Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1863 15 août 1863
Description : 1863/08/15 (A8,N172). 1863/08/15 (A8,N172).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203251m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 335
posés à ce qu'ils regardent comme le martyre pour la
cause de la science, pussent consentir à recevoir une
compensation pécuniaire et à livrer l'œuvre dans les
mains du vice-roi d'Egypte, qui, on le savait bien, ne
l'aurait jamais achevée. La question donc était celle de
savoir jusqu'à quel degré le gouvernement français
accepterait les trois points posés dans la note de la
Porte, c'est-à-dire l'abandon du travail forcé, la sup-
pression de la clause relative à la possession des terres
sur les rives du canal, et l'accord international concer-
nant sa neutralité.
» Quant au premier point, il était reconnu que, s'il
était accepté, il deviendrait impossible d'exécuter les
travaux. La proclamation du vice-roi abolissant-le sys-
tème des corvées reste une lettre morte. Le canal sera
creusé par le même mode de travail que celui employé
jusqu'ici. Il y a, il est vrai, une entente que la paie
des fellahs doit être accrue et le nombre des hommes
diminué, mais ce subterfuge est trop transparent pour
tromper personne. L'Egypte est donc condamnée, jus-
qu'à ce que les travaux soient terminés, à se sou-
mettre à ce système flétrissant et démoralisant qui, à
un certain degré, porte préjudice aux intérêts agricoles
du pays.
» Sur le point suivant, on est arrivé à un arrange-
ment plus satisfaisant. Le vice-roi doit s'entendre avec
le concessionnaire, qui recevra une compensation pécu-
niaire à décider par la suite, -en place de la concession
des terres. Quelques petits points délicats de discus-
sion s'élèveront sans doute quant au chiffre de cette
compensation, et on n'aperçoit pas la raison pour la-
quelle une compensation quelconque pourrait être
donnée pour la suppression d'une clause qui était illé-
gale et n'a jamais été sanctionnée par le pouvoir su-
zerain. Ce point toutefois dégage le canal de quel-
ques-uns des dangers politiques et des empiétements
auxquels la possession de ces terrains aurait infaillible-
ment donné naissance; il peut donc être considéré
comme une concession satisfaisante et importante.
» Le troisième point n'a jamais été sérieusement
contesté, et il peut être considéré comme adopté.
» Après une entente claire entre le vice-roi et la
Compagnie sur ces divers points, la Porte ratifiera la
convention et reconnaîtra l'entreprise.
» Ainsi finit une question pleine d'embarras. Le gou-
vernement français est satisfait du résultat; mais il ne
semble point que les Turcs partagent cette satisfaction.
On a agité la question de savoir jusqu'où le gouverne-
ment anglais soutiendrait la Porte. Lorsqu'il a été
évident que cet appui ne s'étendrait pas au-delà d'une
certaine mesure, la meilleure chose était de capituler
de bonne grâce. La réouverture de la question néan-
moins ne peut être regardée comme n'ayant rien pro-
duit, puisqu'elle a réussi à écarter au moins une des
fortes causes d'objection par rapport à ce grand projet.»
Connaissant l'inexactitude de ces assertions nous ne
leur avons d'abord accordé qu'une médiocre impor-
tance. Elles étaient si loin de la vérité que nous ne les
regardions que comme tant d'autres nouvelles, vivant
un jour et ensevelies le lendemain. Il ne fallait, eu
effet, qu'un peu de réflexion pour comprendre que cet
arrangement prétendu ne pouvait être tout au plus
que le rêve d'un esprit chimérique. Comment, en effet,
aurait-on pu disposer des contrats acquis à la Com-
pagnie pour elle, sans elle et contre elle? Elle possède
une convention en vertu de laquelle le gouvernement
égyptien doit lui fournir, à un prix déterminé, les
ouvriers nécessaires à ses travaux. Et on modifierait
un tel acte, on le bouleverserait, on en aggraverait
les charges, on augmenterait vaguement ses dé-
ponses sans l'entendre', sans la consulter et même
sans l'avertir! En vertu de l'acte de concession, elle a
été mise en possession des terrains de l'isthme ; elle y a
dépensé des sommes énormes ; elle y a fondé de vastes
établissements ; elle y a créé des cultures ; elle y a
attiré de libres travailleurs; elle a pour elle la loi
musulmane et la loi internationale; et toujours, sans
sa participation, on lui aurait imposé la rétrocession
de ses terres ; le gouvernement français, qui l'a en-
tourée de sa sollicitude et de son appui, serait partie
consentante dans dételles exigences; il aurait par cela
même reconnu le droit d'immixtion de la Turquie
dans les affaires intérieures de l'Egypte; il aurait
sanctionné tous les principes de la note du 6 avril,
qu'il a si nettement repoussée et qui est morte sous -
le coup de l'indignation de l'Europe ! En un mot, la
France aurait abdiqué à la fois les traditions de sa
politique et les intérêts considérables de ceux de ses
capitalistes nationaux qui sont engagés dans cette
affaire? Nous le répétons, la plus légère réflexion suffi-
sait pour apercevoir l'invraisemblance et l'impossibi-
lité d'une semblable résignation.
