Presse et revues
24 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1863 01 août 1863
Description : 1863/08/01 (A8,N171). 1863/08/01 (A8,N171).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032506
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 311
« Une réunion des actionnaires du canal maritime de
Suez a eu lieu mercredi dernier. Les actionnaires ont
applaudi avec une ardeur toute patriotique M. de Lesseps
dans ses attaques contre l'Angleterre , les intrigues
britanniques, la conduite jalouse et tracassière du cabi-
net anglais. Le seul fait pratique qui résulte de ce
rapport enthousiaste est que les ressources de la Com-
pagnie s'élèvent actuellement à 68 millions de francs,
qu'une communication entre les deux mers sera ou-
verte cette année, et qu'avant trois ans le canal sera
achevé. »
Le Globe est réduit à travestir comme suit la pen-
sée du rapport et la justification si complète qu'il a
présentée des nécessités du travail obligatoire. Un
tel travestissement prouve que le Globe n'a rien de
sérieux à opposer à cette démonstration.
« Ferdinand de Lesseps (sic) profite du moment où
les journaux de Paris sont remplis de longs rapports
officiels ou de nouvelles du théâtre de la guerre en
Pologne, au Mexique et dans l'Amérique du Nord, pour
insérer dix-sept colonnes d'avertissement dans la Presse,
la Patrie, etc., sur le percement des dunes sablonneuses
de l'isthme de Suez. Une grande partie de ce savant
plaidoyer a quelque ressemblance, si, en fait, cette res-
semblance n'est pas complète, avec la question qui di-
vise les fédéraux et les confédérés, c'est-à-dire celle du
travail forcé. Ferdinand (sic) n'hésite pas à soutenir que
la race des fellahs est essentiellement propre à une
pareille tâche, et il établit en principe qu'en Orient
aucune grande entreprise ne saurait être exécutée sans
l'usage de la force. Il a examiné le Coran, aussi bien
que les Écritures, et il n'y a rien trouvé qui fût con-
traire à sa doctrine. Il cite à l'appui certaines autori-
tés nouvelles d'origine anglaise et donne ainsi les noms
de lord Scott, et de Benjamin Oliveira, qu'il repré-
sente comme autant d'approbateurs de sa théorie. Quant
à la possession des terres dont la Compagnie est pro-
priétaire en Egypte, l'Angleterre, par suite de ses idées
féodales, est tristement en arrière sur ce point, car
elle est la seule en Europe dont les lois défendent aux
étrangers d'acheter des terres. Elle vit encore sous
l'empire de préjugés absurdes et est soumise à une lé-
gislation qui n'est plus de ce temps. Cependant le ca-
nal de Suez, et avec lui toutes -les conséquences qui
doivent en dériver, doit s'accomplir malgré le mauvais
vouloir de John Bull, qui mit cent soixante-dix ans à
reconnaitre les sains principes ; du calendrier gré-
gorien. »
L'Economist est un peu plus sérieux, mais il n'est
pas plus satisfait de la publicité infligée à la con-
duite de la diplomatie anglaise et des manifesta-
tions dont elle a été l'objet. Voici comment il s'ex-
prime :
« L'assemblée annuelle des actionnaires du canal
maritime de Suez s'est tenue il y a peu de jours. Elle a
pris toute l'importance d'un événement politique, ou
tout au moins d'une démonstration politique. M. F. de
Lesseps, président de la Compagnie, et pour ainsi dire
sa vie et son âme, a été à son entrée acclamé avec
enthousiasme ; les comptes présentés ont été sanction-
nés avec enthousiasme ; le rapport sur l'état des tra-
vaux a été applau li avec enthousiasme ; force atta-
ques contre la perfide Albion pour son opposition au
canal, et en particulier pour le plus perfide de tous les
Albioniens, lord Palmerston, qui ornaient ce rapport, et
ont été répétées en d'autres termes par M. de Lesseps,
ont été applaudies à faire écrouler la salle, Rarement,
peut-être jamais jusqu'ici on n'avait vu une assemblée
d'actionnaires si joyeuse et si passionnée, spécialement
lorsque, et c'était le cas pour les actionnaires de Suez,
il y avait pas de dividende à annoncer.
