Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1863 15 août 1863
Description : 1863/08/15 (A8,N172). 1863/08/15 (A8,N172).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203251m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 339
Dans les citations que nous allons faire, il en est
qui, malgré beaucoup d'erreurs (on dirait que l'er-
reur, dans toute cette question, est inséparable de
toute plume anglais2), il en est qui se distinguent et
que l'on saura distinguer par leur modération, leur
discussion calme et même leur bienveillante sympa-
thie. Dans ce nombre nous nommerons entre au-
tres deux organes sérieux de deux villes importantes,
l'Examiner and Times, de Manchester, et le Daily
Journal, de Newcastle. Leur attitude atteste les pro-
grès qu'a fait faire aux classes commerciales d'An-
gleterre relativement à l'entreprise du canal la pu-
blication du rapport de M. de Lesseps et celle du
rapport de M. Hawkshaw.
Après ces rapides réflexions, il ne nous reste plus
qu'à les justifier par les reproductions que nous
avons promises.
ERNEST DESPLACES.
TIMES.
« Il y a plus de dix ans que l'attention du monde a
été appelée d'une manière pratique sur un projet qui a
été le rêve d'au moins les quatre derniers siècles. Dans
les premiers jours de la spéculation commerciale qui
succéda au coup d'État de 1851, un Français, M. de Les-
seps, annonça qu'une Compagnie allait être formée pour
percer l'isthme de Suez par un canal navigable aux
plus forts navires, et rendant ainsi à la vieille route
d'Orient plus que tout son ancien trafic et son ancienne
réputation. On ne peut pas dire que ce projet ait été
accueilli d'abord avec une grande faveur commerciale.
A la première vue il avait contre lui les opinions que
l'on s'était formées sur le désert Arabique et sur la mer
Rouge. Couper une immense tranchée à travers 90 milles
(150 kilomètres) de sables, élever des môles au sein de
la Méditerranée, approfondir les eaux basses aux deux
extremités du canal, de façon à créer des ports, afin de
recevoir les gros navires effectuant maintenant les
voyages de l'Inde et de l'Australie, et les navires plus
gros encore que l'on peut supposer devoir être produits
dans les vingt prochaines années; enfin, tenir ce grand
ouvrage en bon état et ouvert au trafic semble être une
entreprise plus convenable pour quelque tout-puissant
prince disposant du travail et de la richesse de toute
une race, que pour une Compagnie industrielle devant
cheter tout ce dont elle avait besoin, payer un salaire à
chacun de ceux qu'elle emploierait, et penser en même
temps à s'assurer une rémunération satisfaisante de son
capital. Néanmoins, par degrés, l'entreprise acquit forme
et consistance ; son objet fut déclaré digne d'éloges 9
quelles que fussent les chances de succès. Après peu
de temps elle devint un sujet favori dans la presse
française ; elle donna lieu à de nombreuses discussions
sur le continent et en Angleterre, et quoiqu'elle n'atti-
rât pas les grands capitalistes, elle enflamma l'imagina-
tion de ceux qui désirent voir de grandes expériences
faites avec les capitaux des autres.
