propriétaire », ce sont les expressions du Times. Lase-
conde, c'est que l'Angleterre ne demandait pas mieux
que de rester tranquille; mais la France est venue faire
danser des fantômes devant ses yeux; elle a sonné à
ses oreilles la trompette d'alarme; la France lui a
signifié que la coupure de l'isthme n'était rien moins
qu'une lance dont s'armait M. de Lesseps pour la
percer d'outre en outre à travers sa cuirasse. L'An-
gleterre bénigne ne voulait pas le croire. L'Angle-
terre ne voyait pas comment cette lance pouvait s'y
prendre, et le Times était fort embarrassé d'apercevoir
un défaut à la cuirasse. Mais « la France a persisté. »
L'Angleterre crédule a fini par se laisser convaincre,
ou du moins elle a cherché une raison plausible pour
être convaincue, et par la puissance de ses calculs
le Times la lui a fournie.
La preuve que M. de Lesseps n'a pensé en conce-
vant son projet qu'à tuer l'Angleterre, c'est que, selon
le Times, l'affaire comme industrielle ne peut pas être
rémunératoire. Il nous semble que le Times ne man-
querait pas de fortes raisons pour être moins affir-
matif dans ses assertions. Il s'est assez trompé sur
le canal de Suez pour avoir de graves motifs de
craindre de se tromper encore. Il a dit que le projet
était une chimère, et le projet est une réalité. Il a
dit que la Compagnie ne se formerait point par la fuite
des capitaux, et les capitaux sont accourus et la
Compagnie a été constituée. Il a dit que la coupure
de l'isthme était une œuvre inexécutable, et l'œuvre
s'exécute. Il a dit, sur la foi de M. Stephenson, que
le canal ne serait qu'un fossé stagnant, et un ingé-
nieur anglais des plus éminents, qui n'a pas imité
M. Stephenson, et qui, pour se former une opinion,
est allé étudier les lieux, lui déclare que le canal sera
parfaitement alimenté, parfaitement praticable. Il a dit
que si le canal se construisait, il coûterait le double, le
triple, le quadruple du capital social de 200 millions, et
le même M. Hawkshaw lui apprend qu'en mettant
tout au pis, il coûtera 250 millions. Il a dit que les
atterrissements du Nil, que les apports des courants
de la côte ensableraient incessamment et combleraient
l'entrée du canal à Port-Saïd, et M. Hawkshaw lui
oppose une opinion directement contraire, d'accord
dans chacune de ces opinions avec celles de toute la
science européenne. Il a dit que s'il pouvait être
achevé, l'entretien du canal coûterait des sommes
incalculables, et M. Hawkshaw, conformément à
l'avis de la commission internationale, avis signé par
l'élite des ingénieurs du continent, par un marin
anglais, le capitaine Harris, par deux autres ingé-
nieurs anglais, MM. Charles Manby et Mac Clean,
lui répond que le canal pourra être entretenu
moyennant des dépenses qui n'ont rien de dispropor-
tionné avec les entreprises de la même nature.
N'est-ce point assez de déconvenues, et le Times
n'est-il point quelque peu dégoûté de son métier de
prophète ? Cependant le terrain du présent s'éboulant
sous lui de toutes parts, il persiste à se réfugier sur
le terrain de l'avenir. Que pourrons-nous lui dire à
cet égard , sinon que déjà l'avenir commence à té-
moigner contre lui. En effet il faisait entrer dans ses
comptes fantastiques sur la ruine du canal les frais
énormes que selon lui devait coûter son curage per-
pétuel, les sables coulants qui devaient l'engloutir, les
ravages des vents du désert, sans parler de mille au-
tres accidents. C'est encore un article qu'il faut qu'il
raye de ses prévisions de par le jugement de M. Hawk-
shaw. Quant aux revenus du canal, entre ie Times
et nous la controverse est impossible, puisque c'est
une question de fait et que le fait seul peut prononcer.
Nous lui ferons observer seulement que jusqu'ici le
fait nous a toujours donné raison et qu'il lui a toujours
donné tort. Nous sommes donc autorisé à avoir plus
de confiance dans notre opinion et dans l'opi-
nion générale que dans la sienne, et nous pourrions
même lui représenter avec M. F. de Lesseps que puis-
qu'il considère l'Angleterre comme le conseiller le
plus sage et le plus écouté de la Porte , l'ambassa-
deur de la reine à Constantinople n'aurait point poussé
le divan à proposer de se charger de l'affaire pour son
compte ou plutôt pour le compte des capitalistes
anglais, si elle était si désastreuse.
Toutefois nous ne comprenons pas bien ce que
veut dire le Times en parlant d'une ligue qui aurait
été faite entre des cabinets ou des nations à l'encontre
du canal de Suez. Nous ne connaissons rien de sem-
blable, nous ne connaissons rien que de contraire. L'Eu-
a toujours eu de bonnes raisons pour écouter les
conseils de l'Angleterre. L'ambassadeur anglais a
parlé au sultan; le sultan a parlé aux pachas suc-
cessifs d'Egypte, et par occasion M. de Lesseps a
rencontré des obstacles sur ses pas. »
Cette fois nous n'hésitons pas à décerner à notre
confrère un brevet de l'exactitude la plus historique.
Les choses se sont exactement passées comme il le
raconte. Mais jusqu'ici, c'est ce qu'il avait nié et ce
qu'on avait nié avec lui au Parlement. L'ambassade
anglaise n'était pour rien dans tout ce tracas. Elle
en était innocente comme l'enfant qui vient de naître.