» Laissant de côté toutes ces démonstrations bruyan-
tes, nous trouvons que l'assemblée a été informée que
le capital disponible , y compris la somme encore
due sur les appels de fonds non effectués, n'est pas
moindre de 148J millions de francs, et qu'il ne sera
pas fait cette année d'appel de fonds nouveau. On
a appris ensuite à l'assemblée que le vice-roi d'E-
gypte avait ratifié tous les engagements contractés
par son prédécesseur envers la Compagnie, et réglé
son compte courant avec elle. On lui a annoncé
aussi qu'en échange de l'abandon par la Compagnie de
ses concessions de terres de chaque côté du canal d'eau
douce, depuis le Caire jusqu'à Abbasieh, le vice-roi a
pris à sa charge l'exécution de ce canal, et économisé
ainsi 10 millions de francs à la Compagnie.
» Quant aux travaux, il a été assuré à l'assemblée
qu'ils marchaient de la façon la plus satisfaisante, avec
toute la rapidité possible, et que l'exécution du canal
et son ouverture à la navigation pour une époque
comparativement prochaine, n'admettait pas le plus
léger doute. »
Les autres journaux du continent envisagent la
séance du 15 juillet d'un tout autre œil que leurs
confrères d'outre-Manche. Ils applaudissent à la net-
teté avec laquelle la situation a été enfin dévoilée, et
ils n'hésitent pas à déplorer le rôle joué dans toute
cette affaire par le cabinet anglais. Parmi les jour-
naux qui manifestent ces sentiments, nous ferons
remarquer les organes officiels de deux gouverne-
ments que l'on ne peut accuser d'hostilité systéma-
tique contre l'Angleterre, le gouvernement de l'Au-
triche et le gouvernement de l'Italie, qui pourtant
sont peut - être les plus vifs dans l'expression de
leur blâme en même temps que de leur vœu pour la
réussite de l'entreprise.
INDÉPENDANCE BELGE.
« Les actions de l'isthme de Suez se sont amélio-
rées, malgré le désarroi universel du marché. 11 faut
attribuer cette fermeté à l'accueil réellement enthou-
siaste qui a été fait par l'assemblée des actionnaires
de cette Compagnie au rapport annuel de M. Ferdi-
nand de Lesseps. 11 est vrai que le président de cette
grande entreprise n'a guère ménagé la politique égoïste
de l'Angleterre dans cette affaire, et qu'il a pu prouver
l'inanité des efforts faits et à faire pour traverser cette
œuvre essentiellement humanitaire et française.
« Une réunion des actionnaires du canal maritime de
Suez a eu lieu mercredi dernier. Les actionnaires ont
applaudi avec une ardeur toute patriotique M. de Lesseps
dans ses attaques contre l'Angleterre , les intrigues
britanniques, la conduite jalouse et tracassière du cabi-
net anglais. Le seul fait pratique qui résulte de ce
rapport enthousiaste est que les ressources de la Com-
pagnie s'élèvent actuellement à 68 millions de francs,
qu'une communication entre les deux mers sera ou-
verte cette année, et qu'avant trois ans le canal sera
achevé. »
Le Globe est réduit à travestir comme suit la pen-
sée du rapport et la justification si complète qu'il a
présentée des nécessités du travail obligatoire. Un
tel travestissement prouve que le Globe n'a rien de
sérieux à opposer à cette démonstration.