» M. de Lesseps était un homme d'énergie, et tandis
que l'Europe était attentive à la grande querelle qu
avait éclaté entre la Russie et les puissances occiden-
tales, et pensait peu à des entreprises pacifiques en
Orient, il obtint du vice-roi en Égypte la concession
d'un canal navigable aux gros navires, de Suez à
Péluse. On s'entendit dans une certaine mesure sur
les détails de l'entreprise. L'ouvrage devait être com-
plété en six ans ; les quatre cinquièmes des ou-
vriers devaient être des Égyptiens que devait fournir le
pacha et payer la Compagnie. Un& autre entreprise de
moindre importance, c'est-à-dire un canal dérivé du Nil
pour l'irrigation et le passage de l'eau douce à travers le
désert étant comprise dans la concession , il arriva
qu'une étendue [considérable de terres était embras-
sée dans les opérations de la Compagnie, et sur ces
terres elle obtint des droits qui lui donnaient presque
la souveraineté d'une ligne du territoire s'étendant entre
l'Égypte et le reste de l'empire turc. En retour de ces
concessions extraordinaires, M, de Lesseps, au nom de la
future compagnie, prit l'engagement d'exécuter l'ou-
vrage d'une façon supérieure et complète. Le lac de
Timsali devait être converti en un port intérieur, pou-
vant recevoir les navires du plus grand tonnage ; un
port de refuge devait être construit sur la Méditer-
ranée; le port de Suez devait être amélioré; enfin, par
la combinaison du génie français et de la libéralité
égyptienne, la plus grande œuvre du siècle devait être
accompliè. Mais il se trouva qu'à cette époque la Porte
était plus que jamais jalouse de ses droits, particulière-
ment en ce qui concernait ses provinces semi-indé-
pendantes. Déjà l'Europe était en guerre; le sultan
appelait des troupes des plus lointaines extrémités de
son empire pour repousser l'invasion d'une de ses pro-
vinces frontières ; elle n'avait aucune inclination à
accorder à une puissance comme la France, quelque
bonne alliée qu'elle se montrât en ce moment, des
droits dont elle pouvait se servir tout autant au dé-
triment des Turcs que l'avait fait l'empereur Nicolas
de ses droits sur la Moldo-Valachie. Cette nouvelle
association entre les Français et la famille dernière-
ment rebelle d'Égypte, pour exécuter une entreprise
singulière, fut examinée avec le plus grand soin par la
Porte, et elle en vint à cette conclusion qu'il y avait
dans ce projet des circonstances qui rendaient plus
prudent le refus d'un firman.
» En disant que l'ambassadeur anglais à Constantinople
partagea cette opinion, et que l'on prétend même qu'il
y a fortement insisté auprès de la Porte ; en rappelant
aussi que lord Palmerston a porté presque de la véhé-
mence dans son opposition au projet, on peut supposer
qu'il y avait contre lui des raisons valides.
» Les principales de ces raisons étaient en fait l'im-
prudence de concéder des droits territoriaux à une
compagnie appartenant à une nation qui avait toujours
été très-stricte à maintenir l'indépendance de ses ci-
toyens dans l'empire turc, aux termes des capitula-
tions, et de laquelle on pouvait attendre qu'elle pren-
drait cette Compagnie, avec ses 90 milles de terrains,
sous sa protection spéciale.
» Il y avait aussi la croyance que le canal na serait
pas réellement exécuté, et que les travaux de la Com-
Dans les citations que nous allons faire, il en est
qui, malgré beaucoup d'erreurs (on dirait que l'er-
reur, dans toute cette question, est inséparable de
toute plume anglais2), il en est qui se distinguent et
que l'on saura distinguer par leur modération, leur
discussion calme et même leur bienveillante sympa-
thie. Dans ce nombre nous nommerons entre au-
tres deux organes sérieux de deux villes importantes,
l'Examiner and Times, de Manchester, et le Daily
Journal, de Newcastle. Leur attitude atteste les pro-
grès qu'a fait faire aux classes commerciales d'An-
gleterre relativement à l'entreprise du canal la pu-
blication du rapport de M. de Lesseps et celle du
rapport de M. Hawkshaw.
Après ces rapides réflexions, il ne nous reste plus
qu'à les justifier par les reproductions que nous
avons promises.
ERNEST DESPLACES.
TIMES.
« Il y a plus de dix ans que l'attention du monde a
été appelée d'une manière pratique sur un projet qui a
été le rêve d'au moins les quatre derniers siècles. Dans
les premiers jours de la spéculation commerciale qui
succéda au coup d'État de 1851, un Français, M. de Les-
seps, annonça qu'une Compagnie allait être formée pour
percer l'isthme de Suez par un canal navigable aux
plus forts navires, et rendant ainsi à la vieille route
d'Orient plus que tout son ancien trafic et son ancienne
réputation. On ne peut pas dire que ce projet ait été
accueilli d'abord avec une grande faveur commerciale.