Cependant ces nouvelles, si peu croyables, ont passé
comme une étincelle électrique dans toute la presse
anglaise; elles y ont été embrassées avec ardeur:
elles y ont créé une émotion universelle. Les uns n'y
ont vu que la fin d'une misérable et déplorable que-
relle, l'Angleterre affranchie d'une responsabilité et
d'un rôle également odieux ; les autres, plus avisés,
ont compris qu'au total cette prétendue négociation
n'était autre chose que le triomphe de la note du
6 avril, et dans leur espérance, le premier acte.de ré-
viction complète de la Compagnie par suite des dif-
ficultés sans nombre qu'elle semait dans son avenir.
Nous devons d'un seul mot détruire ces joies et ces
espérances, il n'y a rien de vrai dans la version du
correspondant du Times.
Nous nous trompons, une seule circonstance en est
probablement exacte. C'est celle à propos de laquelle
le correspondant raconte que la Porte, inquiète du
fardeau qu'on fait peser sur elle, de l'état d'opposition
où on la place en face des vœux et des intérêts du
monde civilisé, aurait demandé à la diplomatie an-
glaise si elle serait soutenue par le gouvernement
britannique dans cette lutte formidable et désas-
posés à ce qu'ils regardent comme le martyre pour la
cause de la science, pussent consentir à recevoir une
compensation pécuniaire et à livrer l'œuvre dans les
mains du vice-roi d'Egypte, qui, on le savait bien, ne
l'aurait jamais achevée. La question donc était celle de
savoir jusqu'à quel degré le gouvernement français
accepterait les trois points posés dans la note de la
Porte, c'est-à-dire l'abandon du travail forcé, la sup-
pression de la clause relative à la possession des terres
sur les rives du canal, et l'accord international concer-
nant sa neutralité.
» Quant au premier point, il était reconnu que, s'il
était accepté, il deviendrait impossible d'exécuter les
travaux. La proclamation du vice-roi abolissant-le sys-
tème des corvées reste une lettre morte. Le canal sera
creusé par le même mode de travail que celui employé
jusqu'ici. Il y a, il est vrai, une entente que la paie
des fellahs doit être accrue et le nombre des hommes
diminué, mais ce subterfuge est trop transparent pour
tromper personne. L'Egypte est donc condamnée, jus-
qu'à ce que les travaux soient terminés, à se sou-
mettre à ce système flétrissant et démoralisant qui, à
un certain degré, porte préjudice aux intérêts agricoles
du pays.
» Sur le point suivant, on est arrivé à un arrange-
ment plus satisfaisant. Le vice-roi doit s'entendre avec
le concessionnaire, qui recevra une compensation pécu-
niaire à décider par la suite, -en place de la concession
des terres. Quelques petits points délicats de discus-
sion s'élèveront sans doute quant au chiffre de cette
compensation, et on n'aperçoit pas la raison pour la-
quelle une compensation quelconque pourrait être
donnée pour la suppression d'une clause qui était illé-
gale et n'a jamais été sanctionnée par le pouvoir su-
zerain. Ce point toutefois dégage le canal de quel-
ques-uns des dangers politiques et des empiétements
auxquels la possession de ces terrains aurait infaillible-
ment donné naissance; il peut donc être considéré
comme une concession satisfaisante et importante.
» Le troisième point n'a jamais été sérieusement
contesté, et il peut être considéré comme adopté.
