Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1863 01 septembre 1863
Description : 1863/09/01 (A8,N173). 1863/09/01 (A8,N173).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032521
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/04/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 371
une mer anglaise, et c'est un pair d'Angleterre qui a
formulé ce programme : « Avec un pied aux Indes
et l'autre en Egypte, l'Angleterre est la maîtresse
du monde.
Voilà à peu près, si nous avions voulu résumer
les traits les plus saillants du rapport de M. de Les-
seps, comment nous nous y serions pris. Le Times,
dans sa distraction, a employé un procédé tout con-
traire. Les questions que nous venons d'indiquer sont
justement celles dont il se garde de parler. Lui ont-
elles semblé trop embarrassantes ou trop dangereu-
ses ? Nous ne voudrions pas avoir l'air de faire un
jeu de mots, mais en vérité il s'en tient dans sa
discussion aux bagatelles de la porte. Il va glaner
dans l'ensemble du document quelques phrases dé-
tachées. Il les isole; il les dénature au besoin par
d'habiles coupures
C'est ainsi qu'après avoir cité cette assertion de
M. de Lesseps, qu'en inspirant la note du 6 avril la
diplomatie anglaise nourrissait la pensée de substi-
tuer une compagnie britannique à la Compagnie uni-
verselle, notre confrère se récl ie et proteste contre une
telle allégation ; mais il oublie d'ajouter ces autres
paroles du rapport. « L'affaire avait paru assez ré-
munératrice à sir Henry Bulwer depuis sa visite
dans l'isthme pour qu'il assurât au divan qu'il trou-
verait à la Bourse de Londres tous les capitaux né-
cessaires au rachat de la concession. »
C'est ainsi encore qu'à propos de la validité- de la
possession des terres concédées et du droit démontré
du gouvernement égyptien à faire ces concessions, il
extrait du rapport la phrase qui rappelle la conces-
sion d'un terrain accordé par le feu vice-roi à Alexan-
drie pour l'érection d'une église anglicane, sans que
les agents anglais eussent soupçonné qu'elle eût be-
soin d'être légitimée par une sanction de la Porte.
« Quoi, s'écrie le Times, quelque magnifique que fût
ce terrain, il n'absorbait pas sans doute 90 milles du
sol de l'Egypte ! » L'argument n'est pas péremp-
toire. D'abord cette surface prétendue « du sol
égyptien » n'était dans sa presque totalité qu'un
désert aride, abandonné, sans valeur et sans ave-
nir, et s'il fallait mesurer non l'étendue , mais le
prix intrinsèque de l'une et de l'autre concession,
au moment où elles furent faites, les calculateurs
positifs et pratiques du Times auraient certainement
préféré la concession substantielle et réalisable d'A-
lexandrie à la concession beaucoup plus aléatoire de
tous les sables du désert. Ensuite le droit ne se
scinde pas. On l'a ou on ne l'a pas, et si les vice-
rois n'ont pas la faculté de disposer du domaine égyp-
tien pour la Compagnie de Suez, ils ne l'ont pas
davantage pour l'entreprise pieuse d'une société plus
ou moins évangélique.
Toutefois nous pouvons accepter l'objection pour
sérieuse, mais le Times n'y gagnera rien. L'argu-
ment du rapport était beaucoup plus large et beau-
coup plus général. Il ne se bornait pas à ce seul et
unique exemple. Le journal de la Cité a coupé en deux
pour le besoin de son effet oratoire le passage qu'il
cite. Rétablissons-le dans son entier en marquant d'ita-
liques la partie supprimée, et en indiquant par les
caractères ordinaires la seule partie conservée : « Pour
» les concessions de terrains du domaine public, Me-
» hemet-Ali en a fait de considérables à des Anglais et
» autres étrangers autour d'Alexandrie, et sur un par-
» cours de 20 lieues le long du canal du Mahmoudié.