« Ferdinand de Lesseps (sic) profite du moment où
les journaux de Paris sont remplis de longs rapports
officiels ou de nouvelles du théâtre de la guerre en
Pologne, au Mexique et dans l'Amérique du Nord, pour
insérer dix-sept colonnes d'avertissement dans la Presse,
la Patrie, etc., sur le percement des dunes sablonneuses
de l'isthme de Suez. Une grande partie de ce savant
plaidoyer a quelque ressemblance, si, en fait, cette res-
semblance n'est pas complète, avec la question qui di-
vise les fédéraux et les confédérés, c'est-à-dire celle du
travail forcé. Ferdinand (sic) n'hésite pas à soutenir que
la race des fellahs est essentiellement propre à une
pareille tâche, et il établit en principe qu'en Orient
aucune grande entreprise ne saurait être exécutée sans
l'usage de la force. Il a examiné le Coran, aussi bien
que les Écritures, et il n'y a rien trouvé qui fût con-
traire à sa doctrine. Il cite à l'appui certaines autori-
tés nouvelles d'origine anglaise et donne ainsi les noms
de lord Scott, et de Benjamin Oliveira, qu'il repré-
sente comme autant d'approbateurs de sa théorie. Quant
à la possession des terres dont la Compagnie est pro-
priétaire en Egypte, l'Angleterre, par suite de ses idées
féodales, est tristement en arrière sur ce point, car
elle est la seule en Europe dont les lois défendent aux
étrangers d'acheter des terres. Elle vit encore sous
l'empire de préjugés absurdes et est soumise à une lé-
gislation qui n'est plus de ce temps. Cependant le ca-
nal de Suez, et avec lui toutes -les conséquences qui
doivent en dériver, doit s'accomplir malgré le mauvais
vouloir de John Bull, qui mit cent soixante-dix ans à
reconnaitre les sains principes ; du calendrier gré-
gorien. »
L'Economist est un peu plus sérieux, mais il n'est
pas plus satisfait de la publicité infligée à la con-
duite de la diplomatie anglaise et des manifesta-
tions dont elle a été l'objet. Voici comment il s'ex-
prime :
« L'assemblée annuelle des actionnaires du canal
maritime de Suez s'est tenue il y a peu de jours. Elle a
pris toute l'importance d'un événement politique, ou
tout au moins d'une démonstration politique. M. F. de
Lesseps, président de la Compagnie, et pour ainsi dire
sa vie et son âme, a été à son entrée acclamé avec
enthousiasme ; les comptes présentés ont été sanction-
nés avec enthousiasme ; le rapport sur l'état des tra-
vaux a été applau li avec enthousiasme ; force atta-
ques contre la perfide Albion pour son opposition au
canal, et en particulier pour le plus perfide de tous les
Albioniens, lord Palmerston, qui ornaient ce rapport, et
ont été répétées en d'autres termes par M. de Lesseps,
ont été applaudies à faire écrouler la salle, Rarement,
peut-être jamais jusqu'ici on n'avait vu une assemblée
d'actionnaires si joyeuse et si passionnée, spécialement
lorsque, et c'était le cas pour les actionnaires de Suez,
il y avait pas de dividende à annoncer.
» Laissant de côté toutes ces démonstrations bruyan-
tes, nous trouvons que l'assemblée a été informée que
le capital disponible , y compris la somme encore
due sur les appels de fonds non effectués, n'est pas
moindre de 148J millions de francs, et qu'il ne sera
pas fait cette année d'appel de fonds nouveau. On
a appris ensuite à l'assemblée que le vice-roi d'E-
gypte avait ratifié tous les engagements contractés
par son prédécesseur envers la Compagnie, et réglé
son compte courant avec elle. On lui a annoncé
aussi qu'en échange de l'abandon par la Compagnie de
ses concessions de terres de chaque côté du canal d'eau
douce, depuis le Caire jusqu'à Abbasieh, le vice-roi a
pris à sa charge l'exécution de ce canal, et économisé
ainsi 10 millions de francs à la Compagnie.
» Quant aux travaux, il a été assuré à l'assemblée
qu'ils marchaient de la façon la plus satisfaisante, avec
toute la rapidité possible, et que l'exécution du canal
et son ouverture à la navigation pour une époque
comparativement prochaine, n'admettait pas le plus
léger doute. »
Les autres journaux du continent envisagent la
séance du 15 juillet d'un tout autre œil que leurs
confrères d'outre-Manche. Ils applaudissent à la net-
teté avec laquelle la situation a été enfin dévoilée, et
ils n'hésitent pas à déplorer le rôle joué dans toute
cette affaire par le cabinet anglais. Parmi les jour-
naux qui manifestent ces sentiments, nous ferons
remarquer les organes officiels de deux gouverne-
ments que l'on ne peut accuser d'hostilité systéma-
tique contre l'Angleterre, le gouvernement de l'Au-
triche et le gouvernement de l'Italie, qui pourtant
sont peut - être les plus vifs dans l'expression de
leur blâme en même temps que de leur vœu pour la
réussite de l'entreprise.
INDÉPENDANCE BELGE.
« Les actions de l'isthme de Suez se sont amélio-
rées, malgré le désarroi universel du marché. 11 faut
attribuer cette fermeté à l'accueil réellement enthou-
siaste qui a été fait par l'assemblée des actionnaires
de cette Compagnie au rapport annuel de M. Ferdi-
nand de Lesseps. 11 est vrai que le président de cette
grande entreprise n'a guère ménagé la politique égoïste
de l'Angleterre dans cette affaire, et qu'il a pu prouver
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