A la première vue il avait contre lui les opinions que
l'on s'était formées sur le désert Arabique et sur la mer
Rouge. Couper une immense tranchée à travers 90 milles
(150 kilomètres) de sables, élever des môles au sein de
la Méditerranée, approfondir les eaux basses aux deux
extremités du canal, de façon à créer des ports, afin de
recevoir les gros navires effectuant maintenant les
voyages de l'Inde et de l'Australie, et les navires plus
gros encore que l'on peut supposer devoir être produits
dans les vingt prochaines années; enfin, tenir ce grand
ouvrage en bon état et ouvert au trafic semble être une
entreprise plus convenable pour quelque tout-puissant
prince disposant du travail et de la richesse de toute
une race, que pour une Compagnie industrielle devant
cheter tout ce dont elle avait besoin, payer un salaire à
chacun de ceux qu'elle emploierait, et penser en même
temps à s'assurer une rémunération satisfaisante de son
capital. Néanmoins, par degrés, l'entreprise acquit forme
et consistance ; son objet fut déclaré digne d'éloges 9
quelles que fussent les chances de succès. Après peu
de temps elle devint un sujet favori dans la presse
française ; elle donna lieu à de nombreuses discussions
sur le continent et en Angleterre, et quoiqu'elle n'atti-
rât pas les grands capitalistes, elle enflamma l'imagina-
tion de ceux qui désirent voir de grandes expériences
faites avec les capitaux des autres.
» M. de Lesseps était un homme d'énergie, et tandis
que l'Europe était attentive à la grande querelle qu
avait éclaté entre la Russie et les puissances occiden-
tales, et pensait peu à des entreprises pacifiques en
Orient, il obtint du vice-roi en Égypte la concession
d'un canal navigable aux gros navires, de Suez à
Péluse. On s'entendit dans une certaine mesure sur
les détails de l'entreprise. L'ouvrage devait être com-
plété en six ans ; les quatre cinquièmes des ou-
vriers devaient être des Égyptiens que devait fournir le
pacha et payer la Compagnie. Un& autre entreprise de
moindre importance, c'est-à-dire un canal dérivé du Nil
pour l'irrigation et le passage de l'eau douce à travers le
désert étant comprise dans la concession , il arriva
qu'une étendue [considérable de terres était embras-
sée dans les opérations de la Compagnie, et sur ces
terres elle obtint des droits qui lui donnaient presque
la souveraineté d'une ligne du territoire s'étendant entre
l'Égypte et le reste de l'empire turc. En retour de ces
concessions extraordinaires, M, de Lesseps, au nom de la
future compagnie, prit l'engagement d'exécuter l'ou-
vrage d'une façon supérieure et complète. Le lac de
Timsali devait être converti en un port intérieur, pou-
vant recevoir les navires du plus grand tonnage ; un
port de refuge devait être construit sur la Méditer-
ranée; le port de Suez devait être amélioré; enfin, par
la combinaison du génie français et de la libéralité
égyptienne, la plus grande œuvre du siècle devait être
accompliè. Mais il se trouva qu'à cette époque la Porte
était plus que jamais jalouse de ses droits, particulière-
ment en ce qui concernait ses provinces semi-indé-
pendantes. Déjà l'Europe était en guerre; le sultan
appelait des troupes des plus lointaines extrémités de
son empire pour repousser l'invasion d'une de ses pro-
vinces frontières ; elle n'avait aucune inclination à
accorder à une puissance comme la France, quelque
bonne alliée qu'elle se montrât en ce moment, des
droits dont elle pouvait se servir tout autant au dé-
triment des Turcs que l'avait fait l'empereur Nicolas
de ses droits sur la Moldo-Valachie. Cette nouvelle
association entre les Français et la famille dernière-
ment rebelle d'Égypte, pour exécuter une entreprise
singulière, fut examinée avec le plus grand soin par la
Porte, et elle en vint à cette conclusion qu'il y avait
dans ce projet des circonstances qui rendaient plus
prudent le refus d'un firman.
» En disant que l'ambassadeur anglais à Constantinople
partagea cette opinion, et que l'on prétend même qu'il
y a fortement insisté auprès de la Porte ; en rappelant
aussi que lord Palmerston a porté presque de la véhé-
mence dans son opposition au projet, on peut supposer
qu'il y avait contre lui des raisons valides.
» Les principales de ces raisons étaient en fait l'im-
prudence de concéder des droits territoriaux à une
compagnie appartenant à une nation qui avait toujours
été très-stricte à maintenir l'indépendance de ses ci-
toyens dans l'empire turc, aux termes des capitula-
tions, et de laquelle on pouvait attendre qu'elle pren-
drait cette Compagnie, avec ses 90 milles de terrains,
sous sa protection spéciale.
» Il y avait aussi la croyance que le canal na serait
pas réellement exécuté, et que les travaux de la Com-
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