» Abbas-Pacha lui-même a imité cet exemple. Des con-
» cessions semblables ont été faites à des corporations
» religieuses de toutes les croyances. Nous n'en citerons
» qu'une seule, parce qu'elle a été l'objet d'un brillant
» éloge de la part de la presse anglaise. Pour l'érection
» d'une église anglicane, le vice-roi a fait don d'un
» magnifique terrain d'une grande valeur dans Tinté-
» rieur d'Alexandrie, à la colonie britannique de cette
» ville. Nous n'avons pas entendu dire que legouverne-
» ment anglais ou ses agents aient élevé le moindre dou-
» te sur la validité de cette concession, et qu'ils aient
» pensé qu'il fallût la faire ratifier par Constantinople. »
Maintenant les pièces sont sous les yeux du lec-
teur. Nous comprenons facilement que dans la rapi-
dité de la polémique on puisse se croire autorisé à
ne citer qu'une simple phrase de la discussion que
l'on veut contredire, mais c'est à condition que la
phrase précédente que l'on supprime ne contienne
pas la réfutation la plus complète de l'argument
qu'on va opposer à cette seule phrase citée. Or, ici
que trouvons-nous ? Il s'agit pour l'écrivain de dé-
montrer qu'entre les deux exemples invoqués, la
concession d'Alexandrie d'un côté, la concession de
l'isthme de l'autre, il n'y a rien de semblable par la
raison de leur étendue respective. Mais, cinq lignes
auparavant,M. de Lesseps mentionnait des concessions
faites par la seule prérogative du gouvernement
égyptien sur des étendues de 20 lieues le long du
canal le plus beau et le plus fréquenté de l'Egypte,
au sein de l'opulent Delta, et non dans des solitudes
arides et désolées. Le Times supprime cette partie de
la démonstration qui est décisive, sans réplique dans
la question, et c'est par cette suppression qu'il se
procure une espèce d'avantage apparent contre le fait
corollaire sur lequel il était bien aise de se ménager
un petit triomphe national.
Au fond, l'article du Times n'est pas autre chose
qu'un aveu et un essai de justification de l'opposition
anglaise au canal. Comme essai de justification, nous
l'en félicitons; c'est un hommage que nous aimons
à lui voir rendre au sentiment universel. Quant à
l'aveu, il est aussi net et aussi plein de candeur que
possible. Voici comment, d'après la déclaration véri-
dique du Times, les choses se sont passées :
« Le vice roi est au-dessous du sultan ; le sultan
une mer anglaise, et c'est un pair d'Angleterre qui a
formulé ce programme : « Avec un pied aux Indes
et l'autre en Egypte, l'Angleterre est la maîtresse
du monde.
Voilà à peu près, si nous avions voulu résumer
les traits les plus saillants du rapport de M. de Les-
seps, comment nous nous y serions pris. Le Times,
dans sa distraction, a employé un procédé tout con-
traire. Les questions que nous venons d'indiquer sont
justement celles dont il se garde de parler. Lui ont-
elles semblé trop embarrassantes ou trop dangereu-
ses ? Nous ne voudrions pas avoir l'air de faire un
jeu de mots, mais en vérité il s'en tient dans sa
discussion aux bagatelles de la porte. Il va glaner
dans l'ensemble du document quelques phrases dé-
tachées. Il les isole; il les dénature au besoin par
d'habiles coupures
C'est ainsi qu'après avoir cité cette assertion de
M. de Lesseps, qu'en inspirant la note du 6 avril la
diplomatie anglaise nourrissait la pensée de substi-
tuer une compagnie britannique à la Compagnie uni-
verselle, notre confrère se récl ie et proteste contre une
telle allégation ; mais il oublie d'ajouter ces autres
paroles du rapport. « L'affaire avait paru assez ré-
munératrice à sir Henry Bulwer depuis sa visite
dans l'isthme pour qu'il assurât au divan qu'il trou-
verait à la Bourse de Londres tous les capitaux né-
cessaires au rachat de la concession. »
C'est ainsi encore qu'à propos de la validité- de la
possession des terres concédées et du droit démontré
du gouvernement égyptien à faire ces concessions, il
extrait du rapport la phrase qui rappelle la conces-
sion d'un terrain accordé par le feu vice-roi à Alexan-
drie pour l'érection d'une église anglicane, sans que
les agents anglais eussent soupçonné qu'elle eût be-
soin d'être légitimée par une sanction de la Porte.