» Après une entente claire entre le vice-roi et la
Compagnie sur ces divers points, la Porte ratifiera la
convention et reconnaîtra l'entreprise.
» Ainsi finit une question pleine d'embarras. Le gou-
vernement français est satisfait du résultat; mais il ne
semble point que les Turcs partagent cette satisfaction.
On a agité la question de savoir jusqu'où le gouverne-
ment anglais soutiendrait la Porte. Lorsqu'il a été
évident que cet appui ne s'étendrait pas au-delà d'une
certaine mesure, la meilleure chose était de capituler
de bonne grâce. La réouverture de la question néan-
moins ne peut être regardée comme n'ayant rien pro-
duit, puisqu'elle a réussi à écarter au moins une des
fortes causes d'objection par rapport à ce grand projet.»
Connaissant l'inexactitude de ces assertions nous ne
leur avons d'abord accordé qu'une médiocre impor-
tance. Elles étaient si loin de la vérité que nous ne les
regardions que comme tant d'autres nouvelles, vivant
un jour et ensevelies le lendemain. Il ne fallait, eu
effet, qu'un peu de réflexion pour comprendre que cet
arrangement prétendu ne pouvait être tout au plus
que le rêve d'un esprit chimérique. Comment, en effet,
aurait-on pu disposer des contrats acquis à la Com-
pagnie pour elle, sans elle et contre elle? Elle possède
une convention en vertu de laquelle le gouvernement
égyptien doit lui fournir, à un prix déterminé, les
ouvriers nécessaires à ses travaux. Et on modifierait
un tel acte, on le bouleverserait, on en aggraverait
les charges, on augmenterait vaguement ses dé-
ponses sans l'entendre', sans la consulter et même
sans l'avertir! En vertu de l'acte de concession, elle a
été mise en possession des terrains de l'isthme ; elle y a
dépensé des sommes énormes ; elle y a fondé de vastes
établissements ; elle y a créé des cultures ; elle y a
attiré de libres travailleurs; elle a pour elle la loi
musulmane et la loi internationale; et toujours, sans
sa participation, on lui aurait imposé la rétrocession
de ses terres ; le gouvernement français, qui l'a en-
tourée de sa sollicitude et de son appui, serait partie
consentante dans dételles exigences; il aurait par cela
même reconnu le droit d'immixtion de la Turquie
dans les affaires intérieures de l'Egypte; il aurait
sanctionné tous les principes de la note du 6 avril,
qu'il a si nettement repoussée et qui est morte sous -
le coup de l'indignation de l'Europe ! En un mot, la
France aurait abdiqué à la fois les traditions de sa
politique et les intérêts considérables de ceux de ses
capitalistes nationaux qui sont engagés dans cette
affaire? Nous le répétons, la plus légère réflexion suffi-
sait pour apercevoir l'invraisemblance et l'impossibi-
lité d'une semblable résignation.
Cependant ces nouvelles, si peu croyables, ont passé
comme une étincelle électrique dans toute la presse
anglaise; elles y ont été embrassées avec ardeur:
elles y ont créé une émotion universelle. Les uns n'y
ont vu que la fin d'une misérable et déplorable que-
relle, l'Angleterre affranchie d'une responsabilité et
d'un rôle également odieux ; les autres, plus avisés,
ont compris qu'au total cette prétendue négociation
n'était autre chose que le triomphe de la note du
6 avril, et dans leur espérance, le premier acte.de ré-
viction complète de la Compagnie par suite des dif-
ficultés sans nombre qu'elle semait dans son avenir.
Nous devons d'un seul mot détruire ces joies et ces
espérances, il n'y a rien de vrai dans la version du
correspondant du Times.
Nous nous trompons, une seule circonstance en est
probablement exacte. C'est celle à propos de laquelle
le correspondant raconte que la Porte, inquiète du
fardeau qu'on fait peser sur elle, de l'état d'opposition
où on la place en face des vœux et des intérêts du
monde civilisé, aurait demandé à la diplomatie an-
glaise si elle serait soutenue par le gouvernement
britannique dans cette lutte formidable et désas-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.97%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.97%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 7/32
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203251m/f7.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203251m/f7.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203251m/f7.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203251m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203251m
Facebook
Twitter