La Turquie agissait proprio motu, et l'Angleterre ne
faisait que l'aider. Aujourd'hui, chacun reprend son
véritable caractère. L'ambassadeur anglais était la
voix, et le sultan le porte-voix.
Passons maintenant à l'essai de justification. La
pensée en est honorable, mais l'exécution n'en est pas
heureuse. A vrai dire, elle se borne à deux simples
allégations. La première, c'est que la diplomatie an-
glaise n'aurait pas été la seule dans ses résistances
et ses intrigues, c Des cabinets et des nations se sont
ligués pour entraver les procédés d'un aventureux
propriétaire », ce sont les expressions du Times. Lase-
conde, c'est que l'Angleterre ne demandait pas mieux
que de rester tranquille; mais la France est venue faire
danser des fantômes devant ses yeux; elle a sonné à
ses oreilles la trompette d'alarme; la France lui a
signifié que la coupure de l'isthme n'était rien moins
qu'une lance dont s'armait M. de Lesseps pour la
percer d'outre en outre à travers sa cuirasse. L'An-
gleterre bénigne ne voulait pas le croire. L'Angle-
terre ne voyait pas comment cette lance pouvait s'y
prendre, et le Times était fort embarrassé d'apercevoir
un défaut à la cuirasse. Mais « la France a persisté. »
L'Angleterre crédule a fini par se laisser convaincre,
ou du moins elle a cherché une raison plausible pour
être convaincue, et par la puissance de ses calculs
le Times la lui a fournie.
La preuve que M. de Lesseps n'a pensé en conce-
vant son projet qu'à tuer l'Angleterre, c'est que, selon
le Times, l'affaire comme industrielle ne peut pas être
rémunératoire. Il nous semble que le Times ne man-
querait pas de fortes raisons pour être moins affir-
matif dans ses assertions. Il s'est assez trompé sur
le canal de Suez pour avoir de graves motifs de
craindre de se tromper encore. Il a dit que le projet
était une chimère, et le projet est une réalité. Il a
dit que la Compagnie ne se formerait point par la fuite
des capitaux, et les capitaux sont accourus et la
Compagnie a été constituée. Il a dit que la coupure
de l'isthme était une œuvre inexécutable, et l'œuvre
s'exécute. Il a dit, sur la foi de M. Stephenson, que
le canal ne serait qu'un fossé stagnant, et un ingé-
nieur anglais des plus éminents, qui n'a pas imité
M. Stephenson, et qui, pour se former une opinion,
est allé étudier les lieux, lui déclare que le canal sera
parfaitement alimenté, parfaitement praticable. Il a dit
que si le canal se construisait, il coûterait le double, le
triple, le quadruple du capital social de 200 millions, et
le même M. Hawkshaw lui apprend qu'en mettant
tout au pis, il coûtera 250 millions. Il a dit que les
atterrissements du Nil, que les apports des courants
de la côte ensableraient incessamment et combleraient
l'entrée du canal à Port-Saïd, et M. Hawkshaw lui
oppose une opinion directement contraire, d'accord
dans chacune de ces opinions avec celles de toute la
science européenne. Il a dit que s'il pouvait être
achevé, l'entretien du canal coûterait des sommes
incalculables, et M. Hawkshaw, conformément à
l'avis de la commission internationale, avis signé par
l'élite des ingénieurs du continent, par un marin
anglais, le capitaine Harris, par deux autres ingé-
nieurs anglais, MM. Charles Manby et Mac Clean,
lui répond que le canal pourra être entretenu
moyennant des dépenses qui n'ont rien de dispropor-
tionné avec les entreprises de la même nature.
N'est-ce point assez de déconvenues, et le Times
n'est-il point quelque peu dégoûté de son métier de
prophète ? Cependant le terrain du présent s'éboulant
sous lui de toutes parts, il persiste à se réfugier sur
le terrain de l'avenir. Que pourrons-nous lui dire à
cet égard , sinon que déjà l'avenir commence à té-
moigner contre lui. En effet il faisait entrer dans ses
comptes fantastiques sur la ruine du canal les frais
énormes que selon lui devait coûter son curage per-
pétuel, les sables coulants qui devaient l'engloutir, les
ravages des vents du désert, sans parler de mille au-
tres accidents. C'est encore un article qu'il faut qu'il
raye de ses prévisions de par le jugement de M. Hawk-
shaw. Quant aux revenus du canal, entre ie Times
et nous la controverse est impossible, puisque c'est
une question de fait et que le fait seul peut prononcer.
Nous lui ferons observer seulement que jusqu'ici le
fait nous a toujours donné raison et qu'il lui a toujours
donné tort. Nous sommes donc autorisé à avoir plus
de confiance dans notre opinion et dans l'opi-
nion générale que dans la sienne, et nous pourrions
même lui représenter avec M. F. de Lesseps que puis-
qu'il considère l'Angleterre comme le conseiller le
plus sage et le plus écouté de la Porte , l'ambassa-
deur de la reine à Constantinople n'aurait point poussé
le divan à proposer de se charger de l'affaire pour son
compte ou plutôt pour le compte des capitalistes
anglais, si elle était si désastreuse.
Toutefois nous ne comprenons pas bien ce que
veut dire le Times en parlant d'une ligue qui aurait
été faite entre des cabinets ou des nations à l'encontre
du canal de Suez. Nous ne connaissons rien de sem-
blable, nous ne connaissons rien que de contraire. L'Eu-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.94%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.94%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 12/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62032521/f12.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62032521/f12.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62032521/f12.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62032521
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62032521
Facebook
Twitter