« Quoi, s'écrie le Times, quelque magnifique que fût
ce terrain, il n'absorbait pas sans doute 90 milles du
sol de l'Egypte ! » L'argument n'est pas péremp-
toire. D'abord cette surface prétendue « du sol
égyptien » n'était dans sa presque totalité qu'un
désert aride, abandonné, sans valeur et sans ave-
nir, et s'il fallait mesurer non l'étendue , mais le
prix intrinsèque de l'une et de l'autre concession,
au moment où elles furent faites, les calculateurs
positifs et pratiques du Times auraient certainement
préféré la concession substantielle et réalisable d'A-
lexandrie à la concession beaucoup plus aléatoire de
tous les sables du désert. Ensuite le droit ne se
scinde pas. On l'a ou on ne l'a pas, et si les vice-
rois n'ont pas la faculté de disposer du domaine égyp-
tien pour la Compagnie de Suez, ils ne l'ont pas
davantage pour l'entreprise pieuse d'une société plus
ou moins évangélique.
Toutefois nous pouvons accepter l'objection pour
sérieuse, mais le Times n'y gagnera rien. L'argu-
ment du rapport était beaucoup plus large et beau-
coup plus général. Il ne se bornait pas à ce seul et
unique exemple. Le journal de la Cité a coupé en deux
pour le besoin de son effet oratoire le passage qu'il
cite. Rétablissons-le dans son entier en marquant d'ita-
liques la partie supprimée, et en indiquant par les
caractères ordinaires la seule partie conservée : « Pour
» les concessions de terrains du domaine public, Me-
» hemet-Ali en a fait de considérables à des Anglais et
» autres étrangers autour d'Alexandrie, et sur un par-
» cours de 20 lieues le long du canal du Mahmoudié.
» Abbas-Pacha lui-même a imité cet exemple. Des con-
» cessions semblables ont été faites à des corporations
» religieuses de toutes les croyances. Nous n'en citerons
» qu'une seule, parce qu'elle a été l'objet d'un brillant
» éloge de la part de la presse anglaise. Pour l'érection
» d'une église anglicane, le vice-roi a fait don d'un
» magnifique terrain d'une grande valeur dans Tinté-
» rieur d'Alexandrie, à la colonie britannique de cette
» ville. Nous n'avons pas entendu dire que legouverne-
» ment anglais ou ses agents aient élevé le moindre dou-
» te sur la validité de cette concession, et qu'ils aient
» pensé qu'il fallût la faire ratifier par Constantinople. »
Maintenant les pièces sont sous les yeux du lec-
teur. Nous comprenons facilement que dans la rapi-
dité de la polémique on puisse se croire autorisé à
ne citer qu'une simple phrase de la discussion que
l'on veut contredire, mais c'est à condition que la
phrase précédente que l'on supprime ne contienne
pas la réfutation la plus complète de l'argument
qu'on va opposer à cette seule phrase citée. Or, ici
que trouvons-nous ? Il s'agit pour l'écrivain de dé-
montrer qu'entre les deux exemples invoqués, la
concession d'Alexandrie d'un côté, la concession de
l'isthme de l'autre, il n'y a rien de semblable par la
raison de leur étendue respective. Mais, cinq lignes
auparavant,M. de Lesseps mentionnait des concessions
faites par la seule prérogative du gouvernement
égyptien sur des étendues de 20 lieues le long du
canal le plus beau et le plus fréquenté de l'Egypte,
au sein de l'opulent Delta, et non dans des solitudes
arides et désolées. Le Times supprime cette partie de
la démonstration qui est décisive, sans réplique dans
la question, et c'est par cette suppression qu'il se
procure une espèce d'avantage apparent contre le fait
corollaire sur lequel il était bien aise de se ménager
un petit triomphe national.
Au fond, l'article du Times n'est pas autre chose
qu'un aveu et un essai de justification de l'opposition
anglaise au canal. Comme essai de justification, nous
l'en félicitons; c'est un hommage que nous aimons
à lui voir rendre au sentiment universel. Quant à
l'aveu, il est aussi net et aussi plein de candeur que
possible. Voici comment, d'après la déclaration véri-
dique du Times, les choses se sont passées :
« Le vice roi est au-dessous du sultan ; le sultan
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